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Par la fenêtre, d'Alain Delestienne... fiche de lecture de Robert Fontaine

Publié le par christine brunet /aloys

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En 2011, Robert Fontaine a publié "La Chaumette" chez Chloé des Lys. Il est sur le point de publier son deuxième roman, "Après Stéphane ». Christine Brunet ou Bob Boutique vous ont présenté ou vous présenteront cet auteur beaucoup mieux que je ne pourrais le faire. Tout ceci pour vous dire qu'après avoir lu mon livre "Par la fenêtre", il a eu la gentillesse de m'adresser ces quelques mots que j'aimerais partager avec vous. 

« En vérité, j'attendais simplement de lire votre livre avant de vous remercier et voilà, c'est chose faite depuis une heure et je suis ravi de l'avoir fait. Ravi car ce que vous y racontez est beau et bien écrit.

Le bonheur d'Henri en compagnie de ses oiseaux, son plaisir au bord de la mer, ses filles, tout cela est tellement vrai et humain. Mais aussi ses moments de fatigue, de découragement compréhensifs que, pudiquement, vous survolez, à peine les effleurez-vous, pourtant ils existent. Tout être cherche parfois loin les petits bonheurs qu'il a à portée de main, ne fût-ce qu'en regardant par la fenêtre, comme Henri. Et qui n'a pas dans son entourage ou n'est pas lui-même un Henri déprimé, mal dans sa peau à cause de sa souffrance ?

Alain, ce n'est pas pour vous flatter, mais votre livre est beau et interpelle. Bravo. Mes félicitations aussi à votre fille pour l'originalité de la couverture. »

 

 

Robert Fontaine

Publié dans Fiche de lecture

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Friday 22, 12.30 PM, une nouvelle d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

  A. Magerotte Tous les crimes sont dans la nature

 

 

 

 

FRIDAY  22,  12.30  PM

 

 

 

 

Le Président Kennedy a entamé, en compagnie de son épouse, Jackie, une tournée nationale pour rendre visite aux fidèles du parti démocrate. Première étape : le Texas. Le voyage à travers notre Etat a débuté hier. Ce matin, le Président a commencé sa journée par un petit déjeuner à la Chambre de Commerce de Fort Worth. Il doit arriver à Dallas en fin de matinée. Les Kennedy seront accompagnés du vice-président Lyndon Baines Johnson, lui-même texan, et du gouverneur, John Connally.

 

La bouche entrouverte, Ward Steel arrête de chiquer. Un excédent de salive glisse sur ses lèvres, humidifiant son menton pâteux. Le gros homme arbore le masque ahuri du niais face à une contrariété. Jetant un œil torve sur le transistor, il entame un curieux monologue :

« J’avais perdu ça de vue. Ça ne me fera pas changer d’avis pour autant… Président ou pas, je m’en fous, j’irai jusqu’au bout… j’en ai assez, cette fois, elle s’en tirera pas comme ça !… Faut en finir une fois pour toutes !»

Il y a longtemps que son chewing-gum n’a plus de goût. Pourtant, si Ward s’entête à reprendre son mâchonnement, ce n’est pas dans l’espoir de retrouver la saveur initiale de la fraise, mais pour calmer ses nerfs, mis à rude épreuve.

«J’aurais pas dû me faire le complice de ses écarts… mais la laisser dans la rue, c’est là qu’est sa vraie place…» Fort de cette vérité, mais sentant l’excitation portée à son comble, il s’emploie à la combattre en mettant en pratique le conseil de ce noceur de Tim Noton, un vieux client du Coco Club, qui a un truc infaillible pour se détendre lorsqu’il s’énerve : le tutoiement personnel… il se raisonne à la deuxième personne…

«Relax, vieux, relax, sinon tu vas perdre tes moyens. Enfin, réfléchis… la visite du Président va te faciliter la tâche… les gens n’auront d’yeux que pour lui. Tu la connais, elle voudra pas manquer ça. T’auras plus qu’à la filer à son insu, avec ce monde… ensuite, dès qu’ tu pourras la coincer…»

 

Un déjeuner pour 2.600 personnes est prévu au Trade Mart, un centre commercial de la ville de Dallas toute proche. A cette occasion, le Président prévoit de faire un discours dans lequel, il sera vraisemblablement question de ses pourparlers de paix avec Nikita Khrouchtchev.

 

Le truc de Noton semble fonctionner. Apaisé, Ward frotte ses mains moites sur le singlet crasseux porté depuis plusieurs jours et ouvre le frigo pour prendre une bouteille de lait. Après avoir calé le chewing-gum sous sa langue, il s’envoie une rasade du liquide en faisant la grimace.

Il extrait ensuite du tiroir d’une commode, un Colt Cobra à canon court ainsi qu’une boîte de cartouches, enfouie sous une pile de linges. Ward garnit le barillet, coince le revolver dans la ceinture de son pantalon et gagne la salle de bains.

Agrippé au lavabo, il se passe de l’eau sur le visage, tentant d’effacer les séquelles d’une nuit passée à chercher le repos en pure perte.

Le gros homme devrait pourtant être aguerri; son job de portier de nuit, à mi-temps au Coco Club, le dancing à la mode de Dallas, ne le voit profiter de son plumard qu’une fois sur deux. Mais, cette insomnie-ci est la plus vache, la plus cruelle, parce que liée à l’absence de l’être aimé… cette insomnie-ci fait ressentir, avec force acuité, tout le poids de la solitude quand elle se fait dominante, écrasante, oppressante. Une solitude que Ward croyait avoir vaincue mais qui, tel un boomerang, revient le heurter en pleine nuque, encore plus forte, encore plus impitoyable.

Alors, chaque bruit ravive l’espoir insensé d’un retour de l’absente; les yeux sont scotchés au cadran lumineux du réveil où les heures s’égrènent si lentement qu’elles paraissent incapables d’atteindre le jour, attendu comme une délivrance. Et puis, il y a cette abominable sensation d’impuissance qui vous chamboule tout l’intérieur, vous épuise, au point de ne plus arriver à verser la moindre larme.

Le prénom de Dora revient sans cesse. Un prénom adoré, adulé, jeté en prière à un Dieu sourd ou délibérément absent. Un prénom, aujourd’hui, haï parce qu’il est la cause de son malheur.

Dora…Dora Vaughan est cette superbe créature que Ward a rencontrée, en septembre dernier à la pizzeria Domingo et qui lui rappelle furieusement Tina, la danseuse vedette du Coco Club, dont le gros homme s’était follement épris. Une époque douloureuse pour Ward Steel qui, accablé par la nature d’une carcasse de pachyderme, est bien le seul au monde à se croire pareil à ses contemporains. Si son aspect n’était que disgracieux, ses voisins s’y feraient vaille que vaille, mais le pauvre homme suscite, de par sa grossière morphologie, une vision des choses poussant le commun des mortels à lui attribuer une capacité encéphalique correspondant à celle du cloporte. Pas méchant, dit-on de lui, mais tellement bête…

Dora chassa donc Tina de ses pensées. Dora Vaughan à la croupe onduleuse, moulée dans d’étroites fringues, dissimulant à peine l’essentiel de son affolante anatomie, activait, en bougeant la tête sans arrêt, ses cheveux blonds, laissant au passage une douce senteur de parfum. De ses immenses yeux verts, la belle épiait, mine de rien, l’effet produit sur autrui par son aguichante personne. Et pour mieux observer, elle se levait, sous prétexte d’aller chercher des serviettes, pour se déplacer d’ondoiement en ondoiement, son plus joli sourire aux lèvres purpurines ouvertes sur d’exquises quenottes à l’émail immaculé. L’ensorcelante provocatrice laissait courir sur elle des dizaines de paires d’yeux exaltées, passionnées, surexcitées par cette présence exsudant une sensualité enivrante, sachant d’instinct la gamme des agaceries qui fascinent le mâle et se forgeant une philosophie à interprétation épicurienne, sans en connaître l’expression,  s’arrêtant au seuil de cet enseignement voulant que «le plaisir est le souverain maître».

Ainsi, le hasard, qui ne fait pas toujours les choses comme il le faudrait, s’amuse à placer sur le passage de Ward, Dora aussi resplendissante et belle que le gars est terne et laid. La sagesse populaire prévoit qu’il y a des chaussures pour tous les pieds mais les pieds de la jeune femme et ceux du gros homme ne sont pas faits pour marcher dans la même direction, d’autant qu’à son physique de mastodonte, Ward ajoute une quinzaine d’années de plus que la jeune femme. Si elle était toujours de ce monde, sa mère l’aurait mis en garde :

«Avec ton allure de gros paysan godiche, il est impossible que cette gamine s’intéresse à toi !» 

Jouant de la prunelle, Dora sourit au gros homme qui, avec une hardiesse insoupçonnée, presque inconsciente, répond au regard incendiaire de Dora. Un regard dans lequel le plus nigaud des hommes n’aurait pas manqué de déceler une malice effrontée. Ward, ferré, rougit si fort qu’il eut l’impression que son crâne allait exploser. Ce qui n’était pas pour déplaire à l’affriolante.

Sous l’effet hypnotique du sourire ravageur de la fille, il avança sa main vers l’objet de son désir. Dora, qui ne pensait pas que le gros homme ferait preuve d’une telle audace, recula avant de se raviser car la coquine entrevit, dans un éclair, tout l’intérêt que lui rapporterait l’attachement d’un naïf de la trempe de Ward. Et comme le gros homme, enchaîné par sa pulsion, s’entêtait à poursuivre sa chimère, elle le laissa s’y perdre, se délectant à l’avance du programme qu’elle avait planifié dans sa jolie petite tête : d’abord, s’inviter à prendre un verre chez lui, ensuite, une fois sur place, s’arranger pour y rester…

Tout se déroula comme prévu, tant le gros homme s’était entiché de la belle intrigante qui avait atteint son but.

Depuis, Dora Vaughan, usant de ses charmes, a pris un tel ascendant sur son logeur qu’en échange du toit, une assurance contre les dangers extérieurs, elle n’autorise de lui que des bribes de câlins. En d’autres temps, elle prétend disposer d’une totale liberté, laissant son taulier, perdu de passion, tirant la langue, freinant ses désirs dans un espoir sans cesse refoulé. Dora, quant à elle, continue à dispenser ses bontés avec une prodigalité touchante aux jeunes mâles qui en redemandent.

Cocu d’une certaine manière, Ward, éperdu d’amour, s’était, au début, résigné au rôle ingrat de figurant, en étant même arrivé à se réjouir des bonnes fortunes de sa dulcinée qui lui racontait tout dans les détails. Le benêt songeait que c’était le meilleur moyen de la garder. Et ce couple bizarre, guidé par l’intérêt de l’une, fixé par le sentiment extrême de l’autre, trouva son assise jusqu’au jour où Ward, estimant que la belle poussait le bouchon trop loin, accula Dora dans ses derniers retranchements à coups de reproches répétés. Celle-ci se cabra; aussi, résolue à n’en faire qu’à sa tête, ses absences devinrent de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues.                                                                         

Ulcéré par le comportement de la jeune femme, humilié, la rage au cœur, Ward décide, à l’instant, de partir à sa recherche. Obsédé par l’esprit vengeur qui l’aveugle, il n’a plus qu’une idée en tête : faire un sort à l’infidèle.

«Cette petite garce va apprendre à ses dépens qu’on ne se moque pas impunément de Ward Steel…»

Le gros homme enfile une veste pour cacher l’arme.

«Je te retrouverai, quitte à passer la ville au peigne fin. Je te jure, tu te moqueras plus jamais de moi !» 

 

Air force one, le boeing 707 présidentiel, a atterri à l’aéroport de Love Field à 11h. 38. Il a plu durant une bonne partie de la matinée, mais c’est à présent une journée claire et ensoleillée, agréablement chaude pour cette fin de novembre. Le Président Kennedy a décidé de faire décapoter sa limousine pour traverser Dallas jusqu’au Trade Mart.

Le cortège est composé de plus de vingt véhicules, voitures et cars, flanqué d’une douzaine de policiers à moto. La voiture de tête compte à son bord le chef de la police de Dallas, Jesse Curry, et le shérif du Comté de Dallas, Bill Decker.

Les Kennedy sont à l’arrière d’une seconde voiture, une limousine décapotable à six places de couleur bleue. Devant eux, sont assis John Connally et son épouse, Nellie. Un agent des services secrets conduit. A ses côtés, se trouve le responsable de la section des services secrets de la Maison Blanche.

 

Ward éteint la radio, quitte son appartement, descend les escaliers en soufflant et déboule dans la rue. Sur le trottoir, une foule compacte et enthousiaste forme une haie s’étendant à perte de vue. Les gens se bousculent pour se trouver aux premières loges et apercevoir le fringant Président aux cheveux châtains et sa ravissante épouse. Les écoles sont fermées pour la circonstance, afin que les enfants puissent saluer le chef d’Etat. Des ribambelles de gosses s’égosillent en agitant des drapeaux aux couleurs du pays et à l’effigie de Kennedy.              

Cette effervescence n’émeut guère Ward, bousculé par une jeune femme blonde qui recule pour prendre un enfant dans ses bras. Baragouinant un «c’ n’est rien»  bougon, il poursuit son chemin. Un moment d’inattention plus tard, le gros homme entre en collision avec une jolie blondinette arrivant en sens inverse. La fille s’excuse et reste interloquée devant l’attitude de ce colosse bourru proférant des paroles inaudibles, qu’elle devine peu aimables.

Les employés de bureau, prenant leur pause repas, viennent grossir les rangs des sympathisants et des curieux. Les passages deviennent de plus en plus étroits. On bouscule, on pousse. Ward, toujours étranger à l’événement, suit le cortège qui descend Main Street, certain de suivre la bonne voie. Son intuition vient-elle de le récompenser ?… Là-bas, au bout de la rue, accompagnée de deux grands gaillards, une jeune femme, gagnée par la liesse générale, active, en bougeant la tête sans arrêt, ses cheveux blonds… Dora !

Le cœur du gros homme s’emballe en même temps que sa colère afflue. Il appelle mais le bruit couvre sa voix. La fille, que ses copains ont hissée à bout de bras pour qu’elle puisse voir au-dessus des têtes agglutinées, regarde dans sa direction. Ce n’est pas Dora !

L’inconnue désigne Ward à ses acolytes et, ensemble, ils prennent la poudre d’escampette en riant. Le gros homme fulmine.

«Y en a marre de me cogner partout sur Dora. Je finirai bien par tomber sur la vraie… des blondes, des blondes, des blondes ! Y a plus que ça, à en devenir fou… une invasion, une épidémie, un fléau ! Elles tiennent le monde à leurs bottes. Elles sont la cause de tous les malheurs, de toutes les calamités, de toutes les guerres ! Faut vraiment être dingo pour s’amouracher d’une blonde… Kennedy l’a bien compris, Jackie n’est pas blonde… Oui mais… c’est le Président !» 

Pour fuir cette malédiction, Ward se met à galoper, avec une souplesse digne de celle d’un rhinocéros, pour atteindre les espaces dégagés de la Place Dealey, située à l’Ouest du quartier financier de Dallas, là où les terrains commencent à descendre vers la rivière Trinity. Trois voies parallèles, séparées par des barrières en béton et des pelouses, passent sous un large pont ferroviaire pour rejoindre une autoroute.     

Ward ressent un violent point de côté et porte la main à son flanc droit. Il s’arrête, obligé de respirer par petits coups saccadés. Un passant s’enquiert de son état, il est repoussé sèchement. Le type prend ombrage mais, préfère écraser devant la carrure du gros homme.

Afin de recharger ses accus, Ward s’allonge sur la pelouse qui sépare Elm Street de Main Street. Le nez dans le ciel, il se laisse envelopper par la douceur du climat quand son attention est attirée par une fenêtre située au sixième étage d’un dépôt de livres scolaires. Malgré la réverbération du soleil contre les vitres de l’immeuble, le gros homme croit distinguer la forme caractéristique d’un canon de fusil qu’une ombre déplace à sa guise, cherchant à le positionner le mieux possible pour atteindre une cible. Se relevant avec difficulté, Ward porte la main en visière sur son front moite pour mieux voir ce qui se trame là-haut mais ne distingue rien de plus précis.

De nombreux spectateurs foulent les pelouses et se sont groupés sur les bas-côtés des voies, désireux d’escorter la voiture présidentielle le plus longtemps possible. Si sa situation n’était pas aussi pénible, Ward se laisserait gagner par la ferveur populaire afin de retrouver des sensations de joie dont il est sevré depuis que cette peste de Dora est entrée dans sa vie; une intrusion qui l’a disqualifié des banquets de ce monde. Pourquoi ne suspendrait-il pas un instant ses recherches pour profiter de la joie ambiante ?… Rien que pour se prouver que son existence n’est plus liée à une jeune femme dont les heures sont désormais comptées et que… l’après Dora a déjà commencé… 

Le cortège amorce la descente d’Elm Street, dépasse le Texas School Book Depository, et se dirige vers le pont de chemin de fer pour rejoindre l’autoroute de Stemmons, vers le Trade Mart.

Ward est posté en face d’un tertre s’érigeant au nord d’une colonnade, d’où l’on possède une vue magnifique sur un firmament bleuté à l’infini, se découpant entre les buildings de la Place Dealey. Le capot de la voiture présidentielle luit sous le soleil. Le chef d’Etat et son épouse adressent des signes et des sourires à une foule heureuse, riante, bigarrée. Tous les éléments sont en place pour faire de ce jour un moment inoubliable qui restera gravé dans les mémoires.

Conquis par l’enthousiasme, le gros homme se lâche et crie «vive le Président Kennedy» en battant des mains au-dessus de sa tête, riant de toutes ses dents cariées, à la vue d’un hurluberlu qui, malgré le temps superbe, s’amuse à ouvrir et à fermer un parapluie. Soudain, un éclatement retentit parmi les applaudissements et les bravos…

Des détonations suivent aussitôt, infirmant la croyance première dans l’explosion d’un pétard. Des coups de fusil ! On canarde le Président, pris pour cible comme un lapin ! La limousine s’immobilise quelques instants face à une clôture en piquets de bois délimitant un parking adjacent utilisé par les employés de la compagnie de chemin de fer. Ward aperçoit Kennedy, soutenu par Jackie, affaissé vers l’avant. Il est touché et porte les mains à sa gorge quand claque un coup de feu plus sonore, plus assourdissant. La balle pulvérise la boîte crânienne qui vole en éclats. Sous l’impact, la tête de Kennedy est violemment rejetée en arrière avant de s’affaler sur le côté gauche. De la matière cérébrale scintille dans le soleil. Le Président gît, inerte, sur les genoux de son épouse, baignant dans son sang généreusement répandu.

Ward, éclaboussé par la précieuse hémoglobine, se croyait insensible à la vue de la mort violente, et voici qu’à présent, envahi par le froid que produit l’horreur, il tremble à la vue de la cervelle, collée sur la chaussée, vidée de son logement par le trou béant, point d’impact du projectile explosif qui a fait éclater le crâne du Président.

Secoué par une nausée irrépressible, le gros homme se vide l’estomac en fulgurants vomissements, spasmodiques, inondant les proches alentours et empestant l’atmosphère.   

Jackie a grimpé sur l’arrière de la voiture. Son garde du corps, Clint Hill, un agent des services secrets qui se tenait sur le côté du véhicule suivant, s’est précipité et l’a repoussée dans son siège.

Le chauffeur a enfoncé la pédale d’accélérateur et le convoi s’est éloigné dans un rugissement avec Hill qui, encore accroché à l’arrière de la limousine, martèle le coffre de sa main libre, de rage et de frustration.

Ward Steel, spectateur privilégié de l’épouvantable, est tombé à genoux, atterré. Des hommes et des femmes crient «Mon Dieu ! Mon Dieu !» Le drame s’est joué en quelques secondes; pétrifiés, les badauds qui s’étaient massés pour saluer le Président, cher à leur cœur, poussent des cris d’effroi en courant dans toutes les directions comme un troupeau affolé. Des dizaines d’entre eux remontent le tertre en courant vers la barrière qui les sépare du dépôt, convaincus qu’au moins une partie des coups de feu provenait de là. Hébété, Ward se relève, cherchant sans savoir quoi, revoyant Kennedy gisant ensanglanté dans la décapotable et lui, choqué, blessé dans sa chair et dans son esprit bouleversé, il a envie de hurler à la mort comme un chien.

Chacun sent qu’un séisme vient de se produire. Tel un cyclone déchaîné, sans frein, la grappe humaine, tournoyante, menaçante, désespérée, emporte dans son tourbillon le gros homme qui geint, la face mouillée de larmes, pitoyable, impuissant.

Dans la foule, la stupeur fait bientôt place à la fureur, une fureur aveugle, qui s’en prend à tout, à n’importe quoi et Ward, ballotté tel un vulgaire colis, ne se contient plus, entraîné par les autres, cognant à son tour sur son entourage, sans distinction.

De toute façon, il n’a jamais été à même de faire la moindre différence entre ce qui convient et ce qui ne convient pas.

Le gros homme parvient finalement à s’extraire de cette empoignade homérique et quitte les lieux, déboussolé, croisant un groupe de policiers qui se forme pour prendre d’assaut le Texas School Book Depository.

Réintégrant son domicile ne sachant pas très bien comment, Ward se jette sur son lit, pleurant à chaudes larmes. La vision de l’encéphale explosé de Kennedy risque de le poursuivre longtemps encore. Ayant versé toutes les larmes de son corps, il boule sur le côté, à la recherche de la position propice à un sommeil réparateur pour oublier, pendant quelques heures, le cauchemar vécu. Le corps gênant du Colt Cobra, coincé dans la ceinture du pantalon, se rappelle à son attention. Pris par les événements, il avait oublié son existence. Le gros homme s’empare du revolver et le fait pivoter plusieurs fois, les yeux vides de toute expression. Une moue de dégoût fronce son visage. Sa bouche se tord affreusement. Il est repris de sanglots.

«Non, je pourrais pas… c’est trop dur, trop effrayant… ce sang… tout ce sang… c’est atroce… je pourrais jamais…»

Reniflant bruyamment, il se dirige d’un pas lourd vers le salon où traîne un journal sur une table basse. Ward emballe l’arme dans les pages du quotidien et se débarrasse du paquet en l’expédiant dans la poubelle de la cuisine. Il se lave ensuite les mains avec vigueur, voulant effacer toute trace de passage du revolver dans celles-ci.

 

 

Et c’est ainsi qu’en ce jour tristement célèbre du 22 novembre 1963, le ou les assassins du Président Kennedy sauvaient Dora Vaughan d’une mort certaine…

 

Alain Magerotte

Extrait de "Tous les crimes sont dans la nature" 

Publié dans Nouvelle

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Georges Roland en invité d'Aloys avec une fiche de lecture d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

LES CONTES DE LUCI

                     par Georges Roland

 

Onze Nouvelles d’ «onze» Georges, de quoi appâter à la fois l’amateur de ce genre littéraire et le fan des écrits « Rolandesques » que je suis.

LES CONTES DE LUCI… ce sont onze satanées Nouvelles puisque LUCI n’est autre que LUCIFER.

Comme mise en appétit, un premier récit mené tambour battant à travers la faconde et l’humour insoupçonné du plus célèbre des démons. On apprend ainsi, de la bouche même de l’intéressé, que LUCI est un joyeux plaisantin adorant faire des blagues. Dès lors, il n’est guère étonnant de le voir faire… l’épître !

Cette épître de Luci aux terriens, truffée de jeux de mots, est savoureuse par l’ironie et le ton inédit qu’elle dégage. Voilà un premier set bien enlevé.

Coline est une « gentille petite fille » partagée entre une maman ne supportant pas le moindre gramme de poussière et un papa qui doit sûrement avoir des actions au Brico Center du coin. Dès lors, la vie n’est pas toujours rose à la maison. Mais aujourd’hui, c’est différent, papa et maman font la grasse matinée. Et Coline est tranquille… elle peut regarder la pluie tomber dans la gouttière…

Vacances en armesDurant les vacances, des gamins jouent à la guerre après la guerre… Les endroits dévastés sont des terrains de jeux idéaux. Chaque coin est à « conquérir ». Le Rolle, Louis et Pol ont l’instinct de revanche bien ancré en eux. Leurs ennemis ? Les frères Crombé, des vraies terreurs…

Alain et GabrielAmour brûlant, amour troublant, amour destructeur entre un homme de 42 ans (Alain) et un jeune homme de 17 ans (Gabriel). Les Verlaine et Rimbaud des temps modernes.

Aline Certains sont prêts à tuer père et mère pour hériter de beaucoup de sousous ! Et même, croyez-moi ou non, à tuer leur sœur !...

Le cauchemar de Valérie Le « Il arrive » de maman à papa met la petite Valérie dans tous ses états. Qui donc arrive ? Quel danger risque de rompre le bel équilibre existant entre Valérie et ses parents ?

La viciationVoilà le type même de Nouvelle dont je raffole; « l’affrontement » entre un personnage (mis à la première personne du singulier) et une petite bêbête (araignée) qui monte, qui monte. Tout l’art consiste à tenir le lecteur en haleine à partir d’une situation somme toute banale. Toutes les phases psychologiques par lesquelles passe le personnage donnent la force et le rythme à ce genre de récit. Bravo Georges, tu fais mouche (même s’il s’agit d’une araignée…)

La Marlière Une Nouvelle qui fait froid dans le dos. Par la canicule ambiante, elle est la bienvenue. De l’horreur pure et dure racontée de manière très cinématographique. Je peux vous dire qu’il s’en passe des choses dans les milieux de la « Haute ». Et c’est pas joli, joli…

De l’Alsace au TonkinRodolphe Speisse est français, d’origine alsacienne. Embrigadé, il se retrouve avec une mitraillette dans les mains dans une plaine brûlante d’Indochine. Il combat au nom de la France alors que son grand-père, Georg, avait été embrigadé dans les troupes du Kaiser. Durant la guerre 14-18, l’Alsace appartenait au Reich. Il en a trucidé des soldats français, grand-père Georg… et une absurdité de la guerre, une de plus !

Petit Charles provoque un trouble intense auprès du vicaire à qui il est confié pour suivre de cours de catéchisme. Lutte intense et profonde entre le bien et le mâle.

Cètètotan   Placée dans un home, une dame, d’un âge vénérable, ne se souvient plus… ou ne veut plus se souvenir… que de la Belle Époque, quand elle a connu son compagnon, Constant. Elle fait l’impasse sur tout le reste… même sur ses enfants et ses petits-enfants.

Et puis, cette nouvelle se termine sur une dédicace de l’auteur… à ma mère.            

 

Une plume de plus à mettre au chapeau (même s’il ne porte que des « mouches » ou casquettes pour les non (John) initiés) de Monsieur Georges !

Un livre paru aux Editions Bernardiennes qui peuvent s’enorgueillir de posséder en Georges Roland un auteur de très grande qualité.

 

 

Alain Magerotte 

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Publié dans l'invité d'Aloys

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Stéphanie Bénoliel est l'invitée d'Aloys... "Les mots surgissent souvent à l'improviste"

Publié le par christine brunet /aloys

img130.jpgStéphanie Bénoliel est le prototype de l'auteur passionné qui sait jouer avec son écriture. POète de nombreuses fois primée, elle se frotte à présent à l'univers du fantastique. Pourquoi ?

 

 Stéphanie, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Née en 1971, je vis entre Martigues où j'ai grandi et établi ma profession de présentatrice événementielle, et L’Ardèche où j'ai installé mon foyer.

La passion de l'écriture m'a capturée très jeune. Pendant longtemps je me suis consacrée à la poésie, puis je me suis essayée à la nouvelle... L'écriture d'Entre deux mondes ( mon premier roman ) a commencé il y a quelques années. Déjà bien avancé à l'époque ( environ 18 chapitres) il a été totalement perdu en même temps que mon ordinateur et que mon seul exemplaire papier... J'ai mis du temps avant de m'en remettre et de trouver le courage de le recommencer. Mais ma passion a survécu et la deuxième version a enfin vu le jour, d'abord en version numérique sur amazon.fr, puis en version brochée. La suite est en cours d'écriture ainsi qu'un autre roman et quelques nouvelles...

img107.jpgPourquoi avoir commencé avec la poésie ? Pour vous, est-une un genre plus simple ? ou qui vous correspond mieux, peut-être ?

 

A l'adolescence, la poésie s'est imposée à moi. Elle me permettait de gérer ma sensibilité exacerbée, avec des mots qui venaient tout seul, dans une écriture automatique et spontanée. Mes poèmes à peine rédigés, je les abandonnais à ma mère qui se chargeait de les faire concourir et qui m'a permis d'être primée de nombreuses fois. La majorité de mes écrits de l'époque ont été conçus d'une traite, le premier jet rarement ou très peu retouché. Les textes s'imposaient sous forme de ballades, avec toujours le bon nombre de pieds et les rimes, comme s'ils avaient mûris dans mon esprit avant d'en sortir. J'ai également écrit à l'époque quelques nouvelles et l'ébauche d'un scénario.

 

Définissez le mot "écriture" 

 

Pour moi, l'écriture est synonyme de création, d'évasion, de passion... C'est un moyen de partager une histoire, de distiller les émotions à travers l'univers de son choix.

 

couverture-actualisee.jpgQuel genre de poésie écrivez-vous ? classique, avant-gardiste ? 

 

Ma poésie reste classique et traite de thèmes d'actualité et de sentiments ; c'est entre 13 ans et 18 ans que j'ai composé le plus grand nombre de mes poèmes. L'amour, la délinquance, la menace nucléaire, la drogue, la trahison, la maternité, l'au delà et d'autres sujets m'ont inspirée.

Vous avez écrit également un roman fantastique... un changement de style, de genre, pourquoi ?

Si j'ai commencé à écrire essentiellement des poèmes, il m'arrivait de rédiger desbonne-couverture.jpgnouvelles et de commencer un scénario ou un roman. Mon goût pour le fantastique est arrivé avec la découverte d'auteurs ou de romans qui m'ont marquée. « La nuit des temps » de Barjavel pour commencer, puis James Redfield, Bernard Werber, Anne Rice, Karen Marie Monning...

Vous nous en parlez un peu ?

 

Entre deux mondes reste une fiction humaniste, qui invite à se questionner sur le potentiel de  l'humanité, et sur les choix qu'elle a fait. C'est aussi un livre d’aventure où les surprises et le suspense côtoient le fantastique et l'amour. J'aime faire flirter la fiction et le plausible, trouvant que cela ouvre la porte des possibles. On découvre une version de l'humanité dotée de capacités extraordinaires, un peuple qui s'est appliqué à améliorer certains talents à travers les siècles, alors que les autres hommes les oubliaient. Le choc des mondes, tome 2 de ma série mondes parallèles, réintroduit les sentiments, négligés par cette élite. L'écologie y a aussi sa place... La version brochée est prévue pour le premier trimestre 2014. Si tout va bien...

 

photo--14-.JPGParlez-nous de vos personnages : comment les créez-vous ? Ont-ils des modèles dans votre entourage ? Qui sont-ils ?


Cassandra, le personnage principal m'est apparu il y a des années, comme le lien entre les

 

deux mondes dont elle est issue, les humains et les Atlans. Je la voulais forte et fragile,

 

belle et solitaire, luttant contre ses doutes et appréhensions avec courage. Elle frôle la

 

perfection qu'elle n'atteindra jamais, victime de ses sentiments et de ses pulsions qui la

 

rendent faillible. Mes personnages sortent tout droit de mon imagination, sans références

 

aucunes avec des personnes réelles.

  • Définissez votre style. Comment et quand écrivez-vous ? Des rituels ? 

Mon style de prédilection reste le fantastique, bien que je reste ouverte à d'autres genresinvites-2244.jpg qui m'inspirent, lors de l'écriture de nouvelles ou de poésie.

 

Les mots surgissent souvent à l'improviste, lors de mes fréquents trajets en voiture, mon

 

dictaphone me suit partout et m'aide à sauver ces phrases de l'oubli. Je peux écrire à tout

 

moment de la journée, comme très tard le soir, je m'adapte au temps dont je dispose,

 

mais j'en manque souvent et ne parvient à exprimer totalement ma créativité débordante.

 

Dès que j'aurai terminé le volume 2 de la série mondes parallèles, je me consacrerai aux

 

deux autres romans, qui ne demandent qu'à s'extirper de mon imagination pour prendre

 

vie.

 


Comme je suis très curieuse et que m'avez mis l'eau à la bouche, pourriez-vous nous proposer le synopsis de votre saga ? 

Lorsque Cassandra, une jeune femme brillante à qui tout réussi découvre ses origines, la fuite reste la seule solution. Kaïla, sa défunte mère était issue d’une haute lignée d’un peuple secret qu’elle avait abandonné pour vivre avec son père, un homme comme les autres.

Cette civilisation inconnue des hommes, leurs ancêtres communs, a évolué d’une manière totalement différente de la nôtre.

Une sélection génétique drastique alliée au développement poussé des capacités humaines a créé un peuple brillant, exploitant depuis des centaines d’années d’autres richesses que celles du reste de l’humanité.

Depuis toujours, ce peuple d’Atlans a été dirigé par les plus puissants d’entre eux. Un don spécial reçu à la naissance en fait les seules personnes capables de régner sur  cette puissante société secrète et leur donne le titre royal accompagné d’un pouvoir absolu. Pour la première fois, Fadès leur roi actuel recherche un héritier doté des capacités nécessaires pour continuer à coexister avec le reste de l’humanité, sans céder à la tentation d’intercéder, voire de  dominer le monde des hommes.

Seul ce don unique qu’il n’a transmis qu’à Kaïla sa fille disparue, confère la sagesse indispensable pour lui succéder. Il est prêt à tout pour retrouver Cassandra et découvrir si elle a hérité des capacités de sa mère, lançant à sa poursuite Yole son plus fin limier qui fait de surprenantes découvertes.

Mais les instincts rattrapent les êtres les plus évolués de la terre, leur rappelant que la nature de l’homme reste vaste et complexe.

 

Je vais abuser... Vous nous découvririez les premières lignes de votre prologue?

Prologue

 

Le monde dans lequel vous allez être entraîné est le monde réel, tel que vous le connaissez, ou plutôt le méconnaissez...

 

Une part de vous, sans doute la plus ancestrale va reconnaître et comprendre tout ce qui va vous être narré.

Une autre, la plus pragmatique, va continuer à nier cette évidence dérangeante selon laquelle l'humanité telle que nous la connaissons ne serait pas l'élite de cette planète, sur laquelle l'homme règne depuis si longtemps en maître incontesté.

Vous allez penser que ce n'est pas possible ! Aucun individu ne peut détenir ce genre de pouvoir !

 

Aucune partie de la surface de cette planète n'a plus de secret pour l'homme !

 

Et pourtant... Tant de choses de nos jours demeurent inexplicables... Ou inexpliquées...

Et si les plus grandes richesses et le plus grand des pouvoirs ne se trouvaient pas là où on le croyait...

Et si l'humanité s'était fourvoyée, avide de richesses extérieures et aveugle de ses ressources intérieures les plus précieuses ?

L'évolution de l'homme depuis ses plus lointaines origines, ne démontre-t-elle pas une faculté d'adaptation hors du commun, à laquelle l'homme moderne a sacrifié sa part intuitive et instinctive ?

Notre cerveau pourrait être sous exploité, la partie non utilisée représentant des zones oubliées.

Les premiers hommes avaient certainement la capacité de trouver l'eau source de vie, comme tous les animaux, leurs sens étant bien plus affûtés que les nôtres.

Certaines de nos facultés ne s'éteignent-elles pas parce négligence ?

Les faits sont là ! Devant nos yeux qui ne veulent pas voir et notre technologie derrière laquelle nous nous cachons.

La vérité que Cassandra va découvrir deviendra bientôt la vôtre...

 

Bienvenue au royaume des Atlans !

 

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de repondre à mes questions !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans l'invité d'Aloys

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Janvier... Nouvelle année, nouvelle programmation ! Alors, quoi de neuf ?

Publié le par christine brunet /aloys

 

  • Critique de L'Elitiste, le roman de Jean-Claude Texier dans 'l'Agrégation' signée Jean-Michel Léost (Journal des agrégés)‏.

 

 

 

 

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Les auteurs qui ont participé à Aloys ce mois-ci ...

 

 

 

Stéphanie Bénoliel 

Georges Roland

Alain Magerotte

Robert Fontaine

Danièle Deydé

Hugues Draye

Gauthier Hiernaux

Didier Fond

Carine-Laure Desguin

Salvatore Gucciardo

Alain Delestienne

Jean Destree

Laurent Femenias

Jacques Salomé et Beaudour Allala

Jean-Louis Guillessen

Lionel Cieriura

Claude Colson

Philippe Wolfenberg

Christine Brunet

...

Publié dans ANNONCES

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Bonne année 2014 !

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

 

 

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Je vous souhaite à tous une excellente année 2014 riche en lecture et en surprises littéraires !

 

*

 

Merci à tous et à toutes pour la participation massive à notre concours poétique sur la vieillesse pour les petits papiers de Chloé !

 

Voici les résultats ! Les deux à égalité seront publiées.

 

Auteurs des poésies


 

N° 1 Micheline Boland : 1 voix

N°2 Louis Delville : 0 voix

N°3 Françoise Castera : 2 voix

N°4 Carine-Laure Desguin : 1 voix

N°5 Christine Brunet : 0 voix

N°6 Nemo : 0 voix

N°7 Adam Gray : 1 voix

N°8 Micheline Boland : 0 voix

N°9 Stéphanie Benoliel : 1 voix

N°10 Anne-Marie Jaret-Musso : 1 voix

N°11 Danièle Deydé : 1 voix

N°12 Marcelle Pâques : 2 voix

N°13 Victor Lebuis : 10 voix

N°14 Jacques Degeye : 0 voix

N°15 Christian Eychloma : 3 voix

N°16 Christel Marchal : 0 voix

N°17 Jean Destree : 0 voix

 

 

 

 

 

Poésies retenues pour la publication dans la revue : poésies... 

N° 13 VICTOR LEBUIS

Des souvenirs obscurs de l'école abbatiale

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*****

N° 15 CHRISTIAN EYCHLOMA

Que le diable nous emporte

Mon amour à Pompéï

Ainsi soit-il (à paraître)

http://www.bandbsa.be/contes3/pompeirecto.jpg

 

*****

N° 3 FRANCOISE CASTERA

Souvenirs

Contrastes

http://www.bandbsa.be/contes3/contrastes.jpg

*****

N° 12 MARCELLE PÂQUES

Bientôt les jonquilles

Pourquoi pas (à paraître)

http://www.bandbsa.be/contes3/bientotjonquilles.jpg

 

BRAVO !!!!!!!

Publié dans concours

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Bonnes vacances de Noël et Bonnes fêtes !

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

 

A l'année prochaine !

 

 

 

 

 

 

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Publié dans ANNONCES

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Flocon de rêve pour Noël, une nouvelle de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

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FLOCON DE RÊVE POUR NOËL

 

L'enfant s'use les yeux. Il est béat. Quoi de plus beau que cette crèche en sucre et massepain ? Tous ces sapins en chocolat sont pareils à des bijoux. Tous ces petits sujets en massepain sont plus attirants que les bûches de Noël. L'enfant retient son souffle. Jamais, il n'oserait goûter à ces choses, les croquer et les avaler. Mangerait-on une broche, un diadème ou une barrette finement ciselée ? Ce petit Jésus rose tout en sucre au creux de son humble berceau en chocolat, lui donne le tournis. Le bonheur est, à cet instant, à l'image de cette vitrine du pâtissier, un cocktail de lumières irréelles, de silhouettes suaves, de guirlandes chatoyantes, de boules colorées. L'enfant n'arrive pas à détacher son regard de toute cette brillance.

 

Chez lui, les rayons du soleil ne sont jamais vraiment descendus. Les fées qui se sont penchées sur son berceau étaient si pauvres qu'elles n'ont pu lui offrir que la promesse de rêves fugaces. Les moments de joie sont si rares pour lui. Ce qu'il retient de la vie ce sont surtout les querelles entre ses parents, la nervosité de sa mère, la tristesse persistante de son père, l'inconfort du logis, les claques injustement reçues, les notes insuffisantes à l'école ou encore la pitié des voisins, des copains de classe et de sa maîtresse. Il n'a jamais vraiment connu le froid et la faim, mais il ignore ce qu'est l'abondance. L'opulence et les fastes sont bien éloignés de son univers.

 

Il se met à neiger. Mais cela, pas plus que le vent glacial, ne distrait le gamin. Un flocon se pose sur son nez et se met à gonfler jusqu'à l'emprisonner dans la douceur de sa bulle immaculée. La blancheur est irisée d'une lueur dorée. Serait-il devenu sujet de sucre dans une vitrine de luxe ? Non, son cœur qui s'emballe lui indique qu'il est bien vivant. Le voilà donc au paradis.

 

La bulle grossit, enfle comme un ballon, elle enveloppe tout un paysage, parfait jusque dans les moindres détails.

 

Soudain, l'enfant perçoit le souffle du bébé qui gazouille doucement sur sa modeste couche. Il entend une musique légère, comme celle issue parfois d'un des rêves si fugaces qu'il fait de temps à autre. Des effluves de vanille et de chocolat taquinent ses narines. Sur sa joue, se posent des lèvres aussi douces que devaient l'être celles de Marie. L'enfant tressaille. L'enfant se met à chanter.

 

La bulle s'élargit et finit par englober la maison familiale. Sa mère chante une berceuse pour le bébé. Elle a des gestes si tendres, elle pouponne comme elle ne l'a jamais fait. Elle reste là, auprès de la crèche, recueillie, patiente. Puis elle s'approche de lui, le serre contre son cœur, elle l'embrasse, elle lui chuchote des paroles d'amour. Sa grande sœur dresse la table pour des invités de marque. Ses gestes sont ceux d'une princesse retouchant un bouquet de fleurs pour y apporter sa touche personnelle. Son père alimente le foyer avec des bûches odorantes à souhait. Il est pareil à un milord, paré pour une fête. Il semble presque joyeux. Ici, tout a l'éclat du cristal, des pierres précieuses, de l'argent, de l'or ou des flammes dans l'âtre. La félicité est à portée de main.

 

L'intérieur et l'extérieur se confondent. Les temps anciens et le présent s'emmêlent. Les mots sont inutiles. Tout est ravissement. Le bien-être se niche dans la tiédeur de l'endroit, dans les parfums qui exhalent des notes à la fois florales et fruitées, dans les nuances pastel du décor, dans les mélodies romantiques que l'on peut entendre en sourdine. L'enfant est si bien, si content. Sa main frôle la menotte du bébé.

Soudain, une flamme vient lécher la bulle… La bulle crève. La bulle n'est plus. Le flocon n'est plus qu'une goutte d'eau. Le visage de l'enfant est resté souriant. Sa joue porte encore l'empreinte du baiser de sa mère. Ses yeux brillent face à la vitrine. Sa respiration s'est faite lente et profonde.

 

Le trottoir est tapissé d'un blanc manteau. Le jour décline. L'enfant s'en va. Il rentre chez lui. Il s'approche peu à peu de sa maison. Par la fenêtre, il distingue le sapin garni de gros nœuds jaunes en tissu. Il entre, il s'approche de la cheminée. La chaleur est douce. Au pied du sapin, quelques paquets emballés dans du papier cadeau, une crèche en carton bricolée par sa sœur. Sur la table, une nappe brodée jadis par sa grand-mère, des serviettes étoilées sur les assiettes ordinaires, des couverts dépareillés, des verres quelconques, une bougie parfumée et un tout petit bouquet de houx. Sa mère a mis du rouge à lèvres et du bleu sur ses paupières. Son père paraît détendu, il porte la cravate gris perle du mariage de son frère. Pareille à une fée, sa sœur tient en main une étoile dorée qu'elle va placer au sommet du sapin.

 

Dehors, les flocons s'amoncellent. L'un se pose sur un front, l'autre sur un menton, sur une épaule. Parfois, ils grossissent pour un enfant, pour un vieillard nostalgique ou pour un être en quête d'espoir. Alors, ils les emprisonnent un moment dans la douceur de leur bulle blanche, irisée d'une lumière dorée.

 

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

(Extrait de "Contes à travers les saisons"aux Éditions Chloé des Lys)

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Publié dans Nouvelle

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Sonnet... Un poème de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

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Sonnet

 

Quand vous serez bien vieille, rimait si bien Ronsard

En parlant à Hélène, il était bien joyeux

De savoir qu'à son âge et craignant d'être vieux,

Sa mie le tenait pour un fameux lascar.

 

Hélène l'écoutait au sommet de son art,

Lui raconter sa vie, lui le grand amoureux.

Et quand il se plaisait à jouer à ce jeu

Elle était toute heureuse et rêvait de départ

 

Les hommes aux cheveux gris ne savent pas leur charme

Ainsi moi qui vous parle et vous tire des larmes

Je ne suis pas poète et j'en suis bien marri.

 

Une plume, un papier, cela me suffit bien

À vous qui me lisez, je ne demande rien

Si ce n'est d'apprécier ce que pour vous j'écris.

 

 

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

Publié dans Poésie

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Les Louves, de Silvana Minchella... Une fiche de lecture d'Eric Allard

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

louves

 

 

Quatre femmes puissantes

 

Il y a un éclatement du moi, une désintégration de l’identité chez les personnages de Minchella. Une explosion de l’ordre de la sensualité et de l’esprit de justice qui déborde le cadre étroit du temps et de l’espace. C’est notamment dans le magasin d'écriture de la science-fiction et du fantastique qu’elle va chercher des outils propres à mettre en scène et à développer ses récits.

Parce qu’elle est consciente que, de tout temps et en tout lieu, la femme, corsetée dans un modèle, a été limitée dans ses actions, son champ du possible a été contraint et elle a toujours peiné à trouver les voies et les voix par où s’épancher.

Les Louves racontent quatre femmes.

D’abord, Gina. Gina vit dans l’Italie d’avant la Seconde Guerre Mondiale qui a ignoré jusque là quel homme la dirigeait et qui est occupé à la mener dans le mur de l'Histoire.  Elle n’a pas vingt ans et son corps destiné à enfanter s’est déjà refusé à le faire par deux fois, ultime et pire insoumission de la femme aux yeux de la société, de la famille. Gina ne connaîtra le plaisir sensuel que dans les bras d’un Allemand, un réprouvé comme elle, car depuis l’entrée en guerre, les Allemands, d’alliés sont devenus ennemis. Nulle échappée toutefois dans un romantisme éthéré : l’homme se révélera un soldat sans scrupule...

La deuxième femme, c’est Lucia. C’est samedi soir et elle a un rendez-vous avec un prénommé Paul pour lequel elle éprouve une « vague amitié indifférente ». Des « entités vagabondes » (Lagoulue, Leguerrier, Leclown... ) se disputent sa personnalité en des joutes savoureuses. Elles investissent les esprits d’autant plus facilement que « la plupart du temps il n’y a personne à l’intérieur ». Jusqu'à un accident mortel subi par deux jeunes gens qui font basculer le récit. Lucia, alors, va être investie par l’âme de la morte qui va la transporter, lui faire ressentir tous les émois de l’amour...

Dans Danse macabre, une histoire d’amour éclatée en mille morceaux est figurée par des confettis, tantôt bleu, rouge etc. qui seront le siège d’autant de souvenirs heureux-malheureux...

Dans la dernière nouvelle, une mère de famille gagne à la loterie et décide d’acheter en secret une demeure pour les siens. Lors de sa recherche, elle est persuadée d’avoir déjà vécu dans la maison pour laquelle elle a un coup de coeur. Cette quête de la maison la ramène à l’autre qu’elle porte en soi...

Il court dans le chef des différents personnages le sentiment d’être double, multiple, tant qu’un événement extérieur, une sorte de révélation, n’a pas organisé le tout et entraîné les parties disparates dans une seule direction, enfin unies, unifiées à l'aune de ce nouvel horizon... Sans cela, pas d’enfantement d’aucune sorte, d’accomplissement possible.

La jeune femme des débuts (du livre, de la vie) revit en quelque sorte dans la femme mûre d’aujourd’hui.

Silvana Minchella s’incarne dans ses différents personnages pour exister autrement, trouver des réponses à ses interrogations identitaires et vivre des épiphanies. Elle le fait par le biais de l’écriture, c’est le médium qu’elle a choisi pour faire résonner tous les moi qui l’habitent et la poussent de l’avant...   

 

Éric Allard

 

 

Publié dans Fiche de lecture

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