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Gauthier Hiernaux nous proposent un extrait de son dernier roman "Les enfants de Jafez"

Publié le par christine brunet /aloys

Gauthier Hiernaux nous proposent un extrait de son dernier roman "Les enfants de Jafez"

Du fait de ses formes extrêmement généreuses, Meredice Hernandez était ce qu’on peut appeler, lorsqu’on souhaite trouver un qualificatif peu blessant, une femme sans âge. Elle promenait ses rondeurs dans les bureaux avec une grâce pourtant insoupçonnée qui accompagnait un sourire aussi doux que permanent. Pourtant, Meredice Hernandez n’était pas de celles qui possèdent le caractère de son physique. Quand on prenait la peine de lui parler plus d’une minute, on devait s’attendre à voir ressortir de ses lèvres affables, une sècheresse digne des dunes du désert de Mégarès dans les Terres de Feu. Elle envoyait à ses contemporains – et très majoritairement subalternes – un stock inépuisable de piques qu’elle leur servait avec ce sourire figé et si éclatant qu’on craignait qu’il vous saute au visage. Pourtant, nul n’aurait eu l’audace de se rebiffer car Meredice Hernandez était la secrétaire personnelle de Wolfcarius Molitor, Directeur général d’Imperia Pharma, l’une des sociétés-phares de l’Empire de la Nouvelle Ere. Des usines d’Imperia Pharma sortaient la plupart des médications – de l’aspirine aux traitements lourds – et nul n’ignorait que Monsieur Molitor dépendait directement de Fra Reskling, le Haut-diacre responsable de la Compagnie des Frères Séculaires, ce qui lui conférait un statut de quasi-invulnérabilité.

Depuis l’abolissement du capitalisme honni par les Impériaux, car vecteur de la dégénérescence des Anciens, plus aucune société ne reposait sur des capitaux privés. Seul le Saint-Siège avait le droit d’investir pour la seule gloire de l’Empire et la puissance des Dieux du Nieland et les profits étaient redistribués dans tous les secteurs qui touchaient de près celui de l’entreprise concernée, c’est-à-dire de la recherche et du développement. Imperia Pharma versait les deux-tiers de ses bénéfices à la Guilde des révérends-docteurs et au Bureau de Recherche scientifique de la capitale et le dernier tiers au Saint-Siège. Il était évident que les patrons et employés de la société touchaient leur part et ce, à des niveaux différents et avec des écarts parfois assez conséquents. Ainsi, le révéré Wolfcarius Molitor était certes moins riche qu’un Qaeder de Province, mais assurément aussi puissant. C’est en tout cas le bruit qui courait…

Au niveau de la société Imperia Pharma, sa secrétaire possédait le même pouvoir.

On s’écartait sur son chemin, on évitait son sourire sirupeux, on courait hors de portée de ses remarques acides, on se retranchait derrière son moniteur de la dernière génération pour éviter de croiser ce regard faussement bon.

Ce matin-là, Meredice Hernandez caracolait jusqu’au bureau de son seul maître avec, sous son bras, une pile de dossiers qui accentuait davantage sa circonférence. Son rictus déjà prometteur s’était élargi et toute personne possédant un quotient intellectuel égal ou supérieur à dix savait qu’il fallait s’attendre à une catastrophe imminente. Elle avait eu le même air quand Imperia Pharma avait dû se défaire du révérend-chimiste de l’aile D9, celui-là même que Meredice tentait de croquer depuis des semaines sans parvenir à lui briser l’échine. Ce faraud-là avait eu l’audace de lui répondre un jour où la secrétaire l’avait apostrophé sans raison valable. Il avait payé le prix de son insolence car elle s’était débrouillée pour qu’il ne retrouve plus jamais de travail gratifiant. Les laborantins, employés, coursiers et préparateurs qui naviguaient à sa rencontre bifurquèrent pour laisser passer celle qui se baptisait elle-même « le Piranha » car, quand Meredice Hernandez tenait une proie, elle ne la lâchait plus.

Sa démarche sautillante la conduisit à l’ascenseur réservé à l’unique usage de Monsieur Molitor et ses doigts boudinés attrapèrent le malheureux badge coincé dans les deux obus de longue portée qui constituaient son opulente, mais néanmoins désertée poitrine (Est-il utile de préciser qu’on ne lui connaissait aucun amant autre que son labeur ?). Elle le présenta au portique d’entrée, lequel lui ouvrit les portes de l’ascenseur. Un nouveau passage du badge sur un œil électronique fiché dans la cabine la conduisit au dernier étage de la très haute tour. Les portes se rouvrirent à nouveau dans un chuintement apaisant.

A peine eut-elle posé le premier pied sur le sol qu’un rayon balaya ses empreintes rétiniennes et un autre lui scanna le corps à la recherche d’armes létales ou non. L’ultime porte se débloqua alors.

A l’autre bout d’une pièce de la taille d’une salle de banquet, Wolfcarius Molitor était en train de mettre fin à une conversation par TeleCom. Il avait l’air vaguement agacé. Meredice attendit donc qu’il ait fait disparaître son interlocuteur pour tenter une approche.

  • Mes respects, Monsieur Molitor, minauda-t-elle en déposant les dossiers sur son large bureau.

Molitor joignit ses mains en coupe sous son menton et la fixa de ses yeux gris. C’était un homme d’une quarantaine d’années qui, comme sa secrétaire, n’avait pas d’âge. Et pour cause : il était du genre athlétique et plutôt séduisant, pourtant, on ne lui connaissait aucune liaison – un manque de temps très certainement. Sa chevelure brune, dépourvue de filaments blancs bataillait et lui conférait un charme indiscutable. Il portait une petite barbiche qui lui courait de la lippe inférieure au bas du menton comme une cicatrice.

Ses lèvres minces esquissèrent une grimace à la vue de la femme.

  • Très chère Meredice… commença-t-il de la voix de baryton. Quelle belle journée s’offre à nous…
  • Très certainement, Monsieur, répondit la secrétaire en jetant un bref coup d’œil par la large baie vitrée qui donnait sur la ville.

Molitor détacha ses mains et en porta les paumes sur la surface du bureau.

  • Je viens d’avoir notre « ami » des Terres de Feu. Il semblerait que le mercenaire ait parfaitement rempli sa mission. Nous n’avons plus à nous inquiéter de cet horrible Ouzam Besriki…

Il adoptait un ton très enjoué qui ne cadrait pas avec sa personnalité. Sa subordonnée ne sembla cependant pas le remarquer. Bien au contraire, elle fit écho : elle battit des mains comme une petite fille pour exprimer sa joie. C’était grâce à elle que ce mercenaire avait été engagé.

  • Je vous félicite de cette initiative, Meredice. Comme je vous loue d’avoir coupé ce pont qui nous liait à cette affaire...

Molitor faisait référence à la disparition de Mazer par un second mercenaire. Elle aussi avait appris la réussite du casier piégé. Encore une idée à elle.

Le sourire enjôleur de son maître lui fit mouiller ses sous-vêtements sans qu’elle en ait honte. Les congratulations de son responsable la mettaient toujours dans un état orgasmique. Pour cacher son trouble, elle inclina sa face lunaire, les mains serrées sur son entrejambe.

  • Mille mercis, Monsieur.

Sa position l’empêcha de voir le sourire de Molitor s’effacer d’un coup.

  • Néanmoins…

Elle se redressa, frissonnante. Wolfcarius Molitor avait perdu son attrait, ses yeux marron lançaient des torpilles.

  • Je viens d’apprendre que si le colis piégé avait fait son office, le corps de l’individu avait bel et bien « disparu » !…
  • Disp… Le… le second mercenaire ne devait… Il me rendra compte de cette erreur, Monsieur Molitor…
  • Je n’en doute guère, ma chère (son ton redevint de miel car Wolfcarius Molitor était l’homme de toutes les contradictions). Et je dirais même plus que je compte sur vous pour qu’il se souvienne du prix des erreurs !
  • Bien entendu, Monsieur…

Molitor ramena ses mains longues en un seul et unique poing qu’il laissa posé sur le marbre du bureau. Ses traits s’étaient radoucis aussi rapidement qu’ils s’étaient durcis quelques instants auparavant. « Encore une saute d’humeur » soupira intérieurement le bras droit de l’homme qui biffa immédiatement sa remarque comme si elle en avait eu honte.

  • Ceci étant dit, il se peut que la survivance – si survivance il y a naturellement – de cet individu puisse ne pas nous heurter…

Meredice Hernandez osa relever la tête. Son sourire permanent était toujours là, mais il était glacé de terreur. Il lui faisait un masque identique à ceux que portaient les fêtards lors des libations dédiées à la Déesse Verticordia ; des faces hideuses et tordues, quasi inhumaines. Le directeur général d’Imperia Pharma se mit à caresser à nouveau sa barbiche, les yeux perdus dans le vague, hochant la tête à certains moments. Sa secrétaire l’observa et sa confiance en elle reprit tout doucement le dessus. Molitor, en sa qualité d’homme de tête, rompit le silence :

  • Avant votre entrée, l’un de mes… informateurs m’a rapporté un fait qui me chagrine. Il semblerait que certains chercheurs de l’université de Naazib soient sur le point de trouver une cure à notre… virus.

Hernandez ouvrit des yeux comme des soucoupes. Voici une information qui ne lui était pas parvenue, songea-t-elle. Tôt ou tard, elle s’emploierait à châtier cette négligence.

  • Une cure à la Mort Rampante, Monsieur ? souligna-t-elle un peu inutilement car ils parlaient naturellement de la même affaire. Comment cela se pourrait-il ??? Personne ne…
  • La persévérance et le hasard jouent, souvent, des rôles prépondérants dans la recherche médicale, ma chère. Je pense que vous devriez le savoir, depuis le temps que vous travaillez dans ce secteur…

S’il y avait une personne qui pouvait moucher Meredice Hernandez sans en subir les conséquences, c’était bien son révéré patron. Elle accusa le coup et se mit à triturer ses phalanges. Le sourire de Molitor s’élargit jusqu’à faire apparaître ses canines qu’il avait diablement pointues.

  • Mais ne vous inquiétez donc point, chère amie : leurs recherches sont bien loin d’aboutir ! J’ai été prévenu à temps et j’ai pris mes précautions.

La femme se mordit les lèvres pour ne pas imploser.

  • Je… je n’en ai point été informée, Monsieur… c’est…
  • Normal, commenta laconiquement l’autre en se servant avec un air flegmatique, un verre d’eau minérale, le seul liquide qu’il s’autorisait.

Il n’alla pas plus loin. Dans ses prunelles brillait une lueur assez claire pour aveugler son bras droit. Il avança la main et, sans un mot de plus, s’empara des dossiers.

Gauthier Hiernaux

Les enfants de Jafez, Ed. Chloé des Lys

http://grandeuretdecadence.wordpress.com/

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Dans plaisirs & Découvertes, "La Valse des infidèles"

Publié le par christine brunet /aloys

Dans plaisirs & Découvertes, "La Valse des infidèles"

http://www.plaisirs-et-decouvertes.be/coin-lectureles-lecteurs-en-parlent.html

Dans plaisirs & Découvertes, "La Valse des infidèles"

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L'appel du loup, une nouvelle de Philippe Wolfenberg

Publié le par christine brunet /aloys

L'appel du loup, une nouvelle de Philippe Wolfenberg

L’appel du loup

Le domaine était vaste ; il se composait d’une succession de plaines et de collines, tantôt couvertes de forêts, tantôt dégarnies et une rivière y déroulait son cours rapide et sinueux.

Le seigneur des lieux venait de quitter le château – une belle bâtisse de pierres, de briques et d’ardoises – qui laissait entrevoir un luxe certain sans, néanmoins, aucune ostentation. Il menait sa monture d’une main tranquille mais sûre, admirant le paysage, humant les senteurs d’un printemps précoce et observant, du coin de l’œil, la faune qui ne manquait pas de l’épier avec autant de méfiance que de curiosité. Il sourit en pensant que, décidément, la chasse ne serait jamais un jeu pour lui comme elle l’était pour ses pairs. Il réservait son aptitude à manier les armes afin d’en découdre avec les quelques malandrins qui osaient, parfois, malmener les paysans sur lesquels il avait autorité.

Il en était à se remémorer sa dernière escarmouche – particulièrement ardue, donc fort plaisante – quand son regard s’arrêta sur ce qui ressemblait à un corps recroquevillé contre le large tronc d’un chêne majestueux. Il descendit de cheval, dégaina son épée et, arrivé au pied de l’arbre, eu la confirmation qu’il ne s’était pas trompé. Il n’en fut pas moins surpris de constater qu’il s’agissait d’une jeune femme et qu’elle ne portait pas de vêtement. Un carreau d’arbalète avait pénétré la chair au niveau de la taille. Soudain, il s’aperçut qu’elle respirait encore.

Regagner le manoir, encombré par cette étrange découverte, n’avait pas été chose aisée ; aussi s’était-il réjoui en apercevant les deux tours, l’une crénelée, l’autre surmontée d’un cône imposant, parmi le feuillage en devenir.

Aidé par ses gens, il avait monté l’infortunée dans une chambre (après en avoir pudiquement caché la nudité au moyen de sa cape) et fait venir son médecin de toute urgence.

l

Une semaine avait égrené ses jours. Le praticien s’était surpassé et la guérison de l’inconnue s’avérait plus rapide que prévu. Lorsqu’elle fut en état de soutenir une conversation, le nobliau lui raconta les événements qui précèdent. Elle le remercia chaleureusement mais resta évasive quant aux circonstances exactes entourant l’attentat manqué qui avait failli lui coûter la vie.

Un soir, pourtant, après le dîner, alors qu’ils profitaient de l’apaisante chorégraphie des flammes dans la grande cheminée, elle se décida à parler enfin.

Celui qui a tenté de me supprimer, Monsieur, n’est autre que mon très cher époux… Votre plus proche voisin…

Et pourquoi a-t-il voulu vous tuer, Madame ?

Si je réponds à cette question, je crains que vous ne suiviez son exemple…

Qu’avez-vous fait de si terrible pour qu’on…

Rien ! Je suis simplement victime d’une terrible malédiction… De celles qui font peur… Même aux plus courageux…

Vous en avez trop dit… Ou pas assez… Continuez, je vous prie !

Mais…

Je promets, sur mon honneur, de ne point lever la main sur vous… Mais comprenez que je suis en droit de savoir qui j’abrite sous mon toit…

Vous avez raison…Seulement, promettez-moi également de faire ce que je vais vous demander sans poser la moindre question…

Soit ! Je vous écoute…

Vous m’enfermerez, pour la nuit, dans un cachot muni d’une porte très solide… Et me surveillerez par le judas… Ce que vous verrez vous révèlera mon lourd secret…

Il sera fait selon vos désirs, Madame…

Merci !

l

Le ciel était dégagé et paré d’une lune aussi ronde que diaphane. Au sous-sol, le gentilhomme assistait, avec effarement, au spectacle incroyable qui s’offrait à lui : dans la cellule, la malheureuse, prise de convulsions, se transformait peu à peu en une magnifique louve. Elle plongea son regard carnassier dans celui de l’homme et la lueur des torches éclairant la pièce fit étinceler la blancheur immaculée de ses crocs acérés. Elle émit un hurlement plaintif puis alla se coucher dans le seul coin où régnait une semi-pénombre.

l

Le lendemain, elle avait retrouvé forme humaine et gisait, assoupie, au milieu de ses vêtements en lambeaux. Le maître de céans entra et ne put s’empêcher de caresser le bas du dos de la belle dormeuse. Ce contact sensuel la réveilla et elle frissonna.

Je suis désolé, Madame…

Ne le soyez surtout pas !

La pâleur de sa peau contrastait agréablement avec la couleur acajou de ses yeux et de sa longue chevelure bouclée et le rose pastel de sa bouche charnue. Le sourire provoquant dont elle le gratifia eut raison de sa réserve et, après l’avoir portée jusqu’à la couche de fortune qui avait été installée, la veille, il lui fit l’amour avec fougue.

Quand l’envie fut rassasiée, elle se serra contre lui. Il brisa le silence le premier.

Je voudrais savoir…

Je l’ignore… On a souvent dit que j’avais la beauté du Diable… Et la tête trop bien pleine pour une femme… Peut-être Dieu a-t-il voulu me punir ?

Si c’est le cas, il aura été bien mal inspiré…

l

L’été avait filé parce que bien rempli. Ils avaient fait de longues promenades, à pied ou à cheval, des banquets fastueux, des duels mémorables (puisqu’ils excellaient, tous les deux, dans l’art d’utiliser l’arme blanche) et s’étaient, à maintes reprises, rendus dans la ville la plus proche afin de garnir la garde-robe de celle qui était, par la force des choses, arrivée si démunie.

l

Si la passion présidait à la destinée conjointe des deux amants, tout n’était pas parfait pour autant. Le besoin d’avoir à ses côtés une compagne à la hauteur de ses espérances enfin comblé, le hobereau s’inquiétait, toutefois, de voir le spectre de la tristesse hanter le regard de sa jumelle qu’il chérissait plus que tout.

Madame, je crois vous avoir donné, souvent, la preuve de mon profond attachement… En échange, j’aimerais que vous me confiiez ce qui vous chagrine…

J’ai aimé mon époux, Monsieur… A présent, je le hais ! Et je voudrais lui faire payer son acte ignoble…

Mais rien n’est plus simple…

Vraiment ?

l

C’était une fin de journée à nulle autre pareille. Un soir où tout paraît plus harmonieux qu’il n’est en réalité. Le mari indigne avait perdu le reste de la troupe mais pas les traces du loup qu’il traquait depuis des heures. Coincé au sommet d’un promontoire rocheux, l’animal faisait face, les babines retroussées sur une redoutable dentition. Au moment où le doigt allait appuyer sur la gâchette, une brusque poussée déséquilibra le chasseur. Furieux d’avoir raté sa proie, il se retourna et ne vit d’abord que le propriétaire des terres qui jouxtaient les siennes. Il était sur le point de lui demander des comptes lorsqu’il reconnut, alors, la silhouette qui se tenait en retrait.

Vous, Madame !

Oui ! Moi ! Je ne reviens pas d’entre les morts mais je vais vous y envoyer…

Deux contre un, ce n’est pas très loyal…

Je ne suis là qu’en qualité de témoin… Mais si Madame court le moindre danger, je n’hésiterai pas… En d’autres mots, vous n’avez aucune chance de vous en sortir… Mais trêve de bavardages, engagez le combat !

Normalement, l’homme aurait dû prendre l’avantage mais l’ingénue qui avait cru en lui, en des temps lointains, était animée par une vive rancœur. Elle esquiva habilement une attaque de son adversaire et en profita pour le toucher au cœur. Hébété, Il recula de quelques pas puis, trébuchant contre une racine, s’envola dans le vide avant de s’écraser au pied de la falaise.

l

Ils étaient enlacés et, à travers la fenêtre de la chambre, regardaient le soleil se coucher.

Vous allez bien, à présent, Madame ?

Dans vos bras, toujours !

Il ne tient qu’à vous d’y rester…

Je sais, Monsieur… Et c’est bien mon intention… Serment de louve aimante et dévouée !

Philippe Wolfenberg

Publié dans Nouvelle

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HISTOIRE DE PIEDS, un texte signé Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

HISTOIRE DE PIEDS

Connaissez-vous le bus 36 ? C'est celui que je prends régulièrement pour aller en ville.

Faites comme moi… Amusez-vous à regarder les pieds des passagers…

Au premier rang, juste derrière le conducteur, un gamin africain aux vêtements multicolores, baskets bleues, chaussettes assorties. Juste après, une petite vieille qui tient un gros cabas sur ses genoux. Elle a sûrement mal aux pieds puisqu'elle porte des sandales ouvertes sur des mi-bas à la couleur indéfinissable.

Le curé et ses godillots noirs sans âge et poussiéreux et à leurs côtés, des pieds noirs dans des espadrilles… Probablement la mère du gamin.

À chaque arrêt, des pieds montent et d'autres descendent.

Chaque paire de pieds est souvent à l'image de son propriétaire : à vêtements à la mode, chaussures modernes. Qui porte un jean crasseux, l'agrémente souvent de godasses du même type !

Et quand, au retour, je prends un bus bondé d'étudiants, je suis sûr de feuilleter un magazine de mode. Tee-shirts de marque, sweets de couleur muraille ou flashy et surtout baskets aux goûts du jour, plus ou moins lacés (souvent moins que plus !). Tous les mêmes : ne se distinguant que par leur pointure ! Je suis prêt à parier que si l'on mélangeait leurs chaussures, ces jeunes seraient bien incapables de retrouver les leurs parmi les autres…

Tandis que nous, les vieux ou les moins vieux, toujours fidèles aux traditions, nous nous distinguons par notre habillement. De la tête aux pieds nous sommes tous uniques. Regardez nos pieds d'écrivains, tous à notre image…

Micheline et moi avons même connu un bonhomme qui ne portait qu'une chaussette au pied droit ! Pourquoi ? Nous ne le saurons jamais. Daniel, ce personnage hors du commun et qui est devenu notre ami, est mort sans jamais dévoiler son secret !

Peut-être voulait-il simplement faire des économies ?

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

HISTOIRE DE PIEDS, un texte signé Louis Delville
HISTOIRE DE PIEDS, un texte signé Louis Delville

Publié dans Textes

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Janna Rehault se présente et nous parle de son prochain roman "La vie en jeux"

Publié le par christine brunet /aloys

Janna Rehault se présente et nous parle de son prochain roman "La vie en jeux"

Moi c’est Janna. J’habite en France mais je suis née en Union Soviétique. Lorsque j'entrais dans l'adolescence, le régime communiste s’est écroulé et mon pays (Kazakhstan) est devenu indépendant. La période qui s'ensuivit a été accompagnée de toute sorte de crises (économique, politique, sociale, …). Ce changement a éveillé mon intérêt pour la géopolitique ; c’est pourquoi j’ai fait des études en politique et économie internationales.

Après j’ai travaillé dans l’humanitaire en participant à plusieurs projets de développement en Afrique et en Amérique Latine. Cette expérience a été très enrichissante car elle m’a permis d’entrer en contact avec des cultures différentes de la mienne. En France j’ai travaillé surtout dans le milieu associatif (associations s’occupant de personnes SDF et des sans-papiers).

A part la lecture et l’écriture, j’ai une grande passion pour les voyages. J’ai beaucoup voyagé en mode routard en Amérique du sud et en Asie. Je m’intéresse également à l’histoire, l’art et la culture générale.

« La vie en jeux » :

J’aurais situé mon roman entre contre-utopie, fiction et roman philosophique. L’action se déroule dans le future, dans une société hyper-protégée et hyper-protectrice, où la frontière entre le réel et le virtuel s’efface progressivement et où le virtuel sert à pallier les manques affectifs et à combler le vide existentiel.

La principale héroïne Alexandra est une jeune « normale » qui vit comme les autres, sans trop se poser de questions, jusqu’au jour où elle s’éveille. Son frère Théo (avec qui elle était extrêmement proche) se fait cloner après sa mort survenue suite à un accident. Cela sert de déclencheur, l’entraînant dans une quête intellectuelle et un questionnement sur le monde qui l’entoure et sur l’essence de la vie en général.

Les thèmes abordés portent sur le clonage, le droit au suicide, les affections pour le non-vivant, la modification de la mémoire, l’existence virtuelle, etc.

Janna Rehault

Janna Rehault se présente et nous parle de son prochain roman "La vie en jeux"

Publié dans présentations

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Noëlle Fargier a lu "Ainsi soit-il" de Christian Eychloma

Publié le par christine brunet /aloys

Noëlle Fargier a lu "Ainsi soit-il" de Christian Eychloma

« Ainsi soit-il » de Christian Eychloma est un livre de science fiction, on ne peut pas en douter et pourtant porte t-il cette seule « étiquette » ?.

Dès le départ vous atterrissez dans un monde qu'on ne peut décrire tant il est inattendu, mais ce n'est qu'un début....

Vous voyagez ( et le mot est faible) dans des univers successifs dépeints avec tant d' exactitude, de détails tous plus surprenants les uns que les autres, tant dans leur beauté que dans leur hideur, réveillant tous vos sens. Cette perception est accentuée par les personnages (les descendants de la terre) empreints de leur force et de leur fragilité originelle (l'amour, la haine, la peur...).

Par eux, vous êtes amenés dans une intrigue et quelle intrigue ! qui vous oblige à tourner les pages tant elle est bien programmée. De plus, l'auteur dans ce monde qui se veut être imaginaire s'appuie sur des thèses bien scientifiques, bien réelles, qui renforcent encore la plausibilité de cette science fiction.

En refermant le livre, des questions s'imposent : et si « Ainsi soit-il » était le destin de notre humanité ? Et si « Ainsi soit-il » était une réponse à la source de notre humanité ? Et si....

Noëlle FARGIER

Noëlle Fargier a lu "Ainsi soit-il" de Christian EychlomaNoëlle Fargier a lu "Ainsi soit-il" de Christian Eychloma

Publié dans Fiche de lecture

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Quoi de neuf en novembre ?

Publié le par christine brunet /aloys

Actu-TV.net, l'émission

Actu-TV.net, l'émission

L'émission ACTU-TV a désormais son site! 

http://www.actu-tv.net

 

Les dernières émissions à visionner ou à revisionner, une page pour vous raconter les anecdotes de tournage, des articles rédigés par les membres de l'équipe ou par les interviewés !!!

 

 

Un mot de Bob...

Encore un fameux pas en avant !
Notre émission possède désormais son propre site dans lequel vous retrouverez au jour le jour en prime et
en exclusivité tout ce qui concerne notre activité: nos reportages, nos projets, l' arrière du décors, les
interviewes des membres de l' équipe etc... tout ce qui explique pourquoi et comment nous préparons mois
après mois "Nos amis et les amis de nos amis" dont l' audience grimpe lentement mais sûrement (103.126 vues
YouTube à ce jour). Une adresse pour ce site: http://www.actu-tv.net/
Notre émission d'octobre: http://www.bandbsa.be/ecran-tchatoctbon.htm

 

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Quoi de neuf en novembre ?

Le nouveau numéro de notre revue "Les petits papiers de Chloé" est disponible !!!

Le concours de nouvelles sur le thème du cauchemar débute mi-novembre. Les votes devront être postés sur le post de la dernière nouvelle. Vous aurez jusqu'au 2 décembre inclus pour voter !!!
ATTENTION : Pour que vos votes soient validés :

1. Mentionnez votre mail dans le formulaire

2. Ne votez qu'une seule fois

3. Auteurs, ne votez pas pour votre texte !

Quoi de neuf en novembre ?

Pour la revue "Les petits papiers de Chloé",

N°11

Résultats du concours n°1: Calligrammes

Thème : la nature, les animaux

Texte 1 : Papillon, Elisabeth Berthéol 3 voix

Texte 2 : Papillon, Micheline Boland 13 voix

Texte 3 : Le chat cosmique, Sebastien Quagebeur pas de voix

Texte 4 : L'anti-calligramme, Carine-Laure Desguin 3 voix

Texte 5 : L'escargot, Quentin Brunet, 12 ans 10 voix

Texte 6 : L'arc-en-ciel, Morgane Catania, 13 ans 3 voix

Le calligramme gagnant est donc le n°2 "Papillon" proposé par Micheline Boland avec 13 voix. Bravo !

Bravo également à tous les participants et merci à tous les lecteurs qui sont passés par aloys et ont donné leur avis !

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Quoi de neuf en novembre ?

Comme l’an dernier Marcelle Pâques sera responsable du stand de Chloé des Lys pour Mon’s Livre qui se tiendra au Lotto Mons Expo le 22 et 23 novembre.www.monslivre.be

Les auteurs inscrits sont :

Yvette Hulin – Marie Ortolan – Carine –Laure Desguin – Pascal Feyaert – Thierry Delvaux – Delphine Schmitz –Mickaël Zoïna –Flaw Houdart- Ombre Louve

Micheline Boland – Louis Delville – Rolande Michel – Nathalie Marcon –Jules Cybèle – Marcelle Pâques .

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Quoi de neuf en novembre ?
Quoi de neuf en novembre ?

TOURPES EN ACTIVITE

Le temps d’un week-end, l’église de Tourpes devient un lieu de rencontres culturelles.

Cette année, une première : les écrivains tourpiers exposeront et expliqueront leurs œuvres.

UN CONCOURS DE NOUVELLES EST ORGANISE

Vous êtes tous concernés

- Les moins de 18 ans (au 31 décembre 2014)

et

- Les plus de 18 ans (au 31 décembre 2014)

REGLEMENT

THEME

Une référence à Tourpes. Une rue, un endroit, un personnage, une histoire, peu importe. Réel ou de pure fiction.

COMMENT PARTICIPER AU CONCOURS DE NOUVELLES ?

- Ecrire une nouvelle en français (pas de patois ou autre langue).

- Enoncer clairement le titre souligné en haut de page.

- Texte dactylographié, sans dessin, sans illustration, sans photo.

- Respecter le thème imposé.

- Minimum 3000 signes (une page A4), maximum 10.000 signes (env. 3 pages A4)

- Envoyer votre texte en fichier joint à l’adresse tourpesenactivite@hotmail.com avant le 31 décembre 2014.

- Mentionner clairement vos coordonnées complètes en fin de texte (nom, prénom, adresse complète, numéro de téléphone, adresse mail et date de naissance, catégorie) :

- plus de18 ans au 31 décembre 2014 : indiquer +18

- moins de 18 ans au 31 décembre 2014 : indiquer -18

Exemple :

IL ÉTAIT UNE FOIS

Texte

Victor Hugo

Rue du Corbeau 1

7900 Leuze-en-hainaut

Tel : 0444 444 444

Mail : victorhugo@litterature.com

Date de naissance : 28 février 1802 (+18)

CONFIDENTIALITE ET EXCLUSIONS

La personne qui recevra votre texte et votre attestation ne fait pas partie du Comité de lecture.

Elle transmettra votre texte SANS coordonnées aux membres du comité de lecture, seulement avec une référence anonyme et la catégorie de l’écrivain (+18 ou -18).

Les membres du comité de lecture n’ont pas accès au concours. Ils s’engagent à rester étrangers à toute communication pouvant favoriser l’un ou l’autre participant.

QUI SERA L’AUTEUR DU RECUEIL COLLECTIF?

La maison d’édition CHLOE DES LYS sera l’auteur administratif du recueil.

Chaque auteur d’une nouvelle issue du recueil devra donc signer une cession de droits d’auteur stipulant qu’il autorise CHLOE DES LYS à utiliser librement sa nouvelle dans le cadre de ce projet.

Le document concernant la cession de droits d’auteur vous sera envoyé lors de la réception de votre texte à l’adresse tourpesenactivité@hotmail.com et devra être retourné, daté et signé dans les délais mentionnés sur l’attestation.

EDITION

Un recueil de nouvelles sera édité par CHLOE DES LYS pour l’évènement Tourpes en Activité 2015. Chaque lauréat des deux catégories recevra un exemplaire gratuit ainsi qu’un super prix.

POUR TOUTE INFORMATION COMPLEMENTAIRE, CONTACTEZ LA PERSONNE QUI RECEVRA VOS TRAVAUX

Adresse : tourpesenactivite@hotmail.com

Nom : Wivine Van Renterghem

NOUS VOUS ATTENDONS TRES NOMBREUX.

UN ECRIVAIN SE CACHE EN VOUS !

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Quoi de neuf en novembre ?

Auteur à l'honneur dans notre blog en novembre !

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Brasero, Parick Beaucamps : sa fiche auteur...

Publié le par christine brunet /aloys

Brasero, Parick Beaucamps : sa fiche auteur...

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Albert NiKo, l'auteur de "L'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand" se présente...

Publié le par christine brunet /aloys

Albert NiKo, l'auteur de "L'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand" se présente...

Qui suis-je ?

Né le 10 avril 1969 à Pantin (Seine Saint Denis), après avoir été instituteur, journaliste et agent administratif, Une fois dépassé ses influences, Albert Niko se consacre à l'écriture.

Doué d'un imaginaire des plus débridés qu'il oppose à une réalité jugée trop aliénante, à travers des textes entre rouge et bleu qui tiennent autant de la poésie que de la prose, cet auteur porte un regard aussi tendre que critique envers ceux qui l'entourent.

Cette époque, confondante de mimétisme, où la réussite, par temps de crise, se mesure au niveau de consommation, sont autant de clefs de ce ton qui lui est propre, chargé d'images pleines de dérision et de grotesque.

Un extrait ?

Nature morte au petit chien

La composition est la suivante : un vieux, assis sur un banc, tient de ses deux mains son petit chien debout sur ses genoux.

Les yeux du chien sont un peu les siens.

Et dominent le monde des mouvants.

Nature morte posée là comme vérité au soleil

J'ai ramassé ton ombre en travers de la route, et voici ce qu'elle m'a confié de sa bouche néant – que n'éprouvant pas le besoin de connaître la suite du programme, elle avait préféré en rester là.

Puis je l'ai reposée à sa place, avant de continuer vers ce qui m'attendait.

De la cafétéria où je prend mon repas je remarque cet écran encastré dans une petite maison d'enfant, et ils passent un vieux Walt Disney. Je note que ce que je remarque je suis le seul à le remarquer, car le public concerné, les enfants, au nombre de trois, ont tous le dos tourné.

Et ce roublard d'O Malley paraît bien diminué à parler comme il le fait à travers une paroi vitrée.

Ils m'ont fait penser à des statues – ils évoluaient à la vitesse de statues –, eux et leur bébé dans son landau, comme je me faisais l'effet d'un chien qui se serait soulagé à leurs pieds, juste pour n'avoir pas dit pardon assez fort quand je leur suis passé devant.

Ils m'ont décoché ce regard sévère qu'ont parfois les statues, en marmonnant quelques mots comme autant de pierres à mon intention (mais à quoi s'attendre d'autre, venant de statues ?)

La respectabilité est de la lave refroidie, donnant à notre vie le paysage qu'on lui connaît – ...formes abruptes et fantomatiques

C'était un blagueur, et sa blague favorite, à mon avis, c'était quand il t'avouait qu'il était né dans le sud, et tout de suite après il ajoutait : à Montrouge. Dans le sud... de Paris.

Ça se voyait à la décharge que ça lui envoyait, subitement, comme un départ de feu, ou l'instant où toutes les ampoules du sapin s'allument, et de le voir partir d'un rire spasmodique, avec sa barbe grisonnante et la tignasse qu'il se payait, n'était pas sans rappeler un père Noël au meilleur de sa forme.

Qu'elle fût sa favorite de toutes ses blagues ne faisait pas l'ombre d'un doute.

Qu'il faille, à ce stade, mentionner le culte qu'il vouait à sa moto, et à la moto d'une manière générale, au point d'être de tous les rassemblements de motards de la région, me paraît capital pour comprendre que le voir débarquer là-bas sans la mythique blague de Montrouge aurait été comme de détrousser le Père Noël de sa fameuse cloche, qu'il fait tinter pour qu'on l'entende de loin.

(faut vous imaginer une tempête de neige)

...Sans laquelle il serait méconnaissable.

Ne serait rien.

Sa cloche à lui c'était sa blague de Montrouge, qu'il se réservait pour ses frères motards, cette grande famille que forment les motards, où il s'en trouvait toujours un qui ne la connaissait pas, la blague de Montrouge.

Et quand il revenait travailler, il nous racontait comment il avait rencontré un nouveau pigeon à qui la refourguer, sa blague de Montrouge, ce qui était une manière de nous la refourguer.

Juste parce qu'elle s'était changée en blague du type qui ne connaissait pas la blague de Montrouge

J'imagine toutefois assez mal une vie tourner autour d'une blague un peu facile, et force m'est de penser que sa moto finissait bien par le ramener en un lieu où toutes les blagues du monde seraient les bienvenues, pourvu qu'aucune ne vienne de Montrouge.

Dans le sud

de Paris.

J'aurais été bien inspiré de ne pas descendre de mon arbre, ce jour-là, quand mon père a baissé sa glace pour me prévenir que ça allait barder pour moi si je ne rentrais pas tout de suite à la maison.

J'aurais attendu qu'ils viennent d'eux-mêmes essayer de m'en faire descendre par tous les moyens, en me menaçant, puis en secouant l'arbre ou en me jetant tout ce qui leur tombait sous la main, et, pourquoi pas, en essayant de m'attraper au lasso avec une corde (car jamais ils n'auraient grimpé dans l'arbre pour venir me chercher. Jamais ils n'auraient fait ça.)

Mais rien n'y aurait fait et je serais resté là jusqu'à la tombée de la nuit, j'y aurais dormi, et peut-être même subsisté quelques temps en me nourrissant de ses feuilles.

Au lieu de quoi je suis descendu avertir le martinet de ne pas m'attendre plus longtemps

J'ai composé ton numéro

avant de réaliser que je ne le connaissais pas

et bêtement, me suis replié sur une pizza.

Quelque part aussi

quelqu'un cherche à me joindre

alors qu'il ne connaît pas mon numéro.

Lui commandera chinois.

Ils sont là, par milliers, dans les gares, les aéroports, les parkings et les magasins, chacun dans sa vie, chacun dans ses chaussons, en partance vers quelque chose qu'il leur appartient de faire, et d'eux il ne reste quasiment rien à trois heures du matin. Quelqu'un doit passer le balai et le fait rudement bien.

J'aime à penser toutefois que leurs chaussons les attendent sagement jusqu'au matin où ils les retrouveront à leur place.

...Dans les gares, les aéroports...

Albert Niko

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Le cirque, un texte signé Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

Le cirque, un texte signé Micheline Boland

LE CIRQUE

Medhi ne bouge pas. Il observe ce paysage tellement familier. Il se dit une fois encore ce qu’il se répète chaque jour depuis le début des vacances scolaires. Sa petite voix intérieure est une voix plaintive, plus velléitaire que déterminée.

« Envie de partir. Partir sur un bateau. Monter à bord d’un car de touristes. Partir pour toujours. Partir pour un ailleurs brillant comme une lune pleine et douce. Partir et ne plus revenir, ne plus revoir la forteresse. Partir pour vivre et non plus survivre. »

Il regarde le chapiteau bleu du cirque à droite de la forteresse grisâtre. Il flaire le voyage. Ça fleure bon l’aventure, les tours de magie. À ses pieds, la mer s’agite à peine.

Medhi voudrait gommer à jamais la silhouette massive de la forteresse, architecture de pierre dressée pour témoigner de la grandeur des conquérants, pour impressionner l’ennemi. Il voudrait oublier son enfance, ce père trop vieux, trop sévère, qui l’a laissé tomber pour rejoindre les nuages, auquel se substitue à présent un frère aîné tout aussi intransigeant. Il voudrait ne pas avoir à choisir entre des études de droit et des études d’économie. Il réajuste ses lunettes solaires. Il renifle cet air marin. Il n’a que dix-huit ans, la vie semble lui offrir un chemin presque sans fin et pourtant, déjà, il est las de lutter pour faire accepter ses points de vue. Le fort, ce n’est que la partie visible de ses rejets… Il est harassé, pareil à un vieux guerrier.

Il va prendre le taureau par les cornes. Il se promet qu’il va partir… Là, sur l’embarcadère, tout paraît si facile. Les mouettes, les petites vagues, les barques colorées, les touristes qui photographient la ville.

Les promesses qu’il se fait en secret, ce sont les bijoux de ses pensées. Il choisit ses mots comme un bon joaillier fabrique des parures, avec de la poésie, du rêve, du merveilleux. Il partira et, au hasard des rencontres, il tissera son réseau, trouvera ses mentors, dénichera ses trésors. Au détour d’un chemin, il trouvera l’amour. Adieu les faux-semblants, les amourettes esquissées en trompe-l’œil.

Il reste immobile un bon moment. Il regarde le bras de mer garni de frêles embarcations qui pourraient dériver à la moindre bourrasque. Il imagine des fissures dans les murs du fort, les failles des ans. Un souffle de vent, des effluves d’air marin, le ramènent à lui-même.

Il rentre chez lui par le chemin des écoliers. Il pousse la porte de la maison familiale. Sa mère est assise dans le vestibule, les yeux embués face à la photo de son père. Il lui prend la main. Il l’entraîne en disant : « J’ai envie d’un thé. Je t’en prépare un ? »

Ils boivent à petites gorgées. Il observe les rides sur le front de sa mère. Autant de plis, autant de souffrances dissimulées. Depuis la mort de son mari, elle paraît avoir vieilli de vingt ans.

Le soir, il prend la route du cirque. Il s’assied dans les gradins au milieu de la foule. L’éclat doré des lampes qui éclairent la piste remplit son cœur d’une chaleur nouvelle. Il lui semble que tous ces gens et lui vont fusionner d’un instant à l’autre, qu’ils vont rester enchâsser dans la gangue de lumière. Les acrobates, les funambules, les clowns, les dompteurs se succèdent. Lui, il n’a vu que la jeune écuyère. Elle a peut-être son âge. Elle sourit. On dirait qu’elle est heureuse. Il l’envie pour ce sourire-là, pour ce bonheur deviné. Chaque fois qu’il applaudit, c’est à elle qu’il s’adresse. Elle a les cheveux blonds coiffés en queue de cheval et un grain de beauté à la naissance du décolleté.

Le lendemain, durant le petit déjeuner, sa mère pleure. Lui, il reste silencieux. Il lui semble tout à coup qu’à cause de ces larmes-là, tous ses projets de départ n’ont plus aucune chance d’aboutir.

Quand sa mère, un peu apaisée, se met à repasser des chemises, Medhi sort de chez lui.

Il flâne en ville. Il siffle pour se donner l’illusion du bien-être. Il espère rencontrer un ancien copain de classe ou un vieux professeur. Il est comme un étranger dans sa ville, un touriste que ses pas ramènent sans cesse vers l'embarcadère en face du fort. Il y aperçoit l’écuyère. Elle échange des baisers avec un grand jeune homme basané. Leurs regards se croisent. Elle lui sourit. Elle en embrasse un autre mais c’est à lui qu’elle adresse un sourire !

Il traîne dans la ville, débouche sur une petite place ombragée, s’achète une limonade et s’assied sur un banc. Le silence est fouetté par des petits cris d’enfants qui jouent au pied d’un immeuble. C’est comme si à cet endroit-là, la ville était préservée des touristes. Au bout d’un moment, il devine une présence. Il se retourne. Il voit la jeune fille blonde, l’écuyère. Elle est courbée, occupée à relacer ses baskets. Elle se relève. Elle tourne la tête vers lui. Leurs regards se rencontrent. Elle sourit. Le grand jeune homme basané débouche de la ruelle, s’approche de la fille et lui parle dans une langue inconnue. Tout va vite. Quelques mots marmonnés d’un air distrait par la fille blonde et le jeune homme basané qui la gifle en retour…

Lui, le jeune étudiant, il ne comprend rien à cette violence soudaine. Il se lève d’un bond et repousse le garçon. Il y met toutes ses forces. Ensuite, il lui donne un insignifiant coup de pied pareil à une chiquenaude. C’est le point final de l’incident. L’autre s’en va sans avoir riposté, il ricane juste un peu et la fille le suit comme un toutou.

Il va se rasseoir sur le banc. Il est comme fatigué par un trop gros effort.

L’après-midi, Medhi reste chez lui. Il rêve de l’écuyère. Il n’arrive pas à effacer le souvenir de son visage.

Le soir, il retourne au cirque. Il repère l’auguste. Il se demande si ce n’est pas lui, le grand jeune homme basané. Il a un doute. C’est que le maquillage, les lèvres et le nez rouges, les grandes chaussures, le nœud papillon, ça vous change un homme !

Le soir, dans son lit, il réfléchit sans cesse à la scène du matin. Il s’est introduit dans un univers qui n’était pas le sien, il a osé s’y aventurer au mépris du danger.

Le lendemain, il se lève très tard. Quand il va se promener le long de la forteresse, midi approche. Tous ces relents, ces odeurs de friture et de cuisine trop bâclée pour touristes trop pressés, lui donnent la nausée.

Il n’y a plus aucune trace du cirque. Il repense à son intervention de la vieille. Pour la première fois depuis sa victoire au semi-marathon de l’école, il se sent fort, prêt à affronter tous les augustes de la terre. C’est sûr, il ne partira pas bien loin mais son frère n’y pourra rien, il ne fera ni études de droit ni études d’économie ! Il choisira des études d’éducation physique qui correspondent bien mieux à ses intérêts et à ses aptitudes.

Micheline Boland

(Extrait du livre "Des bleus au cœur")

micheline-ecrit.blogspot.com

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