Le Grand Vaisseau qui va à Manissa, un extrait !

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Un matin, alors que Mathilde était partie à la messe et que Georges était déjà au travail, on sonna à la porte. Cathy descendit ouvrir, non sans avoir jeté un coup d’œil dans le judas. Un homme, la soixantaine avancée, les cheveux très blancs, portant des lunettes d’écaille dévoilant une forte myopie, se tenait seul sur le pas de la porte, attendant patiemment.

Cathy ouvrit et aperçut, garée en face de la maison, une limousine noire occupée par deux hommes qui ne les quittaient pas du regard. Elle remarqua alors, fixée au revers du veston du visiteur, la petite croix en métal que portent habituellement les prêtres en civil. Elle le reconnut : le cardinal Bertrand De Maïol.

Cathy fit un signe de tête pour signaler qu’elle avait compris et recula de quelques pas, l’invitant à entrer.

— Bonjour, ma fille, lui dit-il d’un ton affable en passant la porte, le visage fendu d’un large sourire opussien.

— Je ne suis pas votre fille, répondit Cathy glaciale en allant s’asseoir. Je m’appelle Catherine Desmarais et c’est mademoiselle Desmarais pour vous, s’il vous plaît !

Secoué par cette réponse plutôt franche, le cardinal avait conservé un instant sous son regard surpris le sourire complètement figé.

— Bien, bien... comme tu voudr... euh, comme vous voudrez, ma f... euh, mademoiselle.

— Vous avez mon pendentif ? demanda-t-elle sans l’inviter à s’asseoir.

— Cet objet est en lieu sûr, répondit De Maïol. J’aimerais que nous en parlions, justement. Puis-je m’asseoir ?

— Pourquoi ? demanda-t-elle caustique. Votre cilice vous démange ?

— Je n’en porte pas, et si j’en portais un, cela reviendrait au même, que je fusse assis ou non. Mais je resterai debout, si vous craignez que mon postérieur ne souille vos coussins.

Cathy s’adoucit.

— C’est bon, dit-elle en lui désignant un fauteuil. Prenez place. De quel droit conservez-vous mon pendentif ?

— De quel droit pensez-vous qu’il vous appartient ?

Cathy se leva d’un bond.

— Vous êtes sacrément culotté, tout de même ! Moi, je sais d’où il vient ! Et uniquement parce que vous ne le savez pas, vous décidez qu’il ne peut m’appartenir !

— Attendez, lui dit le cardinal, plus conciliant. Après expertise, il s’est avéré que cet objet est pur à cent pour cent. Ce qui, en fait, est impossible, sauf pour un synthétique... Or, il ne l’est pas. Et il n’existe pas, il n’a jamais été extrait des entrailles de notre planète un rubis pur à cent pour cent, sans inclusion, sans défaut comme celui-là et qui, en outre, ne se salit pas. Il a été observé au microscope électronique, balayé au scanner, a subi de nombreux tests effectués par des experts en joaillerie. Sa pureté et sa valeur sont telles, qu’à côté de lui, le plus gros rubis du monde, actuellement incrusté dans la couronne de saint Wenceslas, passe pour de la verroterie. J’aimerais entendre l’histoire que vous avez racontée au commissaire Berger, la semaine dernière.

— Celui qu’ils m’ont montré là-bas est un faux, enchaîna Cathy.

— Belle observation pour une néophyte. C’est nous qui l’avons conçu.

— Je l’ai supposé.

— Simple mesure de sécurité.

— Vous les avez bernés, plutôt !

— Allons, racontez-moi votre histoire. S’il vous plaît.

— Sans mon pendentif, vous manquerez de détails.

— Pourquoi, ça ?

— Quand je le porte à mon cou et que je le serre dans ma main, tous les événements vécus me reviennent en mémoire comme si je voyais un film ; je pourrais même répéter tout ce que j’y ai entendu en détail. Sans le pendentif, les souvenirs sont moins précis.

— Je m’en contenterai... pour l’instant.

 

François UCEDO

Publié dans Textes

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C
<br /> Et voilà que tu nous embrouilles !!!!!!!!! Argggggggghhhhhhhh<br />
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F
<br /> Merci à tous pour vos commentaires. Je tiiens juste à préciser que cet extrait n'est nullement le début du bouquin. Plutôt le contraire, je dirais... <br />
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E
<br /> Mon commentaire n'aura rien d'original : on n'a qu'une envie, connaître la suite !<br /> <br /> <br />  <br />
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E
<br /> Ah là! On est accrochés tout de suite... Bravo. Un démarrage somptueux!<br />
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C
<br /> Il va falloir que je me décide à lire ce bouquin...<br />
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C
<br /> Ça commence tellement fort qu'on se demande ce que cette Cathy ...<br />
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