"Et si 2012 voyait la fin de l'humanité ?" ... Texte 6
Et si 2012 voyait la fin de l’humanité ?
S’il est une peur collective qui a la vie dure, c’est bien celle-là : la fin du monde. Elle remonte à des temps immémoriaux, elle est tenace, malgré l’absence d’annonces de tout danger imminent pour notre vaisseau spatial, par le monde scientifique, en particulier la NASA et les astrophysiciens qui sont un peu nos vigies, et guettent les passages d’astéroïdes, planètes et de tout objet spatial à proximité de la Terre, en permanence. Peur collective et croyances vont de pair. Superstitions et croyances aussi. Des pseudo- prédictions de Nostradamus (auquel on a fait dire tout et n’importe quoi après interprétation de ses écrits, plutôt hermétiques et déformables à merci), à celles tirées du calendrier Maya, avançant la fameuse date du 21 décembre 2012 comme étant celle de la fin du monde, en passant par la destruction de la Terre par une énorme planète, ou encore un alignement de toutes les planètes qui déclencherait des cataclysmes en séries, également un passage de la Terre dans le plan galactique, engendrant des répercussions gigantesques, voire une subite inversion des pôles ou du champ magnétique terrestre, ou une explosion de notre Etoile, le Soleil, la fonte des glaces aux pôles, sans parler des prédictions astrologiques fumeuses, toutes les supputations sont possibles et la croyance populaire, alimentée par des charlatans et autres prédicateurs dont certains n’hésitent pas à citer des passages de la Bible comme pour mieux annoncer l’Apocalypse, vont bon train.
Peur collective de la fin du monde : n’y aurait-il pas là, en chacun de nous, plus ou moins fortement selon les individus, enfouie dans l’inconscient collectif de chacun, une survivance de peurs ancestrales, liées à une forme d’obscurantisme et d’ignorance plus que séculaire? Cette peur collective ne rappelle-t-elle pas celle des Néandertaliens, quand, environ 400 000 ans avant notre Ere, ils allumaient les premiers foyers, et veillaient en permanence sur la continuité du feu, de peur qu’il ne s’éteigne et avec lui, la vie ? De tous temps, l’homme n’a cessé d’imaginer une fin à tout. Une fin à l’Univers, des limites, comme une sorte de gigantesque bulle nous englobant, et qui pourrait même faire que nous y soyons seuls. Or la science moderne, confirmant au passage les théories d’Einstein, nous apprend que l’Univers est non seulement sans limites, donc sans fin (difficile il est vrai à concevoir), mais qu’il est également en perpétuelle expansion. Cette peur de la fin, est elle-même confortée par la brièveté de la vie, par son aspect éphémère : tout ou presque sur notre planète finit par mourir, par disparaître. L’homme, en dépit des progrès de la recherche médicale et des soins, de l’hygiène de vie aussi, vit certes de plus en plus longtemps, mais inéluctablement un jour, il meurt. Dame Nature n’est pas en reste non plus : si la plupart des végétaux, arbres, etc… parviennent à se régénérer et vivre plusieurs cycles, ils finissent un jour ou l’autre par mourir,… de vieillesse. Les espèces animales n’échappent pas non plus à la règle. Mais la peur de la fin de toute forme de vie est exacerbée, lorsque des rapports scientifiques alarmants, signalent régulièrement l’extinction, chaque année, de plusieurs milliers d’espèces, végétales, animales, et le spectre des dinosaures, exterminés au Secondaire par l’onde de choc provoquée par la collision entre la Terre et un énorme astéroïde alimente les craintes les plus folles.
Fin de vie inéluctable, pour la Nature, pour la vie animale, pour l’Homme : ce dernier a toujours vu une fin en tout, y compris dans son emploi, sa carrière, lorsque vient le temps de l’abandonner : comme le dit le dicton partir (du monde du travail, dans ce cas) c’est mourir un peu ! Peur irraisonnée, par conséquent (mais cette peur peut-elle être contrôlable ou maîtrisée ?), liée souvent à des peurs ancestrales inconscientes. Peur irrationnelle aussi, mais pour d’autres raisons. En effet, la fin du monde, donc de l’humanité, est fréquemment vue comme la résultante d’immenses phénomènes exogènes, galactiques ou inter-galactiques. Rarement ce thème n’aborde une fin de l’humanité, comme étant la conséquence de l’inconséquence de l’Homme, de ses négligences et de ses excès, par une conjonction de phénomènes endogènes (sauf exceptions : par exemple à l’époque des premiers essais atomiques, où d’aucuns y voyaient déjà les prémices du déclin et de la disparition de l’humanité). Or nous avons vu par le passé maintes fois que la peur exogène était injustifiée : les essais nucléaires (bombes H et A) ont certes causé des pertes humaines dramatiques, mais non la disparition de la race humaine ; de nombreux alignements de planètes se sont présentés depuis l’apparition de l’homme, sans aucune conséquence pour lui. Des astéroïdes ont déjà frôlé ou percuté notre planète, dans l’Arizona notamment, sans conséquences gravissimes. Même le dernier séisme de magnitude 7 au Japon, qui à significativement déplacé des plaques tectoniques et a fait dévier de quelques degrés l’axe de rotation de la Terre, n’a entraîné aucune incidence connue sur l’espèce humaine, au contraire de l’explosion de plusieurs réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima (mais dont nous avons vu, tout comme à Tchernobyl, que les dégâts, certes dramatiques pour les populations concernées, ont été circonscrits aux habitants les plus proches).
Par ailleurs, la NASA et ses réseaux de vigilance, ne signale avant plusieurs centaines de milliers d’années, voire davantage, aucune approche de planète ou d’astéroïde, de nature à menacer la Terre. Le passage à l’An 2000 selon certains, devait nous être fatal or il n’en a rien été. Selon des calculs prétendument Sumériens, une mystérieuse planète devait venir s’écraser sur Terre en 2003, or il n’en a rien été, et tous les astro-physiciens savent qu’une telle planète n’existe pas à l’heure actuelle dans notre système solaire (elle aurait déjà été repérée, sinon). Quant à de prétendues conséquences de collisions galactiques on intergalactiques, elles seraient à l’échelle de l’Univers, répercutées sur des centaines de milliers d’années, donc pratiquement imperceptibles. Peur irrationnelle enfin car, pour qu’il y ait disparition totale de l’humanité, que la cause en soit exogène ou endogène, il ne devrait pour cela rester aucun être humain en vie sur cette Terre. Or il est plus que probable que ce serait impossible. En effet, même si les mers, océans, fleuves et rivières par exemple, s’élevaient de plusieurs dizaines de mètres (ce qui est en soi déjà énorme, et la conséquence de phénomènes extrêmes), les populations se trouvant sur tous les reliefs, les hauts plateaux, la Terre étant parsemée de hauts sommets, seraient certainement épargnées. De même, survivraient sans doute toutes les peuplades qui ne se trouvent pas en zones sismiques, ou proches de grands bassins industriels, ou à proximité de centrales nucléaires, même si plusieurs séismes de forte magnitude secouaient notre planète en 2012 ou après d’ailleurs, ou si on assistait à une cascade de catastrophes nucléaires de type Tchernobyl.
En conclusion, il est plus que probable que 2012 ne connaisse pas plus la fin de l’humanité que celle de ces élucubrations, et autres théories fumeuses et délirantes sur notre disparition collective, qui ont encore une longue vie devant elles.