EDMEE DE XHAVEE: l'écriture, c'est ce que la création m'a donné d'un peu spécial pour m'amuser ... Un interview de Christine Brunet
En feuilletant le blog d'Edmée de Xhavée, auteur des Romanichelspublié aux Editions Chloé des Lys, quatre petites lignes ont capté mon attention...
" Je suis née à Verviers (Belgique, Province de Liège) d'une famille vagabonde par nécessité. Oncles, tantes, grands-parents avaient soit vu le jour sous d'autres cieux, soit vécu sous ces autres climats, vu ces rivages encore purs de tourisme, chevauché dans les pampas ou bravé les flots sur des voiliers qui tanguaient vers l'Est ou l'Ouest."link
Ouahou! L'aventure, les destinées uniques, le poids du passé... Un cocktail irrésistible qui me renvoie à mes lectures d'enfance, à ma folie des voyages... qui m'a poussée à lui demander de me parler d'elle, de son rapport à l'écriture...
L'écriture, m'écrit-elle, "c'est ce que la création m'a donné d'un peu spécial pour m'amuser et apporter quelque chose aux autres.
Si j’ai fini par être publiée, c’est un mélange de hasard, de chance, et de ce petit "pourquoi pas au fond ?" qui s’est mis à me taquiner les pensées."
Je lis et relis sa réponse et lui pose alors la question qui me turlupine...
Comment as-tu abordé l'écriture de ton roman?
J’ai écrit Les romanichels pour moi, sans aucune intention de le faire lire sinon à mes proches. J’avais envie d’à la fois me débarrasser de souvenirs en les banalisant sur le papier, et d’en protéger d’autres en les sculptant sur la page. Il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’une mosaïque de fragments de vies et personnages. Vrais, imaginés, ce que les choses ou gens auraient pu être en réalité si seulement …
Et puis une fois terminé, parce que mon frère avait, en même temps que moi, terminé la rédaction de son premier roman dans le but de le publier, j’ai entendu ce timide pourquoi pas, au fond ?
Et voilà !
Pourquoi continuer à écrire ?
Parce que j’ai encore des choses à dire !
Je suis particulièrement attirée par l’incidence que les vies qui nous ont précédés ont sur la nôtre, parce que chaque génération pose ses échecs et terreurs dans le berceau de la suivante. On met toute une vie à se sentir maître de la sienne, à se dépoussiérer des acquis inconscients de celles de nos parents. Seul l’amour allège la charge, l’amour sous toutes ses formes pour autant qu’il soit vrai.
Quel rapport as-tu avec ton texte et tes personnages ?
Comme beaucoup d’auteurs je crois, j’ai une idée générale de mon sujet, mais pas les détails. Parfois pas la fin non plus. Je suis les personnages, qui ont une fureur de vivre leur vie sans fardeau, eux, assez déroutante. Pour les nouvelles, ce sont des faits divers qui souvent ne veulent pas quitter mes pensées, et veulent rester avec moi sous le déguisement d’une nouvelle.
Tu dis que tu avais envie de te débarrasser de certains souvenirs... Tes textes, ta façon d'écrire ne sont-ils pas le reflet de ton passé, de cette hérédité qui te colle à la peau ?
Je suis née entre deux chaises, appartenant à un groupe social « de par ma naissance » mais n’ayant droit qu’aux coulisses suite au divorce de mes parents. L’école catholique a eu la même attitude. J’ai donc vécu comme une romanichelle sociale, ayant le choix entre vouloir regagner à tout prix les échelons perdus, ou errer au gré de mes découvertes, sans jamais appartenir à aucun groupe stable. C’est ce que j’ai fait, et c’est aussi ce qui m’a, en fin de compte, réconciliée avec mon « milieu » d’origine, contre lequel je n’ai pas de rancœur, parce que je ne lui dois rien. Liberté absolue, un bien être sans prix. Et il n’est donc pas étonnant qu’après des années de déplacements, j’aie enfin le projet de revenir planter ma roulotte là où je suis née.
Mon univers littéraire est inégal, comme mon parcours. Un de mes livres préférés est Madame Bovary, que je trouve toujours très moderne comme thème. Et un des livres qui m’a marquée en premier lieu est Le vagabond des étoilesde Jack London. J’en parle d’ailleurs dans Les romanichels, car mon père, extrêmement rationnel, nous lisait ce roman le soir avant de nous endormir, et était bien loin de se douter que tout ce qui nous intéressait, mon frère et moi, c’était ces voyages dans les vies antérieures. Mais j’ai lu aussi pas mal de « bêtes livres », comme je regarde parfois de « bêtes feuilletons » quand mon esprit est trop las pour avoir des exigences décentes. Bien dommage, puisque ça fait passer un temps qui ne reviendra jamais, qui est dans la partie inférieure du sablier … mais aimer le beau ne protège pas de la fatigue intellectuelle, hélas !
Tu me parles de ton roman, "Les romanichels"?
Les romanichels, c’est donc une histoire qui vagabonde pas mal, entre sociétés et pays différents. Quatre générations. Une jeune femme, Olivia, va passer une semaine avec sa mère, alors qu’elle avait prévu de partir en vacances avec son mari et des amis. C’est qu’elle a un peu insisté, la mère, et que ce n’est pas son genre. Et cependant, ce n’est pas elle qui s’est occupée de sa fille, elle en a confié la garde et les premières années à sa propre mère, l’impeccable Adrienne.
Et au cours de cette semaine de parlottes, Olivia apprendra à regarder son univers autrement. Drames, larmes, repas de fêtes, rires, tragédies, secrets dévoilés défileront dans le salon de l’appartement maternel, tournant définitivement une page.
Créer... C'est proposer aux lecteurs un univers dans lequel ils peuvent se projeter, qu'ils peuvent s'approprier, capable de les faire rêver d'un ailleurs auquel ils n'auront jamais accès...
Mais créer, c'est aussi livrer aux autres son acquis et son inné. C'est rêver un peu avec le monde que l'on crée...
Envie d'en savoir plus sur Les romanichels ? link
Christine Brunet
Un interview publié sur le blog "recreaction" le 28/03/2010
http://recreaction.over-blog.org
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