Concours : "Catastrophe, les envahisseurs approchent !" Texte 7 C'est le dernier ! Votez jusqu'à 18 h ce soir sur ce post

Publié le par christine brunet /aloys

Collision temporelle…

 

À peine croyable, malgré l’évidence. Là, on n’était plus au cinéma. Non, non… Ils arrivaient vraiment ! Un truc bizarre en orbite, d’étranges avions furtifs survolant à toute vitesse les principales agglomérations de la planète, ça n’avait rien d’une galéjade et ça foutait salement les jetons…

L’incrédulité avait pourtant été de mise au tout début, avec ces drôles de messages transmis en boucle par leur vaisseau et relayés par toutes les chaînes de télé et de radio. Des messages rassurants, amicaux, diffusés dans des versions vieillies de toutes les langues du monde.

Passé l’effet de surprise, le président Matron avait pris fermement les choses en mains. Il s’était adressé aux Français dans un discours solennel d’où il ressortait qu’en tant que futur dirigeant du futur gouvernement mondial - rien de moins -  il avait déjà pris contact avec les étrangers, au nom  des peuples de la Terre. 

Bien qu’un peu sceptiques car habitués aux déclarations jupitériennes du personnage, ses auditeurs, admirateurs et détracteurs confondus, durent bien se rendre à l’évidence lorsqu’il apparut qu’une délégation des ces nouveaux arrivants était bel et bien attendue à l’Élysée. 

Ce jour-là, Matron et Lastex, son Premier ministre, se tenaient debout derrière une des hautes fenêtres du premier étage de  l’ancien hôtel particulier de la rue du Faubourg-Saint-Honoré,  surveillant discrètement  la pelouse du palais de l’Élysée où devait avoir lieu l’atterrissage de l’engin amenant les plénipotentiaires. 

Lastex ôta ses lunettes et, histoire de dissimuler sa nervosité, entreprit de les nettoyer consciencieusement tout en se  tournant vers Matron.

« Heu… ne devrions-nous pas descendre afin d’être prêts à les accueillir ? » suggéra-t-il prudemment.

« Tu plaisantes ? » s’étonna sincèrement le président en pointant un menton autoritaire. « Attendons plutôt qu’ils arrivent et laissons-les mijoter un peu pendant que quelques sous-fifres leur annonceront que je m’apprête à les recevoir !

-  Ah… Oui, oui, bien sûr ! Mais peut-être qu’alors, un ou deux sénateurs, même si le Sénat n’a pas été consulté…

- Ah là, c’est carrément de l’humour ! s’esclaffa Matron. Je n’allais quand même pas leur demander leur avis ? Pourquoi pas l’Assemblée nationale, tant que tu y es ? »

Puis ils s’interrompirent en entendant un sifflement allant crescendo. Lastex replaça ses lunettes sur son nez et pointa du doigt une espèce de gros ballon qui, décélérant rapidement, se posa ensuite lentement au milieu des jardins.

Les membres du comité d’accueil réduit s’approchèrent prudemment de la grosse boule opaque posée sur ses quatre pieds articulés. Le président et son Premier ministre, quant à eux, retinrent leur souffle pendant qu’une porte s’ouvrait toute grande sur un côté du bizarre engin. 

Ils n’en crurent d’abord pas leurs yeux en voyant débarquer des personnages empanachés et portant perruque, à la démarche lente et majestueuse, et dont l’accoutrement les désignait comme arrivant tout droit de l’époque de Louis XIV !

Lastex, estomaqué, bouche bée, demeurait subjugué par la toilette des femmes, leurs coiffures d’une incroyable excentricité, leurs longues jupes de brocarts d’or surchargées de dentelles et de passementeries. 

Matron, de son côté, au comble de l’incrédulité, n’arrêtait pas de secouer la tête en observant les chapeaux à plumes des hommes, leurs jabots de dentelles, pourpoints, baudriers,  hauts-de-chausses et bas de soie. Des gens de cour avançant cérémonieusement, un pas après l’autre, dans leurs souliers à talons garnis de rubans. 

Reprenant peu à peu ses esprits, il se tourna vers son Premier ministre.

« Tu crois que ces cons pourraient être venus de si loin pour se foutre de nos gueules ? » demanda-t-il d’une voix où perçaient la frustration et la colère.

« Vous m’en demandez trop, monsieur le président… » répondit Lastex, ennuyé. « Qui oserait ? Oui, qui oserait faire preuve d’une telle inconvenance à votre égard ? Même originaire d’une autre planète ?  Non, inimaginable, ce serait aller trop loin… 

- Descendons tout de suite voir de près ces rigolos ! » décida Matron en bombant le torse.

En les apercevant au bas du perron, un de ces loufoques personnages, sans doute le chef de la délégation, s’avança en martelant le sol de sa canne à pommeau d’argent et, arrivé devant les deux hommes, s’inclina respectueusement en ôtant et agitant largement son chapeau.

« Je me fais une grande joy de connoistre enfin Vostre Majesté que je salue très humblement ! » déclara-t-il avec emphase. « Et je vous dirai, s’il Luy plaist de m’entendre, mon admiration pour Sa très grande Gloire et la forte implication qu’Elle donne aux affaires de son Estat… »

Matron, ébahi quoique flatté, se pencha à l’oreille de Lastex.

« Qu’est-ce que c’est que ce galimatias ? Et ce putain d’accent du terroir ? » chuchota-t-il. Puis, d’une voix autoritaire : « Qu’on aille me chercher la ministre de la Culture ! 

  - Je suis là, je suis là, Sire, heu… monsieur le président ! » répondit Rosine Batelot qui se trouvait justement derrière eux. « Permettez-moi de vous aider… »

Un dialogue s’établit alors rapidement en vieux français entre la ministre de la Culture et ces extravagants visiteurs, dialogue d’où il ressortit très vite que ces derniers étaient tout aussi surpris et gênés que l’était le locataire potentiellement à vie de l’Élysée.  

Et l’on commença à subodorer l’alpha et l’oméga de toute cette histoire lorsque Rosine Batelot expliqua que ces humanoïdes incroyablement évolués avaient capté par hasard, depuis leur propre planète, des images de la vie sur Terre au dix-septième siècle... 

« Comment ça ? Comment ont-ils pu recevoir ces images alors que la télé n’était pas encore inventée ? » fit judicieusement observer Matron à qui on ne racontait pas de faribole.

« Ils n’utilisent pas les ondes radio. Les ondes lumineuses leur suffisent, et elles se diffusent partout à la vitesse que l’on sait. Ce qui fait que, plus on regarde loin dans l’espace, plus on regarde loin dans le temps, Votre Excellence, heu… monsieur le président ! » précisa la ministre qui avait de la culture. 

« Mais les éléments sonores, hein ? Le son, quoi ! 

- Des techniques incroyablement élaborées leur auraient permis de le reconstituer et d’apprendre ainsi, entre autres langues, le français de l’époque ! » 

Elle fit signe à Varan, le ministre de la Santé qui se pointait avec un masque sur le nez, de ne pas l’interrompre, comme il en manifestait visiblement l’intention.

« Puis, décidant alors d’une petite visite pour achever de satisfaire leur curiosité, poursuivit-elle, ils se sont tout naturellement vêtus à la mode de nos ancêtres avant d’embarquer pour un voyage assez rapide via ce qu’ils ont appelé une torsion de l’espace, ou un truc comme ça. Bon, là, je n’ai pas tout compris… Mais les choses avaient évidemment un peu changé chez nous entre-temps ! 

- Un trou de ver… » intervint Lastex sur un ton pontifiant. « Votre torsion de l’espace, on appelle ça un trou de ver !

- Si vous voulez… » répondit Rosine, un peu vexée. 

« En tout cas, trou de ver ou chas d’une aiguille, ils sont là et bien là, avec leurs plumes et leurs fanfreluches ! s’énerva un peu Matron. On en fait quoi, maintenant ? »

Varan, tirant sur son masque, s’approcha.

« Attention, monsieur le président… Sont-ils au moins vaccinés ?

- Ah, vous, foutez-moi la paix avec vos conneries, hein ! Il y a gros à parier qu’ils n’ont pas besoin de vos conseils…

« Alors, si j’osais vous suggérer, monsieur le président…

- Ouais, enfin, vos suggestions, jusqu’à maintenant… » répondit Matron avec un haussement d’épaules. « Mais allez-y quand même…

- Vous avez compris que ces gens voyagent incroyablement vite… Alors, pour assurer définitivement votre réélection, imaginez une seconde que vous, entre tous les chefs d’État, soyez officiellement invité sur cette planète éloignée ! Tenez, si ça se trouve, vous pourriez peut-être faire l’aller-retour dans la journée !

- Je crois discerner où vous voulez en venir, mon petit Varan… » répondit Matron en se caressant le menton, soudain intéressé. 

Les négociations ne durèrent pas longtemps et Matron, le port royal, accompagné de sa petite troupe de courtisans extra-terrestres, monta à bord de l’engin qui décolla et… ne revint pas.

Ce qui explique aujourd’hui la soudaine disponibilité, pour un nouveau candidat, du trône de l’Élysée. 

 

Publié dans concours

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E
Je dois dire que ce sujet a inspiré des auteurs pleins de talent. C'est cruel de choisir, mais le 5 (je ne voudrais pas me tromper, c'est celui avec les algues...) m'a frappée, je l'ai trouvé très très original!!!
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B
Etant revenue de voyage, je viens de lire tous les textes: des histoires différentes qui ne manquent pas d'attraits. Mais le texte 2 m'a fait un peu plus rêver : le titre semble annoncer un conte et la lecture du récit m'a fait penser à un merveilleux film " la bella vita" dans lequel le père invente des mensonges à son fils pour le protéger des horreurs de la réalité. Bref, j'ai trouvé le texte 2 très émouvant et je vote pour lui.
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M
texte 7
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C
Texte 7 : 2<br /> Texte 2 : 1<br /> <br /> Séverine... Bien essayé ! Il y a de l'idée mais...
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S
Super texte ! J'ai adoré l'humour sarcastique et les délicieux contrastes de lanqage. Bravo !<br /> Sinon, quant à deviner qui à écrit quoi, je dirais :<br /> - Texte 1 : Philippe Desterbecq.<br /> - Texte 2 : Christina Previotto<br /> - Texte 3 : Brigitte Hanappe<br /> - Texte 4 : Christian Eychloma<br /> - Texte 5 : Micheline Boland<br /> - Texte 6 : Carine-Laure Desguin<br /> - Texte 7 : Edmée de Xhavée<br /> Et pour mon vote, après quelques hésitations, il ira au texte 7 !
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S
Oups... "qui a écrit quoi"
C
Excellent. Je vote de suite pour celui-ci, le 7. Pour son humour.
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C
Oui, c'est aujourd'hui qu'on vote, Philippe ! <br /> Donc Texte 2 : 1
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P
J'aime beaucoup l'humour de ce texte ! <br /> Je voterais pour celui-ci ... s'il n'y avait pas le texte 2 qui m'a vraiment séduit. <br /> C'est bien aujourd'hui qu'on vote, hein, Christine? Donc une voix pour le 2.
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