Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE a chroniqué "Toffee", le nouvel ouvrage d'Edmée de Xhavée
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Edmée de Xhavée est une fine mouche qui connait mieux que personne le cœur des femmes, les intrigues de famille, le mal-être sentimental et ces vies qui se diluent peu à peu dans un ennui confortable. Edmée sait raconter le quotidien d’une plume suffisamment pimentée pour en relever le goût et épicer les deux récits qui composent son dernier ouvrage, Toffee et La preferida publiés aux éditions Chloé des Lys. Ces romans sont très différents l’un de l’autre bien qu’ils nous décrivent le destin de deux femmes qui ne reculent devant rien pour assouvir leurs pulsions et écrire leur vie selon leur désir, à contre temps de ce qui compose l’ordinaire de leur entourage. L’une est une amoureuse enjouée qui a envie de monter en grade, l’autre une manipulatrice sans état d’âme qui, année après année, parviendra à vider le coffre-fort de sa belle-famille à son seul profit.
J’avoue un petit faible pour le premier récit, celui d’une Lolita charmante et délurée qui proposera avec audace un dernier frisson de vie à un veuf qui ne survivra qu’une année à la disparition de son grand amour. C’est une jolie histoire où le décor est bien planté et où les générations emmêlent leurs doutes et leurs espérances et gravent dans leur mémoire un passé plein de rebondissements et de surprises :
« Des cheveux blonds, qu’il a retrouvés dans une petite pochette de maroquinerie verte. Pas d’indication mais il se souvient avoir été écoeuré, oui, écoeuré en la trouvant. Pourquoi, il n’en a plus aucune idée. Il ne sait d’ailleurs pas s’il l’a toujours, ni pourquoi il l’aurait gardée. Ou jetée. Maman avait les cheveux d’un très beau brun. Mais à sa mort ils étaient si ternes et rares qu’il ne pense pas qu’on a voulu se souvenir d’elle ainsi … il ne sait plus … Il aimerait que cette mèche blonde cesse de lui revenir en tête, alors qu’à la fin de sa vie il n’a que faire des détails inutiles et encore moins des désagréables. »
Le second récit est plus féroce, conduit d'une plume que l’auteure a trempée dans le vitriol tant le personnage principal, une certaine Olympe, est antipathique, sa vie se passant à détruire celle des autres avec l’aide de son faible mari Marc, et, ainsi, à ruiner sa belle-famille, principalement sa belle-mère Régiman qu’elle laissera mourir sur la paille, lui ayant retiré, au fil du temps, ses meubles, ses bijoux, ses biens les plus personnels :
« J’avais le souffle coupé, saoulée d’horreur devant leur plan déjà conçu et minutieusement mis au point depuis longtemps, c’était clair à présent, car leurs réponses ne connaissaient pas une seule hésitation ou réflexion partagée. Combien de soirées avaient-ils passées à régler tous les détails de nos vies pour les démonter ? »
C’est ainsi qu’Olympe consacrera son énergie à briser une famille par une guerre d’usure sournoise, conduite de main de maître par cette épouse perfide, qui n'aura de cesse d'effacer graduellement les vestiges du soir. Un livre qui invite à la réflexion sur les motivations secrètes de l'être et du paraître. Edmée sait faire cela avec assez de persuasion et de subtilité pour être convaincante. "Famille, je vous hais", ne serait-ce pas Olympe qui l'a prononcé ?
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE