Robert Blée nous propose un extrait de son ouvrage "A l'ombre de mon tilleul vert"

Souvent je viens m’asseoir sous mon tilleul vert afin de trouver, dans l’éclat du soleil haché par un feuillage joueur, les prémisses d’un élan, ceux de la beauté.
Je les trouve dans ces moments extrêmes où l’essence de la vie fait d’un songe une valse à deux temps qui me pousse sereinement à comprendre le battement des ailes de papillons, ou celui de l’aiguille qui tourne sans relâche autour de nos horloges internes.
Dans le ballet des tic-tacs
Se construit la vie
Au rythme de nos frasques.
Souvent, la couleur de l’espoir vient chatouiller le jaune cru de mes matins engourdis afin de me bercer dans le blanc nacré des moutons sans berger qui semblent naviguer dans l’azur d’un ciel rieur, dans le no man's land d’un monde sans torpeur.
Étranges visions que je livre en étal, étranges sensations, étrange amour.
À l’ombre d’un tilleul
Les feuilles bruissent au vent
Dans les notes confuses d’un été,
Elles chantent aux oreilles des enfants.
Regards bleus,
Têtes blondes,
Le temps à l’abri des tilleuls passe.
Les murmures des rayons francs
Assoiffent les fontaines muettes,
Réchauffent les billes d’antan.
Agates aux tons miel,
Têtes rousses,
Les cours de récréation dorment.
Dans l’air…
Des fleurs,
Mille senteurs,
Le bonheur,
Les blés dansent
La ronde d’une houle formée,
Le vol d’un papillon fatigué.
Tout est calme en campagne,
Le temps d’été s’égrène
Paisiblement à l’ombre d’un tilleul.