Le rivage d'un océan sans terre... Extrait proposé par son auteur, André Elleboudt
Un extrait
"Installez-vous !" Je ne savais pas que pendant des semaines, des mois, des années, cette phrase allait devenir une des (trop) nombreuses clés ouvrant les portes sur le chemin de ma… possible guérison. La table de soin des kinés, faite de délicatesse, de douceur, de vigueur, de douleur, de rire et de sourire aussi, de paix mais aussi de craintes. S'en remettre à la compétence (espérée et reconnue) et aux mains de kinés, praticiennes et praticiens généreux, chercheuses et chercheurs audacieux qu’il me fait toujours plaisir de rencontrer parce qu’ils sont pros et surtout attentionnés, délicats et de chez qui je sors dans un meilleur état que lors de mon entrée mais, malheureusement, pour un laps de temps toujours trop bref à mon goût. Plus de dix ans de kiné, deux fois par semaine en moyenne et un bien-être réel mais trop fugace et faisant parfois rêver à cette période où tout va tellement bien dans la vie que l'on n'imagine même pas que cela peut être autre. Terrible insouciance. Apprentissage douloureux de m'accepter tel dans l'espoir d'une guérison dont je ne connais que le mot.
Assis près d'un chemin de terre ocre et de pierre,
le regard déposé, la main sous le menton,
ses pensées s'en venaient, tantôt oui, tantôt non,
fallait-il en l'état oser d'autres traverses ?
Souvent ce que l'on n'a rend le pas plus alerte.
Inerte son audace. Beaucoup de lassitude
rendait la foulée morne ; l'envie d'en rester là
emplissait peu à peu le sang d'incertitude.
Le cœur ne se battait, le flanc ne saignait pas,
les coups n'en pouvaient plus de tant vouloir virer
de caps en espérances vers d'océans lointains,
il est loin le rivage d'un océan sans terre.
Que la force fait mal quand elle vient à manquer,
que la souffrance est vaine, les matins éphémères
lorsqu'en le cœur s'enfonce la dent de la douleur
et que, tel un baiser sur des lèvres d'épines,
les jours perdent saveur ; la vie est assassine.
Ce qui aux jours de feu, au plus profond de l'être
rend les corps fous et moites, les passions violentes,
se perd, meurt et l'amour rendu tiède et sans joie
ne peut non plus suffire, simplement à survivre.
Il est malaisé d'être à moins que d'avoir l'air.