Paul Maakad nous présente son recueil de poésies "Bouillonnement"

Biographie
Paul Maakad, 34 ans, est journaliste et travailleur humanitaire. De parents libanais, il a grandi en France après que la famille s’est installée à Paris pour fuir la guerre civile.
Depuis qu’il a atteint l’âge de raison, il a ressenti le besoin de comprendre ses origines et le pan Moyen-Oriental de son essence. Ce désir s’est matérialisé en 2008, lorsqu’il s’envola pour Beyrouth au Liban afin de suivre les cours de sciences politiques du monde arabe chez les jésuites pendant deux ans.
Il débuta ses activités journalistiques à 25 ans par des correspondances dans les colonnes de journaux locaux et français. C’est également durant cette période qu’il consigna dans un carnet ces premiers écrits – poèmes et questionnements métaphysiques.
Paul Maakad vit aujourd’hui entre Paris et le Moyen-Orient. Ce mouvement de balancier continuel entre Orient et Occident est devenu vital pour son équilibre.
Résumé :
Autour de trois grandes thématiques qui constituent l’épine dorsale de ses réflexions et questionnements sur la Vie – « Être », « Aimer », « Penser » –, l’auteur de ce premier recueil explore les méandres et tréfonds de son existence, en réaction – parfois vive et brutale – à la découverte d’une réalité dont il est issu : le Moyen-Orient.
Bouillonnement
Un bouillonnement au plus profond de moi, lancinant
N’a de cesse de se propager dans tout mon corps
Jusqu’à ne plus pouvoir être contenu
Par mon réceptacle de chair.
Un bouillonnement qui charrie avec lui
Une chaleur extraterrestre, inconnue
Non répertoriée par la physique
Frissonnante, électrique, glacée.
Ça y est, mes jambes commencent à balancer de haut en bas, de plus en plus rapidement
Essayant d’évacuer ce trop plein d’énergie qui a submergé tout mon corps d’un coup, sans
| prévenir.
Ça monte jusqu’à mon esprit, je suis dans un état d’urgence qui vire à l’extrême
Tandis que tout autour de moi
N’est que sérénité et calme d’une bibliothèque feutrée.
Je n’arrive plus à fixer mon attention, je ne dois d’arriver à écrire
Qu’à la volonté quasi salutaire
De relater le phénomène dont je suis l’objet
Avant qu’il ne soit trop déchaîné pour m’empêcher de rassembler mes forces dans la bataille
| de l’écriture.
Une mer déchaînée m’habite
Ses eaux se fracassent contre la haute falaise
De mon inquiétude mortelle.
Je suis en danger, je tremble, je n’arrive plus à me calmer
Il me semble que je suis condamné
Il me faut exorciser cette énergie de la peur finale
La faire taire
Lui laisser faire son œuvre.
Qu’elle passe, qu’elle transperce mon corps et mon âme
Que j’en finisse.
Mes poils se hérissent ; pourtant, aucune menace ne pointe
Apres la chaleur, le froid m’enveloppe de son manteau métallique
Manteau de la solitude ultime, métaphysique
Qu’aucune présence ne peut guérir.
Alors, je fais le vide dans ma tête
Je ferme les yeux, je me donne tout entier
Aux forces indomptables qui secouent mon être.
Une tempête, un ouragan impétueux de sensations gronde
Ne me laissant aucun répit, aucune trêve
Piétinant mes fondations, ébréchant mon armature
Jusqu’à la rendre frêle
Tel un château de cartes.
Une, deux, cinq, dix secondes, une minute
Je ne perçois plus le temps qui passe
Je m’accroche à ma seule certitude intouchable, indéfectible
Qu’aucun de ces ouragans ne sauraient ne serait-ce qu’effleurer.
Je sais que ça va passer, que ce « ça » n’aura pas raison de moi.
Comme il y a deux jours, un mois, un an
Mon moi est le terrain de jeux
De cette chose qui n’a pas de nom
Mais qui jamais n’y élit domicile
N’y installe campement.
Alors, fort de ce savoir
Dernier rempart avant ma démission
L’accalmie tant attendue éclot
Et le printemps bourgeonne à nouveau
Ne laissant derrière lui qu’une lassitude, douce et inoffensive
Presque volupté.