Les chiens n'ont jamais tant pris d'exercice... Un texte signé Albert Niko
les chiens n’ont jamais tant pris d’exercice
Le chômage – et l’ennui qu’il induit : voilà ce qui les ronge…
Tu peux les voir traîner leurs feuilles mortes du bureau de tabac au supermarché, et non, se désolent-ils en pions sortis de la partie, il n’y a pas de travail, bien contents tout de même de trouver quelqu’un avec qui discuter de ce qui tourne autour de cette vie telle qu’on en a dressé le périmètre.
Ils parlent de leurs chiens respectifs entre gens du voisinage. Les chiens n’ont jamais tant pris d’exercice.
Ou se rassemblent entre fumeurs, dans une clinique psychiatrique, autour de ce qui les plaquent au sol.
Ce qu’ils mangent n’a pas la saveur qu’elle devrait. Ils ne font à leurs yeux que maintenir une machine en état de marche, et ils n’ont pas tout à fait tort.
Mais trop de gens se plaignent de ne pas avoir de travail, pour ne pas se réjouir d’être au chômage.
Le conformisme ambiant offre pour écrire une matière inépuisable.
J’écoute la musique des morts des heures durant. On a enregistré cette part vibrante de leur âme, et vous pouvez encore voir leurs marques de pas sur leurs partitions.
Je sors aussi marcher, tournant le dos à la ville.
Ce faisant, des gens me sourient au volant de leur voiture. Ils n’en croisent pas beaucoup des comme moi.
L’un s’arrête pour me suggérer de me joindre à un groupe de marche.
Un autre me demande si je ne fais pas ça pour m’entraîner en vue d’un marathon.
Je les laisse derrière et continue à marcher.