Les chiens n'ont jamais tant pris d'exercice... Un texte signé Albert Niko

Publié le par christine brunet /aloys

les chiens n’ont jamais tant pris d’exercice

 

Le chômage – et l’ennui qu’il induit : voilà ce qui les ronge…

Tu peux les voir traîner leurs feuilles mortes du bureau de tabac au supermarché, et non, se désolent-ils en pions sortis de la partie, il n’y a pas de travail, bien contents tout de même de trouver quelqu’un avec qui discuter de ce qui tourne autour de cette vie telle qu’on en a dressé le périmètre.

Ils parlent de leurs chiens respectifs entre gens du voisinage. Les chiens n’ont jamais tant pris d’exercice.

Ou se rassemblent entre fumeurs, dans une clinique psychiatrique, autour de ce qui les plaquent au sol.

Ce qu’ils mangent n’a pas la saveur qu’elle devrait. Ils ne font à leurs yeux que maintenir une machine en état de marche, et ils n’ont pas tout à fait tort.

 

Mais trop de gens se plaignent de ne pas avoir de travail, pour ne pas se réjouir d’être au chômage.

Le conformisme ambiant offre pour écrire une matière inépuisable.

J’écoute la musique des morts des heures durant. On a enregistré cette part vibrante de leur âme, et vous pouvez encore voir leurs marques de pas sur leurs partitions.

Je sors aussi marcher, tournant le dos à la ville.

Ce faisant, des gens me sourient au volant de leur voiture. Ils n’en croisent pas beaucoup des comme moi.

L’un s’arrête pour me suggérer de me joindre à un groupe de marche.

Un autre me demande si je ne fais pas ça pour m’entraîner en vue d’un marathon.

Je les laisse derrière et continue à marcher.

 

Publié dans Nouvelle

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C
La marche est créative, oui oui.
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S
Marcher pour feindre d'exister... ou écrire...
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M
Tellement vrai ! Tellement désolant ! Marcher pour agir, pour ne pas rien faire, pour éviter de penser... Merci pour ce texte, je partage.
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J
Oui, Bébert, continue de marcher, trouve-toi un chien abandonné à la SPA si tu n'en as point déjà un, perso une petite chienne abandonnée s'est trouvée sur ma route en 2009 et accompagne mon quotidien, va où je vais, même quand je répète au théâtre. Si tu tournes le dos à la ville, c'est bien, mais ne te perds point dans les champs, beaucoup sont emplis de pesticides. Niveau musique, je te conseille le concerto n°2 pour piano et orchestre de Rachmaninoff, interprété par Svjatoslav Richter, c'est super, loin de l'évocation de quelque mort. Une question : si l'un ou l'autre fumeur promenant son chien en croise un autre qui l'invite au 7ième en psychiatrie ... le chien est-il admis au fumoir ? Clin d'œil.
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A
Si le chien fume, cela me paraît aller de soi...