Séverine Baaziz nous propose une lettre ouverte à... La Mère Noëlle !

Chère Mère Noëlle,
Comme chaque année, je me réjouis d’être la seule à vous écrire.
Mais qui sait si cela durera, l’air du temps étant à la féminisation de la langue française, on finira peut-être par démasquer le plus grand impair en la matière : le Père Noël existe, mais c’est une femme.
En attendant, je me permets d’en profiter encore un peu…
Juste avant de vous parler de mes voeux, il me tient à coeur de vous faire part d’un malentendu qui me poursuit chaque année.
Il y a trois ans, je formulais le voeu de ne jamais manquer d’essentiel. Je ne m’attendais pas à prendre, sans même m’en rendre compte, près de cinq kilos.
L’année suivante, mon souhait fut de voir adoucie une peine bien personnelle, et à nouveau, très vite, je me suis ankylosée de cinq kilos.
L’année dernière, c’est mon envie d’être plus solaire qui donna, une nouvelle fois, suite à la prise presque subite des cinq mêmes kilos.
Si bien que cette année, je préfère ne pas être le sujet de ma demande.
Serait-il possible (et ce, j’en conviens, je mise sur votre sens de l’interdisciplinarité) de, disons-le sans détour, changer l’eau potable en eau bénite ?
Assistée de Mère Nature et de Sainte Mère, je me disais que peut-être cela pouvait être une bonne idée. Plutôt que de la changer en vin, ce qui, somme toute, ajoute du malheur au monde plus qu’il n’en retire, l’eau bénite me semble opportune.
Ainsi, chaque matin, les mains seraient lavées de toute tentation à la violence ; les têtes vidées de leurs pensées néfastes ; les yeux, peut-être, finiraient par voir la beauté du monde et son risque d’éphémère.
En vous remerciant de bien vouloir réfléchir à la question, transmettez à vos lutines toute ma considération pour ce fou labeur d’assouvir les futilités consuméristes exponentielles de nos tendres chérubins.
PS : Si la chose est envisageable et ne vous incommode pas trop dans votre emploi du temps, j’avoue que j’aimerais beaucoup perdre ces fameux quinze kilos aussi rapidement que je les ai pris...