Isabelle Grenez présente son roman "Le retour"

Née à Bruxelles en 1963, licenciée en droit, active dans le monde des assurances, mariée et mère de deux filles, Isabelle Grenez a toujours eu envie d’écrire. Elle a fait le pas aux portes de la cinquantaine, la femme prenant ainsi sa revanche sur l’adolescente qui n’aimait pas lire. Désir d’écrire, besoin d’écrire, d’inventer des histoires et de susciter des émotions ; au cœur de ses préoccupations, l’être humain et sa complexité.
Auteure de romans et de nouvelles - Membre de l’Auberge littéraire ASBL à Waterloo.
RÉSUMÉ
Au cœur de cette histoire, deux sœurs que la vie a séparées. Deux sœurs très différentes l’une de l’autre. Olivia, artiste dans l’âme, a fui sa famille (en 1987) alors qu’elle avait à peine atteint l’âge de la majorité (21 ans à l’époque), pour aller vivre à Caracas (Venezuela). Ségolène, plus terre à terre, est restée à Bruxelles et a repris la pharmacie de ses parents. Depuis vingt-cinq ans (l’histoire se déroule en 2012), elles ont rompu tout contact et voici que Ségolène reçoit une lettre d’Olivia. Très perturbée, elle la lit, entrecoupant sa lecture de souvenirs et de réflexions. S’instaure ainsi entre les deux sœurs, une sorte de dialogue à distance. Dans sa lettre, Olivia explique pourquoi elle est partie comme une voleuse et n’est jamais revenue (drame familial), raconte ce qu’elle a vécu pendant ces vingt-cinq années, ce qu’elle est devenue (elle n’est pas devenue artiste peintre, mais enseigne dans une école sise dans les barrios de Caracas et a fondé un orphelinat) et pour finir, annonce son retour (son attachement à ses racines est matérialisé par un saule pleureur). Ségolène qui dans un premier temps refuse d’accueillir Olivia, se fait peu à peu à l’idée de la revoir et finalement, se surprend à l’attendre avec impatience. Olivia revient, mais les retrouvailles ne se passent pas du tout comme prévu ou espéré.
Ce retour va rapprocher Ségolène de sa sœur, bouleverser sa vie et l’amener à se remettre en question (elle a alors 44 - 45 ans). Au-delà de la mise en scène d’une relation complexe, nourrie de sentiments contradictoires, ce roman nous rappelle que notre personnalité est plurielle, que le destin n’existe pas et que notre vie est conditionnée autant par nos choix que par le hasard.
Extrait :
« L’avion a atterri. Je laisse mon magazine sur le banc à qui le voudra. Je me presse vers les portes que franchissent des voyageurs de plus en plus nombreux. Les premiers sont asiatiques, mais après de longues minutes, un autre flot de voyageurs fait son apparition. Certains s’expriment en allemand. Mon cœur tressaille. Il y a du monde et je n’ai pas assez de mes deux yeux pour dévisager tous ces inconnus. Nous n’avons pas convenu d’un signe distinctif. La reconnaîtrai-je ? J’essaye d’imaginer l’Olivia qui va passer la porte d’un moment à l’autre, flanquée d’un certain Simón dont j’ignore tout sinon qu’il joue de la harpe. Ça ressemble à quoi, un harpiste, quand il n’a pas son instrument ? Je les cherche du regard. Un couple arrive, scrute le comité d’accueil. Je regarde la femme. De longs cheveux sombres flottent sur ses épaules. Peut-être ses mèches brunes cachent-elles son oreille mutilée ? Olivia m’a prévenue, je ne dois pas me saisir. La femme plonge ses yeux marron dans les miens. Olivia ? C’est possible… pas sûr. Elle me regarde avec insistance. L’homme aussi me fixe. J’ai beau examiner les traits de sa compagne, je ne reconnais pas ma sœur. Ce peut-il qu’elle ait changé à ce point ? Et moi, suis-je si différente ? Le doute se lit sur son visage. Soudain, la femme fait un large sourire et tombe dans les bras d’une longue perche blonde qui surgit derrière moi et la presse contre elle de toutes ses forces. L’homme les observe, attendri. Je ne les intéresse plus. Le nombre des voyageurs s’amenuise progressivement. Olivia était-elle dans la queue de l’avion ? A-t-elle dû attendre sa valise ? Un homme passe la porte. Il a le type indien, porte un sac noir en bandoulière et tire une petite valise à roulettes. Il balaye le hall du regard et m’observe attentivement. Je ne l’ai jamais vu. Il avance lentement dans ma direction. »