Albert Niko nous propose de courts poèmes...

Pour Vincent
Je garde cette chaise devant moi comme quelque chose qui ne fume ni ne sourit, et chance lui est pareillement donnée d’égarer mon visage une fois que je serai parti. Je ne pourrais pas peindre.
J’ai vu assez de natures mortes comme ça.
Tout ce qu’ils ont fait de leur vie s’étale sous mes yeux.
Ces mots flottent entre nous, comme une mouche indécise.
*
Un nouveau jour
Pour ces heures lasses où croire est ce nouveau jour par la fenêtre, je descendrai un moment mon miroir le temps que le monde saute à l’intérieur, et de retour là-haut je le montrerai à ma fenêtre, et tous deux riront bien ensemble.
*
Le commerce de l’ombre
Je suis entré et j’ai traversé le magasin jusqu’au fond, où j’ai laissé l’ombre prendre mes mesures.
J’ai payé ce qu’il me coûtait en lumière, et l’ombre m’a tendu trente nouvelles années.
C’était des standard.
Je suis ressorti et j’ai commencé à mordre dedans.
Elles étaient à point.
*
Fleurs d’un jour
Ils rentrent tous deux de leur petit tour, les yeux pleins de ces sourires qu’ils ont reçus en chemin.
Chacun retire les yeux de l’autre et les dépose dans un vase avec un fond d’eau au centre de la table.
Avant de prendre place autour.
Albert Niko