Albert Niko nous propose un texte "Comme la rivière peint"
Je peux presque te voir comme j’écris ces mots, cependant que déjà me parvient ton haleine fétide car c’est ce qu’il nous est donné avec la définition.
Nous trouvons les mots comme les sacs en plastique trouvent nos mains. Peignant divers paysages qui nous dépeignent de ce côté coupé du pinceau. Il y a toujours ces peupliers pour se réflé-chir dans une rivière comme l’espoir de traverser la toile, mais le peintre écrit son nom, le tableau porte son mur et la galerie son adresse.
Un mauvais rêve nous projette dans ces rues où des gens reviennent de la kermesse dans leurs habits du dimanche, arborant un poisson mort dans son sac, et ces yeux en forme de cible sont ce qu’a perdu le peintre. Passent les murs, l’avenue, le nom de l’avenue, le nom avenue – les yeux ne retiennent rien.
La rivière attrapant les yeux, la rivière perdue des yeux.
La rivière, toujours. Les yeux sac, cible.
Les yeux puit.
Des oiseaux traversent nos fenêtres comme des flèches ; der-rière, le ciel papier peint. Nous vivons au rythme du mouvement oscillatoire des paupières, rejetant ce que nous ne pouvons qu’entrevoir. Nous cernons la bouteille, égarant l’eau. Incolore, disent-ils. Merveilleux ! Certains placent un mot devant l’autre, nous montrant marchant les bras ballants, ne retenant rien.
Marchant…
Continuant à marcher.
ALBERT NIKO