Brune SAPIN nous propose un poème...
« Ô fil de l'eau »
Le péché non absout.
A la pêche aux étoiles.
Les sirènes n'atteignent pas les rives.
Pécheur de rêves.
L'océan ne rugit pas. Il afflue.
En cédant sa place.
Il ne surgit pas. Il s'étire.
Quelque chose l'attire puis l'effraie.
Inassouvissement permanent.
Un flux d'aller-retour.
La masse pesante et majestueuse se décortique.
Les vagues pécheresses osent pénétrer le sable, et creuser la digue, et élargir le champ de vision.
Retenue de pudeur.
L'eau vivante, l'eau écume, lotissements creusés.
Empêchement.
Impossibilité de stabilité.
Fluctuation.
Elle se retient.
Rythme de berceuse.
Empêchée, en pêche et, poussée à la faute contre le pouvoir, la loi naturelle.
Alors l'océan déborde. Menace.
Le vent l'ébruite, le caresse, l'estompe.
Jamais plus qu'une tempête.
Les embruns qui s'échappent d'une cour orchestrée.
Le trône est vacant.
Rien n'est prévu.
Et les rendez-vous se manquent.
Toujours tiraillés.
Toujours pris au piège d'un filet.
Et pourtant.
Ne faut-il pas ? Essayer du moins ?
Aucune contrainte sauf la liberté.
La liberté empêchée.
Les algues et les coquillages échoués.
Marée haute.
Les flots se heurtent.
Giflent la berge.
Spectateurs inconscients d'un spectacle qui transit, qui frissonne.
Une obligation ailleurs.
Élan de dignité.
Se retirer avant que. Avant de.
Déjà trop avancée.
Excuses irritables.
L'océan s'est tu.
Tu es pardonné.
De l'horizon a percé une apparition.
Les gouttes dans les nuages bas.
Passer outre, forcer, pousser.
En vain.
Au creux des Limbes.
Un entre-deux éternel.
Faute de.
Les sirènes n'atteignent pas les rives.