Dominique Veyrier nous propose la première page de son ouvrage, "Sous vos lacs endormis murmurent nos rivières"
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Le monde à bout de bras, rien d’autre. Doté d’une autorité qui donnait à chacune de ses décisions un caractère d’évidence, il avait attendu quelques secondes encore, comme pour laisser place à d’éventuelles questions, mais rien.
Avant de traverser la salle à grands pas, l’affaire entendue et la séance close. Le 16 juin d’une année bissextile, au dernier étage du grand paquebot construit deux ans plus tôt par un architecte italien pour y abriter le siège social de BioLib en bord de Seine, il avait traversé la salle à grands pas.
Un peu après dix-huit heures sans doute. Comme toujours sans que nul n’intervienne, quand un éclat de rire eût suffi au milieu du naufrage. Mais non. Ses pas traversant la salle de conférence du dernier étage d’un paquebot symbole de la puissance de l’homme face aux éléments. Ou d’une mer qui a tout le temps pour elle, et qui sourit en attendant. Les pas d’un homme qui s’en vont. Qui vous tenait le monde à bout de bras. Depuis toujours, depuis l’enfance. L’enfance telle une mer enfouie, rien d’autre.