Danielle Deydé vous présente son dernier roman "Le fils du silence"
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Un roman qui nous raconte une triste histoire, celle de ces destins qui se rencontrent au quotidien pour qui sait les entendre et auxquels l’écriture peut apporter une touche de lumière, de cette lumière qui leur a fait défaut.
Le fils du silence : un huis-clos familial : un père, une mère, et leur fils adulte et « différent », vivent à l’écart des autres et dans un silence qui les sépare tous les trois.
Vincent, le père, est un homme généreux et aimant. C’est sur lui que repose le très précaire équilibre qui permet au trio de poursuivre une vie routinière. Mais il avance en âge et sa santé se dégrade peu à peu, ouvrant dans le quotidien de la famille des failles qui vont se creuser chaque jour davantage : chez lui qui s’inquiète pour l’avenir de sa femme et de son fils ; chez Linette, la mère, dont la fragilité s’accentue au fur et à mesure que monte l’angoisse face au déclin de son mari. Seul Eliott, le fils, reste imperturbable, replié dans son monde interne, inaccessible aux autres.
Chacun est englué dans cette atmosphère lourde où la parole ne circule pas, où les questions restent sans réponse. Linette, si elle sait, ne peut briser le silence qui est devenu son refuge. Il lui faudra se trouver acculée à parler pour qu’elle parvienne à adresser à Vincent une terrible confession.
Tous les ingrédients sont là pour qu’advienne le drame.
Un extrait :
Il a plu très fort, une bonne partie de la journée. La nuit tombe plus vite sous le ciel assombri. Eliott n’est pas rentré !
Le père, inquiet, s’est mis à la fenêtre qui donne sur la rue et le portail du jardin. Il guette l’arrivée de son fils. Les minutes s’étirent dans le silence de la pièce. Dehors, la pluie fine a remplacé les trombes d’eau qui ont imbibé la pelouse jaunie et courbé la tête des fleurs. Vincent s’éloigne de son poste d’observation pour y revenir, dans un mouvement de va-et-vient irrépressible. Il sent monter en lui une nervosité qui se mue en agacement lorsqu’il constate chez Linette une indifférence totale. Il observe sa femme à la dérobée : elle poursuit son train-train habituel, elle répète les gestes qu’elle fait chaque soir à cette heure, avec son visage de tous les jours, impassible et fermé.
Soudain, il n’y tient plus. « Je vais voir chez Antoine » lance-t-il tout haut. Elle sursaute sans répondre, mais avec un imperceptible haussement d’épaules. Il enfile son vieux ciré et s’en va dans l’obscurité.
Une heure plus tard, le voici de retour, l’air sombre. Eliott est introuvable. Croisant l’espace d’une seconde le regard de sa femme, il avoue d’un signe de tête son échec et se remet à attendre.