Martine Dillies Snaet et Christine Brunet autour d'un café...
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Christine Brunet, bonjour ! Un café ?
Je suis heureuse de pouvoir vous recevoir sur cette feuille blanche. Romancière du Sud de la France, Christine Brunet, non seulement nous avons la chance de vous rencontrer dans beaucoup de salons du livre mais, du Nord au Sud, vos livres commencent à apparaître de plus en plus souvent en devanture des librairies alors que l’on sait tous qu’il n’est guère facile de se créer une vie d’auteur sans avoir derrière soi une carrière cinématographique ou une image en vie en politique.
Ce parcours littéraire, qui éclate peu à peu, à votre avis, outre à votre talent, à quoi le devez-vous ? A votre ténacité ? A des personnages récurrents ?
Hou là ! Ça commence fort ! Pour le café, je veux bien, j’en bois une bonne dizaine par jour, le breuvage m’éclaircit les idées… Revenons à votre question : je crois que je dois mon parcours à divers facteurs complémentaires qui, en fin de compte convergent.
Tout d’abord, j’ai eu la chance incroyable d’être publiée à compte d’édition et donc de trouver dès le départ deux éditeurs qui m’ont fait confiance en même temps : les Éditions Chloé des Lys et les Éditions du Pierregord. Avoir deux livres (c’était en 2011) à présenter aux lecteurs au début, c’est un énorme avantage, surtout que le second était diffusé sur le plan national.
Seconde chance, ce sont mes éditeurs, proche des auteurs, impliqués dans la promo, réceptifs et réactifs. Aujourd’hui, Chloé des Lys est toujours à mes côtés et Pierregord (qui a fait faillite) a été remplacé par les Éditions Gascogne.
Troisième chance, ce sont les libraires qui me suivent, m’invitent, me bichonnent souvent (pas tous, mais une grande majorité qui sont passionnés par leur métier).
Chance ultime et pas la moindre, c’est d’avoir trouvé un lectorat : il faut dire que j’ai des lecteurs extraordinaires, fidèles, enthousiastes. Maintenant, est-ce dû à mes personnages récurrents ? Possible. Il faudrait le leur demander…
Enfin vous parlez de ténacité : oui, il en faut, c’est évident et souvent, le découragement prend le dessus d’abord à cause de la fatigue (rester debout de 8h30 jusqu’à 19h (sans pose) et ce deux ou trois jours d’affilé, se lever à 5h du mat, faire au minimum une heure de route dans les embouteillages à Paris, pas toujours évident), à cause également de certaines rencontres ponctuelles mais très désagréables après lesquelles il faut trouver la ressource de rebondir immédiatement pour le lecteur suivant. Il ne faut pas non plus s’arrêter à une mauvaise journée de dédicaces et se dire que la suivante sera bien meilleure.
Enfin, heureusement que j’ai le soutien inconditionnel de mon entourage et de certains amis : leur encouragement est précieux.
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Vous avez commencé par la science-fiction et vous vous lancez dans le thriller. Comment vous est venu l’idée de faire vivre et évoluer vos personnages ? Cela s’est-il fait indépendamment de vous ou bien, dès le départ, Axelle de Montfermy d’une part et Aloys Seigner et Nils Sheridan d’autre part, c’étaient des choix bien précis ?
Lorsqu’on lit énormément, un jour vient inévitablement où quelque chose se met en place dans le cerveau : toutes les histoires, tous les auteurs lus ont implanté une petite graine qui booste l’imagination et ne demande qu’à se transformer en un univers qui vous est propre. C’est mon cas. Mes héros ont pris vie comme ça, de façon inopinée mais naturelle, comme autant d’images qui s’étaient construites au fil des lectures. Mes personnages actuels sont des avatars de personnages créés pour mes romans de science-fiction. Ils sont différents dans leur vie, dans leur univers mais ils découlent tous d’un même moule : le puits sans fond de mon imaginaire. Ce qu’ils sont devenus au fil des enquêtes s’est imposé tout naturellement.
Comment on réagit quand on voit son livre en devanture de librairie ? Quand on réalise que les lecteurs attendent avec impatience le roman suivant ? Une griserie ? Un plaisir subtil ou une vraie joie, une de celles qui vous font voir des étoiles un jour de plein soleil ?
C’est étonnant : on est d’abord incrédule puis on se précipite à l’intérieur de la librairie ou vers le responsable de rayon et on le remercie chaleureusement. Lorsque je reçois un message de l’un de mes lecteurs me disant qu’il aime mon univers, qu’il attend le prochain bouquin ou lorsqu’un lecteur fait des kilomètres pour venir me voir et se faire dédicacer mon nouveau thriller, je suis ébahie, très reconnaissante et rassurée.
Revoir un lecteur livre après livre, discuter un instant, lui parler de ce que j’ai en tête pour le prochain bouquin, ou de choses plus personnelles parfois, c’est une récompense pour tout le travail effectué et mon engagement aussi. Je crois que le « job » d’auteur, ce n’est pas seulement l’écriture, mais c’est aussi aller à la rencontre du lecteur parce que sans lui, l’auteur ne serait rien.
L’auteur doit faire rêver son lectorat, c’est évident, mais il doit également aller à sa rencontre ! Je me fiche de parler de moi, ce qui m’intéresse c’est de parler de mon univers, de mes héros et de partager ma passion de l’écriture avec les autres.
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Comment réagissent les proches quand ils se sont rendu compte que votre nom apparaissait sur les affiches ?
Pour certains, de l’incrédulité, pour tous de la fierté.
Allons, parlez-nous un peu de votre dernier roman.
Le dernier roman paru ? Poker menteur, aux Éditions Gascogne.
Il s’agit du dernier opus avec mes héros récurrents Axelle /Aloys et Sean/Nils. Il se déroule à Marseille et à Aubagne, des cités que je connais bien puisque j’y ai passé toute mon enfance et que je suis revenue vivre dans ma Provence natale. Mes héros enquêtent chacun de leur côté sous couverture sur une même affaire (ou presque) mais au lieu de travailler main dans la main, manipulés, ils vont progressivement travailler l’un contre l’autre…
J’avais envie de faire découvrir au fil de cette histoire la cité phocéenne d’une autre façon, plus dans l’émotion, les odeurs, les accents : j’espère y être parvenue.
Le prochain roman à paraître ? Convergences aux Éditions Gascogne.
De nouveaux héros, avec une légiste un peu (beaucoup) décalée. L’action se déroule dans le Périgord noir et sur la côte d’Azur. Cette héroïne qui porte le nom de Gwen Saint-Cyrq, réapparaîtra dans trois autres enquêtes (déjà écrites) qui entraîneront les lecteurs notamment dans l’île de Ré, à Kashgar, et dans les Vosges.
En parallèle, je travaille actuellement à un thriller SF avec l’envie de revenir à mes premières amours.
Quelle discipline avez-vous dans l’écriture ? Combien d’heures par jour écrivez-vous ?
Aucune disciple. Malheureusement, j’ai tant d’autres activités à côté notamment avec CDL, et ma famille, que je ne peux pas dire : j’écris de telle heure à telle heure. Et puis, comment écrire sous la contrainte ??? J’écris lorsque j’en sens la nécessité, lorsque le bout d’histoire qui tourne dans ma tête a suffisamment mûri. L’écriture doit rester un plaisir sinon, comment communiquer au lecteur ce petit plus qui va l’inviter dans votre univers ?
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Comment fait-on pour ne pas se laisser dévorer par ses personnages ? Quand on passe ainsi plusieurs semaines avec eux, faut-il un peu de temps pour reprendre pied dans la réalité ?
Mes personnages vivent en moi et avec moi 24h/24. Mais ils ne me dévorent pas, ils m’enrichissent, ils enrichissent mon imaginaire ! Je suis trop terre à terre pour perdre pied avec la réalité.
Quand on écrit autant, y a-t-il beaucoup de soi dans ses personnages ? Ou bien sont-ils des personnes à part entière et tout à fait distinctes de soi ?
Les personnages ont, forcément, quelque chose de leur auteur. Mais ils sont très différents de moi, heureusement parce que je ne voudrais pas de la vie d’Aloys, ni de celle de Gwen… trop torturées. Mes héros sont la quintessence de tous les héros, de tous les êtres qui ont, un jour, croisé ma vie. Lors de mes voyages, je rencontre des gens différents, parfois extraordinaires, parfois terrifiants et je me nourris d’eux pour donner, à mes personnages, un souffle d’humanité.
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Aux lecteurs, il faut encore dire que Christine Brunet est une des collaboratrices de la maison d’éditions belge Chloé des Lys [http://www.editionschloedeslys.be/], qu’elle est la rédactrice en chef de la revue « Les petits papiers de Chloé » [http://www.editionschloedeslys.be/content/9-les-petits-papiers-de-chloe], présentatrice d’Actu-TV [http://www.actu-tv.net/], responsable du blog Aloys [http://www.aloys.me/] et directrice de Chloé des Lys Collection.
Beaucoup de personnes doivent se demander comment on peut concilier vie familiale avec un tel foisonnement d’activités. Que pourriez-vous leur répondre ? Un secret ? Un surdosage de vitamines ? Ou bien encore soleil et tempérament du Sud ?
Euh… C’est compliqué, c’est vrai. Lire, écrire, travailler pour les auteurs, faire ma promo, et s’occuper de mon fils, de ma famille, c’est un défi de tous les instants. Trouver du temps, courir encore et toujours. Un jour, je ferai sans doute des choix. Pour l’instant, je fonce. Le soleil me donne le pep, mes lecteurs me donne l’envie, ma famille et les amis me donne la force et le courage.
Prévenons les lecteurs qu’ils pourront trouver tous les renseignements voulus sur votre site :
http://www.christine-brunet.com/
Christine Brunet, un grand merci pour votre disponibilité, je vous souhaite une bonne continuation.
Grand merci à vous, Martine ! Je sais aussi que votre temps est précieux !
Bon et si maintenant on le prenait ce café ?
Martine Dillies-Snaet
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=> (xy)², Ed. Chloé des Lys
=> Beffrois, racines de pierres, Ed. Chloé des Lys