La petite fée, une nouvelle en trois parties signée Noëlle Fargier

Publié le par christine brunet /aloys

La petite fée, une nouvelle en trois parties signée Noëlle Fargier

Première partie

Il était une fois une petite fée qui venait juste de naître.

Elle était là, tapie derrière un lys, perdue, seule, se demandant ce qu'elle faisait sur cette terre. Soudain, elle entend un son agréable, mais pour elle, inconnu, émanant de la terre. Curieuse, elle baisse les yeux pour identifier ce chant surprenant. A ses pieds, une étrange petite bête, toute verte, dotée de longues pattes, sautille dans l'herbe. La petite fée remarque que, comme elle, la petite bête est pourvue d'ailes et que chaque fois qu'elle les active, le son s'intensifie. La petite fée décide alors de mimer cette petite sauterelle. A son tour, elle remue ses ailes mais celles-ci restent muettes. Réconfortée par la présence de sa première amie, elle relève la tête, une multitude de couleurs toutes plus belles les unes que les autres, allant du rouge des coquelicots, du vert des sapins, du jaune des jonquilles tapissant les prés, au bleu du ciel, lui souhaitent la bienvenue. Elle aperçoit une petite mésange, posée sur une branche, qui la regarde en chantant. Elle voit un oiseau tout blanc qui sillonne légèrement le ciel azur. Elle se lève, émerveillée jusqu'à ce qu'un parfum lui chatouille les narines et envahisse tout son être d'une senteur divine. Elle distingue alors le lys, qui lui dit :

  • Mais que fais-tu, petite fée, pourquoi ne t'envoles-tu pas ?

La petite fée, abasourdie par ce spectacle magnifique, lui répond :

  • Je n'y arrive pas, mes ailes ne sont pas encore prêtes !
  • Bien sûr que si ! tu......

Le lys est interrompu, la petite fée le voit se plier pour se faire tout petit, le ciel s'assombrit, elle n'entend plus la petite sauterelle ... et la jolie mésange a disparu. Les mains sur les hanches, elle imagine qu'elle va découvrir un autre spectacle, cette terre est tellement belle, généreuse, et déjà elle a rencontré des amis ! Elle décide de rester là, confiante et heureuse, et d'attendre sa prochaine surprise. Soudain, une grosse chose, toute noire, s'apprête à l'écraser. D'un bond, elle l'évite, et, d'une voix colérique lui crie de toutes ses forces :

  • EH ATTENTION JE SUIS LA !

Une grosse voix lui répond :

  • Oui, je t'ai vue, petite imprudente !

Elle lève les yeux : un homme très grand, fort, la toise de toute sa hauteur. Il s'accroupit pour être à la portée de la petite fée. Ses yeux noirs plongent dans les yeux émeraudes de la petite fée.

  • Que fais-tu là ? lui demande le colosse.
  • J'allais partir, puis, désignant ses ailes toutes neuves, translucides, elle rajoute : je vais m'envoler, le lys m'a dit que c'est ce que je devais faire .
  • Tes ailes sont bien trop petites pour pouvoir t'envoler. Le lys t'a dit des mensonges, il souhaitait juste pouvoir t'attraper pour t'empoisonner.
  • Le lys, « m'empoisonner ? » ! « M'em-poi-so-nner ! » . Sûrement pas ! D'ailleurs son parfum est crô délicieux !
  • D'abord on dit « trop » délicieux, et justement petite imbécile, c'est un piège pour les naïves comme toi ! Je te propose de venir avec moi. Ainsi tu n'auras pas d'ennuis.

La petite fée est désorientée. C'est vrai, elle ne connaît pas la vie. Ce géant aurait pu l'écraser mais il ne l'a pas fait. Alors, baissant les yeux devant ce protecteur, elle se décide et lui dit :

  • Oui, je te suis.

Le géant saisit la petite fée dans sa main, la fait valdinguer sur sa tête et la recouvre de son chapeau. La petite fée se retrouve complètement dans le noir, elle glisse sur la chevelure du géant comme sur un toboggan tant il marche vite, se cogne aux bords du chapeau qui, heureusement bien calé, l'empêche de tomber. Enfin le géant s'arrête. Elle entend une lourde porte grincer en s'ouvrant puis se refermer. L'homme enlève son chapeau, attrape la petite fée pour la poser sur une grande table en bois. La petite fée regarde alentour, les couleurs ont disparu, seule une petite lumière donnée par une lucarne éclaire l'unique pièce.

  • Te voilà chez toi, tu n'as plus qu'à préparer le repas car tu dois manger et ensuite faire le ménage, ordonne l'homme.
  • Je préférerais aller dehors, je crois qu'il y a un jardin ?, dit la petite fée d'une voix légère.
  • Tu préfères te faire empoisonner ou ECRASER ? Tu dois faire comme moi : travailler, travailler, travailler, ainsi tu n'auras plus le temps de faire des bêtises et prendre des risques. Tu comprends ?
  • Oui, répond doucement la petite fée.

Les jours passent, la petite fée s'affaire sans cesse entre les casseroles et la serpillière, donnant à la maison une propreté irréprochable. La petite fée met toute son énergie à cette tâche, son unique fierté. Lui revient du jardin, les pieds crottés, les mains sales, obligeant la petite fée à répéter sans cesse sa besogne. Une après-midi, la petite fée vient de finir son travail, lui est sorti. Soudain elle entend un chant qu'elle reconnaît, elle s'approche de la lucarne et là, … elle découvre la jolie mésange. La petite fée est si heureuse qu'elle se met également à chanter. Toutes deux offrent à la chaumière un concert extraordinaire. La petite fée chante à tue-tête et se met à danser, à tourner, à virevolter au rythme de la mésange, elle danse, danse, danse … et subitement, sans comprendre, elle se retrouve près de la mésange au bord de la lucarne. Elle réalise alors qu'elle vient de voler : elle SAIT voler ! La petite mésange lui propose :

  • Viens petite fée, allons voler dans le ciel, tu verras : c'est merveilleux !
  • Mais, je n'ai pas le droit ! Et puis c'est ...dangereux.
  • Bien sûr que non ! Mais devant l'air catastrophé de la petite fée, elle rajoute : ce n'est pas grave, continue à danser !

La mésange reprend donc son chant avec la petite fée qui, à nouveau les pieds sur terre, danse, toute heureuse en songeant à son nouveau pouvoir. Perdue dans ses pensées, elle ne l'entend pas, lui, arriver ! La porte s'ouvre brusquement. L'homme est face à elle, le visage fermé, il a l'air en colère. D'une voix sèche il ordonne :

  • Ferme cette lucarne ! Cette maison est pleine de courants d'air et tu vas tomber malade !
  • Oui, répond la petite fée.

Noëlle Fargier

La petite fée, une nouvelle en trois parties signée Noëlle Fargier

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C
Belle allégorie ! :)
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C
Une petite fée, voilà de quoi attiser notre imagination.
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C
Un conte ! j'applaudis des deux mains !!! Naïve petite fée... je croise les doigts pour la suite que j'ai hâte de lire !
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J
Que voilà une petite fée naïve et audacieuse à la fois ! <br /> Joli conte à lire le soir aux enfants. J’imagine un peu la suite, mais ... chuuuuuut ....
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