Boire les ombres, un poème de Camille Delnoy
Boire les ombres
siennes
aux douze circonférences de l’horloge
comme prisonnier
d’une éternité circulaire
j’avance la main.
Mais qu’est-ce qu’une main
pour l’ombre ?
Main affamée
par temps de son absence
tourne pareille
que tournent les aiguilles
d’une étrange folie solitaire.
Et déjà cette autrefois
qui germe entre les doigts
d’une douce infection
pour la mémoire.
Je lampe et suce les contours
me nourris de moments brûlés
à la moelle même des vestiges.
A l’heure où d’absence
tout s’écroule
la main – toujours la même –
se dessèche telle
silhouette suspendue
à une fissure d’espoir.
Camille Delnoy
Extrait de "Traversée de la main en solitaire"