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Didier Fond nous présente son nouvel ouvrage à paraître au Editions Chloé des Lys... "Somnambules"

Publié le par christine brunet /aloys

 

LES SOMNAMBULES

Didier Fond


 

Bon, je sais, il n’est pas encore référencé donc il vaut mieux ne pas commencer la pub. Mais je ne peux pas résister à l’envie de vous parler de mon nouveau roman Les Somnambules. Il va bientôt sortir (enfin j’espère) et ceci n’est qu’une petite mise en bouche au regard de ce qui va arriver ensuite, quand tout sera au point…

Vous avez déjà vu marcher des somnambules ? Ils donnent l’impression d’errer sans savoir ce qu’ils font, où ils vont, les yeux parfois ouverts, parfois clos. On s’imagine que la moindre chose va les faire tomber tellement leur démarche est pour certains hésitante, tellement leur équilibre semble précaire ; ne vous y fiez pas. Seul un choc ou un réveil violent peut rompre cet équilibre. Ils sont d’une incroyable agilité, comme si, pour eux, aucun danger ne les menaçait. Vivants endormis, ils accèdent à une autre vie, une existence dans leur existence, meilleure, pire ? Qui pourrait le dire ? Certainement pas eux puisqu’ils ne se souviennent de rien lorsque revient la conscience.

Les personnages des Somnambules leur ressemblent. Certes, ils vivent, ou le croient tout au moins, mais parfois, ils n’en sont pas si sûrs. Alors ils doutent, s’interrogent. Cet enfer de chaleur qu’est leur ville morte, abandonnée, désertée par ses habitants, est-ce la réalité ? Sont-ils en train de rêver ? Ils pourraient presque le croire puisque, leur parcours de héros de roman achevé, ils perdent la mémoire. D’où viennent-il, qu’ont-ils vécu, où vont-ils précisément ? « Au bord de la mer » dit le narrateur : réponse vague mais il ne pourra pas en dire plus...

Nous voilà donc en plein cœur d’une cité étrange, dont on ignore tout, qui ne semble pas être un endroit paradisiaque et ses derniers habitants « vivent » tant bien que mal ; la majorité s’est installée dans la vieille ville, dormant le jour, se réunissant la nuit au « cabaret » pour boire et se saouler de nostalgie, de souvenir et de regrets. Deux d’entre eux ont refusé cette cohabitation quasiment forcée, imposée par les trois personnages qui dominent les autres et nommés « la Divine Trilogie » en référence à leur inflexible volonté et à leur quasi omniscience et omnipotence. Qui sont-ils ? Que cherchent-ils ? Personne ne le sait. Et les jours s’écoulent, lents, si lents, l’attente n’en finit pas, mais attente de quoi ? Toujours des questions, et aucune réponse, jamais.

Leur histoire est racontée par l’un des deux « renégats », qui n’ont pas voulu se mêler à ce groupe de « survivants de Saint-Jean » (c’est ainsi qu’ils s’appellent eux-mêmes) et qui, sans ressembler à leurs compagnons, partagent malgré tout leurs angoisses, leurs espoirs et leur désespoir. Car la vie, là-bas, n’est pas aussi simple qu’elle le paraît : il faut compter avec la menace de la maladie qui peut frapper n’importe qui, avec celle que font peser sur le groupe les nombreux rescapés de cette terrible maladie, ceux qu’on nomme les Gardiens de la Nuit parce que l’obscurité est leur royaume.

Que faudrait-il donc pour briser l’inertie qui les emprisonne dans cette ville ? Que faudrait-il pour les arracher à cette létale contemplation de leur propre vie ? De terribles événements, peut-être, qui briseraient la monotonie des jours et permettraient d’accéder à une fin tant désirée et tant redoutée…

Rassurez-vous. Ils vont arriver, ces événements…

 

 

Publié dans Textes

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Louis Delville nous propose une nouvelle "Une vengeance"...

Publié le par christine brunet /aloys

 

UNE VENGEANCE


 

Il est 12 heures 14. Je suis parfaitement à l'heure. À midi, à la radio, ils ont émis le message : "le ragondin s'est noyé ce main"…
 

C'est donc le grand jour pour moi. L'avenir du pays dépend de moi ! Tu parles ! Moi, le minable, celui qu'on ne remarque pas, je serai peut-être le héros demain. Nos enfants sont loin d'ici et ils seront fiers de nous.
 

J'ai ma casserole sur les genoux, je l'ai glissée dans un vieux sac de Marie, ma femme, celle qu'ils ont fusillée il y a trois mois. Moi, ils ne m'ont pas eu !
 

Ils vont le payer ce crime. Deux kilos d'explosif, de quoi faire sauter le quartier général de la Zecret Polizs.
 

Depuis l'invasion de notre pays, certains ont décidé de résister. Marie et moi avons de suite proposé nos services. Diable, résister cela nous connaît dans la famille. En 14 et en 40, nos grands-parents et nos parents nous ont montré la voie.
 

Le tram va me déposer juste face à l'immeuble, je vais entrer pour faire viser mon laisser-passer et là… Boum ! A l'heure du repas, cela va faire du dégât !
 

Merde, j'ai oublié mon bol de café sur la table ! Tant pis.


 

***


 

Lettre adressée à mes enfants ce matin même :


 

Chers enfants,
 

Si vous lisez cette lettre, c'est que vous savez…

Votre mère et moi, nous nous sommes engagés à lutter contre l'envahisseur. Ce fut un combat destructeur, immense, enthousiasmant mais inégal. Certes, nous l'avons payé de notre vie, mais nos ennemis sont désorganisés pour longtemps !
 

Marie a été arrêtée sur la dénonciation d'un vieux bonhomme un peu fou. Il l'a surprise en train de distribuer un tract et sans y faire trop attention, il a cité son nom devant un officier ennemi. Elle a été arrêtée et fusillée sur place. On raconte qu'elle a crié vos prénoms au moment ultime. Elle n'a pas souffert.
 

Quant à moi, ce jour-là, après avoir entendu le message à la radio, je suis parti en tram de la station "Mystère" jusqu'à l'immeuble de la police secrète. Je suis entré et j'ai déclenché la bombe que je transportais dissimulée dans un vieux sac.
 

Le reste appartient à l'histoire avec un grand "H" et vous aurez le temps de peaufiner les détails de notre histoire familiale pour que vos enfants et leurs descendants soient fiers de ce que nous avons fait.


 

Restez unis et aimants.


 

Maman et Papa



 

Louis Delville

Blog : http://louis.quenpensez-vous.blogspot.com/

 

Publié dans Textes, Nouvelle

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Bob le Belge... Le BLOG !!!!!

Publié le par christine brunet /aloys

Bob le Belge... Le BLOG !!!!!

 

 

Bob le Belge


J'ai même un blog !

 

C’est une info planétaire, quasi galactique… mes fans du hôme sont tellement enthousiasmés par mes conneries que j’ai décide de leur ouvrir un blog en attendant qu’un éditeur prenne contact avec moi.
La grosse Charlotte a même menacé de se suicider avec un canif suisse ou en plongeant sa tête dans la cuvette du wcdes dames (chez les hommes c’est trop sale) si je n’obtempais, n’otemperais, n’opentais… si je ne marquais pas mon accord. Elle parle même de tatouer mon nom sur son avant bras…
Alors voilà :

http://www.bandbsa.be/blb/blbblog.htm

J’aurais pu demander à Laurent Dumortier, c’est vrai, mais il est si pingre qu’il m’a proposé de payer mes futurs droits d’auteur avec des images Panini de Nico Claesen, Marc Wilmots, Sandy Maertens, Lozenzo Staelens et compagnie. C’est tout dire. Et l’album à mes frais !

Alors j’ai lancé un sondage sur la toile et le résultat est sans appel : 100% de oui. Ok la marge d’erreur n’est pas nulle car je n’ai reçu que deux réponses (moi et ma petite sœur) mais les chiffres sont les chiffres, le reste n’étant qu’une question d’intépré, inpréné… ssion.

N’empêche, si un journal ou une revue veut me publier, je suis libre. Je fais au moins une gaffe par jour et me contente du minimum syndical. Disons grosso modo la même chose que le chat de Geluck et n’en parlons plus. Plus le co-pride (c’est un milieu un peu spécial) évidemment.

Que dites-vous ? Une grosse tête ? Déjà reçu un coup de bretelle ?

http://www.bandbsa.be/blb/blbblog.htm

Publié dans Textes

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Sophie Fedy nous propose un extrait de son roman "Territoire gris"

Publié le par christine brunet /aloys

 

I. New Earth 22, année 2455

 

 

 

­ —    Ce que vous allez voir va vous sembler incroyable, mais c’est pourtant l’exact reflet de ce qui s’est passé. Les documents que je vais vous montrer, issus de la multithèque post-terrienne, sont édifiants. Je me dois également de vous prévenir : certaines scènes sont extrêmement violentes, comme l’époque dans laquelle je vous invite à voyager. Les personnes sensibles régleront leur screening-and-feeling machine sur la sensibilité « moins trois » ou « moins quatre » pour les plus jeunes. L’oratrice était entourée d’une assemblée bigarrée, de tous âges et de toutes conditions. A l’ère post-terrienne, les conférences d’histoire de la civilisation terrestre avaient un succès énorme. Chacun voulait en savoir plus sur le passé de ses lointains ancêtres, lorsqu’ils habitaient encore la planète qu’ils avaient curieusement appelée « Terre », alors qu’elle était constituée à plus des trois-quarts d’eau. Bien peu avaient maintenant l’occasion de s’y rendre : quelques mineurs qui exploitaient les derniers gisements de ce liquide noirâtre, poisseux et écoeurant, cause de tant de guerres, ainsi que les minerais indispensables, lithium, nickel… Il y avait également quelques archéologues à l’affût du moindre indice permettant de mieux comprendre cette civilisation absurde, détruite, étouffée par sa propre folie. On y envoyait aussi les « Too Fat* » pour des séjours sanitaires, jusqu’à ce qu’ils soient revenus dans les normes post-terriennes.

—    Ce cycle de conférences est passionnant, dit un jeune homme à sa voisine, qui hocha la tête sans le regarder. Mais je n’arrive toujours pas à comprendre la philosophie de nos ancêtres. J’ai même du mal à croire que ces êtres, aussi primitifs dans leurs comportements qu’avancés dans leurs technologies, puissent avoir été nos parents.

—    Et pire, jeune homme, vous n’avez encore rien vu ! ajouta un homme âgé. Ce que vous allez apprendre aujourd’hui va vous faire froid dans le dos et vous en ressortirez avec plus de questions que de réponses !

 

**         personnes obèses

Publié dans Textes, présentations

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"Le trou", une histoire de Bob Le Belge

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Bob le Belge,


Ca ne s'arrange pas, rendez-lui ses cachets s'il vous plait, viiiite !

 

Le trou

 

C’est l’histoire d’un mec qui fait un écart sur le trottoir, parce qu’il voit un trou devant lui. Jusque-là, rien de bien passionnant. Il ferait un écart conjugal ou un trou dans le budget de son employeur… là, oui. On peut discuter. Mais un simple écart, hop, hop, deux pas sur le côté !

Bon. Soit. Il fait son écart, passe outre puis revient sur ses pas, car quelque chose l’a intrigué. J’aurais pu faire plus court en l’intriguant immédiatement sans qu’il ne dépasse le trou puis doive revenir au subjonctif présent. Mais les faits s’étant déroulés comme je les décris…

Où en étais-je ? Ah oui. Le trou.

Il revient (pas le trou bien sûr, le mec) se penche et constate avec un étonnement étonné que ce trou n’a pas de profondeur ! En fait, c’est un bête rond tout noir posé sur le sol.

Mais alors, c’est pas un trou me direz-vous…

Ben si, quand même. C’est pas une feuille de papier peinte qu’on peut déplacer comme dans les dessins animés. Non, non. C’est véritablement un cercle vide, obscur et rempli de rien. Sauf qu’il n’a pas de profondeur. C’est tout. Un trou en deux dimensions.

Normalement, le gars est pressé, en retard et tout ça… mais ici, il s’arrête et se met à réfléchir, un peu comme Mister Bean devant un pot de fleur ou un cadre décadré d’un demi-degré…
Il se racle la gorge, crache dans le trou et s’aperçoit que son glaire disparaît, comme s’il avait spité dans une bouche d’égout.

De plus en plus intriguationné, il s’agenouille devant… devant… le machin et enfonce un doigt. Pas de résistance… il le ressort et remarque alors avec remarquation qu’il est devenu en deux D, tout plat comme une feuille de papier à cigarette !

Il se penche une nouvelle fois, encore plus consternationné et … ben oui, vous vous en doutiez, sinon ce ne serait même pas drôle… le con tombe dans l’orifice comme un plongeur dans une piscine, sauf qu’il est tout habillé, pas athlétique du tout et qu’on voit ses fixe-chaussettes. Je vous demande un peu… des fixe-chaussettes !

Mais pas de problème. Même qu’il se fait pas mal du tout, puisqu’il n’y a pas de fond… D’ailleurs il ressort déjà en se déroulant sur le trottoir, vu qu’il est devenu comme une photocopie de lui-même. Avec un crâne tout plat, des oreilles toutes larges, des yeux fixes… bref un papier journal, que le vent entraîne déjà par-dessus les poubelles, au risque de se déchirer sur les piquets d’une palissade…

Alors, le mec, se replie en deux, en quatre, en huit, en seize et se glisse dans sa poche de poitrine où il se disparaît.

Je raconte bien hein !

Publié dans Textes

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"La réconciliation selon la tradition africaine", dernière notion abordée dans l'essai d'éthique politique signé Cyriaque Maixent Ebenga "Reconstruire le Congo-Brazzaville"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

La réconciliation selon la tradition africaine

 

La « sagesse africaine » n’est pas qu’une expression conventionnelle, elle existe.

C’est un ensemble de procédés originaux qui ont permis aux hommes de l’Afrique traditionnelle d’aménager aussi harmonieusement que possible le terrain tendu d’embûches des relations humaines. Une telle philosophie est offerte par chaque société à ses membres, et elle fait partie de l’héritage social transmis de génération en génération. Dans les traditions africaines traditionnelles, cette philosophie se présente sous deux formes nettement différentes : Savoir exprimé mais ésotérique, et thèmes implicites sous-jacents. Dans le premier cas, la vision du monde est formulée dans des récits secrets que mémorisent et se transmettent quelques hommes, qui sont parvenus aux degrés les plus élevés d’une société initiatique. Ces traditions ésotériques l’expriment, comme tous les textes sacrés, en un langage imagé et clos qui nécessite une exégèse explicative.

Dans la deuxième forme que peut prendre une philosophie africaine traditionnelle, les thèmes ne sont pas exprimés dans des textes : ils sont inférés de comportements, d’usage, de croyances, de rites par l’observateur. C’est par cette démarche logique que « Placide Tempels » l’a appelé la « philosophie Bantoue », elle est faite de quelques principes d’ordre ontologique (puisqu’ils portent sur la nature même de la réalité, qui est au-delà des phénomènes et les soutient).

Avant l’arrivée des colons, l’Afrique, en particulier le Congo, était régie par le droit traditionnel. Il avait sa source dans les croyances religieuses africaines.

Ce droit conçu par les Congolais pour répondre à leurs propres besoins réglementait le comportement des individus vivant en société. Le droit traditionnel administré par des chefs coutumiers était scrupuleusement respecté. Avec la colonisation, l’introduction des européens confina de facto, le droit traditionnel dans un rôle de second plan. Mais le droit traditionnel continua de s’appliquer exclusivement aux seuls africains pendant la période coloniale. Il était appliqué par des tribunaux d’exception appelés «Tribunaux coutumiers ».

En cas de conflit de lois entre une norme de droit traditionnel et une norme de droit européen, la dernière l’emportait. Les colons, quant à eux, restaient soumis au droit européen et relevaient des tribunaux de droit commun.

Pour certaines matières, les Africains relevaient des tribunaux de droit commun qui appliquaient en pareille circonstance le droit colonial.

Les droits européens s’illustrèrent en Afrique par leur souveraine inadaptation et leur incapacité congénitale à appréhender les faits et des situations propres à la culture africaine.

Ceci fait penser et surtout réfléchir a ce qu’avait dit Monseigneur Ernest Kombo dans une interview à propos de la réconciliation après les guerres qui ont terriblement ensanglanté le Congo.

 

« Nous nous sommes trompés parce que nous n’avons pas associé les sorciers. Nous le regrettons. Si nous avions associé les sorciers, de par la fonction sociale de chefs coutumiers qu’ils occupent au sein de notre société, tous les moqueurs, tous ceux qui ont enfreint la réconciliation, seraient déjà sous la terre.

Malheureusement le curé que je suis n’a pas pensé aux sorciers ou psychologues. La réconciliation doit partir des cœurs, des villages, des quartiers pour enfin devenir publique. Et cela aurait dû être encadré par tous nos sorciers encore vivants. »

 

Malheureusement, l’introduction du Christianisme en Afrique favorisa l’effondrement de la culture africaine. En effet, avant l’arrivée des missionnaires, les chefs coutumiers dépositaires du pouvoir traditionnel protégeaient et veillaient sur la société. En cas de trouble ou de conflit opposant deux tribus ou deux ethnies, la communauté faisait appel à leur sagesse. Grâce à leurs pouvoirs, les chefs coutumiers arrivaient à résoudre le différend sous l’arbre à palabres  « Mbongui ». Ils étaient très respectés.

Les premiers missionnaires s’attachèrent particulièrement à détruire les religions africaines ainsi que les objets de culte, et avec elles, toute la tradition.

En réalité, ces missionnaires, qui venaient évangéliser les peuples primitifs, comme ils le disent, jouaient le rôle d’éclaireurs et préparaient le terrain de la colonisation. Ces premiers missionnaires avaient à la main gauche la Bible, et à la main droite une arme. La Bible servait à civiliser, et l’arme à décourager les récalcitrants. De ce fait, la résistance s’est organisée, elle était politique et religieuse. De cela, on en y déduit également une organisation religieuse bien avant le Christianisme.

Il serait important de souligner que les Africains croyaient à une religion, « l’Animisme », contrairement à ce qui se dit. La civilisation africaine était structurée et organisée au niveau politique, juridique, économique, social et religieux, organisationnel et culturel. Que ce soit dans un royaume, un empire ou même en dehors de ces entités. Nous nous intéressons uniquement à deux types d’organisations bien hiérarchisées qui entrent dans le cadre de notre réflexion. Hiérarchisées dans chaque organisation, certaines classes avaient le droit et le devoir de régler les conflits, ce qui n’était pas le cas pour les autres classes.

La juridiction était réservée aux sages (personnes âgées ayant beaucoup d’expérience en dehors de ceux qui occupaient une fonction au sein de la société) qui règlent les conflits sous l’arbre à palabres « Mbongui » ou corps de garde au centre du village. A cette époque, il n’y avait pas de convocation écrite, le tam-tam jouait le rôle de porte-voix pour annoncer un événement ou encore, le chef du village se mettait à un endroit où il lançait un appel, repris par des relayeurs, pour convoquer tous les villages environnants.

Lorsqu’il s’agissait d’un conflit, la disposition de la cour se présentait comme suit :

Le chef du village était au milieu, les sages autour, et les accusés au centre ; les femmes quant à elles étaient en arrière plan. La parole est prise en premier par le chef du village qui préside la séance, il accueille et remercie les personnes présentes d’avoir répondu nombreuses à son appel.

Après cela, il communique l’ordre du jour en utilisant divers proverbes et en citant des cas similaires qui se sont déjà produits. Ensuite, la parole est prise par d’autres sages ; la parole se demande par un claquement des mains en signe de croix, le chef du village, en répondant de la même manière, vous accorde la parole. Les sages, en intervenant à tour de rôle, entérinaient ce qu’avait dit le chef. Et ce n’est qu’après que les accusés, à tour de rôle, pouvaient parler sous le contrôle des sages.

Il s’agira pour chacun des accusés de convaincre l’assistance par la pertinence de ses propos. Après l’audition des deux parties, les sages leur prodiguent des conseils. La réconciliation se faisait après les conseils des sages. Mais auparavant, le chef du village s’entretenait, à tour de rôle, avec chacune des parties, et à son retour, le collège des sages pouvait savoir si les deux parties acceptaient cette réconciliation, soit par des signes qu’ils étaient seuls capables de déchiffrer ou après concertation derrière les cases. Et ce n’est qu’après cela que pouvait se faire la réconciliation de façon définitive.

En Afrique de l’Ouest par contre, il y a certaines familles patronymiques, prises deux à deux. Ici sont instituées des relations intra ethniques et interethniques d’obligation et de plaisanterie. Par exemple, chez les Peuls constitués en quatre grandes familles patronymiques : Bâ, Barry, Diallo, Sow, les relations à plaisanterie s’exercent dans un sens bien déterminé et précis : d’une part entre les Bâ et Diallo et, d’autre part entre les Barry et Sow, très strictement, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de relations de plaisanterie et/ou d’obligation entre : Bâ-Sow, Bâ-Barry, Diallo-Barry, Diallo-Sow qui demeurent des relations d’obéissance aux règles générales de différenciation socioculturelle liée à l’âge, au sexe, au rang.

Ce qui se trouve ainsi posé, c’est le problème des relations affectives privilégiées, institutionnalisées selon plusieurs modalités : honte-pudeur, par exemple entre le gendre et la belle-mère, entre leur belle-fille et son beau-père ; agressivité rituelle à sens unique du père au fils aîné chez les Peuls, à réciprocité entre camarades de même promotion et de même classe d’âge ; institutionnalisation de l’affection proprement dite, essentiellement entre enfants et parents maternels, et en particulier, entre neveux et oncles maternels, grands-parents maternels et petits-fils.

Les modalités rationnelles, tout en étant nombreuses et variées, existent en nombre fini et précis dans un même ensemble communautaire. Mais il n’est pas nécessaire de les énumérer toutes ici : ce que nous voulons simplement, c’est souligner l’institutionnalisation des sentiments et relations interpersonnelles, ainsi que faire remarquer l’existence de certaines modalités de résorption de l’agressivité.

C’est ainsi qu’à l’intérieur du même groupe d’âge, où la compétition synchronique est à peine cachée, il y a de nombreuses techniques instituées d’écoulement de l’agressivité. Nous en citerons une du pays Peul : le Wettoorè. En voici le canevas général : deux adolescents, appartenant à la même classe d’âge, se trouvent être en conflit, ce qui finit par créer une tension qui va en croissant au sein de la communauté. Des personnes appartenant à un groupe plus âgé décident d’organiser une séance publique de dramatisation-dédramatisation, séance à laquelle sont invités tous les jeunes.

Un cercle humain est formé, à l’intérieur duquel les deux protagonistes-acteurs sont invités à prendre place en « face à face ». Le déroulement de l’action consiste dans l’invective verbale mutuelle, à tour de rôle et de parole, sous le contrôle des aînés présents. Il s’agira, pour chacun des deux protagonistes, d’inventer des métaphores à l’adresse de l’autre, métaphores piquantes, caustiques, très ironiques, investissant, au fil d’incantations poétiques, tous les détails de la personnalité de l’autre – le corps, le maintien, les attitudes, le caractère, etc. –, bref, c’est à celui qui convaincra le plus l’assistance par la pertinence de ses propos ou par son lyrisme… On en rit et, à la fin de la séance, les deux protagonistes s’étant suffisamment « exprimés », il y a chute de la tension conflictuelle qui appelle la réconciliation, consacrée d’ailleurs par les aînés.

Il existe un rapport formel entre toutes ces pratiques et celles de certains griots- mi-chansonniers, mi-fous du roi qui, par l’ironie qu’ils expriment au travers de leurs « chansons », visent à aplanir des conflits latents de communication, ou à réduire l’écart psychosocial vécu entre les personnalités politiques puissantes d’une communauté et le citoyen moyen. 

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Albert Niko nus propose un extrait de son recueil "l'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand".

Publié le par christine brunet /aloys

 

poncho


 

Les vieux aiment prendre le soleil d'été, mais seulement à l'ombre d'une maison de retraite aux larges éventails, sur un banc qui leur est tout acquis, avec assez de joueurs pour compléter le fil dentaire.


 

En chemin, il se rappela ce qu'avait dit cette américaine à la télévision de l'appareil photo numérique. Que c'était l'une des inventions majeures du vingtième siècle.

Puis cette fois où il chercha le mot « sébum » dans un vieux dictionnaire, et découvrant, comme par un fait exprès, que le mot qui suivait était « sec ».

Considérant qu'il est vain de pétrir à partir de ce que l'on n'a pas, il se demanda ce qu'il pouvait faire de ça, et s'il devait en faire quelque chose.

S'il savait tricoter, il en aurait fait un poncho.


 

Tout ce que je peux dire pour le moment c'est qu'il prit sa voiture et que cette idée le conduisit jusqu'au soir comme le véhicule d'une journée.


 

givré toi-même !


 

De retour avec ce qu'il fallait chez lui il s'appliqua à disposer les lettres de la première à la dernière, jusqu'au point d'exclamation qui se dressait comme l'ultime piquet d'un jour qu'on a tôt fait de grillager. Puis il retrouva son fauteuil et commença à se rouler une cigarette.

Les jours suivants se déroulèrent comme un escalier roulant après la fermeture, comme quelque chose qui n'est là pour personne et qui continue de briller dans la lumière du soir.

N'empêche qu'il avait toujours un petit rire à chaque fois qu'il passait devant. Cette idée avait germé comme une oasis dans un désert de signification. Des tas de gens font tout un tas de choses, sans rien en retenir, simplement parce qu'ils ne trouvent rien d'autre à faire. Lui, ça lui avait pris un quart d'heure, et il en rigolait encore.

Il essaya de se mettre à la place de ceux qui allaient passer devant, le jour où il devrait s'en débarrasser. Il surprit même une conversation entre deux larrons.

T'as vu c'que ce mec à écrit sur son frigo ? Faut vraiment être...

- Givré ?

- Complètement con, ouais !

- Quant à moi, je ne peux pas m'empêcher de penser que ce « mec » ne manquait pas d'esprit.

- Quand la bidoche sent trop fort, les rats sont encore là que l'esprit s'est barré.

- Tu veux dire que l'esprit s'efface devant les rats, c'est bien ça ?”

Il y pensa, jusqu'à ne plus y penser. Jusqu'au jour où son frigo se transporta sur le trottoir d'en face, à la vue de tous. Ptète que certains allaient s'arrêter, interloqués ; ptète même sourire. Mais il était possible aussi que rien n'arrive du tout – rien sinon le camion des encombrants. Et soudain il sentit quelque chose de pas très agréable remonter, comme un reflux de bile. Ce n'était pas ainsi qu'il concevait la mort de son frigo. L'éventualité que son frigo finisse ainsi s'accordait mal avec l'idée qu'il se faisait de la mort d'un frigo frappé d'un tel sceau.

C'est alors qu'il se remémora cette conversation qui lui avait traversé l'esprit, et combien celui qui se croyait le plus futé l'avait eue mauvaise.

Alors voilà : piqué dans son orgueil, le type avait décidé de se venger. Et, armé d'une hache, il revint à la nuit tombée pour lui asséner plusieurs coups magistraux, jusqu'à l'éventrer. Mais notre lourdaud n'en resta pas là. On raconte qu'arrivé à l'heure de fermeture dans les grands magasins, il s'arrangeait pour qu'on l'y enferme et décimait tous les frigos qu'il pouvait trouver. Il y eut même un article sur lui, avec en photo, pris dans une perspective chaotique, toute une rangée de frigos éventrés suivant le même procédé – à la hache. Choquée, une jeune employée avait déclaré qu'elle ne voulait plus en voir un chez elle.

Comme le début d'une contagion...

Alors non, ce frigo n'était pas mort pour rien.

N'était-ce pas une belle fin, pour un frigo de cette trempe, que de finir entre les mains du Bûcheron des Frigos : ce l'était, assurément.

Ce le fut. Puis il tourna la page.

 

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La powezie, c’est pas si dur que ça ! Un texte de Bob le Belge pour une rentrée de vacances dégantée !

Publié le par christine brunet /aloys

 

La powezie, c’est pas si dur que ça !

 

J’ai une copine Carine-Laure (* nom d’emprunt) qui m’a tout expliqué, vu qu’elle publie chez tous les éditeurs spécialisés du genre : elle m’a cité des noms que je ne connais pas (vous non plus sans doute) mais rien qu’à les entendre on comprend que ce sont de vrais powètes : Le Tréponème Rose Bonbon, Lichen, les Cahiers de l’Hors-d’œuvre Lunaire, Le Coudrier, Clepsydre (sais même pas ce que c’est), Aura ou Aura pas… bref ça court les blogs, ça mange pas de pain et ça en jette.

 

C’est simple qu’elle m’a dit. Tu écris une ligne qui se termine par un phonème que tu reprends dans la ligne suivante, peu importe quoi. Moins on comprend, plus c’est powétique. Un exemple…

J’aime voyager en chemin de fer,

Faire du chemin c’est aller loin…

 

Non, un instant, erreur… le phonème, c’est à la fin ta ligne qu’il faut le répéter, pas au début. On dit alors que ça rime. Je reprends :

 

J’aime voyager en chemin de fer, ok.

C’est plus efficace qu’un somnifère. Voilà, ça rime.

Qui a dit « à rien » ?

 

Si tu trouves pas qu’elle a ajouté, y ‘a sur le net 36 dictionnaire pour t’aider : Jennifer, conifère, bonne affaire… au choix.

 

Bon j’essaie, avec une rime riche. C’est un gros phonème, preuve que t‘as beaucoup de vocabulaire…

Lis trois powètes ensemble,

Tu verras qu’ils se ressemblent.

 

On peut aussi alterner avec des rimes masculines et féminines

 

C’est une jolie gonzesse (féminin)

Elle porte un pantalon (masculin)

Ca lui moule bien les fesses (féminin)

On dirait deux p’tits ballons (masculin)

 

Tu vois qu’elle m’a dit (et elle en connait un bout), c’est pas plus compliqué qu’un sudoku. Si en plus, tu racontes des trucs tristes et les déclames en gémissant une main à l’envers sur le front comme si tu souffrais de coliques ou d’une grande peine d’amour (c’est la même chose), c’est la gloire. Les nanas tombent comme des mouches, t’as plus qu’à ramasser.

 

Pas tombé dans l’oreille sourd.

Depuis, je m’entraîne tous les jours,

Les yeux au ciel, la main, sur le coeur

La voix chevrotante, le regard enjôleur,

Et ça marche. Pas toujours, de temps en temps.

Mais ça m’suffit, suis plus tellement vaillant.

 

Je suis un powète.

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Une histoire cochonne signée Bob le Belge

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Faut pas croire ! Si je garde toujours cette allure svelte et sportive, c’est parce que je surveille mon poids. J’ai un truc infaillible pour ça. Lorsque je prends ma douche le matin et que je baisse la tête, si je vois dépasser mon… enfin on se comprend… si je le vois dépasser un peu, c’est que je suis dans le bon et ma bedaine aussi. Sous contrôle. Je gère.

 

Or ces derniers temps Poussin ne cessait de me faire des remarques désagréables du style : tu n’entres plus dans tes pantalons, tu as grossis, si ça continue tu pourras y déposer ta tasse ce café etc… Mais non, mais non, me disais-je : elle dépasse.

 

Puis un jour j’ai compris. Depuis quelques temps, elle a pris l’habitude de faire irruption dans la salle de bain lorsque je patiente béat sous la jet d’eau chaude. Pour vérifier si j’emploie le savon, ai bien préparé un autre slip, enfin le genre de choses qui font qu’un couple sur deux ne dure pas au delà de 28 ans. C’est énervant.

 

Et comme c’est le matin, et qu’elle entre à chaque fois en petite culotte !

 

C’est cochon ?

 

Bon, passons à autre chose.

Publié dans Textes

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Albert Niko nous propose la seconde partie de son texte "bleu nuit, hôtel social"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Il n'y avait qu'une seule façon de me tirer de cet asile c'était de décrocher un boulot, rapidement, et si possible un CDI. J'aurais alors de bonnes chances d'obtenir un HLM.

Mes vieux m’ont alors dégotté un boulot tout cuit par l’entremise d’une amie. La vraie planque, c’était. Pour autant, j’aurai pas tenu plus de quinze jours. Je me demande à quoi ça tient. J’avais rien de bien méchant, surtout du classement et un peu de saisie. Et pour être le seul homme du service, j’échais chouchouté par ces dames…

Je démarrais tôt et un matin j’ai envoyé bouler le réveil. J’allais me libérer. J’ai rassemblé de quoi me rouler un joint au pied de mon lit, puis j’ai attendu l’heure d’ouverture des bureaux en pensant : eh bien, on y est. Quelques deux heures et un second joint après, je composai leur numéro.

- Allo ? Oui, bonjour madame. Je m’appelle Éric Bernicot, je travaille dans vos services.

- Oui ?

- Je vous appelle parce que je ne vais pas être en mesure de venir travailler aujourd’hui. D’ailleurs, je démissionne.

- Vous démissionnez ?

- C’est ça.

- Alors il faut nous envoyer un courrier au plus vite.

- Ah ! Pourtant je pensais que ça ne serait pas nécessaire si j’étais toujours en période d’essai…

- Le fait d’être encore à l’essai vous dispense d’un préavis, mais vous devez nous prévenir par écrit de votre démission.

- Très bien. Je vous envoie ça dans la journée.

Je me recouchai sitôt après avoir raccroché et entrepris de me confectionner un nouveau joint.

 

***

 

J'avais un ami qui avait le chic pour se faire lourder en un rien de temps des places qu'il s'était vu contraint d'accepter. Sauf que ça faisait quelques mois déjà qu'il languissait chez un concessionnaire de prestige où la plupart des gens se contentaient de passer devant la glace pour le frisson. Quand les gars avaient de la ressource, ils préféraient jouer sur les volumes en optant pour un quatre-quatre, et lui se traînait dans son musée de berlines comme un fantôme neurasthénique en multipliant les allers et venues entre la fontaine à eau et son bureau.

Et alors qu'il était en train de battre son record de longévité, j'ignorais que j'étais, moi, sur le point d'établir le record inverse.

Quand je me suis pointé dans ce futal bleu et cette chemisette écarlate, il m'a tout de suite demandé pour qui je courais et j'ai commencé à parader devant son bureau comme si j'étrennais ma dernière tenue de majorette. Je démarrais dans une demi-heure – à la pompe. Je voulais juste lui montrer la dégaine.

Le plus drôle c'est qu'une fois là-bas tout allait trop vite pour moi, les clients qui affluaient, qui tiraient la gueule, et je pigeais rien à cette caisse, alors j'ai accroché le regard du directeur qui avait laissé sa porte entrouverte et ça disait “continuez sans moi”. Je leur rendrai la tenue le lendemain, que j’ai fait.

Le plus drôle, c'est qu'en me voyant revenir moins d'une heure après, mon fantôme avait retrouvé des couleurs et le soir venu, on est allés dans un self qui venait d'ouvrir. Je me suis aligné cinq sangrias sur mon plateau, plus une montagne de piémontaise dans une petite soucoupe qui virait à la Tour de Pise sous le nez de la caissière...

 

 

En licenciant mon ami peu après suite au dépôt de bilan, son patron valida ce faisant son record de longévité dans un emploi – dix mois.

 

ALBERT NIKO

Publié dans Textes, Nouvelle

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