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interview

Rolf Morosoli interviewé par Kamal Benkirane pour son recueil de nouvelles "Clin d'oeil"

Publié le par christine brunet /aloys

https://youtu.be/4B4I3Jqsr-w

Publié dans interview, vidéo

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Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée "D’infimes vibrations"

Publié le par christine brunet /aloys

Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée D’infimes vibrations, parue aux Éditions Chloé des Lys en janvier.

 

Commençons par le début : pourquoi avoir choisi ce titre ?

Avant tout, je cherchais un titre qui ne soit pas « bateau », et surtout qui ne soit pas lié directement au virus qui occupe déjà une partie importante de l’histoire. Je ne voulais pas que cette nouvelle soit cataloguée comme « une énième histoire de virus » en ces temps propices à ce genre de récit, car selon moi ce n’est pas le cas. Il me fallait donc un titre plus subtil, qui évoque aussi les autres thèmes centraux. En cela, le mot « vibrations » faisait sens à mes yeux, puisqu’il pouvait évoquer celle des cordes de guitare lorsqu’on les pince (et celle du son, de manière générale), celle, plus métaphorique, des cœurs qui s’émeuvent et qui ressentent de fortes émotions, et enfin une vibration plus scientifique qui trouve son explication au sein de l’histoire, mais que je ne dévoilerai pas…

Tu dis que ton récit n’est pas « une énième histoire de virus », peux-tu développer ?

Selon moi, s’il est vrai que le virus est central dans cette histoire, c’est surtout pour développer un contexte, mais aussi parce que l’article qui a inspiré cette nouvelle évoquait une étude à propos du virus que nous connaissons désormais un peu trop bien : le Covid-19. C’était donc le point de départ de l’histoire, je ne pouvais pas l’éviter. Pour autant, je ne cite jamais le Covid-19 spécifiquement, car il pourrait s’agir d’une autre épidémie. Ce qui importe, selon moi, ce sont les relations entre les différents personnages et la relation du personnage principal à la musique et à la science. Je pense aussi que l’histoire en elle-même ne correspond pas aux attentes qu’on pourrait avoir vis-à-vis d’un livre à propos d’un virus : il ne s’agit pas d’un thriller ou d’une dystopie… C’est finalement davantage une histoire de vie, dont le message se cristallise en une note d’espoir qui parcourt tout le livre.

Le personnage principal n’a pas de prénom, ou en tout cas celui-ci n’est jamais cité dans le livre. Pourquoi ? Est-ce un choix conscient ?

À vrai dire, c’est venu de manière naturelle lors de l’écriture. Je pense que l’absence de prénom, en plus du fait que la narration soit à la première personne, permet une plus grande identification avec le personnage principal.

Peux-tu en dire plus sur l’article qui a inspiré l’histoire ?

Pas vraiment sans trop en dévoiler… Tout ce que je peux dire c’est qu’il s’agissait d’un article qui rendait compte d’une étude scientifique un peu particulière menée autour du Covid-19. J’en dis plus dans une note au lecteur à la fin du livre, où j’explique en quoi certains aspects de l’histoire sont inspirés de faits réels.

D’après tes précédentes réponses et au fil de la lecture du livre, on a l’impression que c’est une volonté de ta part d’éviter les lieux communs et les clichés : on trouve dans le livre des phrases comme « Je pourrais dire qu’il semblait juste endormi mais, bien au courant de son état véritable, j’empêchais mes pensées d’accueillir cette comparaison. » Que peux-tu en dire ?

Oui, c’est vrai, j’ai vraiment tenté de me détacher des clichés. Dans la phrase donnée ici en exemple,  on s’attendrait à ce que le narrateur dise simplement « Il semblait juste endormi », mais j’ai tellement l’impression d’avoir lu cette réaction des centaines de fois que je voulais la contrer. En étant une grande lectrice et en ayant étudié la littérature à l’Université, je suis parfois un peu trop consciente de ce qui existe déjà, des histoires qu’on a racontées encore et encore à travers l’histoire et des formulations qui reviennent systématiquement dans certaines situations. C’était un effort conscient de ma part dans ce récit de chercher à éviter les poncifs ou en tout cas d’en jouer, que ce soit dans les événements qui se déroulent ou dans les expressions utilisées.

Pour terminer, d’après toi, à quel public conseillerais-tu ta nouvelle ?

Je pense que ma nouvelle s’adresse à un public très large. Tout le monde a vécu la pandémie avec sa propre sensibilité et peut s’identifier à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Son format court et sa lisibilité permettent à un public jeunesse d’apprécier l’histoire autant qu’un public d’adultes, et ce, que le lecteur soit novice ou aguerri. À tous ceux qui tenteront l’aventure, je dis déjà merci et bonne lecture !

 

Publié dans interview, Présentation

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"Aubes lunesques", un rendez-vous poétique bi-mensuel signé Carine-Laure Desguin... Petit interview pour tout comprendre...

Publié le par christine brunet /aloys

Et donc Carine-Laure te voici dans les haïkus, rien ne t’effraie ! Le théâtre, les nouvelles, le roman policier, la poésie et j’en passe. Aujourd’hui, le haïku.

   Je suis curieuse de tout et cette forme brève m’attire. Écrire l’instant, l’éphémère mouvement. Surtout que le haïku est toute une philosophie en soi. Et que parfois, j’aime me recentrer. 

 

  Ah tiens ? Explique-nous un peu ça ! 

  Détailler tout ce qui entoure le haïku, non non. Disons que certains mots caractérisent cette forme brève. Je dirais zénitude, instant, nature, évanescence, saison. Et syllabes. Vers aussi. J’ai tenté les dix-sept syllabes et trois vers. Cinq syllabes dans le premier vers (pentasyllabique donc), sept dans le second (heptasyllabique continuons les précisions) et cinq dans le troisième. L’origine du haïku est japonaise. La situation est bien résumée. Mais trop de détails, ça pomperait la lecture de cet article. Qui doit être lu jusqu’à la dernière ligne, Christine, afin d’apprendre ce que j’écris là, maintenant.

 

   On te reconnaît bien là, Carine-Laure ! Donc tu vivrais pour le moment dans la zénitude, tiens tiens… 

   Sans doute les effets de cette pandémie et des confinements successifs. Une réelle invitation à s’asseoir et regarder les espaces qui nous entourent. Vivre l’instant présent. C’est aussi ça, l’esprit du haïku. Souvent j’arrête mon auto à l’orée des bois, je lis, j’écris. 

 

   Ah eh bien merci de nous raconter tout ça, Carine-Laure. Avant de publier sur www.aloys.me ton recueil Aubes lunesques (car c’est tout un recueil que tu nous offres là et je t’en remercie), je me suis aussi penchée sur les haïkus car je connaissais sans vraiment connaître (on se comprends n’est-ce pas) et j’ai retenu le mot kigo. Kigo, ce mot te parle, Carine-Laure ?

   Laisse-moi réfléchir, Christine. Je ne m’attendais pas à un test de connaissance. C’est même plus, c’est un interrogatoire. 

 

   Allons donc tu dis ça pour gagner du temps, je te connais, Carine-Laure. 

Ce mot a un rapport avec la nature ? 

  

Tu brûles. 

 Heuuuu… ah oui, il y a un kigo quand au sein du haïku on cite une saison ?

 

Bingo Carine-Laure. Et encore merci à toi pour ta confiance. Me voilà diffuseuse de haïkus ! À part toute cette poésie, que deviens-tu ? 

   Oh, je prépare la maquette d’un recueil de poésie, À contre-jour la nuit. Aux Editions Chloé des Lys. Mais je paresse. Il y a aussi les textes pour la revue Aura, toujours une occasion de se lâcher et d’oser des genres différents. 

 

   Tu promeus toujours tes dernières publications, LA LUNE ÉCLABOUSSEE, MEURTRES À MAUBEUGE et aussi cette pièce de théâtre, comment déjà ? ah oui, LE TRANSFERT ? 

   On ne quitte pas comme ça ses publications, Christine. On les transporte toujours avec nous. 

 

   L’écriture d’un nouveau roman ? 

   Oui, j’écris en ce moment un long texte. Et pour www.aloys.me, j’annonce que c’est une trame policière. Et j’ai planté le décor dans un Ehpad, l’occasion de zoomer dans ces étranges milieux. 

 

   Intéressant tout ça. C’est aussi un peu ta vie. Tu travailles dans ces établissements n’est-ce pas ? 

   Oh oui mais motus pour ce jour, je n’en dis pas plus. 

 

   Merci Carine-Laure et nous donnons rendez-vous aux internautes. Nous attendons les commentaires au sujet de cette centaine de haïkus qui composent AUBES LUNESQUES. 

   Je suis impatiente ! Merci Christine ! 

 

Premiers haïkus, après-demain !!!

 

 

Publié dans interview

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Edmée de Xhavée et Emilie Decamp interviewées dans l'émission "Directen jeu.fr"

Publié le par christine brunet /aloys

Publié dans interview

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Un interview de Séverine Baaziz dans le blog "Lettres capitales"

Publié le par christine brunet /aloys

https://lettrescapitales.com/interview-severine-baaziz-ce-roman-cest-lhistoire-dune-facette-de-notre-propre-monde/?fbclid=IwAR2pY48RT6FyuwSAvqeOfiDCYPwxq0l300WziR2pUIsH8IBdE8-OGhFSKZo

https://lettrescapitales.com/interview-severine-baaziz-ce-roman-cest-lhistoire-dune-facette-de-notre-propre-monde/?fbclid=IwAR2pY48RT6FyuwSAvqeOfiDCYPwxq0l300WziR2pUIsH8IBdE8-OGhFSKZo

Interview. Séverine Baaziz : « Ce Roman, C’est L’histoire D’une Facette De Notre Propre Monde »

Vous cherchez un livre plein « d’aventures abracadabrantes et périlleuses », un anti-héros à leur mesure, et qui s’autodéfinit en toute franchise comme étant « bête comme ses pieds » ?  « L’Astronaute » de Séverine Baaziz est écrit sans doute pour vous, avec, comme bonus, un style captivant alliant avec intelligence toutes les ressources de l’imaginaire et de l’invraisemblable, de l’absurde et de l’humour noir. Au centre de cet univers loufoque règne en maître Michel Bracowski, invraisemblable astronaute et explorateur d’un monde tout aussi farfelu que lui. Derrière tout cela, se cache une très réussie allégorie sur les échecs et les travers du monde contemporain. Qui est Michel Bracowski et que nous dit son histoire de lui et pourquoi pas de nous-mêmes ?

Comment se décide-t-on de partir dans un voyage littéraire interstellaire, en compagnie d’un personnage tout aussi loufoque comme l’est Michel Bracowski, le héros ou plutôt l’anti-héros de votre roman ?

Je vais vous faire une confidence. Avant d’être un roman, ce texte s’est tenu sur quelques lignes, un format tribune pour journal satirique. J’y mettais ma désespérance et ma colère face au monde tristement impitoyable. Et puis, vu que je ne suis ni essayiste ni journaliste, j’ai vite abandonné l’idée d’une tribune, et la raconteuse d’histoire en a fait un roman. Quant au personnage principal, là, je dois tout à Thomas Pesquet. J’avais encore en tête toutes les fascinantes images de sa dernière mission. Un astronaute brillant et exemplaire. Je n’avais plus qu’à donner vie à son parfait contraire : Michel Bracowski.

Peut-on parler d’un texte allégorique et, si oui, de quoi s’agit-il en grandes lignes ?

Totalement. L’histoire se passe ailleurs, sur une Terre qui n’est pas la nôtre, mais elle pourrait tout à fait se dérouler ici, en France. Je déplace le curseur géographique simplement pour parler de notre société avec plus de liberté, de fantaisie et d’exagération. Ce roman, c’est l’histoire d’une facette de notre propre monde, une facette qui prendrait, je le crains parfois, à mesure du temps qui passe, toute la place.

Pourriez-vous nous dire sur quelle planète va poser sa navette votre astronaute ?

Un monde tout petit et tout vert ! Aussi vert que la couverture du livre. Il y règne un sentiment de quiétude, tout semble parfaitement en ordre. Un monde qui, par ailleurs, se targue de ses avancées médicales et environnementales. Plus personne ne meurt de maladie. Plus personne ne connaît le sens du mot pollution.

Qui sont ses habitants et quelles sont les règles de leur société ?

Des individus fort aimables, accueillants et bienveillants envers notre astronaute. Mais tout cela uniquement au début des aventures. Par la suite, les choses se gâtent quelque peu. Surtout à partir du moment où Michel Bracowski offre trop d’égards à la gent féminine, cantonnée, habituellement, aux tâches ménagères.

Dès les premières pages, on est captivé par la volonté de votre personnage qui devient le narrateur attitré de tenir en haleine ses lecteurs. « Je pourrais laisser le cours de l’histoire parler d’elle-même – écrit-il – mais la chose est risquée ». Doit-on comprendre qu’il s’agit ici d’une vraie stratégie dans la maîtrise de l’écriture de ce livre de votre part ?

Bien vu ! Ce roman est mon troisième ouvrage, et il est vrai que même s’ils sont tous les trois très différents, systématiquement, on y retrouve ces adresses au lecteur, sous différentes formes. J’écris toujours pour converser avec le lecteur, même si c’est en temps et en lieu différé, mais j’écris pour lui. Pour lui raconter une histoire. Il n’a pas de visage mais il me tient compagnie tout au long de l’écriture, alors j’aime que le texte s’en ressente.

Michel Bracowski est un personnage attachant, qui garde le vrai sens de sa vie ordinaire. Pourriez-vous nous parler de cet homme n’ayant réussi ni sa vie de famille ni sa carrière, mais qui a fait un voyage extraordinaire ?

Au début de l’histoire, le personnage est quitté par sa femme. La rupture est douloureuse et va l’accompagner durant toutes ses péripéties. J’avais envie de faire exister un homme ordinaire, porteur de souffrances comme nous pouvons tous l’être, un homme très loin de l’archétype du héros. Ce personnage me sert aussi à illustrer combien la fragilité peut devenir une errance.

Dans ce monde étrange, le Professeur fait figure de visionnaire, d’humanisme. Il se découvre une soudaine « envie de changer le monde ». Qui est-t-il ?

Il est d’abord celui qui dit non, depuis toujours, plus ou moins silencieusement. Un peu le dernier des résistants. En douce, il s’insurge et essaie de faire avancer la science, à sa façon. S’il y a un point commun entre le Professeur et l’Astronaute, c’est qu’ils sont tous deux guidés, habités, par leur réalité intérieure : l’un, l’échec conjugal ; l’autre, le rêve de changer le monde.

L’humanisme, énoncé et compris comme refus de l’injustice, traverse l’aventure racontée dans votre livre. Comment l’expliquer plus amplement et quelle urgence incarne-t-il, selon vous ?

Comme je le disais au début de l’interview, ce qui a nourri mon envie d’écrire ce roman, c’est la colère et la désespérance. Pour tout vous dire, il n’y a pas un jour où je ne lève les yeux au ciel. J’en admire la beauté et je me sens alors heureuse, à 41 ans, de ne jamais avoir connu ni la faim, ni le froid, ni la guerre. La seconde qui suit, je m’attriste et je culpabilise. Tout être humain devrait avoir cette chance. Je sais que j’éprouverai jusqu’à mon dernier jour ce double sentiment. Alors, pour qu’il me soit un peu plus supportable, j’écris. J’écris des histoires qui mettent en scène la bienveillance (pour mes deux premiers romans) ou la malveillance (pour L’Astronaute). Cela peut paraître naïf de ma part, mais je reste convaincue que le nombrilisme des uns peut amener à la perte de tous. Le toujours plus de confort, plus de progrès, plus de science, plus de croissance, plus de tout en fait, au détriment de valeurs simples. Je m’inquiète qu’un jour, peut-être, plus personne ne sache tendre la main.

À peine sorti d’un cauchemar, votre héros récidivera dans un délire encore plus profond. Sans vouloir dévoiler la fin de votre livre, j’aimerais vous interroger sur le côté de roman noir que vous souhaitez donner à votre récit. Quelle appétence avez-vous pour ce genre romanesque ?

J’ai des lectures très éclectiques mais il est vrai que la satire, burlesque ou noire, y tient une grande place. Je citerai, entre autres, les romans de Pascal Bruckner, Pascale Gautier, Samuel Benchetrit ou Marie Darrieussecq. J’ajouterai que le cinéma, la musique et la peinture me fascinent et m’inspirent tout autant que la littérature. Dans la deuxième partie du roman (plus dantesque), on peut par exemple deviner le clin d’œil à Bernie, le premier film d’Albert Dupontel, ou encore le surréalisme délirant de Salvador Dali.

A quels projets travaillez-vous actuellement ? Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

Je viens de terminer l’écriture de mon quatrième roman. Il s’agira toujours d’allégorie mais, cette fois-ci, la noirceur laisse la place à la douceur.

Interview réalisée par Dan Burcea

Séverine Baaziz, « L’Astronaute », Éditions Chloé des Lys, 2019, 169 pages.

Publié dans interview

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Jérôme Devillard a répondu à quelques questions à l'occasion de la parution de son recueil "Des lendemains verts"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Tu te présentes succinctement ? Tu es marseillais, je crois ? Prof ?

J'ai 46 ans et suis marseillais d'adoption. Je suis, en effet, originaire d’Auvergne mais je vis à Marseille depuis presque 20 ans, alors on peut dire que je suis marseillais. 

 

Tu viens d'Auvergne ! Incroyable ? D'où si ce n'est pas indiscret ?De Vichy, et j'ai fait mes études supérieures à Clermont-Ferrand. J'ai une formation scientifique en biologie, matière que j'enseigne. La science est d'ailleurs une de mes grandes passions... l'autre étant l'écriture. 

 

Qu'est-ce qui t'a amené à l'écriture ?

La passion, le besoin et aussi l'opportunité. Dès l'adolescence j'écrivais, mais je me suis arrêté à l'arrivée dans la vie active. Des changements dans ma vie il y a quelques années m'ont permis de m'y consacrer de nouveau et je ne le regrette vraiment pas. 
 

 

Ton ouvrage est une série de nouvelles qui tournent autour de l'écologie : un thème qui te tient à coeur ? Pourquoi ? 

 

L'écologie est effectivement un thème qui me tient à coeur. Il s'agit d'un thème universel, puisqu'il nous parle de l'environnement dans lequel nous vivons, et nous pouvons vivre. Pourtant, il laisse souvent indifférent ou tout au moins sans réaction. C'est sur ce constat que sont nées ces nouvelles. J'étais surpris de voir que finalement l'écologie suscitait peu d'intérêt, et que, même ceux qui s'y intéressaient (moi compris) agissaient peu. Ces nouvelles ont donc été pour moi une façon d'agir et de comprendre.

 

Pourquoi avoir choisi le genre "nouvelles" pour faire passer tes idées et pas un roman, par exemple ? C'est un concours de circonstances au départ. "Des lendemains verts" était à l'origine le sujet d'un concours de nouvelles. Je n'ai pas eu le temps d'y participer, mais le thème m'avait plu et j'avais commencé ma première nouvelle. La suite s'est enchainée naturellement.
 

 

Un fil rouge entre tes nouvelles ? à part l'écologie, s'entend... 

 

Oui, les personnages de mes nouvelles sont liés les uns aux autres de loin en loin. 

 

Ce qui veut dire ? Liens familiaux ?  Amicaux ?

Ce sont juste des inconnus qui se croisent, comme on en croise dans notre existence au quotidien. On les remarque à peine, mais ils sont là. Au fur et à mesure, à chaque nouvelle on se rend compte qu'on a déjà croisé ce personnage ailleurs... mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir. En fait ce fil rouge s'est imposé de lui-même. Ce lien existe entre chacun d'entre nous. Nous partageons tous la même planète, les actions des uns influencent l’existence des autres. De même les personnages de mes nouvelles sont liés, ils se croisent au sein du vaste monde et les actions des uns influencent également la vie des autres, de manière anodine ou non.

 

Justement, parle-moi de tes personnages ! Réels ou fictifs ? Inspirés de personnages de ton entourage ou pas ? Quels liens entretiens-tu avec tes personnages ? Personnages totalement fictifs. Enfin, ils tiennent sans aucun doute tous un peu de moi, mais pas seulement. Marguerite Yourcenar disait que "Deux choses sont vraies et contradictoires. L'un est que l'écrivain doit être profondément soi-même, il doit avoir un apport personnel à donner. L'autre c'est qu'il doit s'oublier soi-même." Je me reconnais assez bien dans cette vision de l'écrivain et c'est ce que j'essaie de faire lorsque j'écris. 

 

 

 

Que t'apporte l'écriture ?

 

Bonheur et douleur lorsque j'écris... plus sérieusement la possibilité d'exprimer certaines idées ou sentiments, de prendre le temps de les poser et d'y réfléchir afin de les partager.

 

Comment et quand écris-tu ? 

 

J'ai la chance d'avoir assez de temps libre pour pouvoir bloquer des journées entières dans la semaine. A ces moments, j'écris du matin au soir, enfin je suis sur mon travail d'écriture, qui peut parfois se solder par aucune ligne écrite de la journée. 

 

 

Comment voit-on cette passion d'écriture (si c'est une passion, s'entend) autour de toi ? 

 

Plutôt bien. Je suis soutenu par mes amis et ma famille qui sont mes premiers lecteurs et critiques... voire agents littéraires, car j'avoue que la promotion n'est pas vraiment mon fort.
 

 

Des projets ?

 

Un petit essai sur "la culture de la paix et de la non-violence" et un roman initiatique, dirons-nous, qui se passe à l'époque antique. Ces projets sont déjà presque bouclés mais un peu en attente du fait de la promotion de mon recueil de nouvelles.

 

Comment définirais-tu ton style ? Question pour le moins difficile. Je m'attache souvent aux instants, à une ambiance. 


Quels sont tes genres littéraires de prédilection ? Personnellement j'aime beaucoup des auteurs comme Marguerite Yourcenar, Andrée Chedid ou Dino Buzatti qui ont tout aussi bien écrit des romans que des nouvelles... même si je lis aussi de la poésie, et parfois de la fantasy. Je trouve d'ailleurs dommage de parler de genres littéraires quand il s'agit de distinguer littérature dite classique, de celle des policiers, de la fantasy ou autres. Cela sous entend souvent que certains genres seraient supérieurs aux autres. Il s'agit d'abord et avant tout, de mon point de vue, d'un goût personnel. 

 

 

MERCI !

 

Christine Brunetwww.christine-brunet.com

Publié dans interview

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C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
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C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
C'était pour les 20 ans des Editions Chloé des Lys... Un reportage d'Edmée de Xhavée
Belle journée, heureusement pour tous ceux qui venaient de loin, dont Christophe Guyon qui n'a pas hésité à quitter les fastes de Versailles pour venir s'associer à cet anniversaire. Vingt ans contre vents et marées, et toujours là et plus forte, la maison CDL avait de quoi célébrer.
 
Les auteurs ont enfin pu se rencontrer "en vrai", mettre des voix, des âges et des visages sur les noms, et échanger gaiement opinions, connaissances, sourires autour d'une table magnifiquement garnie. Natalie Colas a même offert un cadeau imprévu à Laurent Dumortier en chantant un extrait de Paname avec justesse et gentillesse aussi. Et Laurent a consenti à un discours de trente secondes et demies, les silences et sourires compris. Ce fut aussi l'occasion de rencontrer Martine, Madame au secours je ne comprends pas, et Géraldine Mortier, la souriante graphiste au service des auteurs pour leur couverture...

 

Edmée de Xhavée

Petit jeu pour les absents... 

Donnez le nom des participants reconnus sur les photos en donnant, bien entendu, le n° de la photo... Ceux qui étaient présents, bien entendu, n'ont pas le droit de jouer !!! 

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L'interview de Didier Fond pour son nouvel ouvrage "Les somnabules"... La suite...

Publié le par christine brunet /aloys

 

- Après avoir évoqué la genèse de ce roman, j’aimerais que nous parlions à présent de l’intrigue, du décor, des personnages. Car enfin, où sommes-nous ? Quelle est cette ville ? Pourquoi est-elle présentée comme une ville morte, abandonnée de ses habitants ? Pourquoi sont-ils partis ?

- Partis et revenus pour onze d’entre eux. Mais de là à savoir la cause de ce départ précipité… Peut-être les lecteurs vont-ils être déçus de se rendre compte que, le livre refermé, ils n’en savent finalement pas plus à la fin qu’au début sur certains points. C’est évidemment voulu. L’étrangeté de la situation entraine fatalement un environnement lui-même étrange, des personnages au comportement qui sort de ce qu’on appelle la « normalité ». Tu te demandes quelle est cette ville, si on peut la nommer : oui et non ; si elle existe ou si elle est totalement imaginaire : les deux, car bien sûr, le modèle réel est assez reconnaissable, j’ai gardé les noms exacts de certains lieux mais les distances, les éléments qui la composent ont été modifiés. Ainsi lors de la promenade nocturne du groupe à Saint-Jean, si l’on s’était trouvé dans la réalité, il aurait été impossible de voir, du bord de la rivière, la place où se réunissent les Gardiens de la nuit. De même, il aurait fallu que mes personnages soient munis de jumelles pour distinguer aussi précisément les lumières. Ainsi on peut éventuellement identifier cette ville mais les transformations spatiales en font une autre ville, qu’il devient alors difficile de nommer.

- Mais pourquoi en avoir fait un désert total ? Quelle en est la cause ?

- Cela fait partie des mystères qui ne seront jamais résolus. Chacun peut imaginer ce qu’il veut. Il faut simplement se rappeler qu’elle est absolument intacte : il n’y a aucune ruine, rien n’a changé si ce n’est que la population a disparu. Certaines solutions deviennent alors impossibles : pas de guerre, pas de bombardement, pas de missile atomique. Peut-être une épidémie, un conflit bactériologique. On ne sait pas. Simplement, les habitants ont fui, pour une raison connue d’eux seuls et même pas de moi car honnêtement, j’ignore quelle pourrait être l’origine de ce départ. Pour moi, cette ville que je voyais en pensée ne pouvait qu’être abandonnée. Encore une fois, cela fait partie de la mise en place d’un décor inquiétant et oppressant. La chaleur torride qui enveloppe la ville est également un élément destiné à mettre mal à l’aise le lecteur. Pourquoi fait-il si chaud ? Les conditions climatiques se sont-elles détériorées ? Est-ce la raison de cet exode ? Cela parait peu probable mais c’est une piste… qui ne mène en fait nulle part puisqu’aucune solution ne sera donnée.

- Au fond, il suffit d’accepter les présupposés tels qu’ils nous sont donnés, sans chercher à rationaliser les faits.

- Exactement. Et ce n’est pas toujours facile, je le reconnais, en fervent lecteur d’ouvrages fantastico-étranges (joli néologisme !) que je suis. Il faut évidemment prendre garde, à force de vouloir être étrange, de ne pas tomber dans le grotesque ou l’invraisemblable.

- En tout cas, il y a une chose qui me semble assez claire, si on excepte les membres de la Divine Trilogie : ce sont les rapports entre les personnages.

- Oui, ce que tu dis est très juste. On comprend vite leurs relations et leur état d’esprit les uns envers les autres. Les deux qui me paraissent le plus évident à analyser sont Louis et le narrateur.

- Effectivement : leur relation est très ambiguë.

- Ca dépend de quel point de vue on se place. En ce qui concerne Louis, il n’y a aucune ambiguïté chez lui. Il éprouve pour le narrateur une très vive amitié, mais cela ne va pas plus loin. Celle qui le fascine et qui va facilement le séduire, c’est Eralda. Le narrateur, par contre, est amoureux de Louis, cela se devine aisément car des indices ne cessent d’être donnés tout au long du roman. C’est ce qui rend si terrible sa situation : il éprouve un amour impossible, qui devient de plus en plus évident, mais qui est source de terribles souffrances au regard des événements qui vont survenir. En même temps, Axel ne le laisse pas indifférent sur le plan physique. Il rêve à lui, mais il ne sait pas trop quels sentiments il ressent à son égard. Ajoutons qu’il n’est pas indifférent au charme sensuel d’Eralda, ce qui complique davantage la situation. Le narrateur semble en fait être quelqu’un de très complexe, bien plus que Louis ; a-t-il vraiment vécu ou bien n’a-t-il fait que rêver sa vie ? Lui-même n’arrive pas à le savoir et c’est l’objet de sa méditation nocturne sur le balcon.

- Nous avons affaire à un groupe que le narrateur appelle « les survivants de Saint-Jean » ce qui laisse supposer qu’ils ont été confrontés à des dangers mortels. Et logiquement, ils devraient s’entraider, être amis à cause de ce qu’ils ont tous vécu, ce qui n’est pas le cas. Je vais même aller jusqu’à dire qu’ils se détestent et qu’ils ne se supportent pas. Du reste, le narrateur le dit franchement.

- Tout à fait. Chacun s’occupe de soi d’abord, même si parfois, un vague reste d’altruisme se manifeste : je pense à l’attitude d’Arabella face à Elsa qu’elle raccompagne chez elle parce qu’elle ne se sent pas bien : elle incite ceux qui n’ont pas participé à l’expédition à aller la voir. Ou bien aux regrets du narrateur quand il apprend la mort d’Elsa. Mais ce sont vraiment des moments très rares. Ce n’est qu’à la fin que le narrateur comprendra à quel point, finalement, il était attaché à eux.

- Venons-en maintenant à la Divine Trilogie : un surnom plus qu’étrange, qui laisse supposer bien des choses…

- Et que la fin est censée expliciter. Oui, en effet, les rapports qu’ils entretiennent entre eux sont également étranges, Axel le dit nettement quand il affirme qu’en apparence, ils sont souvent en train de se disputer mais qu’ils sont et seront toujours unis face aux décisions graves à prendre. Raphael paraît parfois en opposition à ses deux amis, mais c’est pour mieux se rapprocher d’eux quand c’est nécessaire. Quant à leurs rapports avec les « survivants », ils sont simples : ils les commandent, les dominent, leur imposent des règles. Vers la fin, le destin de Mona-Lisa montre clairement à quel point ils sont, tous les trois, redoutables. Et combien Louis a eu raison d’affirmer qu’ils n’étaient pas ce qu’ils prétendaient être.

- Dernière question, et pas la moins facile : pourquoi restent-ils dans cette ville à attendre Dieu sait quoi. Pourquoi ne repartent-ils pas ? Et derrière cette histoire fantastique, se cache-t-il un message, une réflexion sur l’être humain ?

- Louis pose la même question au narrateur et je vais vous faire la même réponse que ce dernier pense sans la dire à voix haute : ils sont déjà partis, mais ils sont revenus. L’extérieur n’offre plus rien, sinon que des raisons de désespérer. Autant revenir chez soi et attendre.

- Terrible fatalisme qui les enchaîne au sort qu’ils ont voulu fuir mais qu’ils subissent quand même. Belle ironie !

- C’est vrai. Mais au fond, ils ne se posent pas longtemps la question. Quant à un éventuel message derrière ce roman, assurément non : pour moi, ce n’est qu’une histoire que j’ai aimé raconter, et que, je l’espère, les lecteurs apprécieront, rien de plus. Mais chacun peut y voir ce qu’il veut : c’est le privilège du lecteur de pouvoir se l’approprier, sans tenir compte des intentions de l’auteur.

Publié dans interview, présentations

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INTERVIEW N°1 DE DIDIER FOND POUR "LES SOMNAMBULES"

Publié le par christine brunet /aloys


 

« Ainsi donc, les Somnambules, c’est ton cinquième roman édité chez Chloé des Lys ?

- Le cinquième dans l’ordre de parution, oui. Mais pas dans l’ordre d’écriture. Il va falloir faire une grande remontée dans le temps pour comprendre sa gestation.

C’est-à-dire ?

- Eh bien ce n’est pas le cinquième roman mais le premier que j’ai écrit d’où ces tâtonnements successifs et le temps que j’ai mis à le composer, car il y a eu au moins trois ou quatre versions, de plus en plus longues. La première idée, je dis bien idée, pas le premier jet écrit, je l’ai eue en 1980. C’est en écoutant quelques chansons de Mélina Mercouri que j’ai imaginé non pas la trame mais quelques éléments du futur roman. Mais je n’avais aucune idée sur la façon de les relier entre eux. C’est donc resté à l’état d’idée jusqu’à l’été 1983. J’ai commencé la rédaction sur cette simple trame : la vie d’un groupe de gens dans une ville abandonnée pour x raisons et écrasée par une .chaleur épouvantable. Et j’ai eu la maladresse de mêler à cette trame pas mal d’éléments autobiographiques.

Pourquoi « maladresse » ? Le sujet pouvait s’y prêter.

- Non. Et c’est Léda, l’amie à laquelle je dédie le livre, qui me l’a fait comprendre. Je m’embrouillais dans des détails totalement inutiles et comme j’avançais à l’aveuglette, sans savoir où j’allais car je n’avais pas de trame précise à part celle exposée plus haut, bien trop vague pour permettre un développement intéressant, le récit s’enlisait et s’éternisait. De plus, m’a-t-elle expliqué, ce mélange de presque fantastique, en tous cas étrange, et les remarques sur ma vie personnelle ne passaient pas du tout ou du moins, pas de la façon dont je le concevais. J’avais en fait deux livres en un seul : une autobiographie très ordinaire et un récit intéressant qui, si je le peaufinais et l’approfondissais, pouvait donner un roman passionnant. Je la revois encore tenant entre ses mains les feuilles tapées à la machine (on n’avait pas encore d’ordinateur) et les séparant en deux groupes : l’histoire inventée d’un côté et les éléments personnels de l’autre. Le deuxième tas devait réintégrer le tiroir où je rangeais le manuscrit et le premier être posé sur mon bureau et être relu, corrigé et poursuivi.

- C’est ce que tu as fait ?

- Non, encore une fois. J’ignorais comment continuer, je n’avais pas d’idées. Et surtout, j’étais à une époque de ma vie où je faisais tout pour changer de travail. J’ai repris mes études de lettres, j’ai passé les concours d’enseignement, je suis devenu professeur. Je n’ai pas « oublié » le roman ; simplement il m’était impossible de penser sereinement et efficacement à une suite correcte, j’étais trop accaparé par le but que je m’étais fixé et par mes nouvelles fonctions.

- Et quand as-tu pu enfin reprendre ce récit ?

Partiellement en 1993 ; j’ai retravaillé ce qui était déjà écrit, avancé un peu en me laissant guider par mon imagination et le souvenir des scènes auxquelles j’avais pensé. La même année, pendant un congé maladie, j’ai enfin eu la vision globale de ce que pouvait contenir ce roman et je l’ai achevé d’un trait. Et très fier de moi, je l’ai fait lire à Léda.

- Laisse-moi deviner : elle t’a dit : « c’est nul, copie à refaire »

- Pas de cette façon aussi brutale. Mais bon, ça revenait au même. Surtout, elle m’a expliqué ce qui d’après elle, n’allait pas. Ce n’était pas l’intrigue, ni la langue : la trame était bonne, mais tout était trop rapidement expédié. Pas de description des lieux, des personnages, pas d’approfondissement dans la psychologie de mes héros, une fin certes grandiose mais mal reliée à ce qui précédait. Le lecteur était incapable de se représenter les personnages et donc de s’identifier à eux. Je précise tout de suite que cette fin, je n’ai jamais réussi à la rendre aussi parfaite que je l’aurais voulu, malgré de nombreuses réécritures. Je voyais très bien ce que cela aurait donné, mais impossible de faire coïncider l’imagination avec la réalité. J’ai fini par me contenter de celle du manuscrit.

- Finalement, quand as-tu été « satisfait » du résultat global ?

- Jamais. Je concède à ce roman de très nombreuses qualités, notamment au niveau de la langue que j’ai beaucoup travaillée, mais il reste encore des passages dont je ne suis pas vraiment satisfait, plus de trente ans après, notamment le dialogue final entre Eralda et Axel qui me parait à la fois trop explicite et pas assez. Mais ce que m’a dit Léda m’a fait réfléchir et j’ai ainsi pu décrire en profondeur le cadre dans lequel se déroule l’action et rendre mes personnages beaucoup plus intéressants que les simples silhouettes qu’ils étaient auparavant.

- Et qu’est-ce qui t’a poussé –ou qui – à le présenter chez CDL ?

- J’ai fini par admettre que je ne ferai rien de meilleur en insistant, que j’avais donné tout ce que je pouvais donner. Et puis, honnêtement, je commençais à en avoir assez de ce bouquin que je traînais avec moi depuis des années. J’avais d’autres trames en tête ; je l’ai laissé de côté et j’ai écrit d’autres ouvrages. Et puis un jour, je l’ai relu et, avec du recul, je l’ai trouvé bon. Un peu maladroit par moment mais tout à fait apte à affronter le comité de lecture de CDL. Léda était de mon avis. Alors, j’ai envoyé le manuscrit et j’ai attendu. Et voilà.

- Tu as parlé tout à l’heure de deux chansons qui ont été à l’origine du roman : tu te souviens desquelles ?

- Très peu : les titres ne sont pas restés dans ma mémoire. Je réentends dans ma tête la voix de Mercouri, un peu la musique, mais les paroles, franchement, je les ai pratiquement toutes oubliées. Il y avait une chanson qui parlait d’amis disparus et dont il ne restait que des photos et une autre d’un homme qui affirmait qu’il ne fallait pas perdre espoir, qu’une sorte de « Messie »viendrait nous délivrer ou quelque chose comme ça. J’ai repris cette idée dans la chanson qu’interprète Eralda au cabaret, lors de la soirée. Comme j’étais incapable de pondre des paroles, j’ai simplement donné un très vague aperçu de ce qu’elle disait et j’ai préféré insister sur les sentiments qu’elle faisait naître chez le public.

- Il y a quelque chose qui m’intrigue dans le roman : à aucun moment, le narrateur n’est nommé. Il n’a pas de nom. Je suppose que c’est voulu mais pourquoi ? Et as-tu eu des problèmes avec le nom des autres personnages ?

- Pourquoi un narrateur anonyme ? Honnêtement, je ne sais pas. Je n’arrivais pas à lui trouver un nom qui me satisfasse. Et puis, je me suis dit que ce personnage n’avait pas forcément besoin d’un nom, qu’il pouvait représenter tous les hommes dans sa situation. Mais je ne peux pas être plus précis. Par contre, pour répondre à la deuxième question, oui : donner une identité précise aux autres personnages m’a posé des problèmes : ainsi Louis s’est-il d’abord appelé Michel, puis Bruno : je n’étais pas satisfait de ces deux noms, je les trouvais communs et mon héros me semblait être quelqu’un certes d’ordinaire mais avec une aura tragique (son destin est horrible) qui devenait de plus en plus perceptible au fur et à mesure que le récit avançait. Et puis, j’ai pensé à Louis, prénom à mon avis plus original, surtout moins utilisé. Eralda n’a posé aucun problème, je l’ai trouvé tout de suite en abrégeant le prénom d’Esméralda dans Notre-Dame de Paris. Axel et Raphaël m’ont donné plus de fil à retordre. Ils changeaient de nom au fur et à mesure des différentes versions. Ils ont été d’abord Olivier (Axel) et Renaud (Raphael) : prénoms trop fades, trop courants pour ce qu’ils sont censés être. Je ne me souviens plus des prénoms dont je les ai affublés ensuite ; Axel et Raphael sont venus en dernier : j’ai été séduit par leur consonance et leur côté un peu mystérieux. Mais tout ceci est évidemment très subjectif. Quant aux prénoms des autres personnages, ils avaient moins d’importance : je me suis amusé avec les noms d’Eralda, Mona-Lisa, Arabella, Laura, Elsa : Pierre Benoit avait décidé que le prénom de ses héroïnes commencerait toujours par un A. J’ai voulu faire le contraire, j’ai choisi des prénoms se terminant par A. Ca n’a rien de génial, mais bon… On s’amuse comme on peut.

- Et il y a encore des romans en préparation, qu’on pourra lire un jour ?

- Pas en préparation. Mais j’en ai un certain nombre de côté qui ne demandent qu’à être relus, corrigés, allégés ou développés… et édités !

Publié dans interview

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Marcelle Pâques et Thierry-Marie Delaunois interviewés par Philippe de Riemaecker pour "Les fruits de ma passion"

Publié le par christine brunet /aloys

https://www.youtube.com/watch?v=e6B1SbLePw8&feature=youtu.be

Publié dans interview

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