Texte 6... Avant dernier texte du concours...

Publié le par christine brunet /aloys

VIVE LES VACANCES !

 

 

 

 

1er juillet, 3 heures du mat. Le réveil sonne.  Un peu à l’avance, non ? Ah ! c’est vrai, il faut le temps que  j’émerge, le jour tant attendu est arrivé : nous partons en vacances. Un coup d’œil du côté de mon épouse : elle est déjà debout. D’habitude, je dois l’appeler trois fois avant qu’elle ne daigne mettre un orteil par terre ! Et là, elle s’active. La voilà nue, elle file dans la salle de bains en chantonnant. Dans trois minutes, elle sera prête. Les autres jours, elle mobilise l’endroit pendant au moins une demi-heure.

    - Chéri, tu te lèves et tu réveilles les enfants ?

Elle crie de la salle de bains, j’entends le ronron de la brosse à dents électrique. Il est temps que je me lève. Je ne suis pas trop pressé de me taper huit cents bornes dans la chaleur, moi. Bien sûr, on pourrait conduire à deux, même notre ainée pourrait s’y mettre mais pas question que mes femmes ne commandent ma bagnole. Ma voiture, c’est mon bijou. Je l’aime … autant que mes enfants, je dirais. Il faut dire qu’elle m’obéit au doigt et à l’œil, elle, pas comme eux !

    - Chériiiiiiii, je suis prête.

Bon allez, je me décide. J’affiche mon plus beau sourire et je me dirige vers la chambre des enfants. Olivia dort comme un bébé ; j’entends du bruit dans la chambre de Sébastien.  Toujours excité quand on part en voyage, lui. Il va encore embêter sa sœur et ça va se chamailler tout le trajet.  Tiens, il n’a qu’à commencer tout de suite.

J’ouvre la porte de sa chambre ; il est habillé. Il se lavera demain, ce n’est pas grave !

- Salut, mon pote, déjà debout ?

- Tu le vois, non ?

- Va réveiller ta sœur et dis-lui de se magner le train !

- OK, je prépare un seau d’eau…

Je ne discute pas, ça ne servirait à rien. De la salle de bains, j’entends les cris d’Olivia. Toujours son langage châtié ! Ouh ! Mais c’est qu’il en reçoit, le petit !

- Olivier, va voir ce qu’il se passe chez Olivia, me crie ma chère et tendre de la cuisine.

Je ne réponds rien, le petit, il est capable de se défendre tout seul et puis il l’a cherchée, il l’a trouvée !

Vroum ! Un train passe devant la salle de bains. Non, c’est Sébastien poursuivi par sa sœur. Il dévale les escaliers, elle s’arrête net, jette un coup d’œil vers moi.

- T’es pas encore prêt ? Tu sais bien que j’ai besoin de la salle de bains.

- Bonjour, Olivia, tu as bien dormi ?

- Tu parles, c’est la nuit la plus courte que j’ai jamais eue de toute ma vie ! Quel besoin a-t-on de partir au milieu de la nuit ?

- En partant tôt, on évite les bouchons autour de Paris, tu le sais bien, et puis, on arrive tôt…

- Et quel besoin a-t-on d’arriver tôt ?

Là, je ne réponds plus. C’est vrai ça ! Quel besoin avons-nous de partir tôt ?

- Bon, tu te tires ?

Je descends torse nu. Je sens l’odeur écœurante du café et du pain grillé.  Alice s’active dans la cuisine. Moi, de toute façon, je ne pourrai rien avaler. Remplir mon estomac à 3 heures du mat, très peu pour moi !

 

4 heures du mat. On s’engouffre dans la voiture. Olivia a passé une demi-heure dans la salle de bains ; Sébastien a taché son nouveau tee-shirt avec la marmelade d’orange de sa grand-mère et pas question qu’il mette un de ces vieux trucs qui trainent dans sa garde-robe. Il a fallu détacher la valise du porte-bagages et en extirper un tee-shirt propre.  Heureusement que j’avais tout bouclé hier soir.

 

6 heures du mat. Nous approchons de Paris, la circulation devient dense. Les enfants se chamaillent et Alice s’énerve. Moi, je reste zen même quand Olivia crie que le chien a pissé sur ses pieds. Impossible de m’arrêter ici. Je  promets : je ferai un arrêt sur la première aire d’autoroute afin que ma fille chérie puisse se laver les pieds.

- J’sais plus me retenir !

Ca, c’est Sébastien qui crie comme un porc qu’on égorge. Qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence pour qu’il puisse satisfaire son besoin le plus pressé. Il a treize ans, merde, sa prostate fonctionne bien, il peut attendre, non ?

 

14 heures. Il y a longtemps qu’on a passé Paris. Le chien a pissé trois fois sur des aires d’autoroute, Sébastien aussi. Olivia, elle, continue de râler toute seule. Le petit s’est endormi.

Ma fille a 18 ans et considère qu’elle n’est plus obligée de nous accompagner dans « ce bled pourri » ! C’est beau, l’Ardèche, pourtant ! C’est calme ! On est loin de tout, loin du bruit de la ville, de la circulation, de la pollution. Aucun des arguments qu’avance sa mère ne fait mouche. Ce bled est pourri, un point c’est tout. Ses copines vont au club Med et ça fait belle lurette qu’elles n’accompagnent plus leurs parents en vacances.

- Il faut bien que tu ailles voir ta grand-mère de temps en temps, lui réplique sa mère.

Je l’avais oubliée, celle-là. Mais comment ai-je pu ? Dans l’euphorie du départ, j’avais complètement occulté le fait que nous allons passer un mois chez belle-maman, celle de la marmelade d’orange. On revient chaque année avec un chargement de victuailles diverses : marmelade, compote, confits, sans oublier les châtaignes qui datent de l’année d’avant car, des châtaignes, en juillet, on n’en trouve pas, même dans ce bled pourri. C’est vrai qu’il est pourri, ce bled, et puis, la bouffe de ma belle-mère me donne mal au ventre. Tiens, rien que d’y penser, j’ai des crampes d’estomac. Là-dessus, je ralentis l’allure. A quoi ça sert d’arriver tôt, hein ?

 

18 heures. Nous sommes arrivés à Thueyts.  J’aperçois déjà la maison de mes beaux-parents. Tiens, ma belle-mère n’est pas sur le pas de la porte. D’habitude, elle est là, debout, sur le seuil à guetter notre arrivée. Comme si on allait arriver plus vite comme ça. D’habitude, dès qu’elle voit la voiture, elle rentre. Ben, oui, elle va réchauffer le bon petit plat qu’elle nous a préparé. Ça creuse la route !

- Maman, fallait pas te donner tant de mal, lui dit Olivia.

- Elle est peut-être morte, dit Olivia.

- Tais-toi, hurle Alice.

On sort précipitamment de la voiture, on ouvre la porte de la maison et on trouve mon beau-père en larmes dans son fauteuil. Sur la table, une lettre qu’il nous désigne.

Alice l’arrache, je jette un coup d’œil  par-dessus son épaule.

- Ma mère est partie, dit-elle en s’asseyant sur des chaises en bois de la cuisine.

- Elle est partie en vacances ? demande innocemment Sébastien.

- Elle est partie, répond mon beau-père, partie, avec un autre.

 

1er août, 4 heures du mat. Nous sommes repartis. Nous avons passé tout le mois à chercher ma belle-mère. Nous sommes allés partout : chez ses amis, dans la famille de ma femme, même chez les commerçants du coin. Personne ne l’a vue, disparue la belle-mère. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait manqué mais bon j’aurais bien aimé passer mon mois de congé à autre chose qu’à jouer à Sherlock Holmes.

 

18 heures, même jour. Nous arrivons en vue de notre appartement. La fenêtre de notre chambre est ouverte.

- On a été cambriolé ! me lance Alice.

On descend rapidement de la voiture. Une tête passe à la fenêtre, un buste se penche, une voix s’adresse à nous : « Il est petit votre appartement. A cinq, il faudra se serrer un peu. »

 

C’est pas vrai, elle n’a quand même pas décidé d’habiter chez nous ? .

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> Premier prix de l'humour pour ce texte réaliste et bien écrit. Je connais un auteur très connu chez CDL qui pourrait bien avoir commis cette histoire hilarante. <br />
Répondre
C
<br /> Ok, à la page d'après, vu.<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
C
<br />  Où sont passés ls commentaires de ce matin ?<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
P
<br /> Un peu déçue par la fin ( dommage que la belle-mère ne soit pas partie avec un amant ).<br />
Répondre
P
<br /> Je pensais que la belle-mère était partie avec son amant !<br /> <br /> <br /> Dommage :-)<br />
Répondre
E
<br /> Description d'un quotidien bouleversé par les vacances ordinaires...J'ai beaucoup apprécié ce texte et son humour. Après le dernier texte, je voterai parce qu'il faut voter mais, franchement, je<br /> remercie tous les participants (sauf celui de demain : je le remercierai demain)de nous avoir offert de si bons moments de lecture !<br />
Répondre
C
<br /> Les vacances sont peut-être horribles mais le retour à la maison n'est pas mieux! <br />
Répondre
E
<br /> OH, c'est tout bon! Quelles horribles vacances, faut bien dire!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bien trouvé, ça rebondit dans tous les sens!<br />
Répondre