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Régine Laprade est l'invité d'Aloys

Publié le par christine brunet /aloys

Régine Laprade est l'invité d'Aloys

Ce n'est pas la première fois que Régine Laprade (c'est son pseudo d'auteur) passe dans notre blog... Toujours un plaisir de l'inviter !

Pour rappel, une petite biographie...

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Régine POISSON est née le 4 mars 1946 à Carlux , en Périgord, dans la maison où sa mère et sa grand-mère ont-elles mêmes vu le jour :cette maison qui s’appelle La Prade.

Elle a passé son enfance et son adolescence à Casablanca , au Maroc, où ses parents sont partis enseigner. En 1962 elle arrive à Bordeaux où elle entame ses études de médecine.

Médecin,Régine a complété sa formation par un diplôme de physiologie du travail puis d’ergonomie et fera toute sa carrière professionnelle à Brive. Passionnée par l’analyse des conditions de travail et leur amélioration, elle s’implique dans des études sur le bruit, le port de charges,la psychopathologie du travail etc…

Divorcée,retraitée depuis 2006, elle partage sa vie entre Brive et La Prade dont elle a pris le nom pour écrire.

Son premier roman « Le collier d’ambre » est paru en avril 2011 chez Pierregord. Il dépeint le portrait d’une femme insoumise et rebelle,libre avant l’heure.

Le second « Le camion blessé » paru en octobre 2012 aux Monédières , trace le portrait d’un Creusois qui après avoir rêvé sa vie a vécu son rêve jusqu’au cauchemar.

Elle a présenté « Le bois de mon père » à la foire du livre de Brive 2013.Ce roman édité aux Monédières, ouvre une fenêtre sur le passé,nous ramène à l’été 1944 et relate une histoire qui rejoint l’Histoire.

Cette année encore elle sera présente à la foire du livre de Brive les 7,8 et 9 novembre avec « Le vieux cahier » ,sorti le 12 octobre aux Monédières.

L’amour, la jalousie, le crime, le bagne, le suspense, le mystère s’entremêlent dans ce quatrième roman.

Je vous propose de découvrir à présent un extrait du dernier roman de Régine "Le vieux cahier"

Pierre n’avait pas tort, cette petite allait déboussoler les mâles du village de tous âges.

Lorsque j’étais enfant ,à l’évocation de Mathilde, les vieux parlaient encore de ce tourbillon.

Imaginez un mélange d’imperfection et de beauté, un personnage tout en contraste un teint mat ensoleillé par des yeux clairs pailletés, couleur de topaze. Des paupières bordées de longs cils, des cheveux bruns qui tantôt couronnent de grosses nattes un front droit,tantôt flottent en désordre sur des épaules rondes. Une poitrine menue aux tétons provocants,agressifs sous le corsage de coton léger,et des hanches généreuses. A la fois enfant et femme. Une bouche un peu trop fendue,un écrin corail pour des dents aussi parfaites que des perles .Un sourire dont on se demande s’il est féroce ou enjôleur .Insolent ,c’est sûr. Naïf, pourquoi pas ?

Elle pousse hardiment les brouettes de linge jusqu’à la Vézère. Elle pourrait retrouver les femmes du village au lavoir,mais préfère le bord de la rivière. L’eau n’est pas profonde mais bien courante. Pour installer son lavendeirou,elle piétine l’herbe:ça sent la menthe.Les genoux sur un coussin de paille,manches retroussées,croupe en l’air,elle frappe vigoureusement serviettes et torchons de son battoir de frêne. Son corps tout entier semble danser sur un rythme primitif,sauvage,sensuel.

Elle rince quelques chemises de toile épaisse dans l’eau vive. La cendre de bois qui a fait office de détergent laisse dans le courant une traînée laiteuse.Demain il faudra repasser avec un fer énorme, lourd,garni de braises. Sa lessive terminée, jupe retroussée jusqu’en haut des cuisses,elle patauge dans l’eau comme une enfant,s’éclabousse,s’esclaffe. Son rire comme ses cheveux coulent en cascade.

Les femmes en passant lui jettent un coup d’œil torve et murmurent :

- Ca finira mal ! Cette fille est le diable personnifié.

Les hommes ont le regard qui s’allume, s’embrase,caresse ses jambes,ses cuisses,ses hanches. Ils s’attardent, s’appuient au parapet du pont pour la contempler plus longtemps. Elle ne rougit pas.

- Elle n’est pas farouche, disent-ils.

Les nouvelles à la campagne se propagent à une vitesse télégraphique. Point n’est besoin comme aujourd’hui de téléphone. Le vent sans doute emporte les mots .Jeunes et vieux entendent parler d’elle,la rêvent,l’imaginent. Ils veulent la voir, l’avoir.

Régine Laprade

Publié dans l'invité d'Aloys

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Je ne suis qu'une oeuvre d'art de Nadine Groenecke est dans "Plaisir et découvertes"

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.plaisirs-et-decouvertes.be/coin-lectureles-lecteurs-en-parlent-2.html#mVA3RMhH

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Je ne suis qu'une oeuvre d'art de Nadine Groenecke est dans "Plaisir et découvertes"

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Rolande Michel a lu "Bientôt les jonquilles" de Marcelle Pâques

Publié le par christine brunet /aloys

Rolande Michel a lu "Bientôt les jonquilles" de Marcelle Pâques

J'ai lu avec un grand bonheur les deux recueils de Marcelle Pâques : Bientôt, les Jonquilles. et Pourquoi pas ?
Je vous conseille de les lire SANS MODERATION. C'est vraiment très beau et plein de sensibilité et de pureté.

Bientôt, les Jonquilles.


Une citation de Henry James introduit ce premier recueil : "Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée !"
A travers les mots qui s'écoulent suintent tendresse, douceur et espoir.


AIMER et VIVRE ! C'est l'essentiel ! Le message est transmis et, de sa plume vagabonde, Marcelle ouvre notre âme à la sérénité et nous incite à prendre conscience.
Au risque de ne pas faire l'unanimité, VIVRE, c'est être vrai, oser, faire fi des préjugés, refuser d'être un "pâle reflet dans un décor", en un mot, être soi et aller au bout de ses rêves. C'est là toute une philosophie qui permet à chacun de s'accepter et de s'aimer.


Marcelle nous le dit, l' Amour est une force, un soleil, une énergie qui génère le bonheur.

Rolande Michel

Rolande Michel a lu "Bientôt les jonquilles" de Marcelle PâquesRolande Michel a lu "Bientôt les jonquilles" de Marcelle PâquesRolande Michel a lu "Bientôt les jonquilles" de Marcelle Pâques

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Emilie DECAMP dans la presse et à la radio...

Publié le par christine brunet /aloys

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Didier Fond nous propose un extrait de "La maison-Dieu"

Publié le par christine brunet /aloys

Didier Fond nous propose un extrait de "La maison-Dieu"

Camille raconte sa première rencontre avec les habitants de la Maison-Dieu. On ne peut pas dire qu'elle ait été accueillie avec un tapis rouge. Je ne sais pas ce qu'elle s'imaginait, mais le journal est très explicite : mademoiselle a été déçue et froissée de la réception qu'on lui a réservée. Elle pensait sans doute qu'on allait lui dire d'entrer et lui offrir un café, comme cela se fait dans les fermes isolées des alentours. Ma chérie, si tu évitais de mélanger les torchons et les serviettes ? Tu n'as pas affaire à des paysans mais à des gens de la ville. Et en ville, on n'offre pas de café au facteur. Tout au plus, dans les moments de grande civilité, lui dit-on bonjour.

On l'a reçue sur le seuil de la Maison-Dieu, on a pris le courrier, on lui a dit merci et fin de l'entrevue. La porte s'est refermée, la jeune fille a disparu. Camille n'a rien pu dire, rien pu voir. J'aurais pourtant aimé qu'elle fasse une description détaillée de l'intérieur de la maison. Je suis sûre que tout a été transformé depuis le drame. Dire que Laurence a dû la vendre pour une bouchée de pain... Bien contente, à l'époque, de trouver un acquéreur. Ce bonhomme adipeux et mou suait la malhonnêteté par tous les pores de la peau. J'ai supplié Laurence de tenir bon, de ne pas lui céder la Maison-Dieu à un prix aussi dérisoire. Elle n'a pas voulu m'écouter. Dans un sens, elle avait raison. Elle ne désirait qu'une seule chose : se débarrasser de cette baraque, oublier, recommencer une nouvelle vie. Elle n'a rien recommencé, hélas. Elle n'a pu que continuer, vaille que vaille, jusqu'à son décès. Certains souvenirs sont tenaces. Et la mémoire peut devenir votre pire ennemie. Ce n'est pas un hasard si ce cancer l'a détruite si jeune. Il n'a pas fallu à la mort plus de dix ans pour l'abattre à son tour. D'eux, il ne reste que Camille et moi. Bientôt, elle sera seule. Et tout sera terminé.

Comme tu deviens morose, ma pauvre Henriette ! A ton âge, l'avenir, le passé, la vie, la mort, quelle importance tout cela peut-il bien encore avoir ? Il est fini, le temps où tu pouvais te demander à quoi rime cette absurdité. C'est à trente ans qu'on s'interroge sur le sens de la vie. A partir de cinquante, on se contente d'en jouir, du mieux qu'on peut. Quand on a acquis un peu de sagesse, bien sûr. Au mien, on attend. Ou du moins, on prend conscience que la vie n'est rien d'autre : une attente interminable. Et le plus souvent inutile.

Au fond, heureusement que Camille et ses élucubrations sont là pour me distraire. Quand je lis son journal, je me dis que vieillir n'est pas une malédiction. Avoir son âge et être dans cet état d'esprit, quelle pitié ! Je ne prétends pas avoir eu une existence passionnante et particulièrement réussie, mais quand même... Au moins ai-je eu une jeunesse.

J'ai relevé aujourd'hui dans son journal quelques informations intéressantes. Sa dernière indiscrétion concerne la jeune fille de la Maison-Dieu. Cette dernière a eu la malheureuse idée de confier un courrier à la poste de ce village. Comment aurait-elle pu savoir, l'innocente, que la factrice s'amusait à ouvrir la plupart des lettres qui lui passent entre les mains ? L'état d'excitation dans lequel se trouvait Camille au moment où elle a rédigé cette prose édifiante est manifeste. Elle s'extasie sur le prénom de cette fille : Valérie. Le contenu de la lettre donne lieu à moins de commentaires et à mon avis, il est nettement plus révélateur. C'est une lettre d'amour destinée à un homme habitant Paris, sans doute plus âgé qu'elle d'après Camille. (Est-ce dit clairement dans la lettre ou est-ce une déduction de ma petite-nièce ? Je me méfie beaucoup des raisonnements de Camille, en général complètement illogiques.) Il semble être marié. Amour sans espoir ou amour réciproque ? Je penche pour la seconde solution, vu ce que raconte le journal. Quant à Camille... L'occasion était trop belle pour qu'elle ne se lance pas dans un nouveau délire. Concernant Damien, bien entendu. Elle n'a rien trouvé de mieux que d'établir un parallèle entre sa situation et celle de Valérie. Et la voilà repartie dans ses rêves. Puisque Valérie a réussi à se faire aimer d'un homme marié, pourquoi pas elle ? Je suis aussi jolie qu'elle, affirme-t-elle, et sans doute pas plus bête. Il suffit d'être patiente et de ne pas le lâcher.

Petite sotte ! Quand vas-tu enfin comprendre que Damien n'en a rien à faire de toi ? Il t'apprécie, c'est tout. De temps en temps. Sa «tendresse» à ton égard ne va pas au-delà de ces quelques marques d'amitié dont il te fait l'aumône à intervalles irréguliers. Qu'espères-tu ? Que Patricia va mourir d'une crise cardiaque ou dans un accident de voiture ? Tu ne l'aurais pas pour autant, va. Il ne t'aime pas. Et quand bien même ? Prendre la place d'une morte, lutter contre son souvenir, contre une ombre chère... Lutter sans cesse pour l'effacer de sa mémoire... Le combat est perdu d'avance, je le sais par expérience. Et encore, moi, je n'avais pas ce poids à porter. Ils s'étaient simplement quittés. Non, ma chère, nous, les secondes, nous n'avons aucune chance de devenir un jour les premières dans le cœur de ces hommes. Autant t'en convaincre tout de suite.

Didier Fond

Didier Fond nous propose un extrait de "La maison-Dieu"Didier Fond nous propose un extrait de "La maison-Dieu"

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Christine Brunet a lu "Les Enfants de Jafez" de Gauthier Hiernaux

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Les Enfants de Jafez" de Gauthier Hiernaux
J'ai lu "Les enfants de Jafez" de Gauthier Hiernaux
Je suis cette saga depuis le début. Ce n'est pas de la science-fiction ni du fantastique mais, plutôt ce que moi j'appellerais de l'histoire parallèle puisque l'action se déroule sur Terre mais dans un monde différent : même histoire de départ mais lorsqu'on fait de mauvais choix à un moment donné, tout peut basculer. Alors qui sait ce que peut devenir l'humanité ? Tout est permis et Gauthier Hiernaux nous le prouve avec cette saga palpitante, magistralement menée par des personnges attachants toujours renouvelés.
Les enfants de Jafez, c'est le sixième de la série, le quatrième du cycle de Séliandre. Ne me demandez pas à quoi correspondent ces cycles, ça ne m'intéresse pas vraiment en fait. Et puis, chaque livre peut, après un court temps d'adaptation, être lu de façon indépendante. Pourquoi ? parce que cet univers n'est, en fin de compte, pas si éloigné que cela de notre propre univers, de notre propre histoire...
En ouvrant le livre, je ne savais pas à quoi m'attendre, à quels rebondissements... Cette fois, je suis servie et j'accroche immédiatement. Le rythme de cet opus est plus rapide, la trame est plus complexe que de coutume. Les héros sont très attachants et on n'a pas vraiment envie de les quitter...
Comme d'habitude, je ne dirai rien de l'histoire... Sachez seulement qu'il y est question d'une société secrète, un virus tueur, d'une mallette, d'organisations militaires ultra pointues avec des agents surentraînés, de médecins passionnés, d'un père despotique, de sociétés racistes et expansionnistes, de castes sociales, de négociations sous le manteau et d'un secret... Un sacré secret, si vous voulez mon avis !
J'ai passé un excellent moment aux côtés de Natalia, de Frank, Murat Mazer et tous les autres ! J'attends le prochain avec impatience...
Christine Brunet
www.christine-brunet.com
Christine Brunet a lu "Les Enfants de Jafez" de Gauthier HiernauxChristine Brunet a lu "Les Enfants de Jafez" de Gauthier HiernauxChristine Brunet a lu "Les Enfants de Jafez" de Gauthier Hiernaux

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Le vieux chat, un texte de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

Le vieux chat, un texte de Micheline Boland

LE VIEUX CHAT

Zébulon est un vieux chat gris. Un vieux chat qui rêve du bon vieux temps, du temps où il était le plus fort, le plus beau, le plus admiré et le plus redouté de tous les chats.

Oh, Zébulon ne manque de rien. Il est plutôt bien loti. Il possède un magnifique panier situé près de l'âtre, on le nourrit de pâtées délicieuses, vous savez ces pâtées au thon, au lapin, au poulet dont on vante tant les mérites dans les publicités. Sa maîtresse lui concocte même une bouillie avec des restes de cabillaud, de saumon, de sole, de turbot, de rouget ou de lotte.

"Voilà Zébulon, une pâtée digne d'un trois étoiles. Avec des restes de pintade, quelques crevettes et du riz. "

Ses maîtres lui demeurent reconnaissants d'avoir croqué quantité de souris, de souriceaux, de rats, de musaraignes, de mulots. C'est qu'avec Zébulon, les provisions étaient à l'abri des rongeurs.

De partout, la rumeur courait. "Attention au gros chat gris. Il est rapide comme l'éclair, malin comme un singe. "

Dans cette famille-là, on possédait un chat hors pair qui pourchassait impitoyablement ces petits mammifères qui constituent l'ordinaire des matous.

La mère de Zébulon lui avait donné une éducation sévère, faite de théorie, mais aussi de pratique. Il en avait appris des choses. À réfléchir avant d'agir, à exercer sa jugeote, à demeurer immobile, à s'élancer sans bruit, à observer, à différer son plaisir en cas de doute. Dans sa jeunesse, on le craignait. Dans sa maturité, on tremblait au simple énoncé de son nom !

À présent, il est vieux, balourd. On le regarde avec compassion. Il souffre d'arthrose, il a les réflexes lents, une vue et une audition moins aiguisées. Il garde le souvenir de ses prouesses. Il a la larme à l'œil quand il pense à certaines parties de chasse. Il se pourlèche les babines quand il se rappelle la saveur d'une chair fraîche de souriceau, cueilli au sortir de son trou. Toutes les pâtées industrielles ou faites maison ne remplaceront jamais cela.

Dans son joli panier, bien au chaud, Zébulon rêve.

Il lui suffirait de renouveler un peu ses stratégies de chasse pour se délecter de temps à autre comme au bon vieux temps, celui où toute action était couronnée de succès. Il médite, médite, médite encore, des heures et des heures.

Plus, il se remémore le passé, plus naît en lui le désir de devenir plus entreprenant. Il se remue plus. Il va jusqu'au salon, jusqu'au bureau, jusqu'au garage. Il s'aventure de plus en plus loin. Il reprend courage. Il va jusqu'au cellier. Il s'étend nonchalamment, les yeux mi-clos. Il observe ces souris qui passent et repassent devant lui comme s'il n'était pas là. Ces petites bêtes le savent : depuis une bonne année, il ne se nourrit plus que de pâtées, il réagit lentement, il passe plus de temps à dormir qu'à bouger.

Zébulon remarque une grosse souris grise qui régente son petit monde de souriceaux. "Allez les petits, mangez cette délicieuse farine. C'est plein de vitamines. Le trou dans le sachet est suffisamment grand pour que vous y mangiez à plusieurs ! "

La grosse souris grise regarde Zébulon.

"Tu es moins fier maintenant…

- Ma belle amie, si je vous recherchais, vous les souris, c'est que je vous aime à la folie.

- Ma belle amie ? Depuis quand suis-je ton amie ?

- Depuis toujours. Remarque comme nous nous ressemblons. De grandes moustaches, une longue queue, un pelage grisâtre. C'est toi, ma douce, qui te méprenais sur mes intentions !

- Et mes deux sœurs, n'est-ce pas toi qui les as mangées ?

- Je les ai mangées quand elles sont décédées.

- C'est toi qui les as tuées…

- Non, crois-moi, la maladie leur a été fatale. Ma belle amie, faisons la paix. Le temps m'est compté. Je veux monter là-haut l'âme sereine, me réconcilier avec mes ennemis avant le grand saut final. Comprends-moi. Laisse-moi simplement te regarder aller et venir avec tes petits… Je vous aime tant !

- D'accord mais garde tes distances ! "

Zébulon vient régulièrement dans le cellier. Les souris s'habituent à sa présence. Il reste auprès d'elles, étendu mollement, à faire la sieste, à rêvasser, à apprécier leur ballet incessant, leur odeur appétissante.

"Oh mes belles amies comme je suis heureux ! Je pourrai m'en aller en ne laissant aucune haine derrière moi. "

Les jours passent. Les songes de Zébulon sont peuplés de gigots de souriceaux, de pattes de souris charnues, savoureuses à souhait.

Quelques semaines plus tard, un premier souriceau trop familier, demeuré seul avec Zébulon fait les frais de son audace. Quelques jours plus tard, un deuxième, tout aussi imprudent, subit le même sort. Leur mère pense qu'ils ont tous deux pris leur indépendance et qu'ils sont allés rejoindre de jolies cousines dans la grange voisine de la maison.

"Ma belle amie que je vous aime, vous les souris. "

Zébulon dit et redit cette vérité à la grosse souris grise qui n'approfondit pas de quel amour il s'agit.

Écoutez Zébulon qui chante près de l'âtre, mon conte est fini.

(Extrait de "Contes en stock")

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

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Les morts marchent ! un extrait du roman de Delphine Schmitz...

Publié le par christine brunet /aloys

Les morts marchent ! un extrait du roman de Delphine Schmitz...

Andrea prit congé de son père. En refermant la porte du cabinet, elle fit un bond en découvrant son frère qui rôdait dans le couloir avec la discrétion d’un fantôme. Il faisait déjà sombre et il n’avait pas de bougie. Il semblait tapi dans l’obscurité à dessein.

– Que voulait Père ? s’enquit-il. Tu sors de son cabinet, vous vous entreteniez donc d’affaires concernant le royaume. Affaires assez importantes pour qu’il remette les pieds dans cette pièce.

Andrea, toujours bouleversée par l’entrevue qu’elle venait d’avoir avec son père, n’avait pas le courage d’annoncer à son frère qu’elle régnerait à sa place. Cette nuit, promettant moult ruminations, s’annonçait suffisamment pénible. Elle n’était pas prête à supporter le fardeau de la confession d’un crime dont elle se sentait tant victime que coupable.

– Il voulait… il voulait m’annoncer que je vais me marier à la fin du mois. Mon fiancé viendra s’installer au château demain.

– Eh bien… Félicitations, ma sœur.

Il l’embrassa sur les deux joues avec une minutie insupportable puis resta debout à la regarder, semblant la défier. Il n’avait que onze ans, mais était toujours extrêmement petit et maigre. Il semblait tenir debout par miracle. Pourtant ce soir, sa présence avait quelque chose de terrifiant. Andrea le contourna pour rejoindre sa chambre, son cœur battant à tout rompre.

Il attendit qu’elle s’éloignât un peu avant de tourner les talons à son tour. Elle entendait le frôlement des pas de son frère s’éloignant à l’autre bout du couloir. Il glissait plus qu’il ne marchait, ce devait être tout juste si ses pieds foulaient le sol. Sachant qu’il entendait également ses pas, elle s’efforça de maintenir un rythme régulier, pour ne pas éveiller sa suspicion. Enfin, elle vira à droite pour s’enfoncer dans un petit couloir, et courut jusqu’à sa chambre.

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Le banc, le banc juste en face de l’école, un texte de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 Le banc, le banc juste en face de l’école, un texte de Carine-Laure Desguin

Sur le site www.enviedecrire.com, chaque mois, un concours. Octobre 2014, hommage à Marguerite Duras. Il s’agit d’écrire un texte qui commence par cette phrase de Duras :

« Une maison au milieu d’une cour d’école. Elle est complètement ouverte. On dirait une fête. »

Les internautes ont voté. Quatre-vingt cinq votes pour mon texte. Trop peu. Tant pis. Voici le texte :

*********

Le banc, le banc juste en face de l’école

Une maison au milieu d’une cour d’école. Elle est complètement ouverte. On dirait une fête.

— Vous les aimez, n’est-ce pas, ces lieux ouverts vers le ciel, avec des enfants qui jouent et crient et se bousculent…Et des ballons aussi, comme souvent, quand les lieux sont ouverts vers le ciel et les étoiles et que des enfants courent vers des libertés, il y a des ballons qui se perdent. Et des enfants qui retrouvent les ballons…

L’homme n’avait pas terminé son mouvement, celui de s’asseoir sur ce banc défraîchi situé juste en face du grillage ouvert, lorsqu’il lâcha ces mots à cette femme, une femme plus jeune que lui mais dont les traits du visage semblaient brouillés, presqu’éteints.

— Oui, j’aime ces lieux qui vivent de tous ces cris d’enfants, ces images qui ondulent tout autour de moi. Je regarde tout ça avec autant de joie que si j’avais devant moi le grand écran d’un cinéma de quartier. Vous comprenez…Vous paraissez si bien comprendre les choses, avant même qu’elles ne soient dites. Comme c’est étrange…

— La raison en est très simple, il se fait que je voyage tous les jours de la semaine. Depuis tellement d’années, aussi. J’en ai connus, des regards comme le vôtre.

— Mon regard aurait d’après vous quelque chose de particulier ?

— C’est un regard qui cherche. Il cherche quelque chose dans l’absolu. C’est un regard qui se prolonge, qui se projette dans le temps. Je perçois tout cela, Mademoiselle.

— Tous ces voyages ont grandi vos ressentis, Monsieur.

— Oui, cela s’apprend. J’ai appris à voir des choses nouvelles. Cela ne vous arrive-t-il donc jamais, lorsque vous allez en vacances ?

— En vacances ? Je suis seule, il ne m’est pas permis de prendre des vacances…

— Votre situation n’est donc pas changée…

— Vous devinez si bien les choses, Monsieur. En effet, ma situation est la même depuis si longtemps.

— Et ce bal, vous y êtes allée ?

— Un bal ?

— Oui, il me semblait que vous deviez vous rendre à un bal, afin de rencontrer un homme, un homme qui vous emmènerait en vacances et vous apprendrait à voir des choses nouvelles…

— Un bal. Rencontrer un homme. Oui, c’est une idée qui ne m’est pas tout à fait inconnue, je vous l’avoue.

— Depuis toutes ces années, vous avez donc échappé à tout cela, aux bals, aux vacances, aux choses nouvelles ?

— Le regard que je porte sur les choses quotidiennes, j’y suis habituée à présent. Cela me convient ainsi. Mais dites-moi, Monsieur, vous me connaissez ? Nous sommes-nous déjà assis sur ce banc ? C’est vrai que regarder cette maison ouverte dans cette cour de récréation me prend tout mon temps libre. Et ces enfants, si joyeux…

— Vous ne vous souvenez donc pas de moi ?

— Non, Monsieur, veuillez m’excuser, votre voix, votre visage ne me disent rien.

— De votre vie, vous n’avez rencontré sur un banc ou l’autre un homme, un voyageur qui vous aurait entretenu de ses voyages et des choses nouvelles que l’on apprend au cours de l’un ou l’autre voyage?

— Non, monsieur. Mais vous savez, j’ai parlé à de nombreuses personnes, sur les bancs…

— C’était sur un banc, en effet. Vous étiez seule, comme aujourd’hui. Vous aviez des projets. Vous aviez envie de vous rendre à des bals, de rencontrer un homme. Il vous épouserait. Ce jour-là, le jour que vous m’avez raconté tout cela, un enfant vous accompagnait. Un tout petit enfant. Il se mit à geindre et vous m’avez dit…

— Au revoir, Monsieur, peut-être à ce samedi qui vient…

— Oui, c’est ça. D’un pas rapide, vous êtes partie. Je vous ai regardé le plus longtemps que je pus. Vous ne vous êtes pas retournée. C’était dans un square. Oui, c’est bien ça, dans un square.

Carine-Laure Desguin

******************

Voici le texte sur le site : http://www.enviedecrire.com/textes-concours-de-nouvelles-le-banc-le-banc-juste-en-face-de-lecole/

— Carine-Laure, les dernières news ?

— Ah, je bosse, l’année 2015 démarre…

http://carinelauredesguin.over-blog.com/article-190-quelques-news-125345026.html

 Le banc, le banc juste en face de l’école, un texte de Carine-Laure Desguin Le banc, le banc juste en face de l’école, un texte de Carine-Laure Desguin Le banc, le banc juste en face de l’école, un texte de Carine-Laure Desguin

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Correspondances de Florian Houdart dans le Bibliothécaire

Publié le par christine brunet /aloys

Correspondances de Florian Houdart dans le Bibliothécaire
Correspondances de Florian Houdart dans le Bibliothécaire

CORRESPONDANCES /
Florian HOUDART.-
Barry : Chloé des Lys, 2013.- 175 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-778-
7-. 20.70 €.-


Autobiographie :
Je suis Florian Houdart, un jeune écrivain touche-à-tout qui s'adonne d'abord au roman mais aussi au texte de chanson, au scénario BD, au slam et aux nouvelles. Né à Soignies, j'y ai vécu la plupart de mon existence même si ce sont surtout les deux années passées du côté de Lessines qui m'ont permis de prendre part à la vie culturelle du Hainaut.


A ce jour, j'ai publié aux éditions Chloé des Lys deux romans.
Premièrement, Black-out, un récit d'anticipation qui entrevoit le monde tel qu'il pourrait être un jour à cause de la soif de profits de quelques-uns. Ensuite, La Petite Femme aux cigarettes, un conte moderne qui éclaire de rencontres fantastiques la descente aux enfers d'une jeune femme condamnée à une vie de misère. Deux autres romans suivront normalement. Le premier, Correspondances, a déjà fait l'objet d'une présentation dans le documentaire « Y a pas que le sexe dans la vie » diffusé sur Planète. Il aborde en effet le thème de l'asexualité au travers d'une histoire de complots au sein d'une entreprise moderne. En cours de finalisation, Les Aventures de Jean-Michel, met en scène un bon vivant alcoolique et misogyne de notre Borinage qui se retrouve projeté dans un monde de strass et de paillettes grâce à un manuscrit médiocre trouvé dans une poubelle... Le roman fera également l'objet d'une adaptation BD dont les premières planches ont déjà été diffusées.

De manière générale, ma prose se tient sur le fil ténu qui sépare le réalisme social des genres de l'imaginaire. Je suis influencé par Orwell, Vian, Sartre, Houellebecq, Kafka, Sand,... Lucide sur l'état actuel de la société et des mentalités, je ne vis que pour les exceptions que je croise, celles qui acceptent leurs différences, les offrent à l'autre, ont un sourire ou un univers à faire découvrir. Dans la vie, mes petites joies viennent des rares discussions qui semblent élever tous leurs participants, de mes grignotages intempestifs en rentrant du bureau et des regards encore innocents de certaines jeunes filles que je croise.
Grand amateur de randonnées et de balades à vélo, j'ai sillonné toute notre province dont j'aime les chemins de campagne, des carrières sonégiennes aux bois sauvages de Chimay en passant par la chaîne des terrils et le pays des collines. Pour le présent recueil, j'ai relevé le défi d'écrire un long texte de slam de six pages subdivisé en plusieurs parties. Il sera mis en musique et vous pourrez ainsi le redécouvrir dans le cadre d'un spectacle de lecture vivante avec les autres participants.


L’ouvrage :
Amory présente deux visages : celui de l'amour et celui de la mort.
L'entreprise dans laquelle il travaille s'appelle Live, comme la vie elle-même.
Amory devrait fuir. Mais au dehors, que reste-t-il du monde d’avant ?

Extrait :
Midi entrechoqua bientôt les cloches de la cathédrale Saint-Michel. D'habitude, à cause de la foule de collègues bruyants, ce concert désuet ne parvenait jamais jusqu'aux oreilles d'Amory. Midi était l'heure des bousculades tout comme dix heures était l'heure du café. Les gens sortaient de leur prison dorée en oubliant que d'autres se trouvaient sur leur passage et les bruits de pas résonnaient pendant un bon quart d'heure dans tout le bâtiment. Au fond, le personnel des entreprises n'avait jamais atteint l'âge adulte. Plus tôt, on avait promis aux étudiants un travail bien rémunéré en échange de nombreuses journées sacrifiées sur l'autel du savoir biaisé et formaté. Puis, passé l'âge du diplôme, on leur promettait de nombreuses possibilités d'évolution au sein des boîtes dans lesquelles ils avaient été engagés.
Mais les journées, elles, étaient toujours confisquées. Au surplus, avec les heures supplémentaires qui augmentaient au même rythme que les responsabilités, les gens avaient seulement le temps d'être pressés. Leur vie n'était qu'une ligne du temps où tout le savoir accumulé se résumait à l'art de s'asseoir, démocratie oblige. En troquant l'épanouissement personnel de tous contre la prospérité de quelques uns, le monde de la « libre entreprise » avait engendré le pire des conformismes.
Mais ce lundi-là, à midi, la valse des conformistes s'était tue. Où avaient-ils foutu le camp, ça, Amory l'ignorait. En revanche, il commençait réellement à s'en inquiéter. Non pas d'être si isolé, la solitude de ces tristes couloirs ne l'effrayait plus depuis bien longtemps. Non, ce qu'il l'inquiétait c'était la conviction qui naissait en lui : ces centaines d'employés absents faisaient quelque chose ensemble et sans sa présence. Un malaise paradoxal puisqu'il était censé ne pas supporter ses collègues et encore moins en dehors du cadre professionnel. Seulement, la gêne était bien là, de plus en plus vive au fil des instants, et la pensée qui l'obnubilait était sans équivoque : Il se mentait à lui-même.

Note : A ce jour, le roman a été évoqué dans le reportage Y a pas que le sexe dans la vie
de la chaîne Planète. (cfr : https://www.youtube.com/watch?v=QvjDODbkl_Q)

Bonne lecture à tous !

Publié dans avis de blogs

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