Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dans Le Bibliothécaire : LES ÉTATS D’ÂME DE LA LUNE ET DU SOLEIL de Philippe WOLFENBERG

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire : LES ÉTATS D’ÂME DE LA LUNE ET DU SOLEIL de  Philippe WOLFENBERG

LES ÉTATS D’ÂME DE LA LUNE ET DU SOLEIL / Philippe WOLFENBERG.- Barry : Chloé des Lys, 2012.- 115 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-706-0.- 17.90 €.-

L’auteur : Philippe Wolfenberg, né à Liège il y a un peu plus de 50 ans, habite à Chaudfontaine : « l’avantage des espaces verts à quelques minutes de la métropole », se plaît-il à dire ! Ce sagittaire célibataire cohabite avec des félins, seule race à supporter, sans doute, son impossible caractère ! L’auteur qui se dit blasé et cynique, n’en est pas moins passionné par l’écriture et la lecture, bien en- tendu. L’image, aussi, l’exalte à travers la photographie, ainsi que la musique (mais pas uniquement celle des mots), l’informatique, l’ésotérisme, les minéraux et la nature dont il se sent, forcément, très proche...

« Loup y es-tu ? » Détaché de tout, addict à rien ni personne... Comme tout un chacun, il croit en la quête impossible d’une passion absolue... S’il a tenté l’aventure de se faire éditer assez tardivement, il écrit, pourtant, depuis plus de vingt ans. Un bail, certes mais pas un bagne puisque, désormais, ses mots libérés sont enfin couchés sur papier et publiés ! Pour lui, l’écriture est « gravure d’émotions, de sentiments et de souvenirs sur le papier mais, aussi, un besoin vital »... L’ouvrage :

Phil (écrivain à succès) et Caterina (écrivain en devenir) se rencontrent lors d’une soirée mondaine où la magnificence des décors semble être une invitation à un luxe de sensations à venir. Mais ils ne savent pas encore la folle passion que fera naître leur premier baiser. Le temps, la permanence, la lassitude, la banalité…

Telles sont les hantises de ces deux « aventuriers ». Depuis qu’ils se sont avoué qu’ils s’aiment, ils tremblent – au sein même de leur passion et du désir éperdu de l’autre – de se réveiller et de voir leur bonheur d’être ensemble à jamais disparu. Des héros des temps modernes (où tout vient et disparaît trop vite) marqués du sceau de la fragilité des êtres et des choses. Des héros poursuivis par un anathème : celui du destin, ce traître qui broie sur son passage les espoirs les plus fous.

Des héros conscients que l’inconstance humaine déploie ses ailes sur toute chose mais résolus à combattre cette cruelle évidence. Un roman doux-amer, clair-obscur, hésitant entre l’ombre (la lune ?) et la lumière (le soleil ?). Un roman où les mots peignent le portrait d’une passion née de la solitude, du manque et de l’impuissance à pouvoir contrôler tous les éléments de la vie. Qu’advient-il de Phil et Caterina, à la fin de l’histoire?

Phil, le narrateur, ne se sent pas obligé de tout dévoiler au lecteur… Comme s’il regrettait de s’être trop confié… Ou alors, il laisse à ce dernier le soin d’imagi- ner tout ce qu’il ne dit pas.

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans Le Bibliothécaire : LES ÉTATS D’ÂME DE LA LUNE ET DU SOLEIL de  Philippe WOLFENBERG

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Dans le Bibliothécaire : GLANES DE MES ERRANCES de Christian VAN MOER

Publié le par christine brunet /aloys

Dans le Bibliothécaire : GLANES DE MES ERRANCES de Christian VAN MOER

GLANES DE MES ERRANCES / Christian VAN MOER.- Barry : Chloé des Lys, 2013.- 109p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-724-4.- 17.90 €.-

L’auteur : Né à Tournai en 1944, Christian Van Moer est Licencié en Philologie Romane. Retraité après une carrière de professeur de français, il meuble ses loisirs par l’écriture et le bridge de compétition. Il est également l’un des administrateurs du Cercle Littéraire de Tournai. Les Oiseaux Bleus, long poème épique, lyrique, et d’amour également, de facture clas- sique a reçu la médaille d’or de poésie de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres d’Arras. La Cerise, son premier roman, également présenté à l’Académie des Sciences, Arts et Lettres d’Arras, a reçu la médaille d’argent au concours de prose.

Il est encore l’auteur de deux romans, La Belle Oubliance et La Seconde Chance de Co-
rentin.

Le recueil : Glanes de mes Errances que Christian Van Moer vient de publier aux Editions Chloé des Lys (2013) est un recueil de poèmes lyriques de facture classique et à la métrique rigoureuse. En esthète épicurien, l’auteur y rend hommage à la beauté, à l’amour et à la vie, à la femme donc. En même temps, il se penche sur son passé, avec nostalgie, mais sans véritable amertume, même si çà et là le regret du bon vieux temps est manifeste. Les thèmes du rêve, du cauchemar et des dieux sont également présents dans ce recueil, tout comme celui du mystère et de la mort. Mais le pessimisme n’est pas, loin s’en faut la couleur dominante du recueil.
Métempsychose


D’un doux baiser soudain l’irrésistible envie…

Mais le feu de sa lèvre affole et fond mes heures

Qui courent à rebours vers une aube antérieure :

J’ai aimé cette femme au cours d’une autre vie !
C’est elle assurément, ô ma mémoire étrange,

Transfuge du passé, qui revient m’envoûter.

Mon cœur s’est déjà pris aux lacs de sa beauté

Et bénit ce retour qui ma raison dérange.
Refuser ce présent des limbes revenu ?

Si son nom est nouveau, ses charmes sont connus…

Et ses courbes de nymphe enfièvrent mon désir.
Aurait-elle oublié nos lancinants soupirs,

Nos morsures d’amour et nos cris de plaisir ?

Non ! Je lis en ses yeux qu’elle m’a reconnu.

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique : 14,00
€ Étranger : 17,00 €

Dans le Bibliothécaire : GLANES DE MES ERRANCES de Christian VAN MOER

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Dans Le Bibliothécaire : LES FABLIAUX DE L’AN 2000 de Jean-Marie SOBRIE

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire : LES FABLIAUX DE L’AN 2000 de Jean-Marie SOBRIE

LES FABLIAUX DE L’AN 2000 / Jean-Marie SOBRIE.- Barry : Chloé des Lys, 2013.- 81 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-717-6.- 16.40 .-

Qui suis-je ? Mes racines : le triangle Courtrai – Tournai – Lille. De quoi être à cheval sur deux ou trois frontières. Je suis né à Courtrai d'une mère flamande et catholique, couturière au « noir », et d'un père wallon et athée, ouvrier dans le textile après avoir été cinq ans prisonnier en Allemagne. De quoi être assis entre quatre chaises. Très vite, la famille est venue habiter Mouscron où j'ai accompli toute ma scolarité à l'athénée : les six ans du primaire et les six du secondaire dans le même bâtiment. Un excellent souvenir... J'ai décroché ma licence de lettres à l'ULB. Autre excellent souvenir...

Après deux années comme coopérant au Rwanda, j'ai été pendant 30 ans professeur de français dans le secondaire supérieur, essentiellement à l'athénée Bara de Tournai. Encore un ex- cellent... J'ai aussi donné à l'université de Lille un cours intitulé « Le sport dans la littérature ». Toujours un excellent... Je n'ai donc jamais quitté l'école d'autant que ma compagne est institutrice. Nous avons un fils géographe.

Le livre : Le titre est un peu mensonger.

Fallait-il dire « fabliaux » ou « fables » ? Des fabliaux médiévaux, les 6 nouvelles de ce recueil de 70 pages n'ont ni la truculence ni la verdeur de langage. Des fables, elles s'efforcent de conserver une morale mais qui ne se veut pas moralisa- trice. « La Gourde » et « Les Films oubliés » sont des histoires d'objets qui nous rappellent les proches, parents ou enfants, parents et enfants, que nous avons perdus. Quant aux trois très courtes « Histoires de Chiens », si elles peuvent être lues par des enfants de 10 ans, elles s'efforcent de ne pas les infantiliser. Les chiens dont il est question ne sont pas Rin- tintin, des Milou, des Beethoven, des Rex et autres dalmatiens. « Micromégas » qui se veut une suite au conte imaginé par Voltaire, ne baigne pas, lui, dans une atmosphère triste ou nostalgique. Le fantastique n'est ici qu'un prétexte pour se demander de façon drôle comment des extra-terrestres, des « aliens », interpréteraient nos grand-messes sportives, quelles significations ils leur donneraient. Fabliaux, fables, contes, récits, nouvelles, peu importe si le lecteur trouve matière à ré- fléchir et à (sou)rire.

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans Le Bibliothécaire : LES FABLIAUX DE L’AN 2000 de Jean-Marie SOBRIE

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Dans Le Bibliothécaire : LA MISE ENTRE PARENTHÈSES d'Henri PUFFET

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire : LA MISE ENTRE PARENTHÈSES d'Henri PUFFET

LA MISE ENTRE PARENTHÈSES / Henri PUFFET.- Barry : Chloé des Lys, 2013.- 483 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-757-2.- 38.30 €.-

L’auteur : Né en 1956, originaire de la province de Namur, Henri Puffet rêve d’aventures depuis qu’il est au collège. Ses deux pas- sions : la nature et les voyages. Il veut planter, élever du bétail, et barouder sous les tropiques. Et aussi ne pas s’éterniser sur les bancs de l’école. Un graduat d’agronomie et une spécialisation en zootechnie, le tout en version tropicale, c’est un bon compromis pour lui. A 23 ans, il quitte l’Europe.

Travaillant d’abord pour des programmes de développement rural et de l’élevage, il passe 2,5 ans sur une petite île de l’océan Indien, puis 2 ans au Sahel, enfin 2 ans aux confins de la Guinée Equatoriale, toujours perdu dans des petits postes isolés de brousse.

En 1988, il devient chef de gros ranches de bétail en Afrique centrale. Au Congo en temps de guerre et au Gabon en période de troubles sociaux, il cumule émotions fortes et satisfactions professionnelles.

Fin 2003, c’est l’adieu à l’Afrique, puis bientôt le départ en Amérique du sud, au fond du Gran Chaco paraguayen, où il se trouve toujours aujourd’hui. Isolé loin du monde, quand les troupeaux et les cowboys dorment, Henri occupe ses soirées à écrire. En 2009, il publie « En passant par le Luan- go », un roman truffé de ses propres souvenirs. Et en 2013, un récit de voyage « La mise entre parenthèses ».

L’ouvrage : « Si la plupart des accidents sont stupides, celui qui m’est arrivé ce vendredi 21 novembre 2003 l’était davantage encore que beaucoup d’autres. Un incident plutôt. Ce fut pourtant comme si une main invisible m’avait plaqué au sol afin de ralentir la course qu’était devenue mon existence. Mais cela, je ne l’ai compris que bien plus tard, et ce jour-là, je me suis simplement dit que j’aurais mieux fait de rester au lit. » Ainsi commence le récit de Jean Granier, dont la vie hyperactive est subitement mise « sur pause » à la suite d’un accident. Ce vétérinaire prospère et respectable de 45 ans se rend compte qu’une force supérieure lui intime de s’arrêter et de réfléchir au sens de sa vie. Nous passons souvent à côté de la véritable signification de notre existence, notre liberté indivi- duelle est un trésor qui deviendra bientôt un mythe, nous avons oublié le sens des lois naturelles. Pour Jean, ces constations deviennent évidences. Il n’est pas question pour lui d’ignorer cet appel.

Au printemps de 2004, au terme de longues semaines d’hospitalisation et de convalescence, où il s’est pris à méditer pour tromper l’ennui, il décide de prendre le taureau par les cornes et d’obéir à cette impérieuse intuition. C’est ainsi que Jean boucle ses valises et part un beau jour à l’aventure sur la piste de la vérité.

Commence alors une longue quête personnelle, au long de routes tranquilles et au fil de jours vécus dans la plénitude, où le personnage principal du récit ouvre un œil neuf sur le monde et se réconcilie avec sa destinée.

Une étrange itinérance de Belgique en France, puis par la Suisse et l’Ecosse, jusqu’à l’ouest du Canada et des Etats-Unis, enfin au Chili et au Paraguay, loin des vues courtes et des idées bornées, loin et proche à la fois de notre monde superficiel. Un long périple inédit au cours duquel il fera d’amicales rencontres, bonifiant d’étape en étape, passionné de vérité et de voyage, livrant un message d’opti- misme et parlant avec humour des travers de notre époque.

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans Le Bibliothécaire : LA MISE ENTRE PARENTHÈSES d'Henri PUFFET

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Le joueur de flûte de Hameln, la seconde partie du feuilleton de Didier FOND

Publié le par christine brunet /aloys

Le joueur de flûte de Hameln, la seconde partie du feuilleton de Didier FOND

Le joueur de flûte de Hameln

Deuxième partie

« L’année s’écoula, reprit le conteur. Vous imaginez bien que ni le bourgmestre, ni l’évêque, ni le conseil, ni les habitants n’avaient l’intention de payer au ménestrel ce qu’ils lui devaient. Ils étaient même certains de ne pas le revoir et si jamais il s’avisait de remettre le pied dans la cité pour réclamer son salaire, l’évêque était prêt à le faire emprisonner pour pratique de sorcellerie et autres bagatelles du même genre et à lui faire achever son existence sur un joli bûcher.

Le procédé utilisé par le jeune homme pour faire fuir les rats n’était peut-être pas très catholique, mais il se révéla efficace. Plus aucun rongeur ne vint troubler, cette année-là, la quiétude des habitants.

Pourtant, pendant le premier mois, le bourgmestre s’était sérieusement demandé comment il allait s’y prendre pour acquitter sa dette sans pour cela puiser dans les fonds de la commune ou dans ses fonds propres. Problème angoissant pour un avare. Il demanda à son adjoint de rédiger un avis aussi bien écrit que le discours aux souris mais un peu plus efficace quant au résultat. L’adjoint n’était-il pas dans un bon jour ? Sa verve légendaire l’avait-elle quittée ? La muse avait-elle déserté l’hôtel de ville ? Toujours est-il qu’il n’arriva à pondre que quelques lignes succinctes dont je vous résumerai simplement le contenu : tous les habitants devaient verser une certaine somme d’argent pour couvrir les frais de la dératisation de la ville et satisfaire le ménestrel. Aucune dérogation ne serait accordée.

C’était le genre d’écrit qui ressemblait fortement à un tison lancé sur un tas de paille. Immédiatement, la ville prit feu. L’avarice foncière des gens de Hameln éclata au grand jour. Pour faire face à ce qui menaçait d’être une révolution, le bourgmestre, enfermé dans son hôtel de ville avec tous ses conseillers décida d’annuler l’édit, de faire pendre son adjoint pour sottise incurable et de déclarer la dette de la cité nulle et non avenue et par conséquent réglée.

La population de Hameln fut si heureuse de ces décisions qu’elle alla même jusqu’à demander la grâce de l’adjoint, grâce qui lui fut aussitôt accordée, le bourgmestre n’étant pas en mesure d’aligner trois lignes à peu près correctes.

Ainsi s’empressa-t-on d’oublier ses promesses et les jours, puis les mois passèrent dans une douce quiétude. On ne parlait plus ni des rats, ni du ménestrel pour la simple et bonne raison que tout cela avait été sincèrement occulté.

Aussi, quelle ne fut pas la surprise des gens de Hameln d’entendre un matin, très tôt, venant de la grande place, le son d’une flûte qui jouait un air à la fois assez entraînant et quelque peu mélancolique. C’était le ménestrel, revenu comme il l’avait promis à la date anniversaire du grand nettoyage de la ville.

Comment était-il entré ? Il y avait là un mystère, car les portes de Hameln n’étaient pas encore ouvertes. On ne se posa pas longtemps la question car un autre problème, beaucoup plus ennuyeux, allait devoir être réglé rapidement. Nul doute que le jeune homme était venu réclamer un salaire que personne n’était disposé à régler.

L’évêque émit l’idée de le faire arrêter sur le champ, de l’emprisonner puis de l’écarteler un petit peu avant de le brûler. Tout ça, bien sûr, après une petite séance de torture. Le conseil refusa l’arrestation publique, ne se prononça pas sur le reste et proposa plutôt une entrevue avec le ménestrel. On pouvait peut-être arriver à un arrangement qui satisferait tout le monde.

Le jeune homme se laissa docilement conduire à la salle du conseil. Ayant salué les graves magistrats, il demanda d’une voix douce s’il pouvait recevoir la somme qui lui était due. Le bourgmestre tergiversa, argua de mauvaises récoltes, une année déplorable sur le plan commercial… Le ménestrel écoutait, la tête légèrement penchée sur l’épaule droite. Il n’avait pas l’air vraiment convaincu par de tels arguments. L’évêque, présent, se leva et prit la parole : étant donné que la façon dont le ménestrel avait débarrassé Hameln de ses rats s’apparentait fortement à de la sorcellerie, la cité ne se voyait nullement obligée de régler sa dette ; on lui conseillait donc de ne plus rien demander et de se retirer s’il ne voulait pas subir le châtiment réservé aux sorciers.

Le ménestrel resta silencieux. Il sortit simplement sa flûte de sa poche et commença à en jouer. Il se passa alors quelque chose d’extraordinaire. Aucun membre du conseil ne pouvait plus bouger ; ils étaient tous conscients de ce qui se passait autour d’eux, mais il leur était impossible de faire un seul geste, même de battre des cils.

Jouant toujours le même air, le jeune homme sortit de l’hôtel de ville et se rendit sur la grande place. Autour de lui, les gens s’immobilisaient aussitôt, dans l’attitude qu’ils avaient au moment de son passage. Certains étaient même figés dans des poses particulièrement ridicules. Seuls les enfants n’étaient pas sensibles au sortilège et regardaient, ébahis, les adultes se transformer en statues.

Arrivé sur la place, le ménestrel changea d’air : aussitôt, tous les enfants de la ville se groupèrent autour de lui. Comme les rats un an auparavant, ils avaient la tête levée vers lui, les yeux agrandis, le regard fixe.

Alors, suivi des enfants, le jeune homme retraversa Hameln sans cesser un instant de jouer. Ils franchirent ainsi les portes de la ville, sous les yeux des parents qui, figés, ne pouvaient rien faire, traversèrent le pont et se dirigèrent vers la montagne. Parvenu devant une paroi rocheuse, le ménestrel agita la main : une porte s’ouvrit dans la roche. Il s’engouffra dans l’ouverture et sans hésiter, les enfants lui emboîtèrent le pas. La porte se referma. Il n’y avait plus qu’une paroi de pierre lisse.

On ne le revit jamais. On ne revit jamais les enfants. Les gens de Hameln n’ayant pas voulu régler leur dette, le ménestrel s’était payé lui-même en leur enlevant ce qui, après l’argent, leur était le plus cher : leurs enfants.

Quand le sortilège cessa, il y eut beaucoup de pleurs et de cris dans la ville. On eut beau sangloter et se repentir, il était trop tard. L’ingratitude des adultes avait entraîné la mort des enfants. »

Didier FOND

fonddetiroir.hautetfort.com

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

Le joueur de flûte de Hameln, un conte de Didier FOND

Publié le par christine brunet /aloys

Le joueur de flûte de Hameln, un conte de Didier FOND

Le joueur de flûte de Hameln

Première partie

C’est sans doute une des plus célèbres légendes de l’Allemagne médiévale. Elle a largement dépassé les frontières et s’est répandue un peu partout en Europe. Elle a même été adaptée au cinéma –sans doute plusieurs fois, mais je ne me souviens que d’un film, tourné dans les années 60, dont le titre reprenait celui de la légende et dont le rôle principal (le joueur) était tenu par Donovan. C’est loin d’être le chef d’œuvre du septième art et dans le genre kitsch, on ne trouve guère mieux. En tant qu’acteur, Donovan faisait ce qu’il pouvait mais je pense honnêtement qu’il était beaucoup plus à son aise sur une scène, derrière un micro avec sa guitare. Ces réserves mises à part, ce film avait une fraîcheur naïve qui ne manquait pas de charme. Il est actuellement introuvable. Si vous arrivez à mettre la main dessus, SVP prévenez-moi. Merci d’avance.

Il est temps maintenant de retrouver notre conteur.

En l’an 1284, la ville de Hameln fut le théâtre d’un événement très étrange et assez inquiétant. Des milliers et des milliers de souris et de rats envahirent soudain la cité. Nul ne savait d’où venaient ces rongeurs importuns. Ils se glissaient partout : dans les cuisines, dans les chambres, les magasins ; ils pullulaient dans les rues et sur les places publiques. Le bourgmestre, gros homme très doué pour faire l’important mais un peu moins pour régler les affaires de la cité, affligé d’une avarice viscérale qui le poussait à considérer l’argent de ses administrés comme le sien propre, en trouva même deux dans son lit. Loin d’être effrayées, les souris facétieuses en profitèrent pour lui enlever quelques morceaux de chair superflus avant de disparaître dans un trou.

Evidemment, la panique s’empara de la ville. Le bourgmestre réunit les membres de son conseil dans la salle d’apparat de l’hôtel de ville et chacun essaya de trouver une solution à ce grave problème. Un autodafé ? Pourquoi pas ? Il y avait bien dans les geôles de Hameln quelques prisonniers qui seraient sans doute tout à fait heureux de participer activement au nettoyage de la cité. L’adjoint du bourgmestre, qui se piquait de littérature, rédigea un avis « sommant les infâmes bestioles de quitter au plus tôt ce lieu où elles n’étaient pas les bienvenues sinon, un châtiment exemplaire s’abattrait sur elles. » On trouva l’idée excellente et il fut décidé qu’on lirait publiquement aux souris ce discours grandiose. On proposa une messe, célébrée en grande pompe dans l’église de la ville, suivie d’une cérémonie d’excommunication des rongeurs au cas où ces derniers s’obstineraient à ne pas obéir aux ordres. Le malheureux qui émit l’opinion que la présence des rats dans la ville était peut-être « une punition divine envoyée par le Ciel pour inciter les habitants de Hameln à se conduire un peu plus charitablement qu’à leur ordinaire » se fit huer et on menaça de lui donner le premier rôle dans l’autodafé qui allait se préparer.

« On fit comme on avait dit. Réunie sur la grande place, la population de Hameln assista à un superbe autodafé, écouta religieusement l’avertissement donné aux souris ; les accusées n’en tinrent absolument pas compte. L’évêque les excommunia avec virulence : cela ne leur fit ni chaud ni froid et les rats continuèrent de foisonner dans les rues. Ils semblaient même encore plus nombreux qu’avant les cérémonies. Une telle insolence manqua faire étouffer de fureur le bourgmestre.

Les gens de Hameln commencèrent à sérieusement s’agiter. L’incompétence de leur bourgmestre sautait aux yeux de tous et on parla d’avertir le Pape de ce scandale. Alors que les esprits s’échauffaient et que les rats continuaient à piller les réserves de la ville, un jeune ménestrel apparut un matin sur la grande place. L’étonnement fut grand. D’où sortait cet individu ? On avait simplement oublié que les portes étaient à présent toujours ouvertes au cas où les souris auraient la bonne idée de les franchir dans le bon sens. Le jeune homme ne semblait nullement affecté par la présence des rongeurs qui, désormais, passaient le plus clair de leur temps à se faufiler sous les robes des dames afin de leur mordre les mollets. Il assista ainsi à plusieurs scènes fort amusantes puis, lorsqu’il eut fini de rire, il se dirigea vers l’hôtel de ville et demanda audience au bourgmestre. On le mit à la porte sans sommation : Sa Grandeur avait autre chose à faire qu’à recevoir des mendiants, il avait un énorme problème à résoudre : peut-être ne l’avait-on pas remarqué, mais les rats pullulaient dans la ville et il fallait trouver un moyen de se débarrasser de ces envahisseurs. Le jeune ménestrel insista : il avait la solution à ce problème. Une solution simple, qui ne coûterait qu’un peu d’argent.

Immédiatement, le bourgmestre devint visible. Réuni en toute hâte, le conseil écouta les explications du jeune homme : ce dernier avait une flûte avec laquelle il savait charmer les rongeurs. Il pouvait, moyennant salaire, faire sortir les rats de la ville et les emmener suffisamment loin pour qu’ils n’aient pas la possibilité de revenir. Le bourgmestre réfléchit. L’évêque, présent, déclara que « cela sentait l’hérésie et la diablerie » mais que, vu l’urgence de la situation, « l’Eglise saurait fermer les yeux sur certaines pratiques intolérables, à condition bien sûr qu’elles débouchassent sur un résultat concret ». La somme demandée par le ménestrel était très rondelette, mais la ville avait largement de quoi le payer.

Devoir dépenser autant d’argent lui faisait mal au ventre. Il n’était pas le seul à ressentir ce genre de douleur. L’avarice du bourgmestre avait déteint sur une grande majorité de la population et sur tous les membres du conseil, y compris sur l’évêque dont le plus grand plaisir, le soir, était de compter et recompter ses trésors. Vous pensez bien que la proposition du jeune homme fut discutée et rediscutée ; on parlementa, on marchanda, on proposa moult tractations. Mais le ménestrel restait inflexible. Finalement, le conseil donna son accord, mais avec de telles grimaces de souffrance qu’on eût dit que tous les membres allaient expirer dans la demi-heure.

« Fort de cette promesse, le jeune homme se rendit sur la grande place, sortit sa flûte de sa poche et se mit à jouer un air étrange, assez mélodieux, mais dont la monotonie finissait par devenir lancinante. Les rats surgirent de tous les coins de la place et se groupèrent aux pieds du jeune homme. La tête levée, ils contemplaient fixement le joueur, les moustaches frétillantes. Quand la place fut couverte de rongeurs, le jeune homme se mit doucement en marche vers la porte de la ville. L’armée des rats le suivit sans hésiter. Il traversa ainsi une grande partie de la cité, franchit la poterne, traversa le pont et se dirigea vers la rivière qui coulait en contrebas. Sans cesser de jouer de la flûte, il entra dans l’eau jusqu’à mi-corps. A cet endroit-là, la rivière avait un débit rapide, furieux, augmenté encore par les pluies qui s’étaient abattues récemment sur la région. Envoûtés par le son de la flûte, les rats se jetèrent dans la rivière, furent emportés par le courant et périrent jusqu’au dernier.

« Lorsque le jeune homme revint dans la ville, les habitants, massés dans les rues, l’acclamèrent et le portèrent en triomphe. Le bourgmestre lui serra vigoureusement la main et l’embrassa ; l’évêque le bénit. « Mon argent », dit simplement le ménestrel en tendant la main.

C’était le moment que tout le monde appréhendait. Le bourgmestre se racla la gorge et commença une longue explication qui tendait à prouver que la ville était pauvre, qu’elle ne pouvait pas payer tout de suite une telle somme et qu’elle demandait un délai pour s’acquitter de sa dette. Le jeune homme écouta ce discours en silence. Son regard noir ne quittait pas le visage du bourgmestre. Puis, ses lèvres minces s’écartèrent en un étrange sourire, à la fois ironique et rêveur. « Très bien, dit-il seulement. Je vous donne un an pour réunir la somme. Je reviendrai dans un an jour pour jour pour recevoir mon dû. »

Là-dessus, il s’inclina profondément devant les Hautes Autorités et quitta tranquillement la ville. »

(A suivre)

Didier FOND

fonddetiroir.hautetfort.com

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

Un auteur : Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

Un auteur : Edmée de Xhavée

– Son wordpress, pour suivre ses coups de cœur : http://edmeedexhavee.wordpress.com/

– Son blog, pour suivre son actualité : http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/

Présentation (issue du wordpress des Éditions Chloé des lys ; lien : http://lesauteursdechloe.wordpress.com/de-xhavee-edmee/)

Edmée De Xhavée est née à Verviers – Belgique, province de Liège – en 1948. Le fait d’être née aussi banalement à Verviers lui sembla un mauvais coup du sort : oncles, tantes, grands-parents du côté paternel avaient vu et sillonné « le vaste monde », puisque cette ville lainière les y envoyait acheter la laine. Le grenier était rempli de mannes à ploquettes (les échantillons de laine dans un cylindre de papier épais) et de malles couvertes d’étiquettes évoquant de périlleux voyages en mer et des séjours dans des hôtels aux noms parfumés. Des albums de photos jaunies révélaient des après-midi sur des ponts de bateaux, le passage à gué des convois de laine, des patios fleuris où des servantes au visage d’aztèque apportaient le thé de cinq heures sur un plateau, où la bien vieille tante Marguerite chevauchait, petite fille, un mouton de bois. Des histoires de langues chantantes et de grandes amours y sommeillaient, ne demandant qu’à naître sous une plume libératrice. Mais alors, elles se bousculaient dans son cœur, non pas silencieuses – au contraire ! – mais encore trop indisciplinées.

La muse essaya bien de se faire entendre, écrivant d’une traite de porte-plume noirci d’encre des rédactions en classe – dont une lui valut un prix interscolaire – et puis relatant inlassablement, par de longues lettres à sa mère et amies, les découvertes et émotions d’Edmée qui ne se décida jamais tout à fait entre la Belgique et d’autres lieux, alternant avec les lumières radieuses de la Provence, les chansons et saveurs de l’Italie après un retour de quelques années sur sa pluvieuse mais verdoyante terre d’origine, et enfin le New Jersey, le grand jardin de New York, où elle se trouve à présent avant le grand retour.

Elle y habite à l’orée d’un bois peuplé d’animaux paisibles et gourmands, avec son mari, cinq chats et un chien. Et c’est là qu’enfin elle a commencé libérer les acteurs imaginaires de vies pas toujours imaginées.

Ses ouvrages :

 

Les Romanichels

Olivia n’a pas été élevée par sa mère, Suzanne, mais par la mère de cette dernière, la splendide Adrienne. Lorsque Suzanne lui téléphone à Turin, où elle vit avec son mari et se prépare aux vacances, une insistance inhabituelle lui fait accepter de venir passer une semaine avec cette mère aimée mais méconnue.

Jour après jour, les questions qu’Olivia n’osait se poser se présentent, avec des réponses surprenantes. Une succession de personnages, de paysages, de joies intenses et chagrins sans nom défile, et l’amour qui a entouré Olivia à son insu se révèle, éclairant un passé qu’elle ne comprenait pas, illuminant son avenir.

 

– De l’autre côté de la rivière, Sybilla

 

Quand être amoureux n’est pas aimer, quand les classes sociales s’affrontent, quand l’amertume devient venin, quand les conventions étouffent, quand les apparences sont plus importantes que la loyauté, quand l’amour ne se trouve pas où on le cherche et luit dans le noir de longs désespoirs et cris de peur…

Deux enfants que tout semble abandonner à la mort de leur mère, tout sauf Sibylla, la lumineuse et discrète Sibylla qui leur tiendra la main jusqu’à ce qu’enfin ils sentent le flux de la vie en eux, la joie devant les années encore à savourer, la paix face à l’amour qui a finalement trouvé son chemin jusqu’à eux.

Une histoire de résilience, l’histoire d’un dévouement total, patient et souverain.

 

– Lovebirds

 

Les amours ne sont pas toujours ce qu’elles semblent. Et semblent souvent être ce qu’elles ne sont pas. Mais le flux de la vie est indomptable qu’on le veuille ou non, et trouve le moyen de surgir et de se faire entendre tôt ou tard : un drame, un suicide, un meurtre, une agonie acceptée, une saine colère,  une infidélité… et la vérité explose dans sa nudité légendaire.

Huit nouvelles au cours desquelles la vérité toute nue nous parlera d’amour, faisant un tri sans pitié entre le grain et l’ivraie.

 

Elle a également écrit Une Enfance verviétoise (paru aux Éditions Irezumi) et contribué à deux collectifs :

– Sur le fil, paru aux Éditions Librisme, au sein duquel se trouve la nouvelle « La Brodeuse ».

– Canicule contenant sa nouvelle « Tremblement de cœur », paru aux Éditions Luce Wilquin.

 

Critique de ses ouvrages :

 

– Lovebirds :

  • http://interligne.over-blog.com/article-lovebirds-de-edmee-de-xhavee-118730174.html
  • http://www.bandbsa.be/notes/lovebirds.htm
  • http://www.aloys.me/article-anne-renault-a-lu-lovebirds-d-edmee-de-xhavee-116723124.html
  • http://www.aloys.me/article-philippe-desterbecq-a-lu-lovebirds-d-edmee-de-xhavee-117373010.html
  • http://www.aloys.me/article-christine-brunet-a-lu-lovebirds-d-edmee-de-xhavee-122930758.html

 

– Les Romanichels :

  • http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=article5&id_article=1013
  • http://me.voir.ca/dbz/2012/05/16/les-romanichels-edmee-de-xhavee/
  • http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr/2010/04/les-romanichels-dedmee-de-xhavee.html
  • http://jelistulisillit.wordpress.com/2009/02/26/les-romanichels-dedmee-de-xhavee/
  • http://www.bandbsa.be/contes/jailu/romanichels-jailu.htm
  • http://grandeuretdecadence.wordpress.com/lectures/

 

– De l’autre côté de la rivière, Sybilla :

  • http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/27093
  • http://www.bandbsa.be/contes/jailu/rivieresibylla-jailu.htm
  • http://www.aloys.me/article-philippe-desterbecq-a-lu-de-l-autre-cote-de-la-riviere-sybilla-d-edmee-de-xhavee-73384242.html
  • http://www.bandbsa.be/contes/jailu/rivieresibylla1-jailu.htm
  • http://www.bandbsa.be/contes/jailu/sibylla1-jailu.htm

 

 

Pour mieux la connaître :

– Une interview vidéo de l’auteur : http://actu-tv-web.over-blog.com/categorie-12257357.html

– Une interview écrite de l’auteur : http://www.bandbsa.be/contes/interview/dexhavee-interview.htm

http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr

http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr

Un avis choisi parmi tant d'autres, celui du blog http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr

  • http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr/2010/04/les-romanichels-dedmee-de-xhavee.html

Depuis des jours je tourne et retourne le roman d'Edmée dans ma tête, je l'ai au bout de la langue, à la pointe de ma plume, les doigts me démangent à force de vouloir danser sur le clavier, mais ce n'était pas encore leur moment. Chère Edmée, je n'offre pas ici une reseña en bonne et due forme, un compte-rendu linéaire respectant l'ordre des choses, la succession des événements, le résumé de la narration, j'en suis totalement incapable. Il y a une certaine linéarité dans le roman même si celle-ci est entrecoupée d'autres histoires, mises en abyme éclairant le récit sous un nouvel angle. Alors pourquoi le texte danse-t-il devant mes yeux en cercles concentriques? Non pas une valse, ni même une polka ou une mazurka, mais ce mélange envoûtant de notes successivement lascives puis endiablées, empruntes de mélancolie puis d'ivresse fougueuse telles les flammes de l'amour qui animent toutes les pages, de la première à la dernière. Pourtant, à en prendre une au hasard, on se retrouve souvent à prendre le thé, à fréquenter les salons, les allées d'un château, les pensionnats, les nurses puis les salles de bals, ou bien à contempler la mer du Nord, le Mont Sainte Victoire, les roses trémières et les cistes le long du mur. Mais c'est pour ensuite mieux échapper à toute bienséance, à l'univers aseptisé et froid où manger à sa faim est preuve de mauvaise éducation, où parler se fait en chuchotant, ou rire se fait derrière une main gantée, où aimer ne se fait pas si ce n’est conventionnellement, où tout se délabre et se détériore, faute d’âme et d’argent. On retrouve alors la chaude clarté des personnes simples et vraies, polonaises, italiennes, françaises, belges, peu importe, mais des personnes pour qui seule la poésie du bonheur compte. Cet amour vibre, souffre en profondeur pour se donner entièrement, partagé entre le passé qui l'entrave et l'avenir qui s'ouvre à lui ; il brûle parce qu'il ne peut s'exprimer comme il le voudrait. Jamais. Toujours un obstacle, mais qui le fera grandir silencieusement. Les mots dérouleront les parchemins secrets de la vérité, les excavant des méandres de l'oubli avant qu'il ne soit trop tard, avant que les secrètes fleurs de l'amour ne soient enfouies au creux de la mémoire fripée. Quelques 260 pages alors qu’il en faudrait des milliers pour raconter toutes ces vies, toutes ces amours, ces combats, ces désespérances. C'est là le miracle des mots d'Edmée si justes, vigoureux et subtils à la fois. Ils frappent les sens et le cœur et nous livrent et les personnages et l'auteur à travers une écriture proustienne qui ne tombe pas dans les pièges de la mièvrerie et fait le lien entre la force et la fragilité des héros et de leurs sentiments.
Les Romanichels, Edmée de Xhavée, édition Chloé des Lys

http://delphine-encoreetencore.blogspot.fr

 

========================================

 

Article signé CHLOE ROUSSEAU

 

Publié dans fiche auteur

Partager cet article
Repost0

Dans le Bibliothécaire : CHEMIN DES ORMES d'Isabelle KNUTS

Publié le par christine brunet /aloys

Dans le Bibliothécaire : CHEMIN DES ORMES d'Isabelle KNUTS

CHEMIN DES ORMES / Isabelle KNUTS.- Barry : Chloé des Lys, 2013.- 133 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-733-6.- 19.30 €.-

L’auteure : Isabelle Knuts écrit depuis son adolescence. Elle est née à Dinant et, depuis toujours, elle lit énormément, approfondissant son goût marqué pour la littérature, qu'elle soit française ou étrangère. Elle a suivi des études de secrétariat de direction à Liège, dans le but de décrocher un emploi lui permettant de s'adonner à sa passion durant ses loisirs, ce qu'elle a fait sans modération.

Pendant des années, elle a rédigé son journal et composé des nouvelles. Le Chemin des Ormes est le premier récit qu'elle a publié.

L’ouvrage : Isabelle a presque sept ans quand elle rencontre Pierrot, un "grand" de dix ans passés. Il va enchanter ses étés à venir, de la découverte émerveillée de la nature aux fantaisies mutines de son humour sans com- plexes, jusqu'à l'accident, quand elle a quinze ans.

Elle doit renoncer à ce qui n'était encore qu'un rêve et vivre avec l'absence, des années durant, avant de pouvoir enfin trouver la paix avec elle-même. Ce livre est construit comme un journal intime... Un retour aux sources d'une adulte qui surmonte l'approche d'un anniversaire bien triste en déroulant son passé . Retour à l'enfance, aux souvenirs joyeux et parfois moins qui l'ont construite. Nous avons tous ces souvenirs qui reviennent sporadiquement, par bribes...

Une maison de campagne, des copains de jeu, des courses dans les champs ou dans les bois, des instants d'émerveillement ou de tristesse, des moments de joie ou de déception, des regrets qui taraudent aussi et que l'on voudrait exorciser. C'est le temps des premiers émois amoureux, des premières jalousies aussi. La narratrice écrit à Pierre, un garçon de dix-huit ans mort il y a longtemps...

bientôt 18 ans... "Des missives thérapeutiques", comme elle les définit. Solitaire, en proie aux regrets de ce qui aurait pu être si..., elle évoque des instants qui l'ont marquée. Elle prend à témoin le jeune homme, cherche à susciter une réaction, agit comme s'il vivait encore et pouvait être encore ému. Elle tente d'obtenir le pardon pour, enfin, trouver le repos ou accep- ter de vivre... En filigrane, on comprend qu'elle croit (ou veut croire) au surnaturel, à la présence des êtres aimés aux côtés des vivants. Le lecteur est pris dans le tourbillon des images personnelles, des souvenirs, des doutes. L'écriture simple nous entraîne, à notre tour, dans des souvenirs mis de côté par la vie. On se prend à remonter le temps, on se souvient, on oublie le texte pour une vérité plus personnelle. Un livre rempli de fraîcheur et de gravité que l'on a du mal à reposer avant la fin...

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans le Bibliothécaire : CHEMIN DES ORMES d'Isabelle KNUTS

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Dans Le Bibliothécaire : VERTIGES de Laurent DUMORTIER

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire : VERTIGES de  Laurent DUMORTIER

VERTIGES / Laurent DUMORTIER.-
Barry : Chloé des Lys, 2013.- sp. ; 10 cm.- Isbn : 978-2-87459-723-7.-

L’auteur : Présenter un auteur est toujours plus facile que de se présenter soi-même... Disons que Laurent Du- mortier oscille entre la poésie, le travail sur le texte, sur les sonorités, les émotions à travers de ses recueils- concepts d'une part et entre les romans et nouvelles, entre fantastique et science-fiction, d'autre part. Plu- sieurs nouvelles ont été publiées en revues et sur le net, quelques prix obtenus...


Le recueil : Vertiges, c'est l'amour et la mort qui sont abordés, tantôt de façon tragique, tantôt de façon cynique, de manière poétique. Il y a un jeu sur les sonorités, sur les mots, avec des textes abordables et d'autres nettement moins; la musicalité du texte est importante. Deux textes ont été écrits "à quatre mains", un troisième a été adapté sous forme musicale et un quatrième a obtenu un prix dans le cadre d'un concours.

gsl.skynetblogs.be

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans Le Bibliothécaire : VERTIGES de  Laurent DUMORTIER

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

Dans Le Bibliothécaire : SPIRALES URBAINES de Carine-Laure DESGUIN

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire : SPIRALES URBAINES de  Carine-Laure DESGUIN

SPIRALES URBAINES / Carine-Laure DESGUIN.-
Barry : Chloé des Lys, 189 p. ; 14 cm.- Isbn : 978-2-87459-741-1.- 22.10 €.-

L’auteure : Née à Binche le 7 février 1963, Carine-Laure Desguin aime sourire aux étoiles et dire bon- jour aux gens qu’elle croise. Cette lauréate de plusieurs prix littéraires (nouvelles, slam, poésies) est l’auteure de plusieurs livres : —« Rue Baraka », un roman initiatique (Ed Chloé des lys, 2010) —« Les enfants du Grand Jardin », un conte surréaliste et par l’écriture et par le fond, pour adultes et adolescents (Ed Chloé des lys, 2012) —« Spirales urbaines », un recueil d’une soixantaine de poésies (Ed Chloé des lys, 2013) Carine-Laure Desguin participe à la revue trimestrielle « Les petits papiers de Chloé », et dans sa rubrique « A Charleroi, papiers de… », cette auteure très attachée à sa région, met chaque fois en évidence une facette originale de Charleroi. Ses textes et poésies se lisent aussi dans la revue littéraire « Le Spantole » et cette passionnée de mots, entrée depuis peu dans le cercle des « Artistes de Thudinie », a également donné un cours de poésies (dans le cadre des activités des séniors de la ville de Charleroi). Plusieurs de ses textes et poésies furent sélectionnés pour participer à des recueils collectifs.

En décembre 2011, son expo de textes à la salle La Braise (Charleroi) remporte un beau suc- cès. En octobre 2012, elle participe à la création du premier salon du livre de Charleroi qui prend dès lors ses quartiers chaque année, dans les très belles salles de la bibliothèque Marguerite Yourcenar de Marchienne-au-Pont.

En mars 2013, le texte « Dans les rues de Charleroi » devenu « Cabaret-Vert » est mis en musique par Ernest Hembersin et figure sur le CD « Cabaret-Vert » du groupe Ablaze. Le même texte avait été exposé pendant huit semaines sur les grandes fenêtres de la brasserie Les templiers (Passage de la Bourse) durant l’automne 2011. Car c’est bien là un des leitmotivs de cette audacieuse aventurière des mots, donner du mouvement aux textes… Mai 2013, Carine-Laure Desguin participe à Art balade, parcours artistique à travers toute la ville de Charleroi, les commerçants exposent peintures et aquarelles. Carine-Laure Desguin expose trois de ses textes. Entre deux activités, cette intrépide participe à l’émission actu-tv-google et interviewe des artistes qu’ils soient issus de la sphère littéraire, théâtrale, ou autre. Actuellement, Carine-Laure Desguin travaille sur trois projets littéraires, parmi lesquels l’adaptation théâtrale de « Rue Baraka ». La parution de son roman policier « La lune éclaboussée, meurtres à Maubeuge », est prévue pour fin 2014. Sur le blog http://carinelauredesguin.over-blog.com, palmarès, press book et tous les événements aux- quels participe l’auteur. Contact : carinelauredesguin@gmail.com

Le recueil :


Spirales urbaines, une soixantaine de poésies, et six mouvements qui se dessinent : Les oi- seaux des villes, Transit, Les éclectiques libertés, Sans jamais se le dire, Les équinoxes flamboyantes, Les troubadours des sables. Dans chacun des mouvements, des textes primés. C’est souvent l’humain qui jaillit au milieu de ces textes et le style surréaliste s’affirme, au fur et à mesure que vous déroulerez ces spirales… « Spirales urbaines, c’est un feu d’artifice, de couleurs, de questions, et d’images. Les poésies sont solaires, denses, et lumineuses, pétillantes et pétulantes, profondes et aériennes. Riches d’émotions et de contrastes, ces phrases se partagent. Les mots prennent forme, bavardent, se rafraîchissent…Avec des poésies un peu foldingues, Carine-Laure Desguin a inventé un rythme et une musique bien à elle ».

Page 110 :

« … Saurons-nous tout des miroirs

Eteints qui chapeautent l’orée des bois,

Quand se décortique au petit matin,

Dégoulinante, la source du savoir

Au goût amer et hors-la-loi ?... »

Page 167

« …Alors, de la limaille de sève ruissela,

Roula sans rimmel, en petites larmes

D’oiseaux de paille,

Sur la plus haute branche… »

carinelauredesguin.over-blog.com

Le BIBLIOTHECAIRE

ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES BELGES D'EXPRESSION FRANCAISE association sans but lucratif

Revue libre publiée sans aucune subvention.
Courriel : dagneau.michel@skynet.be
Editeur : M. DAGNEAU B - 1470 GENAPPE
Vente au numéro : Belgique
: 14,00 € Étranger : 17,00 €

Dans Le Bibliothécaire : SPIRALES URBAINES de  Carine-Laure DESGUIN

Publié dans articles

Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 > >>