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E16, Christine Brunet, l'avis de Laure Chiron sur http://crepusculaires.com/univers/

Publié le par christine brunet /aloys

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http://crepusculaires.com/univers/

 

 

Résumé:

Londres.  Les découvertes macabres s’enchaînent. Un coupable tout trouvé, Nils Sheridan, patron de la nouvelle police européenne, dont le passé d’activiste ressurgit comm
e un coup de tonnerre. Coupable ou innocent ?Le face à face entre policiers se transforme vite en un jeu du chat et de la souris hasardeux tandis que la liste des victimes s’allonge. Les coups bas s’accumulent au fil des heures. Les mâchoires de la haine se referment inexorablement sur des personnalités troubles engluées dans leurs contractions. Entre passé violent et présent houleux, une enquête qui entraînera désillusions et destructions dans son sillage.


Mon avis 

 

Mes retrouvailles avec l'équipe de Nils Sheridan ont été, je dois l'avouer, un peu laborieuses... Il s'était passé quelques temps depuis ma dernière lecture de ses pérégrinations, ma mémoire m'a fait un peu défaut. Et puis la plume de Christine Brunet est entrée en jeu, et je m'y suis laissée prendre.

 

Cette fois, c'est Monsieur-tête-à-claques lui même qui se retrouve encore une fois dans un pétrin inimaginable, dont il est le principal suspect. Qui, dans ce cas, va lui botter les fesses si ce n'est Axelle de Montfermy, qui revient de sa "retraite" pour traiter le dossier. Tâche ô combien difficile pour cette femme inflexible, dont le passé amoureux houleux avec un Nils au charme vénéneux, que j'imagine attirant et sexy malgré une description peu flatteuse... Peut être est-ce cela qui la pousse à se donner à fond dans cette enquête : elle domine, elle mène le bateau quel que soit le port de destination et son équipe doit suivre, sans piper mot. 

 

Dans chaque quartier de Londres, où se déroule l'enquête, on est face à une femme plus déterminée que jamais, inflexible et parfois cassante. Un peu comme Nils en fait, j'ai trouvé des points communs entre leurs deux personnalités. Qui se ressemble s'assemble dit-on !Ce quatrième opus nous offre de l'action non stop, j'ai été en apnée du début à la fin, l'ayant même lu d'une traite pour avancer, encore et toujours, aussi déterminée qu'Axelle pour aller au bout de cette enquête. De changements de direction en élément perturbant mes déductions, je n'ai pas eu un moment pour souffler. La fin nous offre un cliffhanger qui amène forcément une suite et... Je peux vous dire que j'ai hâte !! Alors Mme Brunet, à quand la suite ?

Publié dans avis de blogs

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Dérapage, un texte de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

Le but du jeu était de choisir une photo de bandits australiens

et d'écrire un texte à propos de cette photo.

 

DÉRAPAGE

 

photo-police-sydney-australie-mugshot-1920-006.jpg

 

Elle s'appelait Adelaïde Matthews. Elle était fille de pasteur et cuisinière chez les Smith. Son bonheur, c'était de transformer les repas en des moments de fête. Les Smith la complimentaient au sujet de ses petits plats et cela lui faisait oublier qu'elle n'était ni bien jolie ni bien riche. Quand, pour servir à table, elle revêtait son tablier blanc garni de dentelle anglaise, elle se trouvait quelque grâce. Ses yeux bruns souriaient lorsque les enfants, John et Mary, se pourléchaient les babines, lorsque, l'air gourmand, ils quémandaient un morceau de gâteau, lorsque des invités disaient : "Adelaïde, vous êtes un vrai cordon-bleu !" Sa plus belle récompense, c'étaient les baisers des deux enfants.

 

Cet été 1924, son existence fut bouleversée par l'arrivée de Tom, 12 ans, qui était le neveu des patrons et qui surnomma aussitôt Adelaïde, "le corbeau". Ce garçon effronté s'amusait à faire rouler des œufs sur la table de cuisine, à cacher les pots d'épices, à vider la salière dans une sauce, à courir au jardin en emportant la casserole dont elle avait besoin. John et Mary trouvaient ces comportements fort comiques. Parfois, Madame, avertie par les cris des enfants, venait gronder Tom mais il continuait ses persécutions.

 

Madame demanda à Adelaïde de patienter : "Cet enfant est malheureux. Sa mère est gravement malade. Soyez compréhensive."

 

La vie était devenue si difficile à supporter ! Pourtant, pour plaire à sa maîtresse, Adelaïde encaissait sans broncher jusqu'au jour où Tom, ouvrit le four et y lança des grains de poivre, en criant : "T'es pas un corbeau, t'es une sorcière !" Adelaïde, la douce, la placide Adelaïde empoigna Tom et le poussa à l'intérieur de l'antre brûlant.

 

Ce matin-là, le gamin et la femme avaient franchi les portes de l'enfer, chacun à leur façon…

 

 

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

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Publié dans Nouvelle

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Une nouvelle d'Alain Magerotte : Qu'est-il arrivé à Zorro, 2e partie

Publié le par christine brunet /aloys

 

A. Magerotte Tous les crimes sont dans la nature

Qu'est-il arrivé à Zorro, 2e partie

 

Pour l’instant, je n’ai pas progressé d’un poil de moustache dans ma recherche mais, foi de Garfield, je finirai par mettre la main sur ce chat noir avec un médaillon blanc sur la gorge, sur ce Zorro… je retournerai tout le pays s’il le faut, je suivrai la moindre piste sauf… si elle me conduit dans le Massif Central où, je m’interdis de séjour. Parce que là-bas, même un chat n’y retrouverait pas ses jeunes. Alors, moi… questionner les autochtones… il y a des «cha» partout, dans chaque bout de phrases.

«Cha ne peut plus durer comme cha… cha chuffit, maintenant…. Cha commence à bien faire… crois-moi quand je dis qu’une poule cha pond et un chapon, cha pond pas !» 

Question de «hauteur», je me retrouve plutôt au pied du Puy-de-Dôme qu’au sommet. 

Mais non, je ne rêve pas… là-bas, au bout de la rue, une superbe créature ondule de la croupe. Je la reconnais… j’ai là, dans ma ligne de mire, ladies and gentlemen, «Catwoman» herself !

Que fait-elle en ces lieux ? Est-elle en quête d’un super matou ? Dans ce cas, Zorro ferait bien l’affaire, du moins si je m’en réfère aux photos. Mais, au fait, ils se connaissent peut-être déjà… il lui a refilé un rencard. Suivons «Catwoman», it’s perhaps interesting...

La féline ne sait pas que je suis sur ses… coussinets; eh oui, c’est tout un art, l’espion aux pattes de velours en est même jaloux.

Cette balade se termine… au zoo. Comment n’y ai-je pas pensé ? Suis-je bête… je n’ai aucune excuse parce que j’ai vu le film. Il est évident que le lion de la Goldwyn Mayer, ou la panthère de René Château, sied mieux à son standing qu’un vulgaire chat de gouttière. J’abandonne «Catwoman» à son rendez-vous et peste contre mon manque de jugeote. Je devrais boire un coup d’eau pour m’éclaircir les idées. J’avise un Carrefour où j’entre pour acheter de la Contrex.

Je n’ai pas fait trois pas dans la boutique quand je repère une vieille connaissance au rayon «aliments pour chats»… Ginette Danville !

Que fait-elle là ? Pacha aurait-il réintégré le logis ? En tous cas, la mémère ne lésine pas sur la qualité de la marchandise, elle achète des boîtes de Gourmet. Le retour du chat fugueur, ça se fête dignement dans la chaumière.    

Je la laisse vaquer à ses emplettes et vais chercher ma bouteille que j’extrais d’un pack. Nous nous retrouvons à faire la file à deux caisses différentes. Ginette Danville a un client d’avance sur moi et ne m’a toujours pas aperçu. J’observe cette femme à la dérobée. Cette femme qui ne ressemble plus à celle au cœur en lambeaux que j’avais rencontrée la semaine passée. Elle est toute pimpante; le retour de Pacha lui a rendu une félicité qui irradie sous la lumière artificielle du magasin.

Quand arrive mon tour à la caisse, elle quitte les lieux. J’ai vite fait de régler mon achat. A peine sorti, je décapsule la bouteille pour porter le goulot à mes lèvres. Une bonne rasade d’eau et le ciboulot tourne à nouveau à plein régime. J’enfile un raccourci pour me rendre chez Ginette Danville qui, à son retour, me voit l’attendre en faisant les cent pas devant son immeuble. A ma vue, elle devient plus pâle que Michaël Jackson. Par sa réaction, elle en viendrait à me faire douter de la normalité de mes traits. O.K., on ne s’est plus vu depuis une semaine, mais ai-je changé au point de provoquer une telle frayeur ? En me rasant ce matin, j’ai juste remarqué, sur l’aile gauche du nez, un «début de bouton» que je m’empresserai de presser ce soir… vraiment pas de quoi fouetter un chat.

Non… le brusque changement de couleur épidermique de Ginette Danville n’est pas lié à mon faciès… il est plutôt dû à ma présence gênante… parce que Ginette Danville, j’en suis certain à présent, cache un terrible secret. Et moi, je vous le livre ce terrible secret : ces boîtes de Gourmet ne sont pas destinées à Pacha, mais à Zorro !… Thank you, Contrex.   

« Monsieur Garfield, quelle bonne surprise… vous… vous avez de nouveaux éléments concernant la disparition de Pacha ? » questionne-t-elle sur un ton presque suppliant.

Ginette Danville croit me duper alors que sa question me conforte dans mon idée, elle est même un aveu. Comme je n’ai pas l’intention de jouer au jeu du chat et de la souris, je lui rétorque d’un air grave, à mille lieues de ma désinvolture légendaire :                    

«… Auriez-vous quelques instants à me consacrer ? »        

« Il n’est rien arrivé de mal à mon tigré, j’espère… rassurez-moi tout de suite » fait-elle d’une voix cassée. Je retrouve la Ginette Danville éplorée de la semaine dernière avec… la sincérité en moins. Elle commence à tousser, agitant son corps de violents soubresauts… juste pour augmenter le pathos de sa prestation.  

« Je ne sais pas… figurez-vous que j’ai cru que Pacha avait réintégré votre domicile…

- Qu’est-ce qui vous a fait croire ça ?

- Les boîtes de Gourmet que vous avez achetées…

- Les boîtes de… mais que… que signifie ?

- J’étais également à Carrefour tout à l’heure…

- Oui, je l’avoue, Monsieur Garfield… depuis la disparition de Pacha, je continue de m’approvisionner en boîtes de Gourmet, me donnant ainsi l’illusion qu’il est toujours là. »  

Un chat ne retomberait pas mieux sur ses pattes. Je ne me laisse pas berner pour autant.

« Ne serions-nous pas plus à l’aise pour parler de tout ça chez vous ?

- Je n’ai pas encore eu le temps de faire le ménage, ça me gêne un petit peu…

- Je ne m’en formaliserai guère, quand j’ai une affaire en tête, je ne vois qu’elle et rien d’autre.

- Vous insistez pour rentrer ?

- J’insiste pour rentrer.

- Vous avez bien réfléchi ?

- J’ai bien réfléchi.

- C’est votre dernier mot ?

- C’est mon dernier mot.

- Dans ce cas, rentrons !

- C’est cela, rentrons !

- Vous essuierez vos pieds sur le paillasson ?

- J’essuierai mes pieds sur le paillasson.

Les dix lignes qui précèdent démontrent combien la résistance de Ginette Danville fut héroïque. Dans notre époque commémorative, il est impératif de souligner une telle attitude et de la répercuter afin que le souvenir demeure, quand la plupart des témoins de cette joute oratoire auront disparu.  

Zorro est arrivé, sans se presser, d’une démarche souple, après que Ginette Danville ait ouvert la porte. Il ronronne en se frottant contre elle pour se faire gâter. La femme, ne sachant quelle attitude adopter, m’interpelle du regard, attendant un signe favorable qui l’autoriserait à répondre au désir du chat. J’acquiesce de la tête… je ne suis pas chien.

Après avoir rempli la gamelle de Zorro pour la dernière fois, avant que je le ramène chez sa propriétaire, Madame Lecloac, Ginette Danville me propose une tasse de café que je refuse. Par contre, je demande un récipient pour y verser de l’eau de ma bouteille de Contrex… ça lui évitera de me fournir une explication sur sa conduite. 

Une fois le verre lampé, je comprends la raison de l’acte abominable perpétré par Ginette Danville : elle a enlevé Zorro afin de mettre un terme à ses crises de larmes; le chat ne possède-t-il pas la vertu d’être un «bouffeur de chagrins» ?  

« Et maintenant, Monsieur Garfield… je présume que vous allez me livrer à la police pour qu’elle me jette en prison ? demande-t-elle d’une voix blanche.

- Etant donné les circonstances et vu le bon traitement dont a bénéficié Zorro, je n’en ferai rien…

- Oh, merci, merci beaucoup… et… pour Pacha, comptez-vous poursuivre les recherches ?

- Bien entendu…

- En attendant son retour… que me conseillez-vous ?…

- De vous méfier des buveurs d’eau ! »

Quand je sors de chez Ginette Danville, it’s raining cats and dogs.

 

Alain Magerotte

Nouvelle extraite de "Tous les crimes sont dans la nature"

Alain

Publié dans Nouvelle

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Une nouvelle d'Alain Magerotte : Qu'est-il arrivé à Zorro, 1ere partie

Publié le par christine brunet /aloys

QU’EST-IL  ARRIVÉ  À  ZORRO ? Première partie

 

Dans le milieu des fouille-merde, où je m’applique à retrouver les chats de mémères en détresse, on me surnomme Garfield… Garfield, ça me plaît au point d’avoir presque oublié mon véritable patronyme. Je pense à John Garfield, un acteur américain qui a joué dans la première version du film «Le facteur sonne toujours deux fois»… les américains sont les spécialistes des films noirs… les gangsters, les femmes fatales, les «privés»… bon, je l’admets, passer son temps à rechercher des chats, it’s not very serious… donc pas américain… je m’en fous, je ne suis pas américain. En réalité, si on me surnomme Garfield, ce n’est pas en référence à l’acteur ou à mon goût prononcé pour le polar, mais plutôt à ma spécialité… do you understand ?    

« Allô, Monsieur Garfield ?… Madame Lecloac à l’appareil, venez tout de suite, il y a urgence… »

Si Madame Lecloac me demande de rappliquer dare-dare, ce n’est pas pour me montrer ses photos de vacances… j’ai eu l’occasion de les admirer la semaine dernière. Elle les réussit plutôt bien. Un concours de circonstances. Non pas qu’elle réussisse ses photos, mais le fait de les avoir déjà vues. C’était chez Ginette Danville où se trouvait Madame Lecloac. Ce sont deux amies. Ginette Danville m’avait contacté parce qu’elle avait perdu Pacha, son chat, un beau rouquin tigré.

Malgré la vue de clichés remplis de soleil d’un séjour hellénique enchanteur, Ginette Danville demeurait inconsolable. Ce fut donc avec une discrétion de femme adultère que Madame Lecloac et moi, nous nous sommes esbaudis devant l’Acropole et le Parthénon. A ce jour, je n’ai toujours pas retrouvé le tigré.

Dès que je pointe mon nez chez Madame Lecloac, la malheureuse se jette sur moi comme les clients d’un grand magasin sur les soldes. Son rimmel, refoulé par des larmes sincères, coule sur ses joues encore cuivrées de son escapade grecque.

« Zorro, mon chat, il a disparu ! »

Madame Lecloac a revêtu un peignoir en éponge de couleur bleue, unique frontière entre sa peau et votre serviteur. Elle se blottit si fort contre mon corps d’athlète que j’appréhende le moment où elle me fera le coup éculé de la vieille toujours compétitive qui désire, pour se consoler, s’offrir une gâterie avec un gars dans la force de l’âge. Je sens, en effet, la fermeté de ses bonbonnes à oxygène.

Malgré les atouts corporels de Madame Lecloac, je ne m’imagine pas faisant une partie de jambes en l’air avec une dame ayant atteint le troisième âge, même si c’est depuis peu. Les vieilles, je les vois plutôt faire sauter leurs petits-enfants sur les genoux ou fabriquer des confitures… et non des galipettes au fond d’un boudoir.

Madame Lecloac relâche enfin son étreinte, pose ses mains sur mes robustes épaules, et me dit, la voix déformée par le chagrin :

« Je vous en conjure, Monsieur Garfield, retrouvez mon Zorro ! »

Parfait, nous resterons concentrés sur le but de ma visite. Dorénavant, que les choses soient nettes; pas besoin de jouer les Marilyn pour me convaincre de m’occuper de la disparition d’un minet, quelle que soit sa race… persan, birman, scottish fold, british shorthair, tonkinois, american curl, russian blue ou, chat de gouttière… it’s my business, après tout.

Madame Lecloac aperçoit une touffe de poil sur le tapis. Elle la ramasse pour la malaxer, pensive, entre ses doigts. Je me dis qu’on est reparti pour une crise de larmes. Remember when…

Il n’en est rien. Le fait de prendre du poil de la bête l’a ragaillardie. Aussi, se dirige-t-elle, déterminée, vers un secrétaire qu’elle ouvre pour farfouiller dans une pochette en plastique dont elle extrait des photos de l’animal. Zorro est un chat de gouttière. Il est noir avec un médaillon blanc sur la gorge.

Madame Lecloac disparaît ensuite dans la salle de bains pour enfiler une tenue moins suggestive. A son retour, elle me propose un verre de Brandy que je refuse. Par contre, je demande un verre d’eau. Rien de tel pour faire fonctionner les méninges.

Je parcours à nouveau les clichés du chat. Madame Lecloac prépare un chèque, un geste qui me remplit d’une intense émotion à chaque fois.

Je glisse le précieux papier, sur lequel sont alignés quelques zéros, dans ma poche, ainsi qu’une photo du félin. Par égard au montant qui m’a été octroyé, j’entreprends mes recherches immediately en me rendant chez le voisin, le bien nommé Maroille.

Le type, chemisette blanche à la tonton Marcel, bretelles Mickey pour retenir un futal gris, jauni le long de la braguette, les joues rosées d’Anjou et truffe torchée au beaujolpif, me reçoit dans un gourbi où l’air frais a fui la concentration des mauvaises odeurs. Je surprends le gaillard en flagrant délit de voyeurisme télévisuel. En clair, pas besoin de décodeur, Maroille se dégourdissait le manche en se tapant un porno.

Je ne m’en formalise guère, étant juste gêné d’avoir interrompu une séance libidineuse si relaxante. I am sorry.

« Ainsi donc, la mère Lecloac a perdu son chat, lance le bonhomme, ça ne vous empêchera pas de boire un coup » ajoute-t-il en me servant un verre aussitôt.

« Après la soupe, un coup de vin préserve d’un écu au médecin » se croit-il obligé d’ajouter pour se justifier.

J’apprends que le zigue n’est pas un adepte de la grande migration. Il ne s’autorise qu’à passer de la salle à manger à la chambre à coucher avec un détour forcé par la cuisine où, près du frigo, s’amoncellent des cadavres de bouteilles de rouge. De plus, ses courses sont faites par Madeleine, la fille des Poirier qui habitent l’étage du dessous. En échange, la gamine s’achète des friandises au moyen de l’argent que donne Maroille en remerciement du service rendu.

« Vous savez, M’sieur Garfield, Zorro est un matou, un vrai, un tatoué… et moi, je m’intéresse qu’aux chattes comme vous avez pu le constater en arrivant… encore un verre ? »

Afin de ne pas m’enliser davantage dans les eaux troubles du sexe, ajoutées aux vapeurs enivrantes de l’alcool; désireux également d’élever le niveau de l’enquête, je prends congé de Maroille. 

Etape suivante : les Poirier précisément. Là, j’atterris dans un autre univers. Pour un qui voulait prendre de la hauteur, je suis servi… il y a un crucifix dans chacune des pièces. En outre, la maîtresse de maison apporte son écot à cette «propreté spirituelle» en distillant à grands coups de produits d’entretien, des odeurs opposées à celles qui m’ont agressé chez Maroille. Tout ici est propre, bien rangé; la maîtresse des lieux obligeant même ses visiteurs à ôter leurs chaussures.

Les Poirier sont propriétaires de leur appartement qu’Edgar, le father, rembourse à tempérament… logique pour un chaud lapin qui héberge trois mouflets sous son toit. Mathieu, Marc, et Madeleine dont j’ai déjà parlé. Des prénoms bibliques… normal, is’nt it ?

J’ai un peu de temps devant moi, le leader ne sera visible que d’ici une dizaine de minutes. Il prend un bain pendant que son épouse récure la cuisine équipée dernier modèle. La fée du logis me sert un verre d’eau que je bois cul sec. Les effets bénéfiques de la flotte sur mes neurones ne tardent pas : je comprends, à la vue des enfants Poirier, que dans cette piaule, j’évolue dans un monde cher à Feydeau et à Dieu.

Voilà un parallèle qui risque de provoquer un tsunami dans les bénitiers.

D’accord, autant le mécanisme des fables vaudevillesques, tournant autour de la trilogie «mari/ femme/ amant», est simpliste, autant celui de la Sainte Trinité, mettant en scène le trio «Père/ Fils/ Saint-Esprit», est complexe.

Mais, au bout du compte, la différence tient à peu de choses… à un placard ! Dans les comédies, l’amant s’y réfugie pour se cacher du mari; de l’autre côté, le bouillant Saint-Esprit batifole en toute impunité depuis des siècles et des siècles, amen… et surtout ailleurs.

Que de jeunes filles n’ont-elles invoqué son intervention… c’est ce qu’a dû faire la mère Poirier pour Madeleine. Car, si Marc et Mathieu se ressemblent, la troisième n’a rien de commun avec ses frérots. Calotin en diable, le chef de clan a dû interpréter ce dérapage comme un cadeau du ciel.

Quand paraît Edgar Poirier, dans sa robe de chambre en satin, je lui demande s’il est au courant du drame vécu par Madame Lecloac. Il donne sa langue au chat et, c’est comme une révélation. Non pas que je le prisse pour Dieu, mais un homme capable d’un tel sacrifice, ne peut se montrer cruel en séquestrant un animal. Je quitte donc ce lieu saint, éliminant, par la même occasion, de ma liste de suspects, Dick Rivers qui ne s’intéresse qu’aux chats sauvages, et Philippe Geluck dont le chat est doté de la parole… I suppose que Madame Lecloac n’aurait pas négligé pareil détail concernant Zorro.  

(Fin 1ere partie. La suite demain !!!!!!)

 

Alain Magerotte

Nouvelle extraite de "Tous les crimes sont dans la nature"

A. Magerotte Tous les crimes sont dans la nature



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En passant par Israël, Mireille Pierson, avis de blogs http://rambalh.blogspot.fr/ et http://auxpitybouquins.wordpress.com/

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes2/passantisraelrecto.jpg
On suit Laura, une jeune femme suisse, depuis sa naissance jusqu'à ce qu'elle aboutisse enfin à une sorte de paix intérieure. C'est une jeune femme qui, dès son arrivée au sein de sa famille, va vivre des instants terribles, beaucoup plus nombreux et horribles que ceux que la plupart des hommes vivent à commencer par un père joueur, dépressif qui va se suicider alors qu'elle est adolescente, en pleine période de Noël. Elle va affronter sa vie, la fuir souvent, la vivre à travers des voyages, des aventures, des rencontres. Ces nouveaux horizons s'offrant à elle vont lui permettre d'avancer, de se reconstruire, de grandir et de trouver la force d'affronter les obstacles pour ne retenir que le meilleur.

Ce roman est un de mes coups de cœur de cette fin d'année. Une histoire simple, sans prétention, vraie, poignante et captivante. La plume de Mireille Pierson est simple, pas d'enrobages inutiles, pas de guimauve autour du malheur de Laura pour faire passer la pilule : c'est brut, c'est direct et ça permet de donner une bonne claque au lecteur.
Laura est une femme qui détonne par sa capacité à aller de l'avant malgré ses fuites régulières : au départ, elle a besoin de voyager pour s'échapper de sa vie, de son quotidien, de ses problèmes mais lorsqu'elle finit par aller mieux, ses voyages ne sont plus que sa passion de l'inconnu, du nouveau et renouveau. J'ai passé chaque page à me soucier de Laura, à vouloir l'aider à ouvrir les yeux sur l'horrible Djon, à essayer de lui dire de cesser de courir, à lui dire qu'elle n'était pas seule... C'est cette capacité à nous faire plonger dans cette histoire comme ça qui fait de ce roman un bon roman : on est touché, on veut aider Laura et la protéger pour qu'elle puisse enfin souffler et avoir droit à sa part de bonheur largement méritée. Elle a un cœur immense, elle partage et donne même le peu qu'elle a sans rien attendre en retour et c'est ce qui fait de Laura une véritable héroïne.

Grâce à Laura, on voyage, on découvre de nouvelles cultures mais surtout, on apprend à accepter et à vouloir s'immerger dans ces découvertes. Lorsqu'elle arrive dans un pays, ce n'est pas pour y faire bêtement du tourisme mais bien pour y vivre. En Israël, elle travaille, elle traverse le pays, elle apprend à vivre au rythme des israéliens, elle prend un peu de cette culture pour commencer sa reconstruction. Elle vit comme eux : elle entend les bombes mais ne reste pas cloîtrée, à quoi bon ? Elle a la chance de ne pas vivre de scènes de guerre et de connaître l'Israël autrement que de par son conflit.
Son année aux États-Unis marque en quelques sortes le dernier voyage de la construction des nouvelles fondations de sa vie. Là aussi, elle a eu droit à son lot de malheurs mais encore une fois, elle ne garde que le meilleur : les rencontres, les découvertes, les pas en avant. Elle y fait d'ailleurs un grand pas dans le périple du développement personnel puisque c'est là qu'elle commence à y prendre goût. Elle continuera d'ailleurs une fois rentrée chez elle, en Suisse, auprès de sa mère et de ses sœurs.

J'avoue qu'arrivée à la fin du roman, je voulais en savoir plus. Laura finit par se réconcilier avec son existence et je voulais voir ce que ça donnait... Mais en y réfléchissant, je préfère ne pas savoir : elle a accepté de partager une grosse partie de son intimité à travers la plume de Mireille Pierson et il est normal qu'on ne plonge pas dans la suite de cette intimité... Cependant, Mireille m'a quand même soufflé que les voyages de Laura ne s'étaient pas arrêtés, bien au contraire, et que la fin du roman prend son sens pour la suite des aventures de Laura :

« Quand on ose franchir certaines portes, la magie de la synchronie ouvre d'autres portes pour nous aider. Alors persévérons même si parfois c'est difficile.
Oui, osons faire de belles choses, combattre la honte et le regard des autres.
Soyons toujours sourds quand quelqu'un nous dit que l'on ne peut pas réaliser nos rêves. »


Elle a déverrouillé des portes et les a franchies, Mireille Pierson nous transmet son témoignage et nous ne pouvons qu'espérer être capables de faire la même chose. J'ai lu ce roman en plus d'une semaine, non pas parce que ce fut dur mais plutôt parce que j'ai pris le temps de réfléchir à travers les aventures de Laura : ses voyages, ses aventures, ses belles rencontres... Tout ça donne une irrésistible envie de bouger, de s'évader et de partir comme elle, avec un sac à dos, de bonnes chaussures et surtout une soif de découverte. Même le plus petit détail peut donner envie : Mireille Pierson m'a confié avoir demandé à ce que les pages de ce roman soient faites de papier recyclé... Je trouve que ce genre d'initiatives marque clairement les choix que l'on peut faire, les engagements que l'on peut prendre afin de faire de sa vie la plus belle chose qu'il soit.

Je remercie les Éditions Chloé des Lys pour ce partenariat, je remercie Mireille Pierson d'avoir couché une si belle histoire sur le papier et de me l'avoir faite découvrir et surtout, je remercie Laura d'avoir partagé des moments si intimes de sa vie... J'ai tellement aimé ce livre que je me suis ruée à la séance de dédicaces qui se déroulaient à côté de chez moi pour me le procurer officiellement et le faire découvrir à ma mère.
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Mon avis :

Tout d’abord je voudrais remercier les éditions Chloés des lys et le forum accros et mordus de lecture pour ce petit livre peu ordinaire et très intéressant.

À travers ce roman, « en passant par Israël » nous suivons une jeune suissesse du nom de Laura, benjamine d’une fratrie de trois sœurs. Ses parents n’ont pas beaucoup d’argent et elle grandit dans une ambiance familiale perturbée par la descente aux enfers d’un père absent, alcoolique et accro aux jeux d’argent. Un père qui finit par se suicider un soir de Noël alors qu’elle n’est encore qu’une adolescente. Fortement déstabilisée par cette mort tragique, sa vie de jeune adulte est très difficile. Elle supporte mal les boulots stables, elle dit qu’elle y étouffe et trouve dans le voyage, ou plutôt la fuite, un moyen de s’évader de son quotidien. Même si elle fait du tourisme, elle voyage pour découvrir le pays qu’elle visite. Elle s’y installe plusieurs mois, voire une année pour y travailler, connaître la société et faire des rencontres. Pour Laura ces voyages sont une façon de poursuivre son épanouissement personnel vers la quête de son propre bonheur. Mais voilà, c’est une jeune fille qui a bon cœur, qui partage facilement et qui tombe aisément dans les griffes de personnes mal intentionnées. Concernant sa vie amoureuse, elle ne rencontre que des hommes qui ne savent pas prendre soin d’elle ou qui la manipulent et se retrouve devant des choix impossibles qui la marqueront à vie, la poussant même jusqu’à une tentative de suicide. Repoussée par son père, trahie par ses amoureux et atrocement manipulée par Djon. Son salut réside dans le voyage et dans les rencontres qu’elle y fait car au final c’est lors de l’un d’entre eux qu’elle finit par s’initier à la spiritualité et à la connaissance de soi qui la délivreront peu à peu de son passé tragique.

L’écriture est fluide et légère mais je ne suis pas complètement entrée dans le roman. Les situations tragiques qui se succèdent, les mauvaises rencontres, les plusieurs tentatives de viol dont l’héroïne fait l’objet, tout cela manque de vraisemblance. Son histoire ressemble à un résumé des violences que l’on peut faire à une femme, c’est trop pour une seule vie ! Les personnages secondaires, bien que travaillés, manquent de profondeur et réagissent de façon un peu téléphonée. Concernant les voyages de Laura, j’aurais aimé en savoir plus sur les pays en question, les traditions, les personnes et les situations qu’elle a pu vivre. L’auteur nous fait souvent une longue liste des endroits ou des monuments qu’elle visite sans entrer dans les détails. La liste s’étiole, divulguant là, certes, un gros travail de recherche, mais plus digne d’un guide touristique que d’un roman initiatique.

Malgré toutes ces invraisemblances et cette écriture parfois un peu terne j’ai trouvé plaisir dans cette lecture. Je ne cache pas que ce qui m’a touchée c’est la force intérieure de Laura. Malgré les drames, les galères et les humiliations, elle reste debout. Elle n’a pas d’à priori, laissant sa chance à chacun de lui apporter le bonheur qu’elle recherche. Elle est fraîche et naïve. Par un habile jeu des sentiments l’auteur arrive à nous faire ressentir de la compassion pour Laura, je me suis prise plusieurs fois à pester à haute voix, dans l’intimité de mon canapé, contre ce Djon … « mais laisse tomber Laura, tourne la page ! » sous le regard ahuri de l’homme qui partage ma vie ! On ressent un vrai attachement à cette jeune fille, à ce qu’elle est, à ce qu’elle vit. Le cheminement spirituel de la protagoniste est subtilement amené par une foison de regards extérieurs, une rencontre, un psychologue, une amie… tous sont là pour l’aider à se comprendre elle-même, à pardonner à son père et à s’accomplir pleinement. Il n’y a pas vraiment de « Happy end » et l’on reste un peu sur sa faim, mais on laisse une Laura définitivement en bonne marche sur la voie du bonheur et ce simple sentiment suffit à nous donner le sourire lorsque la dernière page se referme sur ce joli petit roman sans prétention.

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Louis Delville : Proverbe déformé

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Couverture Louis dernière version copie

 

PROVERBE DÉFORMÉ

"Partir, c'est mourir un peu"

 

Caïus Julius l'a décidé et quand Caïus Julius décide, on se tait…

 

"Toi, que tes amis chrétiens appellent Cyrille, je te condamne à être plongé vivant dans de l'huile bouillante" !

 

La sentence est cruelle mais irrémédiable…

 

Cyrille passe sa dernière nuit avec ses compagnons enfermés comme lui dans la prison du Colisée à Rome. Il est le plus bavard, le plus gai de tous les chrétiens qui attendent le bon vouloir de l'empereur. Pourtant Cyrille sait que demain, il mourra dans d'atroces souffrances.

 

C'est au lever du soleil qu'on est venu le chercher. Depuis plusieurs heures, l'odeur de l'huile chaude avait remplacé celle du bois qui se consumait sous l'immense chaudron placé au centre de l'arène.

 

Caïus Julius a fait son entrée dans le cirque et une longue clameur l'a accueilli.

 

Cyrille avance fièrement. Il a voulu marcher seul, sans contrainte. Il a refusé l'aide pour monter sur la plate-forme qui surplombe l'huile bouillante. Cyrille se signe rapidement et l'empereur lève le bras droit qu'il laisse retomber aussitôt. Cyrille a fait un pas et est tombé droit comme une colonne de marbre. Il disparaît quelques instants puis son corps remonte à la surface sans un bruit.

 

Les spectateurs sont pétrifiés, il n'y a pas eu un cri, pas un instant d'hésitation de la part du chrétien. Décontenancé par tant de courage, Caïus Julius a rapidement quitté le Colisée et la foule s'est dispersée.

 

C'est vers midi qu'avec précaution, on a sorti le corps de Cyrille de son cercueil liquide et encore chaud.

 

On a jeté son cadavre sur le sol et les chiens se sont approchés pour se disputer la chair de l'homme. Et ce que les chiens ont laissé, les pauvres de Rome l'ont terminé !

 

Ce 23 juin, devenu jour de la Saint Cyrille, est resté dans les mémoires. C'est d'ailleurs ce jour-là qu'est apparu le proverbe "Martyr, c'est nourrir un peu" !

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

delvilletete


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L'ange gardien, Marie-Claire Georges, avis de blogs http://rambalh.blogspot.fr/ et http://www.book-and-cook.blogspot.fr/

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/angegardienrecto.jpg
L'ange gardien est un recueil offrant 25 histoires toutes différentes, abordant des thèmes, des personnages et des époques variées. Que ce soit par l'humour, par l'émotion ou par la dureté de la vie, Marie-Claire George fait passer des messages à travers des histoires du quotidien ou encore à travers des histoires que l'on pensait connaître mais que l'on redécouvre sous sa plume. Chaque nouvelle est intéressante, chacune d'elles est unique en son genre et mérite qu'on s'y attarde.

L'écriture de Marie-Claire George est surprenante : on croit saisir sa façon d'écrire une fois une nouvelle terminée mais en fait, elle nous surprend dès la suivante en changeant de point de vue, d'usage des temps, de vocabulaire, de rythmique... Elle est telle un caméléon de la plume qui s'adapte à sa propre imagination, qui réussit à vivre pleinement ses histoires en choisissant le mot juste, la phrase qui fait qu'on plonge dans le cœur d'un personnage, le style qui nous aide à mieux nous immerger dans l'univers.

On aborde la vie quotidienne de personnes comme nous, ou presque. La nouvelle qui a donné son nom au recueil,L'ange gardien, aborde par exemple l'histoire d'Arthur, un ange, qui cherche un nouveau protégé... Il va alors jusqu'en Amérique Latine et trouve un jeune Arturo à prendre sous son aile... Seulement, Arturo est peut-être déjà l'ange gardien de toute sa famille depuis que ses parents ne sont plus là. À travers L'or de Xoliswa, c'est le combat d'une femme, une femme qui, fille d'ouvriers, a su gravir la vie en la défiant et qui s'impose désormais à la tête de l'équipe dans laquelle ses ancêtres ont travaillé.

On touche aussi du doigt le destin extraordinaire qui peut se cacher derrière le sourire courtois d'une personne. C'est l'une de mes nouvelles préférées du recueil d'ailleurs, Le sourire d'Emilie, dans laquelle une vieille dame seule se retrouve hospitalisée. C'est sa jeune voisine qui se charge alors de lui rapporter de son appartement les vêtements nécessaires... Seulement, elle ne s'attend pas à trouver tant de choses surprenantes dans l'appartement de la vieille dame : mais qui était donc l'extraordinaire Emilie Beauprès ? C'est la vieille femme elle-même qui va lui conter son histoire, une histoire qui même pour notre époque, détonne, fait rêver.

Une nouvelle m'a touchée, il y en a toujours une dans le lot qui tente de me tirer quelques larmes... C'est Il est tard et je m'en vais... On assiste aux heures qui suivent la mort d'un vieil homme : il ne regrette pas d'être mort, il regrette simplement la presque froideur avec laquelle ses filles règlent les détails. Il les regarde, aimerait bien leur donner quelques conseils avant de partir... Seulement, lorsque l'une de ses filles parle de mettre Spirou, le vieux compagnon de leur père, à la SPA parce qu'il est désormais un "poids encombrant", le vieil homme mort sent presque son corps frémir... L'issue est touchante, je dois avouer que c'est une nouvelle que j'ai relue une fois le recueil terminé, juste pour pouvoir laisser mes émotions s'exprimer alors que ma première lecture avait été faite dans les transports en commun. Marie-Claire George manie aussi bien l'humour que l'émotion sans doutes possibles.

D'autres nouvelles m'ont réellement arraché plusieurs grands sourires comme Ronchon, chat d'exception avec une chute drôle et inattendue. C'est l'innocence de la chute qui est touchante : on sent réellement les paroles et le regard neuf des enfants. La fin du recueil est teintée de nouvelles plus engagées, plus orientées vers la différence et la tolérance : encore une preuve de la merveilleuse polyvalence de l'auteur. Mémoires est touchante : elle permet de rendre la vie à un être dont la puissance a été bafouée.

Enfin, un point extrêmement plaisant du recueil, les nouvelles historiques... Elles reprennent un point d'histoire à partir d'un point de vue inédit, un point de vue qui, pour une fois, change le héros de place, le méchant aussi. Marie-Claire George nous invite là à voir plus loin que les préjugés, elle nous invite à creuser sous la surface pour obtenir la vérité, pour comprendre. Ainsi, elle permet à Caïn, le premier fils, de ne plus être l'homme égoïste, violent et mauvais que la bible dévoile. Il est à travers sa plume un homme travaillant dur qui, sur un coup de sang, n'a pu retenir un geste violent face à un frère oisif et sans cervelle. Louis XVI est aussi revisité : avant d'aller vers la mort, on pénètre ses pensées pour comprendre à quel point l'homme n'était pas mauvais, à quel point il a voulu bien faire, à quel point ses tentatives de compréhension ont été interprétées comme du désintérêt...

Ce recueil est réellement bon. Je ne regrette absolument pas cette lecture et remercie encore une fois la maison d'édition Chloé des Lys ainsi que Marie-Claire George pour cette lecture teintée de bonheur, de rires, de larmes, de voyage... Je me vois bien comme Emilie Beauprès, partir à l'aventure, vivre de belles rencontres, des tas de passions ! Je me vois comme Xoliswa gravir des montagnes pour atteindre mes buts, pour me faire une place... Je me vois bien fusiller du regard les voisins de mademoiselle Crédence, donner une leçon de vie aux filles du maître de Spirou... Ou encore observer les arbres du jardin de mes parents durant des heures en pensant à ce vieux chêne qui a désormais retrouvé son ami le coucou... Merci de m'avoir donné tant d'envies à travers quelques histoires qui pourraient sembler banales mais qui sont tout le contraire !
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L'ange gardien regroupe 25 nouvelles toutes plus différentes les unes des autres. Certaines sont très courtes, d'autres plutôt longues. Certaines sont belles et joyeuses, d'autres sont incroyablement tristes. C'est un assemblage d'émotions fortes, de douceur, d'infinie beauté.

L'écriture est simple, belle, sans superflu. Elle ne manque de rien, elle se suffit à elle-même et nous embarque dans un autre monde. Elle nous faire sourire, soupirer de bonheur, ou monter les larmes aux yeux. Aucune nouvelle ne se ressemble, j'ai eu quand même quelques préférences mais peu de mauvaises surprises. D'ordinaire, je n'apprécie pas (ou plutôt je ne sais pas apprécier) les nouvelles, ces quelques pages d'histoires inachevées qui ne mènent à rien. Mais là, quel agréable moment ! Je ne pouvais plus m'arrêter. Je l'ai englouti d'une lampée, profitant d'une bonne matinée de week-end prolongé. Les personnages, même si nous ne vivons que quelques minutes à leur côté, nous touchent profondément. Ils sont humains, ils sont vrais, palpables, simples. Je pense particulièrement à Emilie Beaupré, la petite vieille si discrète et remplie d'expériences hors du commun, le mystérieux américain qui réveille Esmeralda dans la nuit avec son coup de téléphone, Sandra, qui ne vient pas fêter l'anniversaire de son amoureux, le gros chêne dont l'histoire finit bien, et bien d'autres encore.

J'ai beaucoup beaucoup aimé toutes les personnifications. Ces choses devenues vivantes et pensantes ! J'ai adoré suivre les pensées d'un vieux chêne, d'un chat qui cherche à échapper à une bande de gamins pour dormir tranquille, d'un stylo, d'une aiguille et d'un sécateur qui se chamaillent pour savoir lequel est le favori de leur maîtresse. Le ton est léger, pétillant.

Nous pouvons sentir la diversité des sources d'inspiration de l'écrivaine. Certaines nouvelles semblent ordinaires, d'autres sont bibliques ou historiques. Il y en a vraiment pour tous les goûts. C'est assez étrange comme recueil, en tous cas pour une inhabituée comme moi, il n'y a aucun fil directeur, si ce n'est la douceur des mots. Je ne me suis pas ennuyée, mais je n'ai pas saisi tout le sens profond de quelques nouvelles telles que "Une femme qui me regarde" avec cet homme qui fuit sa famille pendant trente ans pour chercher à vivre à travers le regard de femmes en peinture, à travers le monde. Trop étrange. Ou encore dans "L'or de Xoliswa", que j'ai trouvée bien trop courte et peu intéressante à mon goût par rapport au reste.

Mais qu'est-ce que j'ai aimé "L'ange gardien", "Le sourire d'Emilie", "Aniadoué, la Fille de la Lune", "Graffiti", "Richard, entre ombre et lumière", "Comme s'il était trop tard", "Matin félin", "Il est tard et je m'en vais", "Au jardin", "La piscine", "Comme une petite fleur qui vibre", "Lettre à mon ange"... Ce qui en fait un bon petit paquet ! Un bon paquet de plaisir, une bourrasque de vie. Des situations drôles ou tragiques, qui sonnent vraies et sont loin de nous laisser indifférents. À lire à tout prix.

Une expérience forte qui adoucit mes idées sur la nouvelle et me donne envie d'en lire plus souvent.
Merci aux éditions, à l'auteur et au forum !

Publié dans l'invité d'Aloys

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Le photographe du silence, un texte de pascal Feyaerts

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://photos1.blogger.com/x/blogger2/6938/572135905973856/150/z/863960/gse_multipart39892.jpg

 

 

http://pascalfeyaerts.blogspot.be/

 



LE PHOTOGRAPHE DU SILENCE


  B 

IENTÔT on me mit en demeure de photographier le silence. C'était un  vendredi d'été entre les couvertures bleues du ciel et les mouvements insolites d'un soleil qui de faible à ardent se jouait des ombres comme s'amuse un enfant. Dehors, le vrombissement lourd et répété des voitures avertissait que pour d'aucuns le week-end commençait et avec lui toutes les joies d'un repos consenti par l'effort de la semaine. Je connaissais peu quant à moi l'agrément des week-ends depuis que L'Express du Monde m'avait accueilli dans ses rangs. C'était il y dix ans. Une voix charmante au téléphone m'avait tracé le chemin qui menait à mon nouvel employeur : « En entrant, il vous faudra monter au dixième étage ; au sortir de l'ascenseur vous prenez à gauche, et là vous vous trouverez face à trois portes, celle du directeur est la première en partant de la droite, il vous y attend pour 8 heures. Ne soyez pas en retard ! » L'immeuble était impressionnant de hauteur, le dixième étage séduisant quoique peu coquet et le directeur un homme charmant qui m'accueillit avec courtoisie et entrain.

 

    Même lieu et place dix ans plus tard, la lassitude en plus.  Le désintérêt croissant pour la presse d’opinion avait conduit L’Express du Monde à multiplier les errances éditoriales et à  vouloir se démarquer de ses concurrents par un souci constant d’originalité, fût-il exagéré et sans fondement. Mettre le silence en image n’était qu’un pas de plus dans l’extravagance et à mon sens peut être le dernier. 

 

    Le silence n’avait aucun trait, seul son murmure était perceptible et parcourait parfois les bois déserts ou les plages sans caprice ; encore que ce bruissement sauvage, dans lequel j’osais voir l’incarnation sonore d’une chose pourtant habituellement vouée au mutisme, et qu’infatué de mon bon mot j’appelais voix du silence, d’autres l’auraient nommé très humblement zéphyr, alizé, aquilon ou le vent et se seraient gaussés de la prétention de mon langage. Au jeu où l’imagination se tire à la courte paille, le premier désert à tendre les bras aurait sans doute gagné l’œil de bien des photographes mais pas le mien : je m’engageai à donner forme à l’informe et décidai que du silence seule l’allégorie se prêtait à la pose ! Et pour se voir doté d’un visage, autant que celui-ci soit d’une jeune fille, une jeune fille vierge, pure en ses idées comme en ses gestes, inconsciente de sa féminité, car le silence n’a pas de sexe ; une jeune fille étrangère au monde et pourtant s’y baignant harmonieusement, tout empreinte de sérénité ; une jeune fille qui pourrait être la voisine que l’on n’a jamais vue, mais que l’on sait toujours présente ; une jeune fille mystérieuse, dont la physionomie aspire au secret ; une jeune fille, enfin, que n’a su s’approprier la grimace de la parole. Hélas ! ce visage me semblait aussi indiscernable que celui qu’il était censé personnifier… J’en étais arrivé à ce point de mes réflexions quand un bruit se fit entendre venant droit du couloir. C’était la femme de ménage avec qui j’avais en commun d’œuvrer habituellement en ces heures tardives. D’un simple hochement de tête nous nous échangeâmes les bonsoirs et sans plus de mots elle commença à nettoyer les vitres d’un geste apprêté, quasi mécanique.

                                                                                                  

    Qu’y a-t-il, me dis-je alors, de plus mystérieux qu'une fenêtre dont la pure géométrie cache bien souvent plus qu'elle ne dévoile. Baudelaire les aimait fermées, occultées, propices à ouvrir l'imagination, tandis que Rilke les voulait amoureuses. Il y concevait tout un monde où l'éternité se mesure à l'attente et l'attrait à l'espace qui sépare l'arrivée du départ. Ecoutons-le nous dire : « Celle que l'on aime n'est jamais plus belle que lorsqu'on la voit apparaître encadrée de toi ; c'est, O fenêtre, que tu la rends presque éternelle. »

 

La voilà ma photo : une fenêtre entrouverte…

 

 

Pascal Feyaerts

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Publié dans Textes

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La balançoire, Raymonde Malengreau, deux avis de blogs, http://rambalh.blogspot.fr/ et http://dodoniver.blogspot.fr/

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes2/balancoirerecto.jpg
La Balançoire est un recueil de nouvelles qui aborde des thèmes variés, des personnages différents mais qui, au fond, ont plus de points communs que ce qu’on pourrait croire. L’être humain est exploré sous toutes ses coutures, de sa plus tendre enfance à des âges plus avancés et c’est un résultat à la hauteur de nos espérances qui nous attend.

La qualité des ouvrages publiés aux éditions Chloé des Lys est des plus aléatoires mais avec ce recueil, on peut apprécier l’harmonie entre le texte de la première de couverture et l’image choisie. La mise en page est bonne. La quatrième de couverture est, au premier coup d’œil, énigmatique et en fait, elle ne prend tout son sens qu’une fois la lecture terminée. Étant très pointilleuse sur le contenu d’une quatrième de couverture, j’ai trouvé celle-ci très bien faite : elle permet d’éveiller la curiosité du futur lecteur et de créer une certaine complicité une fois le livre lu, une fois les énigmes de ces petits bouts de phrases découvertes.

Dix nouvelles composent ce recueil et certaines ont su accaparer mon attention. Je n’ai pas eu l’impression de tenir un lien logique entre ces nouvelles, je me trompe peut-être, mais ce recueil semble être simplement un rassemblement de textes liés uniquement par leur thème humain. Quand il s’agit d’un recueil d’un même auteur, ne pas avoir de lien fort entre les textes n’est pas un problème, l’auteur crée ce lien en nous offrant tout ce dont il est capable.

Les personnages mis en scène sont étonnamment bien développés en quelques pages seulement, on trouve chez eux suffisamment d’informations pour les comprendre – au moins en partie - et, parfois, pour s’attacher à eux. Ils sont simples en apparence mais sont bien plus signifiants que ce qu’on pourrait croire au fil de la lecture.

J’ai été très surprise par la chute de la nouvelle qui donne son nom au recueil, La Balançoire, et qui est aussi la toute première du livre. Cette nouvelle a clairement annoncé la couleur et j’ai aimé l’effet produit chez moi. 
Rédemption est aussi une nouvelle que j’ai beaucoup aimée. Elle traite sans prendre de gants la nature mauvaise de certaines personnes et donne, à travers un instrument tout aussi mal intentionné, un aperçu de ce que le proverbe « l’Enfer est pavé de bonnes intentions » peut signifier.
L’arbre à clous est la nouvelle qui, selon moi, est la plus touchante de ce recueil. Le petit garçon qui est au cœur de cette histoire est l’incarnation de la bonté humaine, il nous rend presque honteux de notre propre égoïsme. Si nous prenions un peu plus exemple sur lui, le monde n’en serait que meilleur.

D’autres nouvelles m’ont laissée plus perplexe comme Le pique-nique que j’ai trouvée bien étrange et dont la chute m’a échappé. La dame au coquelicot m’a aussi laissé un goût d’inachevé, comme s’il manquait la véritable chute : je pense que là aussi, le dénouement qu’il fallait retenir m’a échappé.

La Balançoire est donc un recueil qui se lit facilement, assez vite et qui laisse un bon souvenir. Parmi les dix nouvelles, chacun saura trouver celle(s) qui lui correspond(ent) et qui éveillera chez lui diverses émotions. C’est ce que j’attends d’un livre, qu’il me pousse à réfléchir et qu’il ne me laisse pas juste lire sans chercher à aller plus loin. C’est un recueil que je conseille à tous ceux qui aiment lire des histoires du quotidien et y retrouver des petits détails qui sortent au final de l’ordinaire.

Je tiens à remercier le forum A&M et la maison d’édition Chloé des Lys pour cette opportunité ainsi que l’auteur, Raymonde Malengreau, pour ce voyage littéraire plaisant.
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Chronique pour « La balançoire »

« La balançoire » est un court recueil de nouvelles qui porte particulièrement bien son nom. Les nouvelles, oscillant entre espoir et désespoir, nous interrogent et nous déstabilisent.

L'écriture de qualité sert des récits variés et percutants. Ici pas de fioritures linguistiques, on va directement à l'essentiel ce qui, à mon sens, est particulièrement appréciables : des textes concis et bien écrits!

Les nouvelles parcourent des thèmes variés et universels qui vont faire écho à notre propre présent et passé.
De l'enfance qui ne rime pas avec innocence de « La Balançoire » alors qu'elle rime bien mieux avec dans « L'Alcôve » à l'amour absolu dont seuls les enfants sont capables dans « L'arbre à clous », on s'interroge sur ce qu'on était nous mêmes lorsqu'on était enfant. Hors des sentiers battus, on oscille ici entre deux pôles : enfance et innocence à la fameuse cruauté enfantine.
De nombreuses nouvelles nous montrent des choix. Pour le meilleur dans « Marivaudage » ou de façon plus matérialiste dans « Fruit défendu », les choix sont toujours complexes et même avec les meilleures intentions du monde, le mal peut poindre le bout de son nez sans prévenir comme dans « Rédemption », nouvelle particulièrement cruelle.
L'amour est aussi exploré ici : de l'amour pur du protagoniste de « La dame aux coquelicots » à l'amour compétition dans « La Rivale ». Encore une fois, on oscille entre différents points de vue bénéfiques ou pas sur un sentiment, une émotion qu'on connaît tous.
Le recueil nous rappelle aussi quelques vérités comme le fait qu'on est souvent notre propre ennemi, ou qu'on peut se contenter de ce que nous propose la nature et la vie ou encore qu'en l'être humain, le bon et le mal cohabitent et chacun est un savant mélange de ces deux aspects.
« Transhumance » est une fable écologique sur les méfaits de la science et sur le respect de la nature. Sur ce dernier point, elle rejoint « L'arbre à clous ». Cette dernière nouvelle, la dernière du recueil, est probablement la nouvelle que j'ai préférée : cet arbre vénérable m'a en quelque sorte fascinée (les arbres, surtout les vieux arbres, ont cet effet sur moi) toutefois, elle contient une tristesse douce-amère. C'est ce constant mélange de clair-obscur qui m'a interpellé sur ce recueil.

A la fin de la lecture, j'avais un arrière goût âcre dans la bouche : un trop plein de pessimisme mêlé à un brin d'optimisme... puis cette mélancolie de tous les instants.

"La balançoire" est un recueil qui ne peut vous laisser indifférent. Une réussite ? Oui, assurément, mais on attendait peut être un peu plus d'optimisme sur la fin.

Pour conclure, je tiens à remercier les Editions Chloé des Lys et le forum Le Sanctuaire de la Lecture pour cette découverte.

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Edmée de Xhavée et son nouveau roman, Lovebirds

Publié le par christine brunet /aloys

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Edmée de Xhavée... Lovebirds


 

Un petit rappel, sa biographie 

Edmée De Xhavée est Belge, mais une Belge itinérante. Parce que sa ville natale, Verviers, avait envoyé bien des membres de sa famille à la conquête de leur fortune un peu partout dans le monde, c’est tout naturellement qu’elle-même s’est déplacée pour planter sa vie çà et là. Le sud de la France, le nord est et ouest de l’Italie, et puis le nord-est des Etats Unis lui ont donc apporté des habitudes, des aventures et mésaventures et surtout des observations de vie.

Revenue en Belgique – pour l’instant – c’est à Liège qu’elle habite et écrit en attendant de savoir ce que le destin lui apportera encore.

Ceci est son troisième livre – un recueil de nouvelles cette fois -, après Les romanichels et De l’autre côté de la rivière, Sibylla…


Lovebirds – Un résumé ?

 

Les amours ne sont pas toujours ce qu’elles semblent. Et semblent souvent être ce qu’elles ne sont pas. Mais le flux de la vie est indomptable qu’on le veuille ou non, et trouve le moyen de surgir et de se faire entendre tôt ou tard : un drame, un suicide, un meurtre, une agonie acceptée, une saine colère,  une infidélité… et la vérité explose dans sa nudité légendaire.

Huit nouvelles au cours desquelles la vérité toute nue nous parlera d’amour, faisant un tri sans pitié entre le grain et l’ivraie.

 

Un extrait :

—  Tu ne penses pas que c’est trop décolleté ?

 

   Margot le regarde, le sourcil froncé. Mais il se rend compte qu’elle ne cherche vraiment pas son avis et qu’elle n’attend en fait que son habituel « mais non, tu es super avec ça ». La brosse à dents dans la bouche, le regard à nouveau fixé sur la fenêtre, il marmonne un « ais on, uper aec ça ! ». Son esprit est déjà dans les montagnes Ramapo qui se détachent sur un ciel de soleil couchant serein comme un lac rouge. Demain, enfin, demain il aura sa journée de hiking. Il se lèvera tôt, s’arrêtera dans un 7-Eleven pour acheter une bouteille d’eau et de quoi grignoter, puis s’enfoncera dans les bois, dans les chemins, sous les mouvantes frondaisons. Dans une confortable solitude. Il se couchera dans l’herbe, dormira,  écoutera, ou rêvassera, les yeux sur les nuages vagabonds. Oubliera tout ce qui n’est pas lui.

 

   Par la fenêtre les effluves et le crépitement du feu lui arrivent, ainsi que les voix de Chantal, MacKenna et Don. Il n’avait plus vu sa sœur Chantal depuis dix ans, MacKenna n’était encore qu’une enfant. Ils habitaient alors New York, dans un bel appartement dans Bleeker Street. De la grande fenêtre au treizième étage on voyait le pont de Manhattan, et en se penchant on devinait le début de celui de Brooklyn. Margot avait adoré son séjour New Yorkais, dans le « village » comme elle l’avait claironné à toutes leurs connaissances en rentrant. « Oui, nous étions chez ma belle-sœur, dans le villèdge ! On n’était qu’à deux pas de Tchaynatown, ou d’un simple trajet de métro on pouvait aller voir un miousicol à Broadway ! Et être chez l’habitant est tellement mieux pour visiter, on s’imprègne tout à fait de la découverte et de la culture ». Heureusement, elle s’était un peu lassée de parler de son séjour à Man-hattane, et leur petit cercle ne lui posait plus de questions sur le sujet.

 

 

Publié dans présentations

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