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UNE NOUVELLE D'EDMEE DE XHAVEE : AU CARREFOUR...

Publié le par aloys.over-blog.com

Edmee-chapeau

Au carrefour de la rue des Trois Bacs et de la chaussée de la Grande Ferme

 

Pierre se réveille, l’esprit encore oscillant entre sa vieille chambre à coucher si familière, encore pleine de cette odeur d’inhabité, et l’agréable griserie du rêve dont il vient de sortir. Il y attendait Assunta au carrefour formé par la rue des Trois Bacs et la chaussée de la Grande Ferme. Il y avait l’âge qu’il a à présent, mais le carrefour était tel qu’il l’a connu lors de son adolescence, sans les passages piétonniers repeints de frais, les acacias plantés aux quatre coins, et les panneaux de signalisation qu’il a remarqués hier soir en arrivant. Assunta ! Combien de rendez-vous ne s’étaient-ils pas donnés à cet endroit ? Elle débouchait de la chaussée de la Grande Ferme et marchait vers lui, droite et sans hâte, ses cheveux frisés se mouvant au ralenti sous les caprices du vent. Il avait du mal à ne pas aller à sa rencontre pour écourter l’attente, mais son frère Rocco la suivait parfois, et ils devaient prouver leur bonne conduite. De là ils allaient manger une glace chez Dà Matteo s’ils avaient l’argent pour le bus, ou se rendaient à la maison des jeunes où travaillait Nando, le frère aîné d’Assunta. La voix un peu cassée de la jeune fille l’envoûtait, ainsi que ses longs yeux aux sombres paupières byzantines, ses lèvres si bien ourlées et rebondies, et sa denture saine et régulière, sa peau lisse et ambrée. Ils étaient jeunes, presque des enfants qui entrevoyaient une des merveilles du monde des « grands » : l’amour.


Puis ses parents l’avaient envoyé en pension à Namur. Il ne rentrait plus que pour les vacances. Petit à petit l’impatience de se revoir avait fait place à un léger malaise. Il avait maintenant ses repères dans une ville, de nouveaux amis pour lesquels il ne voulait pas rester « le villageois » Assunta, tout comme son village, peu à peu se dissolvaient, fantômes de sa « vie d’avant »


Trente ans plus tard, après n’être revenu que pour le mariage de son frère et puis le décès de sa mère, c’est le mariage de sa nièce qui l’a ramené. La ferme familiale n’a presque pas changé et il a été ému par sa beauté simple. Le seuil usé de pierre bleue, les fenêtres trapues aux vitres parsemées de petits défauts - des « yeux » comme disait sa mère -, le toit d’ardoises, les pavés bombés de la cour entre lesquels les pissenlits s’infiltrent. Le village s’est un peu modernisé, avec une superette à l’entrée, et des fermes rénovées derrière les haies desquelles surgissent des parasols rayés. Pierre est surpris de la sérénité qui, après un divorce, une faillite et les affres de mettre sur pieds une nouvelle entreprise, l’enveloppe ici. Incrédule il réalise avoir toujours langui en secret pour son village et son rythme matin, midi et soir, et les vies aux passions douces qui s’y déroulaient. Il décide de marcher jusqu’au carrefour, comme autrefois lors de ces chastes après-midi. Le mariage n’aura lieu que demain, et aujourd’hui il veut se rendre à ce rendez-vous avec un passé dont il comprend enfin le charme. Qui sait ce qu’Assunta est devenue ? Quelle aurait été sa vie s’il n’était pas parti ? Sans doute l’aurait-il épousée et serait-il resté ici. Ou pas ? La rue des Trois Bacs a une petite stèle expliquant l’origine de son nom, et quelques nouvelles villas ont remplacé les maisons de son enfance, notamment le « petit maga » où il achetait des Solus. Sans y penser, il s’assied sur la grosse borne de pierre comme autrefois, le regard tourné ver la chaussée de la Grande Ferme. Une voiture s’y engage, secouée par les vieux pavés. Il se lève et s’écarte, la rue est étroite et il n’y a toujours pas de trottoirs. La conductrice accrochée à son volant, le fixe avec attention, ralentit. Sa chevelure crépue danse autour de son visage au gré des cahots. Leurs regards incrédules se vissent l’un à l’autre. Ils se sourient avec une joie rayonnante. Alors qu’elle s’arrête, se penchant de biais vers la fenêtre ouverte, une autre voiture arrivant en sens inverse scelle à tout jamais cet instant de bonheur. L’odeur âcre des freins et l’invincible contorsion des ferrailles ne les atteindront même pas. Et la douleur est une notion qu’ils abandonnent derrière eux. Chacun n’a entendu et perçu que « c’est toi ? » dans une onde de pur plaisir.


 

EDMEE DE XHAVEE

http://edmee.de.xhavee.over-blog.com

Publié dans Nouvelle

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MARTINE DILLIES-SNAET: "VAUT MEIE IN RIR'" de JOSETTE LAMBRETH

Publié le par aloys.over-blog.com

MARTINEJ’ai lu « Vaut méié in rir’ » de Josette Lambreth.


 

 

            Je fais probablement partie des rares personnes à ne pas aimer les dialectes mais c'est ainsi. J'aime la pureté du français (même si les puristes ne manqueront pas de me rappeler que le français n'est rien d'autre que le patois parisien imposé... je sais..je sais... je sais! Mais à c'tépoque, j'étôs point né!), la mélodie des sons, la musique des mots, et je n'accroche pas aux dialectes.

Pourtant j'aime entrer dans un café et y entendre les rires des anciens à leurs conversations patoisantes. En fait, j'aime la convivialité que j'y ressens; tout en restant « à côté ».

Et j'aimais aussi entendre mes grands-parents se chamailler tout en se vouvoyant dans leur picard du Nord. Je m'asseyais dans la cuisine, les écoutant s'envoyer des « Vous racontos toudis l'même! ». Mais sans doute aimais-je davantage le vouvoiement que le patois.

Oui, je fais partie de ces irréductibles qui n'accrochent pas. Désolée.http://www.bandbsa.be/contes/inrire.jpg

 

            Pourtant, je l'ai ce livre de Josette Lambreth. Et je l'ai lu. Que croyez-vous donc! Je l'ai lu de la première ligne à la dernière...et, pour une fois, dans le bon sens! Rire!

Il a cette particularité de voir sur la page de gauche la fable en picard hérinnois et sur la page en vis à vis, la traduction française. Alors je  me suis délectée...

J'ai  lu toutes les fables sur les pages de droite mais bien souvent, très souvent, plus que souvent, j'allais voir « à gauche » comment elle disait ça dans son patois, Josette.

Et je ne me suis jamais ennuyée!

 

D'abord, il y a des idées, de l'humour et de l'originalité. Les idées sont là, toutes différentes, l'humour c'est qu'elles nous amusent et l'originalité c'est que la curiosité nous titille à tout bout de champs.

Merci Josette. Pour les Hérinnois d'abord, ils doivent être fiers de t'avoir comme représentante! Pour tous les amoureux des dialectes ensuite, ils pourront comparer. Pour les amoureux de la langue française ensuite s'ils aiment apprendre les histoires qui se disent « autrement ».

 

            Je ne me suis jamais ennuyée en lisant le livre. Je ne l'ai pas lu d'une seule traite mais ce n'est pas, je crois, un livre à lire d'un trait. Il s'apprécie.

 

            Bonne continuation!

 

   MARTINE DILLIES-SNAET

   http://users.skynet.be/TheDillies/

Publié dans Fiche de lecture

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CHRISTINE BRUNET A LU BLACK-OUT de FLORIAN HOUDART

Publié le par aloys.over-blog.com

Photo Christine BrunetIMPRESSIONS DE LECTURE



Voilà, je pose le livre... Je contemple le visage grossier, vindicatif de la couverture, des traits épais sur fond indéfini... Oui, c'est ça... C'est ce que je ressens...


Je n'ai pas envie de faire une fiche de lecture conventionnelle... A quoi bon ? J'ai juste envie de m'évader de cette chape qui m'a peu à peu emprisonnée...


Je pose le livre et j'en frissonne encore... Je l'ai lu vite comme quelqu'un qui a peur de se faire contaminer par cette société aberrante. J'ai aspiré les mots par à-coups comme ces gens dont l'air et l'eau sont rationnés, soumis au bon vouloir de l'Autorité.http://www.bandbsa.be/contes/houdartrecto.jpg


Une société de la Terreur... Une société où les humains vendent leurs organes, les femmes louent leur chair dans une atmosphère de violence latente, sournoise, tentaculaire... Une société où les Humains ne sont plus rien, ont tout sacrifié sur l'autel de la consommation... pas seulement alimentaire... Le système leur a tout pris jusqu'à leur liberté d'exister en tant qu'êtres pensants. Et je me prends à avoir peur de ces consommateurs aseptisés, de ses caissières zombies, de ces non-humains moitié robots qui ont élu cet ordre décadent. Cela n'éveille-t-il rien en vous ?


Je n'ai pas envie de vous parler de l'histoire, de ses personnages récurrents, les uns malsains, teigneux, violents, les autres anéantis, déshumanisés, victimes de leurs démons...


Une lueur d'espoir me demanderez-vous ? Des sursauts d'humanité plutôt comme de courtes bouffées volées d'oxygène...  

 

CHRISTINE BRUNET

http://recreaction.over-blog.org

http://aloys.over-blog.com


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Une nouvelle de MARCEL BARAFFE : LE DERNIER ETAGE

Publié le par aloys

http://www.bandbsa.be/contes/baraffe.jpgLe dernier étage

 

 

 


 C'est en enfilant son costume, l’unique, celui qu’il n’avait pas mis depuis le mariage de sa fille, seize ans auparavant, qu’Antoine s’était rendu compte que le temps avait passé. Il était parvenu avec peine à glisser la fermeture éclair de la braguette jusqu’au bouton niché sous la ceinture. Il y avait aussi cette gêne au niveau des épaules, ressentie à l’instant même où il enfilait sa veste. Il avait bien essayé de faire quelques mouvements, levant par trois fois les bras au ciel dans l’espoir ainsi de rendre à son buste un peu de liberté mais, un craquement du tissu l’avait arrêté net dans sa quatrième tentative. Il se chaussa avec appréhension et soupira d’aise lorsqu’il se rendit compte qu’il n’avait aucun mal à enfiler ses souliers. Ses pieds étaient bien la seule partie de son corps qui n’avait pas pris du volume.



         Un grondement venu des profondeurs fit trembler les murs de sa chambre. Il l’avait ressenti la première fois en pénétrant dans l’hôtel : « Le nouveau métro à propulsion nucléaire, lui avait dit le réceptionniste, ils n’ont pas encore pu maîtriser tous les bruits parasites dus à la vitesse. Ils ont écarté le solaire et l’éolien. Ils avaient pensé un moment utiliser l’énergie des courants d’air balayant les couloirs. Ils ont finalement choisi le nucléaire, mais le nucléaire propre, évidemment.» Antoine avait eu une pensée pour son vieux tracteur à bioéthanol artisanal fabriqué avec des fleurs de pissenlits et de coquelicots. Il était monté dans sa chambre, espérant passer une bonne nuit tranquille de sommeil. Mais, c’était sans compter sans ce putain de tremblement qui venait agiter son lit toutes les huit minutes.


         Ce n’était plus le même bonhomme à la réception. Comme l’autre, cependant, il avait le type esquimau. Un cousin ? Un frère ? Antoine avait entendu un jour aux infos que tous les employés d’hôtel étaient esquimaux ; une obligation à but humanitaire faite par l’Organisation Mondiale et Universelle (l’OMU) à tous les états depuis que les derniers morceaux de banquise avaient disparu en même temps que les ours, les phoques, et les derniers poissons. Antoine fit les quelques pas qui le séparaient de la rue. « Foutue journée ! » grommela-t-il, non pas parce qu’il venait d’essuyer les premières gouttes d’une averse orageuse mais, c’était la cinquième fois qu’il répétait cette phrase depuis qu’il était levé. Ce qu’il était venu faire ce jour-là à la capitale ne lui plaisait pas du tout, mais alors pas du tout !


         Tout avait commencé avec cette lettre du Ministère de l’Egalité Sociale (le MES) lui réclamant des sommes qu’il n’avait jamais touchées. Il avait pesté, juré, insulté les autorités. Il l’avait montrée à tout le monde. Chacun l’avait plaint sans qu’il sache vraiment si c’était avec sincérité. Personne ne lui avait donné le bon conseil. Antoine resta donc avec ce problème de fausses dettes et ses insomnies jusqu’à ce qu’il rencontre sur le terrain de pétanque, Emile, un excellent tireur au demeurant, qui lui souffla la bonne solution. C’était quatre jours avant la date d’échéance imposée par l’administration. Il était temps !

         — La même chose m’est arrivée, il y a exactement dix ans, lui avait dit Emile.

         — Ah bon ! avait fait Antoine en posant sa dernière boule par terre, preuve qu’il était fortement intéressé. Et tu t’en es sorti sans payer ?

         — Sans payer un centime. Ecrire, téléphoner, aller voir Pierre, Paul, Jacques, tout cela ça ne sert à rien.

         — Mais alors comment tu as fait ?

         — C’est tout simple. Tu te rends à l’Office Central des Réclamations (l’OCR) et tu règles ton problème.

         — L’Office Central des Réclamations ! Et ça se trouve où ?

         — En plein centre de la capitale.

         — De la capitale ! Ô malheur ! Qu’est-ce que je vais aller foutre à la capitale.

         — Je vais tout t’expliquer, lui dit Emile mais ramasse ta boule, c’est à toi de jouer.


         Et Emile lui donna l’adresse de l’OCR, celle aussi d’un hôtel juste à côté. « A l’OCR, tu demanderas Vanessa, c’est l’hôtesse, j’espère qu’elle y est encore, après dix ans », lui avait-il même conseillé.


          Antoine n’avait que quelques centaines de mètres à faire pour gagner l’Office. Il les fit évidemment à pied, heureux de ne pas à avoir à s’engouffrer dans les tunnels à aspiration automatique contrôlée amenant chaque voyageur jusqu’au métro à propulsion nucléaire sans avoir un seul pas à faire. 


         L’OCR occupait à lui seul une tour qui devait faire plusieurs centaines de mètres de haut, une taille en rapport certainement avec le nombre de réclamations. Malgré sa hauteur, elle paraissait toute petite à côté d’une immense pyramide dont les innombrables facettes mobiles s’agitaient avec le vent. Antoine ne chercha pas à comprendre les raisons de ce mouvement perpétuel, il s’engouffra dans la tour de l’OCR.


         Il sut, au premier coup d’œil, qu’il ne trouverait pas de Vanessa. Le hall dans lequel il venait de pénétrer avait la forme d’un couloir interminable. De chaque côté, s’ouvraient des galeries circulaires dont la bouche d’ombre aspirait chacun leur tour et sans arrêt les individus qui se présentaient à l’entrée. La première réaction d’Antoine fut de faire demi-tour et de fuir le plus loin possible de ce lieu qui ressemblait bien plus à l’enfer qu’à un bâtiment administratif. Mais le souvenir de la maudite lettre qui l’avait amené jusqu’ici le retint. Il n’était quand même pas plus con que tous ces autres qu’il voyait disparaître un à un. Il avait constaté que tous s’étaient approchés d’un boîtier situé sur la gauche des trous béants et, après avoir observé minutieusement leurs gestes, il s’était décidé à les imiter. Le boîtier était en réalité un clavier semblable à celui des téléphones. Il n’était pas à un mètre de distance qu’il entendit une voix en sortir ; une voix de femme, très agréable, très douce et articulant parfaitement et lentement. Vanessa peut-être ? La voix disait : « Nous vous souhaitons la bienvenue à l’Office Central des Réclamations. Si vous avez déjà déposé un dossier, tapez le 1. Sinon tapez le 2. » Antoine, rassuré, osa une pression de l’index sur le chiffre 2. La voix enchaîna aussitôt : « Vous n’avez jamais déposé de dossier, si vous confirmez, dites je confirme, sinon faites le 1 » « Ben, je confirme » fit Antoine. « Je ne vous comprends pas, veuillez confirmer à nouveau » fit la voix, sur le même ton. « Laisse-moi faire pépère, entendit-il par dessus son épaule. Ici c’est comme ça, les vieux, les étrangers, les péquenots, ils se plantent tous. Si t’es pas un champion du clavier ou si tu n’as pas le bon accent t’es foutu. C’est normal, tous ces logiciels sont fabriqués par ces pourris de la capitale. Je confirme. » La réponse ne tarda point :  «  J’ai bien noté que vous avez confirmé. Tapez sur la touche soleil pour finaliser votre demande. » La voix derrière, une voix jeune, à nouveau : « Oui, la touchesoleil, celle-ci. » Un doigt d’une main aux ongles sales lui montra en bas du clavier, mais sans la toucher, l’image d’un soleil « De l’autre côté, c’est la touche bémol.  C’est nouveau tout ça, depuis qu’un nouveau ministre des coms a voulu en finir avec les étoiles et les dièses. C’est le progrès. Tiens, répète-moi trois fois je confirme, ça pourra te servir pour la suite… Ouais ! Ouais ! Ça peut aller. Allez je me tire, bonne chance pépère ! »


         Antoine avait à peine effleuré le soleil qu’il se sentit aspiré dans le tunnel. Il parcourut ainsi sans effort une centaine de mètres. Il avait l’impression de voler comme un oiseau et il se sentait d’autant plus libéré de la pesanteur qu’autour de lui, défilaient des paysages de montagnes enneigées, de mers à l’eau transparente des lagons et que retentissaient des accords harmonieux de violons et de harpes. Antoine fit le 3 parce que la somme demandée ne dépassait pas 5000 €, puis ensuite le 1 parce qu’elle était supérieure à 250 €, et une nouvelle fois le 2 pour préciser sa catégorie sociale. Il confirma trois fois avec le bon accent de la capitale, tapota trois fois le soleil et traversa trois nouveaux tunnels avec des paysages et des musiques toujours différents. Son voyage se termina devant un dernier clavier qui, consciencieusement, lui demanda, en rapport avec son cas, de faire le 6. Il s’entendit dire avec soulagement que sa demande avait été enregistrée, qu’elle allait être prise en considération et qu’elle allait être traitée dans les sept minutes qui allaient suivre. « Pour accéder aux résultats,veuillez, je vous prie, dès maintenant,  faire 0 puis  Soleil. Merci de votre visite. »


         Antoine était enfin au bout de ses peines et il trouvait que finalement tout s’était bien passé. Dans sept minutes, il aurait la confirmation qu’il attendait. Il s’approcha du clavier tapa le 0. « Merde ! J’ai fait un bémol », s’entendit-il dire avant d’être aspiré par une bouche qui se trouvait au-dessus de lui.

 

Le voyage, cette fois, lui parut interminable. Il se demanda si son corps lancé dans un mouvement ascensionnel irrésistible s’arrêterait avant qu’il n’ait atteint le sommet de la tour. Ses craintes n’étaient pas fondées et il se retrouva dans une pièce bien plus étonnante encore que le hall d’entrée et ses tunnels. La voix qui l’accueillit n’avait rien d’artificiel. Ses dialogues avec des cadrans l’avaient épuisé moralement. Aussi, lorsqu’il s’entendit héler par une bonne vieille voix humaine, il ressentit comme un immense soulagement.

         — Ah ! Vous aussi, vous avez fait le 0 et le bémol ! Vous êtes le second. Après moi. Ce n’est pas trop tôt, depuis que je croupis ici, tout seul.

         L’homme qui venait dans sa direction était grand et maigre mais ce qui frappa d’abord Antoine c’étaient ses yeux anormalement rouges.

         — Vous regardez mes yeux. Ils sont rouges ! Rien d’étonnant.

         — Je comprends, dit Antoine en promenant un regard circulaire sur les murs de l’immense pièce. Avec tous ces écrans !

         — Je ne les ai jamais comptés, mais il y en a des millions et des millions.

         Antoine n’en revenait pas. Tous les écrans étaient allumés et, aucun ne transmettait les mêmes images que les autres. Il en parcourut rapidement une bonne centaine et au bout de sa course il eut l’impression d’avoir fait le tour de l’univers.

         — Surpris, n’est-ce pas ? lui dit l’autre. Croyez bien que je le fus aussi. Mais excusez-moi, le huitième à votre gauche un peu au-dessus de votre tête a quelques problèmes. Il faut régler l’image. L’autre aussi, là-bas, à une trentaine de pas, au ras du sol.

         Le bonhomme sortit une télécommande de sa poche, fit quelques pianotages rapides mais suffisants pour que les écrans défaillants retrouvent une image correcte.

         — Vous voulez évidemment comprendre. Maintenant que vous êtes ici, je ne vais pas vous cacher plus longtemps la vérité. Et croyez-moi, elle n’est guère rassurante (cette dernière phrase avait été dite presque à voix basse, comme à contrecœur.) C’est dans ce lieu que sont regroupées toutes les données prélevées à l’extérieur avant d’être traitées.

         Antoine remarqua que son curieux interlocuteur avait accompagné ses dernières paroles d’un coup d’œil vers le haut, bien au-delà des écrans du plafond.

         — Par vous ? risqua-t-il

         — Certainement pas. Moi, je ne suis qu’un technicien, répondit-il, en montrant sa télécommande. Je veille à la qualité des images ; 24 heures sur 24, ajouta-t-il même.

         — Ouais, c’est pas bien bon pour les yeux.

         — Mais maintenant que vous êtes là, ça va aller mieux.

         — Comment ? hurla Antoine. Qu’est-ce que vous voulez dire ?

         — Je ne vais pas vous mentir. J’irai droit au but. Vous ne sortirez pas d’ici.

         

         Antoine ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Son regard hagard fixait un écran devant lui. Il suivit le geste d’un jeune type en maillot de corps et avec un tatouage sur l’épaule en train de gifler une femme, la sienne certainement.

         — Non, vous ne sortirez pas d’ici, répéta l’autre, mais ne vous plaignez pas, ça aurait pu être pire. Vous avez tapé bémol. Si vous aviez tapé soleil, vous auriez été désintégré sur-le-champ.

         — Désintégré !

         — Vous ne pensez quand même pas qu’on va laisser repartir dans la nature des gens qui viennent réclamer, se plaindre ; des contestataires, des râleurs, comme vous certainement, mais qui ne l’est pas à notre époque ? L’OCR a été créé pour les repérer, les faire venir dans ce bâtiment et s’en débarrasser. Vous avez pu remarquer que le courant dans les tunnels allait toujours dans le même sens.

         — Ne plus jamais sortir d’ici ! gémit Antoine. J’ai la mouche à traiter, moi, c’est le moment.

         — La mouche ?

         — Ouais, mes olives !

         — Oubliez ça, mon vieux !


         Antoine resta près de cinq minutes à ne rien dire, il était abattu. Ses yeux hagards allaient d’écran en écran sautant d’un curé buvant son vin de messe à la bouteille à un député exécutant un magnifique bras d’honneur derrière le dos de ses électeurs. Mais sans les voir véritablement. Et puis, vinrent les questions, car il voulait comprendre le pauvre Antoine :

         — Mais comment est-ce possible ? Comment peut-on filmer les gens, comme ça, à leur insu ?

         — Mais le plus simplement du monde. La technologie de nos jours ne connaît plus de limites. Vous avez vu cet immeuble juste à côté de celui de l’OCR, cette grande pyramide ?

         — Qui ne la verrait pas ?

         — Eh bien, toutes ses facettes qui bougent avec le vent et qui suivent même la course du soleil sont supposées capter leur énergie mais, ce que personne ne sait, c’est qu’elles contiennent des caméras. Rien de ce qui se passe dans la capitale ne leur échappe. Elles sont équipées d’un procédé qui permet de filmer à travers le béton, le bois et même l’acier.

         — D’accord, va pour la capitale. Mais tout à l’heure j’ai vu un curé, c’était un curé de campagne.

        — Aucun coin de province, même le plus reculé n’y échappe. Vous vous souvenez qu’il y a quelques années, pour des raisons d’économie d’énergie, on a obligé tout le monde à changer les fenêtres contre des panneaux d’un verre spécial contenant des cellules photovoltaïques invisibles captant la chaleur du soleil. Eh bien, là encore,  il faut savoir (nous sommes deux maintenant, glissa-t-il à voix basse) que chaque cellule contient une nano caméra multidirectionnelle à infrarouge. Que vous soyez dans votre lit, votre baignoire ou votre jardin, vous êtes dans leur champ. Donnez-moi votre code postal, je vais vous montrer dit-il en brandissant sa télécommande.

         Antoine hésita. Il ne tenait pas à savoir ce que sa femme faisait à cet instant quant à son fils, il lui causait suffisamment de problèmes pour ne pas aller le débusquer dans un coin de sa chambre en train de fumer un joint avec des copains.

         — Pas la peine, dit-il, presque méchamment. Il se gratta la tête, hésita et posa sa question : Mais dites-moi, Emile, mon partenaire à la pétanque, et ce jeune loubard qui m’a aidé dans le hall.

         — Des rabatteurs. Ils sont partout.

         — Attendez, j’ai encore une question : Qui est derrière tout ça ?

         — C’est pas à moi qu’il faut le demander (il leva la tête, regardant en l’air, comme tout à l’heure), mais à eux, (son doigt, cette fois montra le plafond.) Ici, c’est l’avant-dernier étage. Il y en a un autre au-dessus. Je puis vous assurer que là-haut, ils savent tout.

         — Oui, fit Antoine, ironique et se souvenant des sermons de son vieux curé menaçant ses paroissiens : Dieu voit tout, il entend tout, il sait tout.

         — Notre seule consolation est de se dire que nous en savons maintenant presque autant que lui, fit l’autre en balayant l’espace d’un geste du bras en direction des écrans. Tenez, dit-il en tendant la télécommande à Antoine, à votre tour, moi, je vais aller dormir un peu. Depuis le temps.


        Il fit quelques pas, s’arrêta, se retourna vers Antoine, montra à nouveau le plafond et sur un ton morose avec une pointe de déception, il glissa : le dernier étage, vous savez, nous ne saurons jamais, ni vous ni moi, ce qui s’y passe.



MARCEL BARAFFE

 http://marcel.baraffe.over-blog.com/ 

 


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NADINE GROENECKE: j'ai lu "Rue Baraka" de Carine-Laure Desguin

Publié le par aloys.over-blog.com

nadine groeneckeJ’ai lu « Rue Baraka » de Carine-Laure Desguin

 



"La vie distribue les cartes et puis chacun s'en arrange", cette citation de Xavier Deutsch, bien en évidence sur le blog de Carine-Laure, aurait aussi bien pu figurer dans son livre « Rue Baraka ». Certains, il est vrai, détiennent plus d’atouts que d’autres dans leur jeu. Mais les plus mal desservis doivent-ils pour autant baisser les bras ?



Tarek, personnage principal de l’ouvrage, est de ceux qui ont du mal à sortir la tête de l’eau. Le jeune homme trimballe en effet son mal-être dans les rues de son quartier sans grand espoir de s’en départir. Etouffé dans sa bulle, il ne perçoit rien de la vie qui l’entoure : les bruits, les couleurs, les odeurs... Tout l’indiffère, quand soudain se produit une rencontre inopinée, celle avec un vieil homme, artiste au grand cœur, qui lui ouvre sa porte. image-1



Dans l’atelier du peintre chargé de souvenirs, Tarek va se livrer puis écouter son hôte lui transmettre le secret du bonheur. Mais point de leçon de morale dans le livre de Carine-Laure, rien que des messages d’espoir et d’encouragement, distillés par « l’ancien » avec tact et patience, comme celui qui suit : « Tu as de beaux yeux qui pourraient être éclatants si tu y déposais la petite flamme de l’espérance. Tu as deux jambes agiles, deux bras costauds. Tu possèdes tout pour que tes jours prochains s’égaient des couleurs que tu auras choisies… C’est TOI qui choisis les couleurs ! » 



Tarek se laissera facilement embarqué dans le monde bigarré de sa rencontre providentielle ; avec lui nous voyagerons dans le Montmartre de la grande époque, nous ferons connaissance avec Clara, compagne du vieil homme qui n’a pas la langue dans sa poche, et avec Henry, leur volubile perroquet perché sur le frigo américain de la cuisine. Un univers artistique et familial des plus attachants. Mais « Rue Baraka » c’est aussi un récit qui nous invite à la réflexion au travers des propos que s’échangent ces deux hommes que tout semble opposer.



Alors plongez-vous sans hésiter dans la lecture de « Rue Baraka », vous en ressortirez plein d’entrain car c’est un véritable hymne à la vie !

 



Nadine Groenecke

 

http://nadinegroenecke-auteur.over-blog.com/

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CORRESPONDANCES... Une nouvelle D'ALAIN MAGEROTTE

Publié le par aloys.over-blog.com

AlainCORRESPONDANCES

 

Docteur Lamalle,

Imaginez la mortification qui m’étreignit, lorsqu’en fouillant dans le sac de mon épouse, je fis la désagréable découverte de votre existence. Ainsi donc, Monsieur couche avec ma femme ! Je ne sais pas ce qui me retient de vous casser la gueule... ma bonne éducation, peut-être ?

Je vous somme, dès à présent, de mettre un terme à cette honteuse relation périlleuse pour elle et pour vous.

Je ne plaisante pas, Monsieur. A vous lire.

Avec le courroux d’un homme humilié.                        Simon Point.


 

Monsieur Point,

Votre lettre a retenu toute mon attention et je suis marri de ce qui m’arrive. J’ignorais qu’une de mes élues pût se satisfaire d’un cuistre de votre espèce. Qui plus est, un malotru qui fait les sacs des dames. Ceci dit, par souci d’honnêteté, je vous demanderai quelques précisions au sujet de votre moitié. Son nom... une particularité physique par exemple...

Courant plusieurs lièvres à la fois, sollicité de toutes parts, mon carnet d’adresses est chargé à l’excès. Dès lors, imaginez ma perplexité devant la rusticité de votre interpellation au demeurant fort légitime. Je ne voudrais en aucun cas être victime d’un quiproquo…

Bien intrigué.                                                               Grégoire Lamalle.

P.S. : Une réponse rapide est souhaitable.

 

 

 

 

Docteur Lamalle,

Votre cynisme n’a d’égal que vos turpitudes. De plus, vous essayez de gagner du temps. Or, ce temps vous est désormais minutieusement compté. Faites votre profit de ce qu’il vous en reste.

Bien résolument.                                                           Simon Point.


 

Monsieur Point,

Profiter du bon temps correspond, en effet, à ma conception de la vie. Vous admettrez, cher coopérant, que je me suis passé de votre autorisation jusqu’à présent. Et puisque vous vous entêtez à ne pas répondre à ma requête, je pense que nous n’avons plus rien à nous dire.

Brisons là, Monsieur.                                                    Grégoire Lamalle.


 

Docteur Lamalle,

Tout doux, l’ami ! Pas question de se faire... la malle ! Bon, puisque Monsieur joue les amnésiques, voici les renseignements souhaités : Amélie Duroc, épouse Point, un grain de beauté sur la fesse gauche, la mamelle exigeante et le reste en feu. Vous y êtes, maintenant ?

Très précisément.                                                 Simon Point.


 

Monsieur Point,

Parfait ! Je ne fais, évidemment, pas allusion à ce jeu de mots, concernant mon patronyme, usé jusqu’à la corde. En ce qui concerne Madame votre épouse, je puis vous affirmer qu’elle est en souffrance comme un colis; elle représente, pour moi, un pis-aller, un bouche-trou, pas davantage. Elle s’est toquée de ma personne sans que je l’y encourageasse. Elle n’entre pas dans la galerie de mes fantasmes. Au risque de vous plaire, sachez donc que je ne la compte pas parmi mes amantes. Vous m’obligeriez, d’ailleurs, en la dissuadant du moindre espoir de partager ma couche.

Bienveillamment.                                                Grégoire Lamalle.


 

Docteur Lamalle,

Dois-je interpréter vos dires comme un signe d’apaisement ou comme un manque d’estime ? Jugeriez-vous ma femme peu digne de compter parmi les favorites de votre sérail ? Mais pour qui vous prenez-vous pour lui refuser vos faveurs ? Va donc, eh... Casanova de pipelettes !

Très ulcéré.                                                          Simon Point.


 

Monsieur Point,

Désolé d’attenter de pareille façon à votre honneur et d’insister aussi lourdement, mais je vous le confirme haut et fort : votre dame est exclue de mes conquêtes. Ceci dit, puisque vous persistez à patauger dans l’absurde et que l’état de cocu vous comble et vous honore, l’on peut aisément vous en favoriser l’accès.

Et voilà que, tout à trac, le nom d’un très cher ami me vient à l’esprit. Il est grand amateur de femmes au foyer, passé maître en l’art de mijoter des flambées enchanteresses.

Bien documenté.                                                           Grégoire Lamalle.

 

 

Docteur Lamalle,

Je pense que vous faites partie de cette race de personnages veules et lâches fuyant leurs responsabilités. Un faquin pour tout dire. Réflexion faite, je me réjouis que mon épouse n’ait pu vous séduire; dans quel abîme de stupre se fut-elle enfoncée. Vous commettriez le pire pour vous débiner.

Bien méprisant.                                                            Simon Point.


 

Monsieur Point,

Vous me prêtez là de viles intentions incompatibles avec le gentleman que je me suis toujours efforcé d’être. Je me sens blessé au plus profond de mon ego. Puisque vous le prenez sur ce ton, je pense qu’il vaut mieux couper court à nos échanges épistolaires. Je ne suis pas ravi d’avoir fait votre connaissance ni de devoir subir les assauts de votre dissipée moitié.

Avec hauteur.                                                               Grégoire Lamalle.


 

Docteur Lamalle,

Vous me la baillez belle, Monsieur le jouisseur, c’est un peu trop facile de tirer ainsi sa révérence. Maintenant que je vous tiens, je ne vous lâcherai pas tant qu’une solution, satisfaisant tout le monde, n’aura été trouvée.

A propos, pour en revenir à votre ami, est-il bien tel que vous le dépeignez ? N’est-ce pas un maître chanteur intéressé à faire bouillir sa marmite ? Ne va-t-il pas lui mener la vie dure ? La faire souffrir à petit feu ?

Légitimement inquiet.                                                   Simon Point.


 

Monsieur Point,

Je m’en porte garant. Il faut que vous sachiez, Monsieur, que je n’ai pas l’habitude de m’acoquiner avec le tout-venant. L’ami en question est un homme élégant, charmant, d’une galanterie à toute épreuve. Cela ne doit guère vous émouvoir ou représenter grand chose à vos yeux. Je suis certain qu’il pourra se montrer à la hauteur de l’attente de votre incandescente épouse.

En toute conviction.                                                     Grégoire Lamalle.

 

 

Docteur Lamalle,

Je m’enthousiasme peut-être à tort, mais je suis persuadé que nous venons de trouver un terrain d’entente. Donnez-moi les coordonnées de votre ami afin que je puisse le contacter. Si un accord commun s’établit, je vous prierai d’oublier tout ce que j’ai écrit. Je saurai aussi comment vous marquer ma gratitude.

En obligeant compère.                                                   Simon Point.


 

Monsieur Point...

... nécessaire d’aller si vite en besogne. Sacrebleu, voilà que, presque à mon insu, je m’abandonne à une plaisanterie puérile ! Où en étais-je... ah oui, pour votre gouverne, apprenez, Monsieur, que je n’ai pas l’habitude de jeter en pâture l’adresse de mes amis sans, au préalable, les avoir avertis. Permettez d’abord que je le prévienne de vos désirs et de ceux de votre épouse qu’il ne vous est guère possible, je pense, de vous hisser au niveau de son impérieux besoin d’infini.

Avec circonspection et compréhension.                          Grégoire Lamalle.


 

Docteur Lamalle,

Bravo, vous m’avez compris; j’en suis transporté d’aise. Monsieur, je me déjuge. Alors, marché conclu. Comment donc pourrais-je vous remercier de votre assistance éclairée ? Dites-moi ce que je vous dois, je reste votre obligé.

Avec toute ma gratitude.                                               Simon Point.

 

 

Monsieur Point,

Vous ne me devez rien. En qualité de psychologue, je me contenterai de la satisfaction, qui vaut tous les honoraires, d’avoir pu donner à votre problème, une solution rapide qui soulagera toutes les parties, si je puis m’exprimer dans votre jargon. En guise de reconnaissance, je vous prierai d’effacer toutes traces de notre correspondance. Je m’engage sur l’heure à contacter mon ami.

Avec condescendance. Adieu Monsieur.              Grégoire Lamalle.


 

Docteur Lamalle,

Je vous le promets : tout disparaîtra en fumée. Merci encore d’avoir pu extraire de mon esprit une bien cruelle tracasserie.

Bien chaleureusement.                                                  Simon Point.

 

 

Monsieur Henri Désiré Landru,

à Gambais.

Cher ami,

Il me tarde de vous mettre en relation avec une charmante jeune femme qui brûle d’un ardent désir de faire votre connaissance et de se consumer d’amour pour vous.

Avec la flamme de l’amitié.       

 

 

Alain MAGEROTTE

                                          Grégoire Lamalle.

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CARINE-LAURE DESGUIN COMMENTE "UNE BELLE EPOQUE de KATE MILIE"

Publié le par aloys.over-blog.com

http://idata.over-blog.com/3/13/64/26/_-34-recadr--3.jpgJ'ai lu "Une belle époque" de Kate Milie

 

Si vous aimez , ET vous énivrer aux effluves pernicieuses de l'absinthe, ET vous promener sous les ombrelles des dames que l'on nomme, à juste titre d'ailleurs, "belles", ET en même temps participer à un forum littéraire sur l'écran virtuel, n'hésitez pas, ce livre est pour vous !



Sublimé par une jolie couverture style "art nouveau", ces pages se lisent "comme une fleur"...



Dans une histoire qui semble véridique puisque si justement écrite, Kate Milie a réussi, dans ce tout premier roman, le difficile pari d'allier l'histoire avec un grand "H", et les dérives informatiques d'aujourd'hui.



Qu-est-ce-que-c-est-que-ça-que-c-est , me demanderez-vous ?
http://blogsimages.skynet.be/images_v2/000/000/000/20091108/dyn010_original_336_426_pjpeg__28704552e81ae61c8e11f2d49979c9d9.jpg


Qui sont-ils, ces "fous de mots" ? Attendez que je vous explique, ne vous impatientez pas comme ça ! Et puis, après tout, lisez-le et vous verrez par vous-même !

Et bien, dans une écriture à la fois simple et élégante, cette talentueuse romancière raconte la conversation virtuelle entre cinq personnes.


C.I.N.Q. ! Retenez bien ce chiffre, cinq; deux plus trois, en principe, car il occulte un tout petit mystère qui ne vous sera révélé que vers la fin du roman. Mais avant cette chute, autant inattendue qu'interpellante, Kate Milie nous offre dans un style d'écriture très noble, un parcours virtuel dont on ne se lasse pas. Et, précisément, c'est ce que j'aime dans ce roman : la confrontation ou pour utiliser un terme moins violent, le rapport entre les prouesses informatiques actuelles et la description de cette "Belle Epoque".
Ces cinq passionnés de cette période très révolutionnaire qu'est cette fin du dix-neuvième siècle enrichissent jour après jour leur conversation sur le net par des avis différents et ..et des sentiments amoureux ( hé oui, l'amour pigmente le net...)


Ensemble et grâce à la "fée-internet", ils réalisent un roman interactif qui a lui seul a retenu toute mon attention. Je salue ici l'ingéniosité littéraire de Kate Milie qui a écrit si clairement ( et fallait l'faire, croyez-moi! ) un roman dans son roman, plongeant le lecteur dans un double mystère : celui du chiffre "cinq" et celui qui unit le peintre Gustave Klimt et la belle Ana.



Bingo donc pour notre romancière qui avec cette " belle Epoque" a suscité d'abord chez moi et puis bientôt chez vous ( car vous êtes tous curieux n'est-ce pas et que vous ne comprenez rien à mon charabia ! ) un questionnement bien à propos....Mensonge...Vérité...?? Lisez vous-même...

 

CARINE-LAURE DESGUIN

http://carinelauredesguin.over-blog.com


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MARTINE DILLIES-SNAET: LA "GLOIRE AMOUREUSE" DE DANIEL PLASSCHAERT

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

MARTINE.jpgJ’ai lu «La gloire amoureuse» de Daniel Plasschaert


 

            Voilà un auteur qui devait être mon compagnon au    salon du livre de Tournai.

Seulement à  défaut de pouvoir lui serrer la main – M. PLASSCHAERT était  absent-, j'ai emmené son bouquin.

            Et maintenant que je l'ai lu, je me demande par quel mot commencer, par quel bout prendre ce diable de livre, car ici, il s'agit d'un livre. D'un-li-vre! Et sûrement pas d'un bouquin et encore moins d'un bout de papier! Mais un livre! Un vrai! Un de ces livres intemporels que, dans cent ans, on trouvera encore chez un bouquiniste.

 

            Dans quelle cathédrale suis-je  donc entrée ! Parce que c'est bien dans une cathédrale que j'ai mis les pieds. Seulement je ne sais dire si elle est gothique ou romane. D'ailleurs existe-t-il des cathédrales de style roman ? Il faudra que je me renseigne.

J'imagine les mots de l'auteur écrits à l'encre noire sur les voûtes et les murs sombres. La lueur tremblotante des chandelles  éclairant le tout. Et quels mots! Je ne sais quel maître surpasse ce diable d'homme que doit être DANIEL PLASSCHAERT ?http://www.bandbsa.be/contes/gloireamoureuse1.jpg

 

            Livre de poésie dont je n'ai pas tout compris car il m'aurait fallu pour cela des mois entiers. Chaque page  entraîne le lecteur vers la femme ou vers la vie. Chaque ligne est un cri, une absence, une mort, une recherche, un souvenir.  Seules les pierres peuvent être le support d'une telle puissance!

Je ne connais pas l'auteur, mais je ne peux qu'imaginer un DANIEL PLASSCHAERT rude, assis sur un banc de bois tel qu'on les trouve encore, parfois, dans nos campagnes arriérées, avec à  la main une coupe d'argent dans laquelle  brille un vin couleur grenat. Isolé, rustre avec au fond des yeux cet amusement que seule une intelligence vive peut donner. Tout est à l'état brut, de cet état dont le sublime se transcende en mots encrés.

 

            Il faudrait une révolution dans notre enseignement de la poésie pour que ce livre devienne un produit commercial et je veux bien qu'on me pende si un jour, il se tire à des centaines de milliers d'exemplaires! Mais, en attendant, ces lettres de feu m'ont brûlée.


Peut-être qu'une prochaine fois, j'aurai le plaisir de lui serrer la main. Et c'est avec humilité que je le ferai.

 

MARTINE DILLIES-SNAET

   http://users.skynet.be/TheDillies/

 

 

Publié dans Fiche de lecture

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CLAUDE COLSON : UNE RESPIRATION

Publié le par aloys.over-blog.com

http://www.liensutiles.org/colsonphoto.jpgUNE RESPIRATION



Train de fraîcheur en matin-pluie.
Aux rameaux touffus le vert se fait plus profond.
La tuile frôle le marron, trône là, brun recuit.
Les toits de zinc luisent, s'anoblissent en ardoise.



Quelle beauté aussi, ce jour plus sombre !



Le vif ambiant a ragaillardi les gens.
La langueur a cédé.
Aux jupes et chemises  légères popelines ont succédé.
Aux bras des passagers les parapluies s'égouttent.
Doucement.



Rien n'est triste.
La nature seulement reprend son élan
Pour bientôt à nouveau ses splendeurs nous offrir.



Tu médites, ébahi.



Peu de mots pour cela :
E guapa la vida.


 

CLAUDE COLSON

http://claude-colson.monsite.wanadoo.fr/


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UN POEME DE GEORGES ROLAND: TOI ET MOI

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http://georges-roland-auteur.wifeo.com/images/photogeorges.jpgToi et moi

Nous étions hier comme aujourd’hui
C’est comme si on n’avait pas vieilli
Comme si les automnes
Étaient nos printemps
Comme si on avait perdu le temps
Le nôtre avait l’air réconfortant
De ces jours qui passent insolemment
Sans grincer les portes
Sans claquer les dents
Regardant mûrir l'œuvre de la vie
Nos miroirs ne sont pas déformants
Mais tes yeux auront toujours vingt ans
Leur éclat l’emporte
Sur le voile blanc
Rien n’efface l’être pas même l’esprit
Et je veux graver l’ombre
De ces mots suprêmes
Je t’aime

Si quarante ans nous ont unis
Que l’on nous dit au déclin du sursis
Comme si nos automnes
Perdaient leur allant
Comme si nous n’avions plus le temps
Notre entente fut riche à tout moment
Et nous avons ri insolemment
Sans grincer les portes
Sans claquer les dents
A quel intrigant faisons-nous donc envie
Ce n’est pas dans les mots qu’on se comprend
Un regard suffit naturellement
Notre union l’emporte
Sur les impotents
Nous serons les princes de l’amour grandi
Et je veux graver l’ombre
De ces mots suprêmes
Je t’aime

 

GEORGES ROLAND

http://www.georges-roland.com/

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