Moi, si j'étais la mer, une poésie de François Iulini
Massive et immobile, elle tangue doucement
Penche, la tête lourde d’une pauvre cervelle
- Un livre plein d’images, trop gros pour une enfant –
Si, fixe est le regard, vives sont les prunelles
La lippe dégouline et le sourire pend
Sur la gencive rose que les chicots révèlent
Un œil s’est fermé, l’autre veille perçant
La clarté le dilate, il écoute l’appel
Dans la tête endormie une onde se répand
Un bob trop petit, couvre la jouvencelle
Sa vague silhouette noyée de vêtements
Fixe la pulsation ; ce bleu-là l’ensorcelle
La guetteuse soudain vacille sous le vent
Elle renifle absorbée une verte chandelle
La morve disparaît, torchée par le bras blanc
Mais l’apparence cache ce que l’œil révèle
Un couplet invisible habite de son chant
L’iris globuleux dont la joie étincelle
« Moi si j’étais la mer, j’aimerais l’océan
Et si j’étais poisson l’écumeuse dentelle
Si j’étais un oiseau m’emporterait le vent
J’ignore ce que je suis dans cette vie si belle »